Continuité ou nouvelle donne en Afrique subsaharienne - article ; n°2 ; vol.49, pg 265-285
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Description

Politique étrangère - Année 1984 - Volume 49 - Numéro 2 - Pages 265-285
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Conac
Continuité ou nouvelle donne en Afrique subsaharienne
In: Politique étrangère N°2 - 1984 - 49e année pp. 265-285.
Citer ce document / Cite this document :
Conac Gérard. Continuité ou nouvelle donne en Afrique subsaharienne. In: Politique étrangère N°2 - 1984 - 49e année pp. 265-
285.
doi : 10.3406/polit.1984.3366
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1984_num_49_2_3366POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 265
CONTINUITE
Gérard CONAC OU NOUVELLE DONNE
EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Li
masse faut il n'est bien des ni constater Africains. rdes un décolonisation 'Afrique impératif, Etats que, Certes, aux d'Afrique vingt ni Africains imposerait une ce ans slogan entre réalité, après ». ce eux On facile les tout principe et aurait premières des avec au conférences plus pu dans les indépendances, penser le Etats les vœu relations internatiçrs. que de la Il
tionales a pu inspirer les modalités de solution de quelques conflits
frontaliers entre Etats acceptant de se soumettre à une conciliation
interafricaine. Il a encouragé à plusieurs reprises des chefs d'Etat à
proposer leurs bons offices à des Etats frontaliers. Il a pu être orchest
ré dans les réunions de l'OUA pour inviter les partenaires à dépasser
par la négociation leurs conflits. Il sert à des chefs d'Etat africains
et non africains à contester les immixtions qui leur déplaisent. Il se
concrétise dans quelques tentatives de coopération fonctionnelle.
Encore faut-il noter que très souvent les organisations régionales ne
sont opérationnelles que grâce à des concours extérieurs.
Il est vrai que le partage très inégalitaire des handicaps des ressources
et des espaces a fait émerger du lot d'Etats construits souvent de
toute pièce à partir des frontières coloniales deux puissances africaines
à vocation hégémonique, le Zaïre et le Nigeria. Mais ces deux
« géants » africains, surtout le premier, sont paralysés par leurs diff
icultés internes, leur dépendance économique et technologique dans
certains secteurs, les déficiences de leur outil diplomatique. Quant
aux tentatives d'organisation de forces armées interafricaines, elles ne
se sont jamais révélées très efficaces. Outre qu'elles manquaient de
cohésion, leurs officiers et soldats étaient insuffisamment motivés par
des missions de police dont les objectifs étaient ambigus.
L'évolution récente montre bien que, dans les zones les plus conflic
tuelles, l'intervention d'une ou de plusieurs puissances non africaines
* Professeur à l'Université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne). 266 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
n'a pu être évitée et qu'elle y a joué ou y joue encore un rôle décisif
dans le jeu diplomatique ou les rapports de forces.
L'instabilité des régimes politiques et la fragilité des économies, aggra
vées par la crise mondiale, ne font que renforcer la dépendance des
Etats, tandis que les conditions mêmes de la vie internationale ouvrent
de plus en plus largement l'Afrique au déploiement des stratégies
d'influence.
Les zones conflictuelles
Dans ce dossier, sont analysés deux des cas les plus significatifs d'inter
vention étrangère dans des zones conflictuelles, celui des Etats-Unis
en Afrique australe et celui de la Libye et de la France au Tchad.
Les problèmes de la Corne de l'Afrique ne sont évoqués qu'incidem
ment à propos de la politique africaine des Etats-Unis.
Cette troisième zone conflictuelle, qui oppose directement les deux
superpuissances et leurs alliés respectifs, chacun solidement installé
dans deux Etats voisins et rivaux, l'Ethiopie et la Somalie, a été le
théâtre d'un renversement d'alliances qui illustre bien la fluidité des
systèmes idéologiques et diplomatiques africains. Entre l'Ethiopie
d'Ailé Sélassié et les Etats-Unis, les relations étaient des plus étroites.
