L équilibre politique chilien - article ; n°2 ; vol.32, pg 173-195
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Description

Politique étrangère - Année 1967 - Volume 32 - Numéro 2 - Pages 173-195
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joxe
L'équilibre politique chilien
In: Politique étrangère N°2 - 1967 - 32e année pp. 173-195.
Citer ce document / Cite this document :
Joxe. L'équilibre politique chilien. In: Politique étrangère N°2 - 1967 - 32e année pp. 173-195.
doi : 10.3406/polit.1967.6037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1967_num_32_2_6037L'ÉQUILIBRE POLITIQUE CHILIEN
II n'y a de politique étrangère autonome que sur la base d'une
situation intérieure bien maîtrisée et d'une dette extérieure ré
duite. Dans le continent américain au sud du Rio Grande, seul
le Mexique a jusqu'à présent su conserver dans les domaines
importants et malgré la pression économique et la proximité
des Etats-Unis une attitude indépendante. C'était aussi le seul
pays où une « bourgeoisie conquérante », jacobine, efficace,
ait pris le pouvoir et soit parvenue à gérer à la fois l'expansion
économique et la mobilisation politique des masses au profit
de l'idée nationale. Il en est peut-être de même au Chili où dans
des circonstances très différentes et en conservant le système
des partis multiples, l'expérience en cours constitue un test
important moins par la grandeur du pays que par la qualité des
élites politiques qui s'y trouvent confrontées et la netteté d'un
débat que ne devrait pas troubler le risque, ailleurs partout
présent, d'une intervention militaire. En se demandant si l'équi
libre politique chilien est durable et permet de progresser vers
l'industrialisation, on se demande donc par la même occasion
si un nouvel acteur n'est pas en train de naître définitivement
sur la scène internationale. La question de la politique exté
rieure chilienne ne pourra être traitée utilement qu'après une
vue aussi nette que possible des caractères de cet équilibre
intérieur.
Avec ses 9 millions d'habitants, et malgré ses 4.270 kilo
mètres de long sur 350 de large en moyenne, le Chili représente
une unité politique nationale du même ordre de grandeur que
la Bulgarie, la Grèce ou Cuba, ou encore le Portugal, c'est-à-
dire qu'il s'agit d'un petit pays.
Il faut ajouter que le pays qui pèse, à la fois démographi- 174 JOXE
quement, économiquement, et par conséquent politiquement,
ce sont essentiellement les trois provinces centrales de Santiago,
de Valparaiso et de Concepcion, qui, seules atteignent des
densités de populations importantes, respectivement de 128,
1 3 1 et 91 habitants au kilomètre carré, le reste du pays est un
désert démographique : désert extrême dans le nord extrême
et dans le sud extrême ; relatif dans le nord moyen (dens
ité : 3,5) et le sud moyen (densité : 9,3).
Les Chiliens sont donc essentiellement les habitants de ces
trois provinces, et, à l'intérieur de ces trois provinces, ce sont
essentiellement les habitants des villes. Le Chili en effet s'est
urbanisé beaucoup plus vite que la France ; la population rurale
qui, en 1875, représentait 73 % de la population, n'en repré
sente plus que 32 % en 1962. On voit donc à quel point le pro
blème politique du pays est concentré autour de la population
des trois grandes agglomérations et des petites agglomérations
qui leur sont plus ou moins satellisées.
Ces données ressortent également de la répartition en pour
centage de la population active par secteur et de l'évolution
de ces pourcentages : On donne ici, pour montrer la tendance
à long terme la répartition de la population active par secteur
d'activité pour les années 1950 et 1960 :
Secteurs 1950 1960
Agricole : 30,1 27,5
Mines et hydrocarbures : 4,1 4,7
Industrie manufacturière : 19,0 17,2
Constrution : 4,7 7,0
Commerce et services : 41,5 44,1
On constate d'une part, la baisse du pourcentage du secteur
agricole, qui traduit l'exode vers les villes, mais ce qui est
beaucoup plus frappant, la baisse continue du pourcentage de
la population active employée dans les mines ou les indust
ries de transformation.
