L eau : ressource locale, débat mondial - article ; n°4 ; vol.21, pg 137-153
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Description

Politiques et management public - Année 2003 - Volume 21 - Numéro 4 - Pages 137-153
La gestion de l'eau est à juste titre considérée comme un défi majeur du développement durable au XXIème siècle : pressions croissantes sur une ressource collective fragile, enjeux sanitaires, pauvreté, production agricole, problèmes de financement et impasses dans la gestion quotidienne des services d'eau potable et d'assainissement, conflits entre pays riverains ou entre usagers sont d'ores et déjà le lot commun. L'importance de ces enjeux porte l'eau sur la scène mondiale, la place qui lui a été accordée au deuxième Sommet de la Terre qui s'est tenu à Johannesburg en témoigne. Mais l'eau reste essentiellement régionale et locale et ce n'est finalement qu'à travers les questions essentielles des modes de gestion de l'eau, du financement et de la solidarité Nord-Sud que l'on peut attribuer une échelle mondiale aux problèmes d'eau.
Ce papier apporte un éclairage sur les débats mondiaux sur l'eau, qui placent la gouvernance au cœur des bonnes pratiques de gestion de l'eau. Les questions suscitées par les relations entre les différents niveaux politiques (national, européen, international) conduisent à envisager une ouverture croissante de la gestion de l'eau à d'autres acteurs que la puissance publique. Cependant, il s'agit de favoriser des gouvernances aussi diverses que locales, plutôt que de prôner un modèle unique de gouvernance.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre-Alain Roche
Sarah Feuillette
L'eau : ressource locale, débat mondial
In: Politiques et management public, %vol. 21 n° 4, 2003. pp. 137-153.
Résumé
La gestion de l'eau est à juste titre considérée comme un défi majeur du développement durable au XXIème siècle : pressions
croissantes sur une ressource collective fragile, enjeux sanitaires, pauvreté, production agricole, problèmes de financement et
impasses dans la gestion quotidienne des services d'eau potable et d'assainissement, conflits entre pays riverains ou entre
usagers sont d'ores et déjà le lot commun. L'importance de ces enjeux porte l'eau sur la scène mondiale, la place qui lui a été
accordée au deuxième Sommet de la Terre qui s'est tenu à Johannesburg en témoigne. Mais l'eau reste essentiellement
régionale et locale et ce n'est finalement qu'à travers les questions essentielles des modes de gestion de l'eau, du financement et
de la solidarité Nord-Sud que l'on peut attribuer une échelle mondiale aux problèmes d'eau.
Ce papier apporte un éclairage sur les débats mondiaux sur l'eau, qui placent la gouvernance au cœur des bonnes pratiques de
gestion de l'eau. Les questions suscitées par les relations entre les différents niveaux politiques (national, européen,
international) conduisent à envisager une ouverture croissante de la gestion de l'eau à d'autres acteurs que la puissance
publique. Cependant, il s'agit de favoriser des gouvernances aussi diverses que locales, plutôt que de prôner un modèle unique
de gouvernance.
Citer ce document / Cite this document :
Roche Pierre-Alain, Feuillette Sarah. L'eau : ressource locale, débat mondial. In: Politiques et management public, %vol. 21 n°
4, 2003. pp. 137-153.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2003_num_21_4_2826L'EAU : RESSOURCE LOCALE, DÉBAT MONDIAL
Pierre-Alain ROCHE*
Sarah FEUILLETTE**
Résumé La gestion de l'eau est à juste titre considérée comme un défi majeur du
développement durable au XXIème siècle : pressions croissantes sur une
ressource collective fragile, enjeux sanitaires, pauvreté, production agricole,
problèmes de financement et impasses dans la gestion quotidienne des
services d'eau potable et d'assainissement, conflits entre pays riverains ou
entre usagers sont d'ores et déjà le lot commun. L'importance de ces enjeux
porte l'eau sur la scène mondiale, la place qui lui a été accordée au deuxième
Sommet de la Terre qui s'est tenu à Johannesburg en témoigne. Mais l'eau
reste essentiellement régionale et locale et ce n'est finalement qu'à travers les
questions essentielles des modes de gestion de l'eau, du financement et de la
solidarité Nord-Sud que l'on peut attribuer une échelle mondiale aux
problèmes d'eau.
Ce papier apporte un éclairage sur les débats mondiaux sur l'eau, qui placent
la gouvernance au cœur des bonnes pratiques de gestion de l'eau. Les
questions suscitées par les relations entre les différents niveaux politiques
(national, européen, international) conduisent à envisager une ouverture
croissante de la gestion de l'eau à d'autres acteurs que la puissance publique.
