Approche anthropologique des mutations de la distinction public/privé : comparaison des cas de la France et des Etats-Unis - article ; n°3 ; vol.22, pg 1-42

Romain Laufer

Description

Politiques et management public - Année 2004 - Volume 22 - Numéro 3 - Pages 1-42
La question du bilan d'une génération de réfonries en management public en France convoque la notion d'anthropologie à au moins deux niveaux : celui de la définition de la distinction public/privé, celui de la comparaison entre les cas de la France et des Etats-Unis.
Après avoir considéré les enjeux théoriques et méthodologiques d'une confrontation directe de ces deux cultures et de la façon dont elles conçoivent la distinction public/privé, une approche fondée sur la notion de « système de légitimité» est proposée qui permet de rendre compte à la fois des différences structurelles entre ces deux cultures et du caractère parallèle de leur histoire ; une attention particulière est accordée à la façon dont, entre ces structures et dans ces histoires, s'opposent ou se composent les points de vue « souverainistes », « mondialistes », « conventionnalistes » et « institutionnalistes ». Quelques conséquences pratiques sont alors proposées en conclusion.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: POLITIQUES_ET_MANAGEMENT_PUBLIC
• Publié le: 01 janvier 2004
• Nombre de lectures: 41
• Langue: Français
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Extrait

