L émigration portugaise dans le monde et ses conséquences pour le Portugal - article ; n°1 ; vol.47, pg 59-76
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1972 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 59-76
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Leloup
L'émigration portugaise dans le monde et ses conséquences
pour le Portugal
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 47 n°1, 1972. pp. 59-76.
Citer ce document / Cite this document :
Leloup Yves. L'émigration portugaise dans le monde et ses conséquences pour le Portugal. In: Revue de géographie de Lyon.
Vol. 47 n°1, 1972. pp. 59-76.
doi : 10.3406/geoca.1972.1601
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1972_num_47_1_1601L'ÉMIGRATION PORTUGAISE DANS LE MONDE
ET SES CONSÉQUENCES POUR LE PORTUGAL
par Yves Leloup
Phénomène constant dans l'histoire portugaise depuis l'époque des
Grandes Découvertes, l'émigration a connu des périodes successives de
ralentissement ou d'exode massif suivant les conditions de départ, les
techniques de transport et surtout la conjoncture internationale pour
l'accueil, en particulier au Brésil. Ainsi au cours du xvnie siècle, à la
suite de la découverte de l'or dans le Minas Gérais et de la « ruée »
qui la suivit, il a fallu interdire aux candidats emigrants (religieux et
laïques) la sortie du Royaume « de crainte qu'il ne se dépeuple entièr
ement » ! A cette époque sont partis de nombreux juifs convertis appelés
cristoês novos. L'émigration vers le Brésil a sans doute été continue
au xixe siècle, mais on ne dispose des chiffres globaux de l'émigration
que depuis 1884 et la discrimination par destination depuis 1900. Les
données concernent l'ensemble de la Métropole portugaise, c'est-à-dire
les dix-huit districts du continent et les quatre districts des îles adja
centes (Madeira et Açores) ; elles ne comprennent pas l'émigration vers
les territoires portugais d'outre-mer ; enfin il s'agit de
officielle.
1. — EVOLUTION ET INTENSITE DE L'EMIGRATION
A) Emigration continue vers le Brésil, l'Afrique et les Etats-Unis
De 1888 à la crise mondiale de 1929-1930, les sorties annuelles n'ont
jamais été inférieures à 20 000 emigrants pour des soldes physiologiques
de 30 000 à 90 000 habitants. Les maxima se placent vers 1895 (44 350)
et surtout en 1912 (88 929) et en 1913 (77 645) ; ces deux dernières YVES LELOUP 60
années d'ailleurs l'émigration dépassa légèrement l'accroissement naturel
de la Métropole. En 1900 le Brésil absorbait 68 % des emigrants, les
Etats-Unis 19,5 % et les autres pays 12,5 %. Il s'agit principalement
de l'Europe, d'autres pays d'Amérique du Sud et de l'Afrique centrale
ou occidentale, où les Portugais vont s'installer comme commerçants à
l'instar des Syro-Libanais. En 1910 le Brésil a accueilli 79 % des
emigrants et les Etats-Unis 17,2 %... Après l'interruption due à la
guerre de 1914-1918, le mouvement a repris avec un maximum en 1920
(64 783 emigrants) qui dépasse à nouveau l'accroissement naturel (fo
rtement diminué par l'épidémie de grippe espagnole). Le mouvement de
forte émigration se poursuit jusqu'en 1930 (encore 40 361 emigrants
en 1929) ; pendant cette période, l'émigration vers le Brésil reste pr
épondérante (de 52 % à 80 % des emigrants suivant les années) mais
le courant vers les Etats-Unis ss tarit (de 14 à 1,05 %...) tandis que se
renforce l'émigration vers l'Argentine (de 1 à 9,5 % ) et surtout vers
les autres pays (de 9,5 à 42,5 %), en particulier vers la France, où sont
venues combattre des troupes portugaises pendant la Grande Guerre :
les emigrants s'installeront principalement dans la région parisienne et
le Sud-Ouest, ce qui amorcera le « grand départ » à la fin des années
1950. Sans tenir compte des départs vers l'Afrique portugaise, l'émigra
tion a été faible de 1931 à 1949 (maximum de 17 807 en 1939 et minimum
de 893 en 1943) avec toujours une grande prépondérance du Brésil pour
le lieu de destination.