L'accroissement de la population active en chiffre absolu CHILI 175
(par l'accroissement démographique) n'est donc pas résorbé par
l'industrie, pas plus que l'exode des campagnes vers les villes.
Elle trouve à s'employer dans un secteur tertiaire sur-développé.
Quant au fait que la population industrielle cesse de croître
et diminue dans l'ensemble, cela tient à un phénomène bien
étudié : l'industrialisation, dans les conditions de la technolo
gie moderne, n'est pas créatrice d'emplois.
C'est sur ce fond de tableau qu'il faut donc poser deux indi
ces d'intérêt général qui montrent que le Chili est à la fois, dans
l'ensemble latino-américain, un pays relativement développé et
un pays sous-développé.
Pays relativement avancé, le Chili se situe dans le groupe de
tête, pour le revenu annuel par habitant, avec 480 dollars (1). Il
vient après le Venezuela ( 1 .000 dollars) et l'Uruguay et l'Argent
ine (650 et 670 dollars). Il vient largement avant la Colombie,
le Mexique et le Brésil.
En fait, on peut dire que le Chili se situait avant la révolu
tion cubaine au même niveau que Cuba, avec une population
du même ordre de grandeur, le même degré de richesse statis
tique, (puisque le revenu par tête n'est pas significatif des n
iveaux de vie) et ceci n'est pas sans intérêt si l'on pense au sens
de la confrontation entre ces deux pays si différents.
Pays attardé d'autre part, le Chili est un des pays les moins
bien nourris de l'Amérique Latine, avec 2.200 calories par jour
et par habitant ; il est en,-dessous du minimum convenable de
2.800 calories par jour. Il vient après le Venezuela et la Colomb
ie dans cette échelle. On note une mortalité infantile très
importante dans la population pauvre des villes et également
à la campagne.
Les contrastes de la société urbaine chilienne se manifestent
par l'existence de quartiers de bidonvilles s'opposant aux quart
iers très aisés de la « classe moyenne supérieure » qui consti-
(I) Ces chiffres publiés par la C.E.P.A.L., pour 1964, doivent être considérés
comme des évaluations étant donné la multiplicité des taux de change et leur
signification est très diverse suivant les pays. Le Chili atteindrait 595 $ en 1965
selon l'organe de planification de la Présidence. 176 joxe
tuent une partie importante de la ville de Santiago et de Valpar
aiso Vina del Mar. Ceci montre clairement que les problèmes
de la société chilienne sont très différents de ceux qui se posent
en Europe. Les ressemblances et les parallèles que l'on observe
entre la vie politique chilienne et la vie politique française avec
une certaine constance, relèvent par conséquent d'une simple
analogie dont les causes ne sont pas à chercher dans la structure
sociale.
Quelles sont ces différences ? Comme chacun sait, l'écono
mie du Chili repose essentiellement et avant tout sur les ressour
ces du cuivre. Cette constatation est très importante politiqu
ement ; en effet, avant le cuivre, le Chili a connu l'âge du nitrate,
entre les années 1880 et la Guerre de 1914. Le cuivre est venu
relayer le nitrate au début du siècle. Il y a donc trois généra
tions politiques au moins pour lesquelles le problème constant
est celui du rapport d'un Etat avec des sources de richesses
minières, qui sont presque extérieures à l'Etat, à la fois géo-
graphiquement et politiquement.
D'autre part la propriété agraire reste une source de puis
sance politique en raison de sa conception extrême. Nous
aborderons successivement ces deux aspects spécifiques de
l'équilibre politique chilien.
Au bel âge des nitrates, l'Etat chilien tirait des mines du
Nord lointain 52 % de ses ressources fiscales, et les 120.000
ouvriers du nitrate qui travaillaient dans le nord ne pesaient
guère sur la vie politique de la vallée centrale dont on a vu
qu'elle était le noyau principal du point du vue démographique.
Aujourd'hui, il n'y a plus que 10.000 ouvriers du nitrate et
l'exploitation du minerai de cuivre, qui a pris la relève, présente
des caractères assez semblables dans une certaine mesure. Les
mines de nitrate étaient anglaises, les mine

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