Cependant, il s'agit de favoriser des gouvernances aussi diverses que locales,
plutôt que de prôner un modèle unique de gouvernance.
* Directeur de l'Agence de l'Eau Seine-Normandie.
* Chargée d'études à l'Agence de l'Eau
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 21, n° 4, décembre 2004.
© Institut de Management Public - 2003. Pierre-Alain ROCHE et Sarah FEUILLETTE 138
Indispensable à la survie même de l'homme et des écosystèmes, à la fois
facteur de production et facteur de risque pour les activités situées dans les
vallées inondables, l'eau est à l'évidence au coeur des enjeux du
développement durable.
La gestion L'eau douce est une ressource un peu particulière au plan socio-économique.
intégrée à C'est un bien rare, et essentiel, mais renouvelable. Après utilisation, elle est
l'échelle des restituée au milieu, généralement profondément dégradée en qualité, ce qui
bassins- en obère les autres usages, ou bien renvoyée à l'atmosphère : elle rejoint
versants : alors le cycle global de l'eau atmosphérique, en tout cas ne revient pas
condition directement sous forme de pluie au même endroit ni à la même date. Ce
pour un grand cycle planétaire, mu par l'énergie solaire et la gravitation, assure un
développement énorme processus de transport d'eau à grande échelle. Malgré quelques
durable tentatives historiques (déplacements d'icebergs) ou quelques exemples
locaux sur des distances de quelques centaines de kilomètres ou pour des
quantités faibles réservées à des usages spécifiques, l'eau ne se transporte
guère artificiellement et s'utilise essentiellement localement. Il y a donc autant
de problèmes de gestion équilibrée que d'unités (bassins) hydrographiques,
dépendantes des fluctuations et évolutions des variables climatiques. Cette
dimension de bien renouvelable, u patrimoine commun de la nation " comme
dit la loi française, bien commun global essentiel, ou patrimoine commun de
l'humanité (Collectif, 2002), est évidemment déterminante dans l'attitude des
acteurs à son égard : comment en user sans en abuser, perturber ce cycle
naturel (par l'usage) sans le déstabiliser et sans enclencher des processus de
ruine collective, consécutive à des atteintes radicales aux écosystèmes qui en
dépendent, et dont nous dépendons (cf. le désastre écologique et social de la
mer d'Aral). Ce droit d'user sans abuser est local : pour les eaux
superficielles, il s'exerce au niveau du bassin hydrographique, dont les cours
d'eau relient l'ensemble des activités du bassin versant, via leurs
prélèvements et rejets. Bien souvent ces bassins sont transfrontaliers, avec
les problèmes diplomatiques de répartition que cela génère.
Malgré sa rareté, aucune valeur commerciale intrinsèque n'est attachée à
l'eau. Il n'y a pour ainsi dire pas de marché de l'eau en tant que bien, au sens
où il y a un marché des matières premières. En revanche, il y a un marché des
services liés à sa mise à disposition. Par conséquent, pas de rente sur l'eau
au sens classique du terme, mais des conflits relatifs au droit à y accéder (de
Villiers, 2000).
C'est ainsi à l'échelle des grands bassins-versants que s'impose d'organiser
cette gestion intégrée des ressources en eau, à travers des outils de
concertation et de décision, et en mettant en place des instruments
économiques adaptés. Les comités de bassin et les agences de l'eau en
France donnent une image concrète de cette recherche de bonne
gouvernance de l'eau , développée en deuxième partie.
Explorons tout d'abord trois domaines dans lesquels, malgré sa dimension
essentiellement locale ou régionale, l'eau apparaît, à tort ou à raison, comme
un enjeu mondial : l'agriculture, l'énergie et les services d'eau et
d'assainissement. L'eau : ressource locale, débat mondial 139
L'augmentation de la demande en eau due au développement économique Agriculture
et denrées des sociétés et à la croissance démographique accroît les situations de
alimentaires : surexploitation de la ressource, le plus fataliste des scénarios futurs étant celui
de la révolution d'une crise majeure de l'eau (Al-Alawi, 2000).
verte à la
La "révolution verte" a permis d'éviter la catastrophe liée à l'explosion des révolution
bleue besoins nutritionnels d'une population mondiale passée de 3 à 6 milliards
d'habitants entre 1960 et 2000 (en laissant tout de même 800 millions dénutris...). Ceci a été obtenu par une agriculture intensive,
consommatrice d'eau, d'engrais et de phytosanitaires, concentrée sur une
surface relativement faible, dans les "greniers" du monde (Amérique du Nord,
Chine, Inde et Europe). L'agriculture représente aujourd'hui 70 % des
prélèvements d'eau dans le monde, tandis que l'alimentation en eau potable
et l'industrie représentent respectivement 10% et 20% des prélèvements (cf.

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