Des politiques de santé à leur management : un sujet sans objet ou une nécessité sans capacités ? - article ; n°1 ; vol.11, pg 111-127
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Politiques et management public - Année 1993 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 111-127
Les politiques publiques de santé spécifiques d'une pathologie se présentent sous la forme d'une intervention programmée des pouvoirs publics dans un secteur habituellement sous l'autorité absolue de la profession médicale structurée autour de la maladie. Que ce soit sous la forme d'une alternative au modèle curatif ou d'une régulation visant à modifier des pratiques médicales jugées inadaptées, ces politiques publiques n'arrivent pas, en France, à trouver leur traduction concrète. A partir de deux études de cas réalisées entre 1989 et 1992, l'analyse des processus de décisions permet d'expliquer pourquoi ces politiques ne parviennent pas à leurs objectifs ; l'absence de management public, concept et pratique totalement inconnus dans ce secteur, réduit leur portée aux enjeux des acteurs de leur mise en œuvre.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Setbon
Des politiques de santé à leur management : un sujet sans objet
ou une nécessité sans capacités ?
In: Politiques et management public, vol. 11 n° 1, 1993. La modernisation de la gestion publique : les leçons
d'expérience - Actes du Cinquième Colloque International Paris - 26/27 mars 1992 (Première partie). pp. 111-127.
Résumé
Les politiques publiques de santé spécifiques d'une pathologie se présentent sous la forme d'une intervention programmée des
pouvoirs publics dans un secteur habituellement sous l'autorité absolue de la profession médicale structurée autour de la
maladie. Que ce soit sous la forme d'une alternative au modèle curatif ou d'une régulation visant à modifier des pratiques
médicales jugées inadaptées, ces politiques publiques n'arrivent pas, en France, à trouver leur traduction concrète. A partir de
deux études de cas réalisées entre 1989 et 1992, l'analyse des processus de décisions permet d'expliquer pourquoi ces
politiques ne parviennent pas à leurs objectifs ; l'absence de management public, concept et pratique totalement inconnus dans
ce secteur, réduit leur portée aux enjeux des acteurs de leur mise en œuvre.
Citer ce document / Cite this document :
Setbon Michel. Des politiques de santé à leur management : un sujet sans objet ou une nécessité sans capacités ?. In:
Politiques et management public, vol. 11 n° 1, 1993. La modernisation de la gestion publique : les leçons d'expérience - Actes
du Cinquième Colloque International Paris - 26/27 mars 1992 (Première partie). pp. 111-127.
doi : 10.3406/pomap.1993.3097
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1993_num_11_1_3097POLITIQUES DE SANTE A LEUR MANAGEMENT : DES
Un sujet sans objet ou une nécessité sans capacités ?
Michel SETBON
Résu mé Les politiques publiques de santé spécifiques d'une pathologie se présentent
sous la forme d'une intervention programmée des pouvoirs publics dans un
secteur habituellement sous l'autorité absolue de la profession médicale
structurée autour de la maladie. Que ce soit sous la forme d'une alternative au
modèle curatif ou d'une régulation visant à modifier des pratiques médicales
jugées inadaptées, ces politiques publiques n'arrivent pas, en France, à
trouver leur traduction concrète. A partir de deux études de cas réalisées
entre 1989 et 1992, l'analyse des processus de décisions permet d'expliquer
pourquoi ces politiques ne parviennent pas à leurs objectifs ; l'absence de
management public, concept et pratique totalement inconnus dans ce
secteur, réduit leur portée aux enjeux des acteurs de leur mise en œuvre.
* Groupe d'Analyse des Politiques publiques (CNRS).
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 11. n° 1, mars 1993.
© Institut de Management Public - 1993. Michel SETBON 112
Les politiques publiques de santé cachent, sous l'apparente banalité de leur
appellation, une ambiguïté qui rend nécessaire d'en préciser le contenu avant
d'aborder la question de leur management. Il existe en réalité deux approches
pour préciser leur objet, chacune indiquant une conception particulière de la
santé. La première s'organise autour de la spécificité de l'activité
thérapeutique : la santé est un secteur qui se prêterait mal à l'approche
commune des politiques publiques au-delà d'une approche macro
économique, c'est-à-dire de l'allocation des ressources globales et de leur
répartition entre les différents acteurs et institutions (planification des
établissements hospitaliers, choix de la méthode de budgétisation, prix à la
journée ou budget global, revalorisation des tarifs médicaux et de la
nomenclature professionnelle, etc.). Autrement dit, les politiques de santé
seraient essentiellement celles qui permettent de répondre au double
problème de l'accès aux soins et de la maîtrise des dépenses de santé. Cette
approche s'appuie sur une conception de la santé comme réponse à la
maladie, objet exclusif de la relation entre un individu malade et un
professionnel de la santé.
