L'évaluation : appréciation de la théorie, de la pratique et des aspects politiques - article ; n°4 ; vol.12, pg 93-139

Peter H.Rossi, Sonia Soniar.Wright

Description

Politiques et management public - Année 1994 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 93-139
Au cours des vingt dernières années on a de plus en plus recouru aux
techniques de recherche formelles et systématiques des sciences sociales pour apprécier l'efficacité des politiques publiques, qui faisait l'objet d'un scepticisme croissant de la part des décideurs, notamment dans les domaines de la solidarité sociale. Cet article offre une vue d'ensemble sur les modalités actuelles de recherche et sur les techniques qui leur sont associées, ainsi qu'une brève évaluation de l'intérêt qu'elles présentent pour différents types de programmes. Les auteurs insistent particulièrement sur l'utilisation d'expériences de terrain pour évaluer des politiques et programmes sociaux dont on envisage l'introduction.
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: POLITIQUES_ET_MANAGEMENT_PUBLIC
• Publié le: 01 janvier 1994
• Nombre de lectures: 27
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Peter H. Rossi
Sonia R. Wright
L'évaluation : appréciation de la théorie, de la pratique et des
aspects politiques
In: Politiques et management public, vol. 12 n° 4, 1994. pp. 93-139.
Résumé
Au cours des vingt dernières années on a de plus en plus recouru aux
techniques de recherche formelles et systématiques des sciences sociales pour apprécier l'efficacité des politiques publiques, qui
faisait l'objet d'un scepticisme croissant de la part des décideurs, notamment dans les domaines de la solidarité sociale. Cet
article offre une vue d'ensemble sur les modalités actuelles de recherche et sur les techniques qui leur sont associées, ainsi
qu'une brève évaluation de l'intérêt qu'elles présentent pour différents types de programmes. Les auteurs insistent
particulièrement sur l'utilisation d'expériences de terrain pour évaluer des politiques et programmes sociaux dont on envisage
l'introduction.
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Rossi Peter H., Wright Sonia R. L'évaluation : appréciation de la théorie, de la pratique et des aspects politiques. In: Politiques
et management public, vol. 12 n° 4, 1994. pp. 93-139.
doi : 10.3406/pomap.1994.3190
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1994_num_12_4_3190L'EVALUATION : APPRECIATION DE LA THEORIE,
DE LA PRATIQUE ET DES ASPECTS POLITIQUES
Peter H. ROSSI *
Sonia R. WRIGHT *
Résumé Au cours des vingt dernières années on a de plus en plus recouru aux
techniques de recherche formelles et systématiques des sciences sociales
pour apprécier l'efficacité des politiques publiques, qui faisait l'objet d'un
scepticisme croissant de la part des décideurs, notamment dans les
domaines de la solidarité sociale. Cet article offre une vue d'ensemble sur les
modalités actuelles de recherche et sur les techniques qui leur sont
associées, ainsi qu'une brève évaluation de l'intérêt qu'elles présentent pour
différents types de programmes. Les auteurs insistent particulièrement sur
l'utilisation d'expériences de terrain pour évaluer des politiques et
programmes sociaux dont on envisage l'introduction.
* University of Massachusetts.
Cet article est une version revue et corrigée d'un document présenté lors d'une conférence de
l'UNESCO sur l'évaluation, tenue à Washington en septembre 1 976.
Il a été publié initialement par la revue EVALUATION QUATERLY, Vol. 1, n° 1, février 1977 sous le
titre "Evaluation Research : An Assessment of Theory, Practice, and Politics" et traduit pour PMP
par Philippe de LAVERGNE -Reproduit avec l'aimable autorisation de SAGE Publications, London-.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 12, n° 4, décembre 1994.
© Institut de Management Public - 1994. 94 Peter H. ROSSI et Sonia R. WRIGHT
Comme le savent bien tous les planificateurs des politiques sociales, il existe
une grande distance entre les objectifs affichés d'une politique publique et
leur réalisation. A vrai dire, c'est le risque élevé d'un échec des pouvoirs
publics qui a stimulé les recherches en matière d'évaluation. En termes
extrêmement généraux, l'évaluation englobe toutes les activités, assises sur
une base scientifique, qui sont entreprises pour apprécier les modalités et les
effets des politiques publiques et des programmes d'action lancés pour les
mettre en œuvre (bernstein et freeman, 1975). Dans la conduite d'une
