Evolution et décadence : l expérience britannique - article ; n°3 ; vol.41, pg 241-250
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Description

Politique étrangère - Année 1976 - Volume 41 - Numéro 3 - Pages 241-250
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Tony Burkett
Evolution et décadence : l'expérience britannique
In: Politique étrangère N°3 - 1976 - 41e année pp. 241-250.
Citer ce document / Cite this document :
Burkett Tony. Evolution et décadence : l'expérience britannique. In: Politique étrangère N°3 - 1976 - 41e année pp. 241-250.
doi : 10.3406/polit.1976.1720
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1976_num_41_3_1720ÉVOLUTION ET DÉCADENCE
L'EXPÉRIENCE BRITANNIQUE
par Tony BURKETT
Au cours des 25 années qui suivirent la deuxième guerre mondiale,
la Grande-Bretagne a perdu rapidement sa position de grande puis
sance. Elle restait cependant une pièce importante sur l'échiquier
mondial et sa stabilité politique et sa solidité la faisaient bénéficier
de relations privilégiées avec les Etats-Unis. Elle promettait d'être
pour Washington un allié plus sûr que la jeune République Fédérale
d'Allemagne ou la France de de Gaulle. C'est donc grâce à l'aide des
Etats-Unis que la Grande-Bretagne continua de se comporter comme
une grande puissance mondiale bien que dès le début des années 60
les relations privilégiées sur lesquelles elle s'appuyait aient commencé
à se relâcher. A ce moment-là, la Grande-Bretagne avait presque
accompli le cycle au cours duquel elle avait abandonné son Empire
et l'avait transformé en Commonwealth (bien que personne n'ait
jamais tout-à-fait compris à quoi correspondait cette nouvelle ins
titution). La Grande-Bretagne au cours du processus perdait son
statut de grande puissance et, à part ses engagements envers les pays
occidentaux, il semble qu'elle n'ait pas eu clairement conscience du
rôle qu'elle pourrait jouer à l'avenir. Les événements ou le manque
d'imagination ne l'ont que trop souvent conduite à prendre des
décisions qu'elle aurait autrefois repoussées. Sa façon maladroite
d'adhérer à la Communauté Economique Européenne illustre bien
mon propos. Trébucher dans les bras de l'Europe n'était pas telle-
(*) L'auteur est chargé de cours au Département des Etudes européennes de
l'Université de Loughborough.
Cet article a paru également dans la revue Europa-Archiv 5/1976 © Verlag fiir
internationale Politik, Bonn. TONY BURKETT 242
ment une façon de manifester son désir de tenir ses engagements
qu'accepter l'inévitable. Bien des hommes politiques britanniques
devinrent des « Européens engagés » pour la simple raison qu'ils
étaient incapables de trouver une autre solution. Ceux qui s'élevè
rent contre l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun
perdirent le référendum de juin 1975 parce qu'ils n'avaient rien
d'autre à proposer. Et, cependant même les pro-européens ne se
résignaient pas volontiers pour la plupart à accepter les perspectives
de la Communauté Economique Européenne, c'est-à-dire une Europe
politiquement intégrée — laquelle n'a d'ailleurs pas l'air de prendre
corps. La Grande-Bretagne n'est pas la seule parmi les Neuf à r
epousser cette idée, du moins en ce qui concerne les prochaines
années. Mais une Europe unie politiquement, avec tous les problè
mes et les difficultés que cela comporte, est du moins pour elle un
but. Dans son état actuel de confusion et de décadence, ce qui man
que le plus à la Grande-Bretagne, ce sont des buts ; aucun nouveau
courant d'idées ne se fait jour, ni sur le rôle que l'Angleterre pourrait
jouer dans le monde d'aujourd'hui ni — et c'est plus grave — sur le
type de société qu'elle devrait devenir. Depuis que suivant la formule
de Dean Acheson, la Grande-Bretagne avait perdu un Empire et
n'avait pas trouvé une position, une nouvelle crise, celle de l'identité
nationale, a surgi. Les Britanniques qui jouissaient d'une perception
très nette de la nature de leur société et d'une ferme croyance dans
l'efficacité de leurs institutions politiques considèrent celles-ci au
jourd'hui avec apathie ou stupeur.