B) Emigration massive vers de nouvelles destinations
C'est à partir de 1950 qu'à nouveau le niveau des 20 000 emigrants
annuels a été dépassé, puis le mouvement s'est amplifié pour atteindre
en 1965, 1966 et 1967 les niveaux records de 89 056, 120 239 et
92 502 emigrants ; ces chiffres évidemment ne concernent que l'émigra
tion légale ou régularisée après une première sortie clandestine du pays
et non l'émigration clandestine non régularisée. Cette émigration mas
sive a entraîné en 1966, comme pour les années 1912-1913 et 1919-1920,
un solde négatif de l'accroissement naturel ( — 22 454 personnes) et
pour les années 1965, 1967, 1968 et 1969, un accroissement très faible
de 13 000 à 11000 personnes seulement. Depuis 1950 sont apparus
successivement comme lieux de destination de nouveaux pays en plus
des pays précédemment cités : le Venezuela (19,2 % des emigrants
en 1955), la République Sud Africaine (4,5 % des en
1956), puis le Canada (15,1 % des emigrants en 1960), la France qui
réapparaît en force dès 1957, enfin l'Allemagne et d'autres pays euro
péens, comme les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne. Si le Brésil garde
la prédominance jusqu'en 1962 (pour l'émigration légale rappelons-le),
c'est la France qui reste depuis 1963 le principal foyer d'attraction des
Portugais (de 38 à 64 % des emigrants légaux) ; cependant en 1970
l'Allemagne avec 29,8 % des a reçu presque autant de Portu
gais que la France (33 %). l'émigration portugaise dans le monde 61
C) L'intensité de
Si l'on compare l'intensité de l'émigration légale par rapport à
l'accroissement naturel enregistré pour chaque décennie depuis 1900
et par rapport à la population recensée au début de chaque décennie, on
remarquera les points suivants :
— L'accroissement réel de la population portugaise a été maximum
de 1920 à 1929 (+ 13,1 %) et de 1930 à 1939 (+ 13,1 %) ; au contraire
REAL
VI ANA do CASTRO ^
BRAGA ^BRAGANÇA
PORTO
VISEU
GUARDA
CASTELO BRANCO
-^-SANTAREM
-PORTALEGRE
-EVORA
BEJA
FARO Z6_ 50 100 Km.
Fig. 1. — Taux par district de l 'émigration légale de 1960 à 1969
par rapport à la population de 1960
entre les deux recensements de 1960 et de 1970, la population portugaise
a diminué de — 2,48 % ; population en 1960 : 8)889 392 et en 1970 :
8 668 267 habitants.
— Sauf pendant la période de 1930 à 1949, l'émigration légale a
toujours absorbé près de la moitié de l'accroissement naturel portugais
au moins, avec des maxima de 74,38 % de 1910 à 1919 (à cause d'un
accroissement naturel assez faible dû à la guerre de 1914-18 et à ses
suites — grippe espagnole), puis de 58,19 % de 1960 à 1969 à cause
d'un volume migratoire record (646 962 emigrants légaux). YVES LELOUP 62
— En ce qui concerne l'intensité de l'émigration par rapport à la
population recensée au début de chaque décennie, les taux sont très
proches pour les trois décennies de 1900 à 1929 (5,6 %, 6,7 % et 6 %),
le taux minimum apparaît de 1940 à 1949 (1,05 % ) et évidemment le taux
record de 1960 à 1969 (7,27 %).
— Le phénomène de freinage de l'émigration portugaise de 1930 à
1949 apparaît nettement. Il est dû à des causes externes (crise mondiale,
guerre de 1939-1945) et non à une meilleure conjoncture économique
au Portugal. Comme ce freinage coïncide avec une période d'assez fort
accroissement naturel (entre 10 et 13 %), il provoque une « surcharge »
démographique évidente, qui profitera d'une meilleure conjoncture
externe, outre-mer puis en Europe, pour émigrer en masse à partir de
1955, légalement ou clandestinement.
Les résultats du recensement de 1970 permettent-ils de mesurer
l'importance de l'émigration totale pendant la dernière décennie ? En
tenant compte de l'accroissement naturel enregistré de 1960 à 1969
( + 1 111717 personnes) et de l'émigration légale pendant la même
période (646 962 personnes), la population portugaise aurait dû s'ac
croître de 464 755 habitants depuis 1960. Or elle a diminué de 221 125
personnes, ce qui représente un déficit de 685 880 habitants en plus de
l'émigration légale ! Soit un déficit supplémentaire de 7,5 % par rapport
à la population attendue en 1970. On peut penser que ce déficit ne

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