Conservation ou rénovation ? Transitions de la politique culturelle - article ; n°33 ; vol.9, pg 111-132
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Description

Politix - Année 1996 - Volume 9 - Numéro 33 - Pages 111-132
Conservation ou rénovation ? Transitions de la politique culturelle.
Pascale Laborier [111-132].
Le transfert du système fédéraliste ouest-allemand dans le secteur «culturel» en ex-RDA a confronté les acteurs institutionnels et politiques à de nombreuses difficultés qui résident, d'une part, dans la destruction de l'ancien système et d'autre part, dans la construction d'un État de droit et d'un système politique efficace. Une série d'entretiens menés dans les nouveaux Länder en 1992 auprès de responsables des nouveaux ministères régionaux et des services municipaux de la culture, de directeurs de musée, de théâtre ou de cabaret, d'artistes, de députés, etc. permet ici de saisir les diverses représentations que ces acteurs (Allemands de l'Ouest et de l'Est) de la reconstruction administrative se faisaient d'une action culturelle légitime, non seulement quant aux modalités de l'intervention mais aussi quant à ses contenus afin d'exposer les mécanismes par lesquels un système fédéraliste a été «transféré» sur les ruines d'un système centralisé. L'analyse en termes de répertoires permet d'éprouver tant la fiction du simple retour à la «nation culturelle» allemande que l'interprétation simplificatrice du transfert rationnel d'un système à l'autre.
Conservation or Renovation ? Transitions in the Arts Policy.
Pascale Laborier [111-132].
The transfer of the West German federal system in the arts sector in ex-GDR has faced the institutional and political actors with numerous difficultes related to both the destruction of the old system and the construction of a role of law and an efficient political system. A series of interviews with actors working in regional and municipal departments for the arts, theatre, museum and cabaret directors, artists and MP's allows the author to capture the diverse representations that these persons in charge of the administrative reconstruction have of a legitimate cultural action. In terms of its modalities and content. An analysis using the notion of repertoire allows to test both the fiction of a simple return to the German «cultural nation» and the simplistic interpretation of the rational transfer of one system to another.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pascale Laborier
Conservation ou rénovation ? Transitions de la politique
culturelle
In: Politix. Vol. 9, N°33. Premier trimestre 1996. pp. 111-132.
Citer ce document / Cite this document :
Laborier Pascale. Conservation ou rénovation ? Transitions de la politique culturelle. In: Politix. Vol. 9, N°33. Premier trimestre
1996. pp. 111-132.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1996_num_9_33_1940Résumé
Conservation ou rénovation ? Transitions de la politique culturelle.
Pascale Laborier [111-132].
Le transfert du système fédéraliste ouest-allemand dans le secteur «culturel» en ex-RDA a confronté
les acteurs institutionnels et politiques à de nombreuses difficultés qui résident, d'une part, dans la
destruction de l'ancien système et d'autre part, dans la construction d'un État de droit et d'un système
politique efficace. Une série d'entretiens menés dans les nouveaux Länder en 1992 auprès de
responsables des nouveaux ministères régionaux et des services municipaux de la culture, de
directeurs de musée, de théâtre ou de cabaret, d'artistes, de députés, etc. permet ici de saisir les
diverses représentations que ces acteurs (Allemands de l'Ouest et de l'Est) de la reconstruction
administrative se faisaient d'une action culturelle légitime, non seulement quant aux modalités de
l'intervention mais aussi quant à ses contenus afin d'exposer les mécanismes par lesquels un système
fédéraliste a été «transféré» sur les ruines d'un système centralisé. L'analyse en termes de répertoires
permet d'éprouver tant la fiction du simple retour à la «nation culturelle» allemande que l'interprétation
simplificatrice du transfert rationnel d'un système à l'autre.
Abstract
Conservation or Renovation ? Transitions in the Arts Policy.
Pascale Laborier [111-132].
The transfer of the West German federal system in the arts sector in ex-GDR has faced the institutional
and political actors with numerous difficultes related to both the destruction of the old system and the
construction of a role of law and an efficient political system. A series of interviews with actors working
in regional and municipal departments for the arts, theatre, museum and cabaret directors, artists and
MP's allows the author to capture the diverse representations that these persons in charge of the
administrative reconstruction have of a legitimate cultural action. In terms of its modalities and content.
An analysis using the notion of repertoire allows to test both the fiction of a simple return to the German
«cultural nation» and the simplistic interpretation of the rational transfer of one system to another.Conservation ou rénovation ?
Transitions de la politique culturelle
Pascale Laborier
IEP de Paris
•À l'égard des êtres humains comme à
l'égard des objets notre intérêt et notre
activité sont fondés sur le fait que nous
connaissons la différence de chacun à
chacun, qu'elle est autre chose que
l'inégalité établie d'avance« (G. Simmel).