Aussi déterminante que soit cette approche, elle ne suffit pas à répondre aux
différents problèmes posés par la gestion de la santé elle-même qui, tout en
étant par essence individuelle, n'en obéit pas moins à des considérations
collectives. En l'occurrence, la santé peut être abordée selon une deuxième
approche, comme n'importe quel autre secteur, et les politiques de santé ont
alors pour but de résoudre des problèmes particuliers et bien précis. Dans
cette perspective, les politiques publiques de santé ont pour objectif
d'intervenir directement sur des pathologies dont elles cherchent à réduire
l'incidence et les conséquences. De cette façon, les politiques de santé ne se
borneraient plus à mettre à la disposition de l'offre et de la demande les
ressources nécessaires à la relation thérapeutique, mais se concrétiseraient
sous la forme d'un produit visant à améliorer l'état de santé de la population.
Cette deuxième définition élargit donc le champ des politiques publiques de
santé, de la santé-maladie à l'action en santé publique.
Alors qu'en France le secteur de la santé jouit d'un statut sans équivalent
dans les autres secteurs, la question qui se pose, loin d'être théorique, est
celle des limites d'intervention qu'indique cette forme de régulation globale
fondée sur la libre consommation des biens médicaux. Les premières limites
sont financières : la France est avec les Etats-Unis le pays qui a la plus forte
augmentation des dépenses de santé ; elle est au troisième rang mondial du
pourcentage des de dans le PNB (1990) et surtout le seul
pays de l'OCDE où l'élasticité des dépenses de santé par rapport au PNB
reste voisine de deux (la plupart des pays "dépensiers", comme la Suède,
ayant réussi à abaisser l'élasticité autour de 1 à 1,3)1.
Si la macro-économie indique une fragilité et assombrit les perspectives à
venir, l'efficacité sanitaire ne vient pas compenser par des succès parallèles
un tel handicap de plus en plus insupportable : la France, en dépensant plus
1 Source OCDE, CEDOC, 1990. L'élasticité est le rapport existant entre les accroissements
respectifs des dépenses de santé et du PNB dans un pays donné. Une élasticité supérieure à 1
traduit le fait que les dépenses de santé augmentent plus vite que le PNB. politiques de santé à leur management : un sujet sans objet 113 Des
ou une nécessité sans capacités ?
pour la santé, ne soigne pas mieux, ni ne protège pas plus que d'autres pays
la population de la maladie et de la mort 1. Ce double constat souligne
l'incongruité d'une situation à nulle autre pareille : les politiques de santé ne
seraient qu'un cadre à l'intérieur duquel l'action sur la santé (pour la maintenir
ou pour la rétablir) relèverait de la simple interaction d'une demande et d'une
offre à la recherche de l'optimisation de leurs critères de satisfaction.
En fait, cette vision ne correspond ni à la réalité des besoins, ni à celle des
moyens disponibles pour assurer une meilleure santé dans un cadre de
ressources limitées. Les besoins peuvent être appréhendés à partir de la
connaissance de l'état de santé de la population, c'est-à-dire à d'une
réalité concrète précisant qui et de quoi sont susceptibles d'être atteints des
groupes définis à partir de leur fragilité au risque-maladie. Les moyens
disponibles pour faire de l'intervention en santé publique une alternative
complémentaire au modèle curatif organisé en marché libre (bien que
réglementé par les prix) sont ceux des différentes sciences permettant la
connaissance de l'état de santé de la population. Elles sont utilisées pour
répondre avec une meilleure efficience aux problèmes particuliers posés par
les différentes pathologies : l'epidémiologie est la science de base 2, à
laquelle se joignent la biostatistique, l'économie, la démographie, l'économie
de la santé, la sociologie et, plus

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