Romain Laufer
Approche anthropologique des mutations de la distinction
public/privé : comparaison des cas de la France et des Etats-
Unis
In: Politiques et management public, %vol. 22 n° 3, 2004. « Une génération de réformes en management public : et
après ? » Actes du treizième colloque international - Strasbourg, jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2003 - Tome 2.
pp. 1-42.
Résumé
La question du bilan d'une génération de réfonries en management public en France convoque la notion d'anthropologie à au
moins deux niveaux : celui de la définition de la distinction public/privé, celui de la comparaison entre les cas de la France et des
Etats-Unis.
Après avoir considéré les enjeux théoriques et méthodologiques d'une confrontation directe de ces deux cultures et de la façon
dont elles conçoivent la distinction public/privé, une approche fondée sur la notion de « système de légitimité» est proposée qui
permet de rendre compte à la fois des différences structurelles entre ces deux cultures et du caractère parallèle de leur histoire ;
une attention particulière est accordée à la façon dont, entre ces structures et dans ces histoires, s'opposent ou se composent
les points de vue « souverainistes », « mondialistes », « conventionnalistes » et « institutionnalistes ». Quelques conséquences
pratiques sont alors proposées en conclusion.
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Laufer Romain. Approche anthropologique des mutations de la distinction public/privé : comparaison des cas de la France et
des Etats-Unis. In: Politiques et management public, %vol. 22 n° 3, 2004. « Une génération de réformes en management public
: et après ? » Actes du treizième colloque international - Strasbourg, jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2003 - Tome 2. pp. 1-42.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2004_num_22_3_2847ANTHROPOLOGIQUE DES MUTATIONS DE LA DISTINCTION APPROCHE
PUBLIC/PRIVÉ :
Comparaison des cas de la France et des États-Unis
Romain LAUFER*
Résumé La question du bilan d'une génération de réfonries en management public en
France convoque la notion d'anthropologie à au moins deux niveaux : celui de
la définition de la distinction public/privé, celui de la comparaison entre les cas
de la France et des Etats-Unis.
Après avoir considéré les enjeux théoriques et méthodologiques d'une
confrontation directe de ces deux cultures et de la façon dont elles conçoivent
la distinction public/privé, une approche fondée sur la notion de « système de
légitimité» est proposée qui permet de rendre compte à la fois des
différences structurelles entre ces deux cultures et du caractère parallèle de
leur histoire ; une attention particulière est accordée à la façon dont, entre ces
structures et dans ces histoires, s'opposent ou se composent les points de
vue « souverainistes », « mondialistes », « conventionnalistes » et
« institutionnalistes ». Quelques conséquences pratiques sont alors
proposées en conclusion.
* Groupe HEC, Titulaire de la chaire, ACCOR, Air France, SNCF, de Marketing des Services.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 22, n° 3, septembre 2004.
© Institut de Management Public - 2004. Romain LAUFER
La question du bilan de trente ans de réformes en management public en
France convoque la notion d'anthropologie à au moins deux niveaux : celui de
la définition de la distinction public/privé, celui de la comparaison entre les cas
de la France et des Etats-Unis1 .
La définition du secteur public dans les Etats nations modernes est
l'expression directe des institutions politiques et juridiques des sociétés
concernées. Elle est tributaire d'un ensemble articulé de concepts qui en
constitue l'armature symbolique : souveraineté, légalité, démocratie, territoire,
citoyenneté2.
La difficulté des réformes du secteur public, la perception qu'il s'agit, en
particulier dans le cas de la France, d'un projet toujours recommencé et
toujours reporté sont associées à des analyses sociologiques en terme de
reproduction sociale qui mettent au premier plan le poids des permanences
anthropologiques : de l'évitement du face à face de Michel Crozier à la
noblesse d'Etat de Pierre Bourdieu, c'est un même diagnostic de blocage lié
aux structures profondes des sociétés qui semble répéter à plus d'un siècle
de distance le diagnostic de Tocqueville dans l'Ancien Régime et la
Révolution.
Ce constat des blocages auxquels serait confrontée la société française est
souvent associé à une comparaison avec les Etats-Unis. A un Tocqueville
écrivant De la Démocratie en Amérique après un séjour de neuf mois dont
l'objet était l'étude d'un système pénitentiaire alors donné en exemple, fait
échos un Michel Crozier écrivant te Phénomène Bureaucratique, résultat d'un
travail d'enquête entrepris au retour d'une des missions de productivité qui
furent organisées après la seconde guerre mondiale.
Cette confrontation, ancienne et toujours recommencée, est devenue le lieu
commun de toute évaluation de la situation du secteur public en France.
Qu'elle soit pensée en terme de retard qu'il s'agit de combler ou d'exception
qu'il s'agit de préserver, qu'elle concerne la place de l'Etat par rapport à la
société civile, le développement des méthodes modernes de gestion ou
encore la part des dépenses publiques dans l'économie nationale.
Il y a quelque paradoxe à vouloir faire le bilan de trente ans de réformes dans
une France que l'on décrit si volontiers comme vouée à l'éternelle
reproduction du même et aux blocages qui en résultent. Ici l'anthropologie (les
spécificités de la France) rencontre l'histoire : entre la nécessité de réformes
dans un monde marqué par le progrès de la science, de la technique et de
l'économie et la difficulté de réformer face à la persistance de structures
1 C'est lors d'un colloque tenu à l'Université de Franche-Comté en l'honneur de Pierre Tripier sous le titre
« Comment peut-on être socio-anthropologue ? », que j'ai eu l'occasion pour la première fois de m'adresser
directement à la question de l'anthropologie Ce texte doit donc beaucoup à Pierre Tripier que je tiens à
remercier ici.
2 Philippe Tassi, Directeur général de Mediamètrie a co-organisé la session sur « approche anthropologique et
recherche en management public » dans laquelle le propos du présent article a été exposé une première fois.
Philippe Tassi a mené des travaux sur la comparaison des catégories statistiques françaises et américaines
qui illustrent l'utilité d'une approche comparative qui tienne compte des différences dans la façon de définir les
secteurs publics et privés. Approche anthropologique des mutations de la distinction public/privé :
comparaison des cas de la France et des Etats-Unis
culturelles séculaires, la France a la réputation de ne parvenir à se
transformer qu'à l'occasion de crises. De ce point de vue, la comparaison de
la France et des Etats-Unis est souvent présentée comme la confrontation
entre une société encore archaïque, vouée aux convulsions de l'histoire, et
une société moderne capable de se transformer de façon progressive, sans
drame sinon sans douleur.
Au moment de faire le bilan de trente ans de réformes en management, il ne
paraît pas inutile de considérer avec quelque attention le contexte dans lequel
il semble se situer, à savoir celui de la mondialisation et de la confrontation
entre culture américaine et culture française1 .
Après avoir souligné à travers quelques exemples la nécessité et les enjeux
théoriques et méthodologiques d'une confrontation directe de ces deux
cultures et de la façon dont elles conçoivent la distinction public/privé, nous
proposerons, dans une deuxième partie, une approche permettant de rendre
compte à la fois des différences structurelles de ces deux cultures et du
caractère parallèle de leur histoire, ce qui nous conduira, dans une dernière
partie, à tenter de proposer une définition comparée de l