DANS sa conception du conflit, devenue classique, Georg Simmel nous
engage à appréhender le double sens de l'-unité», qui désigne aussi
bien l'accord et l'association des éléments sociaux (par opposition à la
division) que la synthèse globale des personnes, des formes — mêmes
divisées — en un groupe. Il concluait qu'un groupe qui serait purement et
simplement une réunion, d'une façon absolument centripète et harmonique,
est «irréel sur le plan empirique»1. Lorsqu'en 1990, le Traité d'unification a
énoncé le cadre légal et politique de la réunion des deux États séparés depuis
une quarantaine d'années, il a également défini la «culture» comme le
fondement de la continuité de l'unité de la nation. Cette unité présuppose-t-
elle l'homogénéité d'une culture allemande pérenne ou bien peut-elle
englober la réunion de groupes culturels distincts ? Les propos du chancelier
Helmut Schmidt, au moment de la détente, selon lesquels «les Allemands ne
pourraient pas se résigner à ne pas appartenir à la même nation même si ils
le souhaitaient»2, trouveraient leur ultime vérification avec la réunification
comprise dans le sens d'une unité homogène et atemporelle. Le discours sur
la «nation culturelle» allemande, antérieure à la nation politique et
transcendant les frontières étatiques, est un thème récurrent (mais variable)
chez certains intellectuels ou hommes politiques allemands et s'est constitué
dès le second tiers du XVIIIe siècle3. Dans cette perspective, les Allemands
auraient retrouvé en 1990 une culture jusqu'alors tronquée mais néanmoins
commune servant naturellement de base à l'identification nationale. Dans le
second sens de l'unification, l'idée de peuple allemand serait une «fiction»,
pour reprendre les termes de Hans Kelsen, dont l'unité n'existe que par la
soumission de tous ses membres au même ordre étatique et non par la
possession d'une essence commune4. La «culture» est bien plutôt utilisée dans
1. Simmel (G.), Philosophie de la modernité, Paris, Payot, 1990, tome 2, p. 191.
2. Materiellen zum Bericht zur Lage der Nation im geteilten Deutschland, Bonn, Hg. vom
Bundesministerium für innerdeutsche Beziehungen, 1975, p. 5-
3. On pense bien sûr à l'analyse célèbre de Meinecke (F.), Weltbürgertum und Nationalstaat.
Studien zur Genesis des deutschen Nationalstaates, München & Berlin, R. Oldenbourg, [1907] 1915,
3e éd. Pour une analyse minutieuse de la construction théorique de l'identité nationale par les
intellectuels allemands, cf. Giesen (B.), Die Intellektuellen und die Nation. Eine deutsche
Achsenzeit, Frankfurt, Suhrkamp, 1993.
4. Kelsen (H.), La démocratie. Sa nature, sa valeur, Paris, Sirey, 1932, p. 14.
Politic, n°33 1996, pages 111 à 132 111 Laborier Pascale
le Traité d'unification comme une référence légitime à l'union de deux États
pouvant prétendre à un même héritage historique, à une même communauté
linguistique — même si cet héritage a pu être contesté à une époque en RDA
dans une stratégie de la part des dirigeants est-allemands de démarcation de
la RFA et d'ancrage à l'Est1 et même si les études sémantiques ont recensé
quelques évolutions divergentes entre les deux pays2. Au premier abord, on
peut, en effet, constater, par delà les discours idéologiques sur la «culture
allemande», que la disparition du rideau de fer entre les deux Allemagnes a
permis la réunion de fonds historiques artificiellement séparés depuis la
dernière guerre, comme la Fondation de la culture prussienne (Berlin Ouest et
Est), le Fonds Goethe (Francfort sur le Main et Weimar), le Fonds Schiller
(Marbach et Iéna) — un patrimoine glorieux que le SED s'était réapproprié
sur son territoire à l'exemple des fastueuses célébrations du 500e anniversaire
de la naissance de Luther3. Néanmoins, même si ces institutions appartiennent
au «patrimoine» allemand dans son ensemble, les experts ouest-allemands
estiment que les institutions culturelles ont pâti du régime communiste, tant
par la volonté d'uniformisation de la culture et de l'éducation, que par la
concentration des moyens telle qu'elle a été exprimée dans les programmes
de développement de la «culture socialiste nationale»4. La «culture socialiste»
devenue l'emblème de la RDA servait en quelque sorte un projet d'unification
culturelle afin de former de bons citoyens et il n'est pas surprenant ici que la
«politique culturelle» recouvrait, dès lors, un champ très vaste de pratiques,
des clubs de sports aux échanges de jeunes, du cirque jusqu'à l'opéra. Tous ces
programmes culturels, mais aussi bien ceux de RFA ou d'autres pays
occidentaux, pourraient être lus comme autant de codes de conduite visant à
discipliner, à soumettre les individus à un même politique, comme Michel
Foucault l'a énoncé dans sa théorie de la «gouvernementalisation» de l'État5.
Cette pensée du pouvoir montre les hommes et les objets imbriqués dans la
même histoire. Dans ce cadre, le savoir informe le mode même de
légitimation de l'action sur l

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