Géopolitiques africaines : les révisions stratégiques occidentales
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Géopolitiques africaines : les révisions stratégiques occidentales

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www.institut-thomas-more.org
info@institut-thomas-more.org
Août 2007
Géopolitiques africaines : les révisions
stratégiques occidentales
Par Jean-Sylvestre MONGRENIER
Chercheur associé à l’Institut Thomas More, Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université
Paris VIII Vincennes-Saint-Denis). Auteur du
Dictionnaire géopolitique de la défense européenne
(ed.
Unicomm, 2005) et de
La France, l’Europe, l’OTAN : une approche géopolitique de l’atlantisme français
(ed. Unicomm, 2006).
Dans son discours de Dakar (Université Cheikh Anta Diop, 26 juillet 2007), Nicolas Sarkozy a utilisé
l’expression, quelque peu surannée, d’ « Eurafrique ». La presse africaine a par ailleurs commenté le refus du
président français de tout acte de repentance. Nous lui en sommes gré. Les phénomènes de conquête sont
ancestraux – Sumer et Akkad sont les premières formations historiques conquérantes – et l’on ne voit pas
pourquoi la damnation serait réservée aux derniers en date. La partie du discours présidentiel sur « l’homme
africain (qui) n’est pas assez entré dans l’Histoire », « immobile au milieu d’un ordre immuable », est plus
discutable. D’abord parce que destin de l’homme occidental, délié de toute instance métaphysique, semble
être d’osciller entre mauvaise conscience et autosatisfaction. La « conscience historique » des Modernes ne
serait-elle que la Chute sublimée ? Ensuite parce que l’Afrique n’est en rien immobile. Elle est en proie à une
accélération de l’histoire, une histoire chaotique et irréductible au « grand récit » du Progrès.
’avènement de l’« Eurafrique » serait la commune destinée de l’Europe et de l’Afrique
subsaharienne. Historiquement daté, ce concept est utilisé par le géopolitologue allemand
Karl Haushofer (1869-1946), dans le cadre de la réorganisation du « cadastre planétaire »
qu’il prône entre les deux conflits mondiaux, nouvelle « guerre de trente ans » qui met à bas
l’hégémonie des grandes nations européennes. La quasi-totalité du continent noir est alors
partagée entre quelques puissances coloniales, France et Royaume-Uni en tout premier lieu, en
mesure d’imposer leur ordre. L’« Eurafrique », en tant que représentation géopolitique, s’enracine
dans le discours stratégique français, des années quarante aux années soixante. Pour Hervé
Coutau-Bégarie, il s’agit là d’un discours de compensation appartenant au champ des stratégies
déclaratoires qui visent
« à transformer l’espace en moyen, faute de disposer des moyens actifs de
la puissance »
1
. Dans le contexte de la décolonisation et des résistances qu’elle suscite, le recours
au concept eurafricain vient conforter le discours de l’« Algérie française ». Avec la décolonisation,
cette référence s’efface et la « Françafrique » n’est qu’un tardif écho de ce qu’a pu être l’
imperium
européen sur le continent noir. Au fil de la Guerre froide, l’enjeu prioritaire est de contrecarrer la
poussée soviétique, notamment en Ethiopie et dans les ex-colonies portugaises (Angola,
Mozambique, Guinée-Bissau).
Dans les années d’après-Guerre froide, la vision stratégique de l’Afrique se réduit à l’économique et
à l’humanitaire. Les réalités africaines se sont depuis rappelées au bon souvenir des Occidentaux et
l’heure est aux révisions stratégiques. Guerres ethniques et « milicianisation » des sociétés
prolifèrent sur les ruines d’ « Etats importés », souvent dépourvus de légitimité, et les
« catastrophes humanitaires » provoquent d’importants flux de réfugiés. La poussée islamiste laisse
à craindre l’installation de réseaux terroristes, plus ou moins liés à la mouvance Al-Qaida, et les
grandes puissances, anciennes et nouvelles, rivalisent entre elles, sur fond de luttes pour l’accès
aux ressources énergétiques et aux minerais stratégiques. Bref, le continent africain est de plain-
pied dans l’Histoire. Au vrai, n’imaginons pas l’Afrique d’antan comme un Eden précolonial.
Remémorons-nous la geste conquérante de Shaka et des Zoulous.
L
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