Mais le processus révolutionnaire, qui s'est instauré en Ethiopie dans
la confusion pour se radicaliser ensuite, devait mettre un terme à
cette coopération. Selon certains observateurs, les Américains auraient
pu s'entendre avec le président Mengistu qui leur avait fait des avan
ces, mais les orientations idéologiques des nouveaux gouvernants ren
daient difficile une collaboration avec les Etats-Unis trop compromis
avec l'ancien régime. Elles les portaient tout naturellement à se tour
ner vers l'Union soviétique et Cuba.
Inversement, la relève de l'alliance américano-éthiopienne par deux
Etats socialistes qui avaient apporté leur soutien au mouvement de
libération de l'Erythrée ne pouvait manquer de poser un problème
de cohérence et de morale politique. Le gouvernement révolutionnaire
éthiopien affirma en effet très rapidement son nationalisme et sa
volonté de garantir sans concession l'intégrité du territoire, tant vis-à-
vis de la rébellion érythréenne que des revendications somaliennes
sur l'Ogaden. L'hostilité entre l'Ethiopie et la Somalie plaçait en
outre l'URSS devant une redoutable option. En devenant l'alliée de
l'Ethiopie, elle se montrait infidèle à la Somalie dont elle était depuis
des années le partenaire privilégié. Froidement calculés, les bénéfices
du transfert d'influence militaient pour l'abandon de la Somalie avec
le risque certain de perdre le contrôle des installations militaires à
des points particulièrement stratégiques dans la Corne de l'Afrique.
Fidel Castro lança bien une tentative de réconciliation, en fait sans
espoir. Elle reposait sur l'idée que le marxisme-léninisme pouvait AFRIQUE : NOUVELLE DONNE OU CONTINUITÉ I 267
permettre de dépasser les contradictions nées des antagonismes natio
naux. Il proposa aux leaders des deux pays, ennemis héréditaires, de
s'unir dans une confédération dont le ciment aurait été une idéologie
commune aux protecteurs et aux protégés.
Devant le refus de Syad Barre, la rupture de la Somalie avec l'Union
soviétique devenait inéluctable. Le pays le plus marxiste de l'Afrique
ne pouvait plus compter que sur la superpuissance capitaliste. Le
président Carter fut d'abord très hésitant. Même si l'alliance avec la
Somalie avait l'avantage de démontrer le caractère superficiel de
l'enracinement du marxisme officiel en Afrique, par principe, il répu
gnait à entraîner son pays dans des conflits interafricains. Il ne voulait
pas d'autre part mécontenter le Kenya, pays visé par les prétentions
irrédentistes des Somaliens. Peut-être aussi ne désespérait-il pas de
voir la situation en Ethiopie évoluer dans un sens favorable aux
Etats-Unis. Lorsque la Somalie s'engagea une guérilla pour tenter
de récupérer l'Ogaden, Carter s'en tint au principe de l'intangibilité
des frontières, cher à la plupart des chefs d'Etat africains. Il refusa
son aide à un Etat qui, par rapport à ce principe, était sans conteste
l'agresseur. Cette agression avait d'ailleurs pour les Américains l'incon
vénient de justifier l'arrivée des militaires cubains en Ethiopie ainsi
que la fourniture massive d'armement par les Soviétiques à leur nouvel
allié. Le non-interventionnisme américain n'était pas une indifférence
totale. Les Etats-Unis faisaient savoir qu'ils reconsidéreraient leur
politique si l'Ethiopie passait de la guerre défensive à la guerre offens
ive, ce qui était en fait un message adressé aux Soviétiques pour les
inciter à contrôler les initiatives de leur protégé. Par prudence, les
Etats-Unis jouèrent dans cette période un rôle modérateur, la bipola-
risation de cette région de l'Afrique leur paraissant présenter des
risques inutiles pour la paix mondiale.
Néanmoins, c'est bien cette évolution qui allait prévaloir, par étapes,
des précautions étant toutefois prises des deux côtés pour éviter les
dérapages. Ce fut d'abord le revirement complet de la Somalie. Le
même chef d'Etat qui avait appelé les militaires soviétiques les somma
de partir. De surcroît, il renia l'idéologie marxiste qu'il avait imposée
brutalement à son peuple. Aussi, après

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