L industrialisation aux Indes - article ; n°5 ; vol.14, pg 421-440
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'industrialisation aux Indes - article ; n°5 ; vol.14, pg 421-440

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1949 - Volume 14 - Numéro 5 - Pages 421-440
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. C. Munshi
L'industrialisation aux Indes
In: Politique étrangère N°5 - 1949 - 14e année pp. 421-440.
Citer ce document / Cite this document :
Munshi M. C. L'industrialisation aux Indes. In: Politique étrangère N°5 - 1949 - 14e année pp. 421-440.
doi : 10.3406/polit.1949.2791
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1949_num_14_5_2791L'INDUSTRIALISATION AUX INDES
Introduction
L'industrialisme moderne. Sa répercussion aux Indes.
« A l'époque où le reste de l'Europe, pays natal du système industriel
moderne, était habité par des tribus non civilisées, l'Inde était renommée
pour hurichesse de ses souvenirs et pour l'habileté de ses artisans. »
Ainsi débute le rapport de la Commission, présidée par sir Thomas
Holland, sur l'industrie indienne (1916-1918). Cette phrase tirée d'un
document officiel ne fait que résumer ce que de nombreuses études docu
mentées ont signalé, plaçant l'Inde au premier rang pour de nombreuses
industries, de nombreux métiers tels que les textiles (cotonnades), le sucre,
les métaux ou les constructions de bateaux. La façon dont l'économie
indienne, au milieu du XIXe siècle, a succombé à l'assaut des forces nouvelles
de l'industrialisme occidental a été également signalée par de nombreux
écrivains qui ont étudié « la ruine des industries indiennes ». Il y eut en
vérité quelques observateurs contemporains, comme Karl Marx, qui purent
voir se détacher nettement en perspective ce conflit entre les forces anciennes
et les forces nouvelles du progrès industriel. Marx écrivit en 1853 que les
importations britanniques aux Indes, « inondant de cotonnades la mère
patrie des cotonnades », ont aussi « déraciné, sur toute la surface de l'Hin-
doustan, Y union qui régnait entre l'agriculture et l'industrie ».
Ajoutez à ceci le fait que l'Inde était soumise politiquement à un pays
qui fut bientôt appelé « l'atelier du monde ». Tandis qu'il était possible aux
autres pays de s'adapter au nouvel industrialisme et de façonner leur
propre avenir, l'histoire économique de l'Inde, au cours du XIXe et au début
du XXe siècle, fournit de nombreux exemples qui montrent qu'elle ne pouv
ait guère profiter de semblables occasions. Est-il donc étonnant que les
économistes aient formulé cet aphorisme, connu dans le monde entier :
« L'Inde est un pays riche habité par un peuple pauvre » ?
Dans ce nouvel essor mondial dû à la révolution industrielle, si l'Inde
ne pouvait jouer un rôle actif, elle devait jouer un rôle passif. C'est cette
transition particulière de l'économie ancienne à la situation nouvelle qu'elle 422 M. G MUNSHI
vint à occuper, pendant et après le « magnifique épisode » du XIXe siècle,
qui a été appelée « la soudaine transition d'une économie villageoise à une
économie internationale ». Ceci se voit très nettement dans la nature ou la
qualité de son commerce extérieur — la prépondérance des matières pre
mières dans les exportations, et des produits manufacturés dans ses import
ations — en même temps que la direction prise par le commerce extérieur,
plus de 90 p. 1 00 étant réservés aux pays de l'Empire britannique.
Ce rôle essentiellement passif de l'Inde nous permet aussi d'apprécier la
signification non seulement du développement progressif de son commerce
extérieur, mais' du développement progressif de ses industries, de son
système de transports et des développements culturels qui accompagnèr
ent le nouvel industrialisme. Ses chemins de fer et son commerce, déve
loppés et exploités par l'Honorable East India Company jusqu 'en 1858, et
par les grandes maisons européennes de commerce, non seulement firent
entrer les marchands indiens dans le circuit des affaires, mais amenèrent
la création d'entreprises indiennes à Bombay et à Calcutta (établissement
de la première usine textile de coton, en 1851, à Bombay); en 1865, il y
avait 13 usines pour le coton dans la présidence de Bombay, €t 2 usines
pour le jute à Calcutta. En 1877-78, il y avait 51 usines pour le coton dans
le pays» ainsi que 18 usines pour le jute ; la production charbonnière s'éle
vait à 1 million de tonnes par an, tandis que les lignes de chemins de fer
progressaient de» 3 000 à 8 000 miles. En 1890, il existait 26 usines pour
le jute, employant 62 000 ouvriers. La production charbonnière et, simul
tanément, la longueur des lignes de chemins de fer doublèrent encore.