évaluation, il est possible d'utiliser tout l'éventail des techniques de
recherche déployées dans les sciences sociales, y compris des études de
cas qualitatives, des enquêtes en coupe transversale, et des expériences de
terrain rigoureusement menées. Le trait essentiel qui distingue l'évaluation
des autres façons d'apprécier l'utilité des politiques publiques et des
programmes qui leur sont associés est qu'elle fait appel aux techniques de
recherche des sciences sociales.
L'évaluation fait partie d'un effort plus large, qui vise à introduire la rationalité
dans les processus d'élaboration et de mise en œuvre des politiques
publiques. Les évaluations, correctement conduites, peuvent fournir aux
décideurs des données empiriques sur l'utilité des politiques sociales en
cours, sur les rapports coûts-avantages et, finalement, sur l'efficacité
relative des différentes politiques possibles (freeman et sherwood, 1970 ;
rivlin, 1971 ; rossi et Williams, 1972). tl est clair que les activités des
évaluateurs ne sont qu'un ingrédient parmi d'autres dans la mise en place des
politiques publiques. Néanmoins, certaines évaluations ont eu d'importants
effets sur leur processus d'élaboration et de mise en œuvre. La question de
savoir si l'évaluation aura jamais un statut aussi important que celui
qu'espèrent certains spécialistes des sciences sociales reste ouverte. De
grands obstacles s'opposent à un recours plus massif à l'évaluation dans le
développement et la mise en œuvre des politiques. Toutefois, à mesure que la
qualité et les délais des techniques s'amélioreront, et à que les
décideurs comprendront mieux la nature de cette activité, l'évaluation
deviendra un élément de plus en plus important dans le processus
d'élaboration des politiques.
Les obstacles De nombreux obstacles freinent une utilisation plus large des techniques
d'investigation des sciences sociales dans l'élaboration des politiques
publiques. En premier lieu, se pose "le problème du problème". Les effets
escomptés d'une politique sociale sont souvent formulés en termes si vagues
que presque toutes les évaluations de celle-ci sont susceptibles d'être
considérées comme "à côté de la plaque" parce qu'elles sont passées à côté
du "problème" auquel la politique concernée entendait s'attaquer. Comme
nous l'avons appris, les objectifs d'une politique sont souvent délibérément
obscurcis par les responsables dans le but d'obtenir l'adhésion la plus large
du public et des groupes de pression.
En deuxième lieu, l'élaboration d'une politique consiste fréquemment en une
pondération de demandes concurrentes de prélèvements sur des ressources
communes : il se peut que l'obtention d'un équilibre ait plus d'importance pour L'évaluation : appréciation de la théorie, de la pratique et 95
des aspects politiques
les décideurs que la mise en oeuvre d'une politique sociale efficace.
En troisième lieu, chaque exercice d'évaluation comporte de sérieuses
d'évaluation" difficultés, tant recouvre au plan de des la activités conception particulières que de la réalisation. très diverses, Le terme dont
certaines sont plus vulnérables à la critique que d'autres. Comme dans
d'autres formes de recherche appliquée, les études de terrain sont difficiles à
conduire à un niveau de technicité élevé. En outre, l'évaluation aboutit
souvent à des résultats ambigus ou équivoques, apparemment peu utilisables
par les décideurs.
Les principales difficultés qui limitent l'utilisation des techniques de recherche
des sciences sociales dans l'évaluation des politiques ont une nature
méthodologique et comprennent, entre autres, le problème consistant à
concevoir une méthode capable de répondre aux questions que se posent les
décideurs (bernstein, 1976). Le présent article s'attaque à ce problème. Il
entend exposer les questions méthodologiques qui se posent fréquemment
dans l'appréciation de l'efficacité d'une politique publique. Certaines de ces
questions ont des solutions claires, mais les chercheurs n'ont
malheureusement pas encore trouvé les remèdes pour beaucoup d'autres.
Les traits Dans toute étude d'évaluation, le point de départ consiste à se demander si
distinctifs une politique sociale particulière "fonctionne" bien ou non. Invariablement,
de l'activité lorsqu'on cherche à répondre à cette question apparemment simple, on
d'évaluation soulève tout un ensemble complexe de questions concrètes (coleman, 1975).
Par exemple, on ne peut répondre à la question de savoir si un programme de
formation de la main-d'œuvre fonctionne bien sans spécifier, avec