Le déclin économique suit une voie parallèle. On lui a prêté plus
d'attention qu'à la perte de l'Empire ou à la décadence sociale et
politique. En fait, les trois aspects sont liés et réagissent l'un sur
l'autre avec pour résultat une accélération de la chute. On a générale
ment négligé l'affaiblissement du système politique interne car, bien
que sa puissance économique, sa position et son rôle mondial soient
en déclin, il semblait que la Grande-Bretagne pouvait néanmoins se
prévaloir d'un système politique éprouvé, fermement ancré dans les
institutions et les valeurs de la société. On pouvait retracer la conti
nuité historique, montrer l'origine du système et son évolution. Des
éléments traditionnels comme la monarchie constitutionnelle, la
Chambre des Lords et les classes sociales de l'époque pré-industrielle
se sont adaptés à une société pluraliste monarchique, au suffrage
universel, à un degré d'instruction élevé et au respect traditionnel de DÉCADENCE BRITANNIQUE 243
la loi. Ce système évolué semble avoir permis la transformation de
l'Empire en Commonwealth : l'ancêtre des Parlements, le talent
britannique pour le compromis étaient universellement admirés à tel
point que les nouvelles nations du Commonwealth s'ingénièrent à
adapter la tradition parlementaire à une indépendance politique
fraîchement acquise. Mais cette image de stabilité et d'unanimité
ne cadrait pas avec le malaise économique. Si les Britanniques par
venaient à maintenir leur système politique, ils étaient incapables
d'adapter leur économie aux demandes d'un marché international de
plus en plus compétitif.
Ceci n'est un paradoxe qu'en apparence. Ce déclin économique
est lié à la stabilité. Nous prétendons même qu'il ne s'est pas produit
malgré la stabilité et la continuité du système mais qu'il en est la
conséquence ; que l'incapacité de s'adapter, d'évoluer, de modernis
er la société et le système politique est à l'origine des maux qui
menacent la structure sociale britannique et les bases même de sa
stabilité. Après avoir été la première société industrialisée, la pre
mière nation européenne à élaborer une réelle démocratie libérale
tandis que ses voisins sortaient péniblement du féodalisme et de
l'absolutisme, la Grande-Bretagne voyait sa société tomber à un
niveau très inférieur et bien plus instable que celui de la plupart des
nations européennes occidentales. Pourquoi la Grande-Bretagne
avait-elle réussi à établir une véritable démocratie libérale là où ses
voisins occidentaux avaient le plus souvent échoué ? Etait-ce dû à
son caractère national, à ses traditions ? Et pourquoi ce système si
stable, si efficace et si respectueux de la légalité s'était-il détérioré ?
Après tout, il y a à peine dix ans que la nouvelle école « behaviou-
riste » des Powell, Almond, Sidney Verba et Richard Rose attribuait
à l'éducation politique des Anglais ces valeurs et ces articles de foi
qui apportaient un appui massif aux institutions et à la société britan
nique. Mais, même alors, ils décelaient dans la société britannique
des valeurs attardées qui étaient plus le fait d'une tradition
nelle que d'une société moderne pluraliste.
Le syndrome pluraliste
Un sentiment généralisé profondément socialisant était, disait-on,
à la base de la stabilité politique anglaise : on était d'accord sur un
certain nombre de principes et sur la nature des institutions. D'après 244 TONY BURKETT
cette théorie, il n'existait pas de controverse sur les limites du systè
me, sur la forme de l'Etat, sur les moyens de résoudre les conflits ou
sur l'identité des participants aux activités politiques. Les régiona-
listes et les séparatistes avaient peu de partisans, la violence était rare,
les contestations pacifiques ; l'opposition était loyale et respectait
les voies légales et la

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