L'accroissement notable du commerce extérieur de l'Inde, entre I860 et
1 890* s'explique par la pénétration des chemins de 1er dans le pays, par lès
changements dans les habitudes des populations, qui apprirent à utiliser
des produits manufacturés importés, et par le régime du libre-échange dans
le monde industriel. Si bien qu'àla fin du XIXe siècle l'Inde en vint à être
connue non seulement comme la grande exportatrice de riz; dé blé, de
coton, dé jute, d'indigo, de thé et de graines oléagineuses, et comme
importatrice de marchandises britanniques, mais aussi pour ses industries
textiles — coton et jute, — son charbon, son thé, son café et son sucre.
Les entreprises indiennes avaient été surtout limitées aux textiles de
coton, mais le mouvement Swadeshi, au. début de ce siècle, leur apporta un
vigoureux stimulant. Entre 1890 et 1914, le nombre des broches pour le
coton avait plus que doublé, les métiers mécaniques pour le coton avaient
quadruplé ; il y avait quatre fois et demie plus de métiers pour le jute et six
fois plus de charbon, tandis que le développement des lignes de chemins de
fer se poursuivait à la cadence de 800 miles par an (1). D'un autre côté,
(1) Kate Mitchell, Industrialisation du Pacifique Ouest (1942), p. 280. L'INDUSTRIALISATION AUX INDES 425
le rapport officiel de ces progrès note : « Avant la guerre (1914-1918),
certaines tentatives pour encourager les industries indiennes au moyen
d'usine» modèles et de subsides du gouvernement furent nettement
désapprouvées par Whitehall » (1).
La première guerre mondiale.
La première guerre mondiale porta un rude coup à ces progrès et à la
politique gouvernementale quand elle exposa toute l'économie du- pays (y
compris les finances gouvernementales) aux rigueurs du blocus et des régl
ementations du temps de guerre. Dès 1880, la Commission de la Famine
et certains écrivains indiens — Goshi, Ranade et d'autres — avaient signalé
que le nombre des habitants dépassait de beaucoup les possibilités de la
terre, qu'augmenter la population rurale ne ferait que la condamner à une
existence misérable et qu'il fallait par conséquent accélérer l'industrial
isation. Or la guerre avait provoqué une énorme demande de produits
fabriqués dans les usines indiennes. Au moment où les importations
d'Europe diminuaient singulièrement, les besoins des pays belligérants
augmentaient rapidement et les gouvernants commencèrent eux aussi à
s'intéresser au développement des industries-clés dans le pays. Comme le
dit lé rapport Montague Chelmsford (2) : « La possibilité des communicat
ions par mer étant temporairement interrompue, nous sommes obligés
de compter sur l'Inde comme base pour les opérations de protection dans
les théâtres de guerre en Orient. De nos jours, les produits d'une nation
développée industriellement coïncident de si près en espèce, sinon en qualité,
avec la liste des munitions de guerre, que le développement des ressources
naturelles de l'Inde devient presque une question de nécessité militaire. »
Les industries existantes comme le coton, le jute, le charbon profitèrent
de la prospérité du temps de guerre, et quelques-unes d'entre elles, comme
les textiles, firent disparaître leurs bénéfices colossaux en déclarant des
dividendes imaginaires. On voulut naturellement acquérir l'appui des
industriels de l'Inde pendant la guerre, et le ministère des munitions accorda
toutes les concessions possibles aux industries nouvelles pendant cette
périodfe. Le capital britannique, lui aussi, était très désireux de prendre sa
part des énorme

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents