L évolution.institutionnelle dans les territoires britanniques de l Afrique de l Ouest - article ; n°4 ; vol.19, pg 450-466
18 pages
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L'évolution.institutionnelle dans les territoires britanniques de l'Afrique de l'Ouest - article ; n°4 ; vol.19, pg 450-466

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Description

Politique étrangère - Année 1954 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 450-466
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-L. Simonet
L'évolution.institutionnelle dans les territoires britanniques de
l'Afrique de l'Ouest
In: Politique étrangère N°4 - 1954 - 19e année pp. 450-466.
Citer ce document / Cite this document :
Simonet J.-L. L'évolution.institutionnelle dans les territoires britanniques de l'Afrique de l'Ouest. In: Politique étrangère N°4 -
1954 - 19e année pp. 450-466.
doi : 10.3406/polit.1954.6239
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1954_num_19_4_6239L'ÉVOLUTION INSTITUTIONNELLE
DANS LES TERRITOIRES BRITANNIQUES
DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
L'histoire de l'évolution institutionnelle récente dans les quatre terri
toires administrés par la Grande-Bretagne en Afrique Occidentale est, à
divers points de vue, significative. Elle intéresse les territoires français
voisins où les traditions politiques, les solutions gouvernementales et admin
istratives sont différentes. Il est à peine besoin de souligner qu'outre cette
proximité géographique, les frontières qui partagent, sous des drapeaux
européens divers, l'Afrique de l'Ouest coupent un même ensemble, celui de
l'Afrique Tropicale, de la race noire, domaine colonial par excellence, et,
souvent même, des groupes linguistiques ou des tribus constitués avant
l'arrivée des Européens. Remarquable également est la politique syst
ématique et quasi simultanée de « self government » dans les quatre
colonies de la Sierra-Leone, de la Gambie, de la Gold-Coast et de la Niger
ia ; elle illustre la volonté, maintes fois déclarée, de la métropole anglaise
d'amener ses dépendances à l'autonomie (1). Un de ces territoires, la Gold-
Coast, est le premier à vivre en Afrique dépendante sous un régime très
proche de l'autonomie interne et à vivre dans le cadre d'un par
lementaire de type anglais. D'ores et déjà, et sous réserve des pouvoirs
spéciaux du gouverneur, un cabinet africain y gère les affaires intérieures.
Il est responsable devant un Parlement élu au suffrage universel. Il faut
noter cependant que, lors des dernières élections, le nombre des électeurs
s'étant fait inscrire ne représente que 26 % de la population totale.
Pour certains, cette expérience est un succès. Ils en viennent alors tout
naturellement à penser qu'elle est à imiter. Ce serait là un modèle pour les
autres colonies des puissances européennes en Afrique, la solution type
qui correspondrait à l'état de l'évolution économique et sociale de groupes
humains ayant subi l'influence européenne et vivant une révolution du
même ordre que celle qu'avait connue l'Europe du XIXe siècle avec la nais
sance de l'industrie, le développement des villes, de l'économie de marché,
(I) En Afrique de l'Ouest, cette politique s'observe à l'état pur. L'absence de colons
anglais permet à la puissance britannique de la mener en toute liberté. Il serait, certes,
intéressant de montrer comment, dans d'autres territoires (Afrique orientale et centrale),
l'impulsion du Colonial Office se heurte à la volonté de ces colons qui désirent maintenir leur
suprématie. AFRIQUE ANGLAISE 451
le capitalisme moderne. Comme pour l'Europe, on assisterait à l'éveil des
nationalités. De nouvelles couches sociales indigènes touchées par l'Occi
dent désirent dans ces territoires gérer leurs propres affaires. Le « self
government » correspond à leurs aspirations naturelles. Elles revendiquent
l'octroi d'un régime représentatif, veulent vivre dans une démocratie libé
rale. Ces nouvelles classes moyennes approchent de la maturité et, comme
toutes classes fortes, veulent le pouvoir.
Poussée ainsi aux extrêmes d'une doctrine systématique, cette concept
ion se heurte immédiatement aux réalités. La Gambie, la Sierra- Leone,
la Gold-Coast et la Nigeria sont des territoires "rès divers. Ils ne peuvent
prétendre au même titre à former des États ou même des nations ou des
groupes administrativement autonomes. La minuscule Gambie a une
population d'un quart de million d'habitants, et le « self government » ne
peut guère y être plus qu'un exercice administratif. Son avenir ne peut
être le même que celui de la massive Nigeria, qui en groupe trente et un,
chiffre impressionnant dans une Afrique où l'homme est rare. L'exemple
de la Gold-Coast a, si on le compare aux trois autres territoires, sa valeur
propre. Qu'un régime politique moderne y fonctionne est un signe de
maturité économique et sociale. Ainsi s'expliquerait l'état actuel de l'évo
lution des institutions. Une métropole peut octroyer des constitutions
modernes après avoir créé des institutions autonomes fonctionnant ind
épendamment du pouvoir métropolitain. Elle peut avoir marqué de ses
traditions des territoires, des groupes sociaux, des élites qui lui étaient, à
l'origine, étrangers, mais elle ne peut, à elle seule, faire fonctionner des
régimes dès lors que ceux-ci doivent trouver à l'intérieur de leur propre
frontière la plupart des éléments humains et des ressources qui permettent
à une souveraineté de s'affirmer.
Il va de soi que la puissance métropolitaine dont la politique est de mener
à l'autonomie ses anciennes dépendances conçoive leur régime politique
à l'image | de ses propres institutions. « Self government » se traduit par
autonomie. Mais, aux yeux des praticiens du Colonial Office et de l'opinion
anglaise, ce mot en est venu à signifier également dans la pratique régime
parlementaire. On sait qu'il en est de même dans les territoires français où
les Assemblées locales sont nées des traditions des conseils généraux, et le
centralisme gouvernemental de celles de l'ancien régime et de l'époque
napoléonienne. Cependant ces institutions libérales d'inspiration britan
nique, qu'elles soient dispensées par le pouvoir gouvernemental de White
Hall ou objet de revendications ou de luttes de la part des évolués noirs
formés dans les universités anglaises, se sont développées au cours d'une
longue évolution historique dans la métropole. Les transplanter en milieu
étranger, brutalement, comporte un risque évident. Il n'y a pas si longtemps 452 J.-L. SIMONET
que l'Afrique était encore synonyme de ténèbres, de civilisation primit
ive. Elle sort à peine de ses institutions tribales. Peut-on être assuré que,
sous le soleil africain, ces européennes ne se déforment dange
reusement et n'arrivent à fonctionner qu'au prix d'adaptations qui en
trahiraient la véritable nature ? L'Afrique est-elle démocratique, a-t-elle
ce respect inné de l'individu, de ses libertés, qui est l'essence même des
institutions libérales ? Sans trancher dans ce débat de principe, la simple
observation nous montrera que, sous le masque institutionnel à l'occidental,
ces nations ou ces Etats africains encore en gestation marqueront inévit
ablement de leurs caractères les institutions d'autonomie tout en faisant
preuve d'une extraordinaire faculté d'adaptation.
Malgré la diversité de leurs statuts politiques, colonies, protectorats,
mandats, les quatre territoires anglais de l'Afiique de l'Ouest ont été admin
istrés selon le système connu sous le nom de « Crown Colony Govern
ment ». Sous ce régime, dont le cadre général subsiste encore, l'autorité
executive est investie dans un gouverneur nommé par la Couronne et la
représentant. Le pouvoir de contrôle de cette dernière sur l'administration
et l'organe législatif local sont définis, pour chaque territoire, dans un
texte pris en Conseil de la Couronne. Ces règlements prévoient d'une
manière générale que toute mesure importante d'application locale doit
être soumise à l'approbation du ministre des Colonies. Ils établissent,
pour certaines communautés, un Conseil législatif et, pour d'autres,
confient le pouvoir de faire des ordonnances au gouverneur. Dès l'origine
se trouvait donc clairement défini un cadre légal donnant aux organes
locaux des pouvoirs de nature quasi souveraine. Cette tradition explique
la facilité avec laquelle l'autonomie gouvernementale peut naître du syst

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