L Irak d aujourd hui, de la fermeté au réalisme - article ; n°3 ; vol.43, pg 307-318
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L'Irak d'aujourd'hui, de la fermeté au réalisme - article ; n°3 ; vol.43, pg 307-318

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Description

Politique étrangère - Année 1978 - Volume 43 - Numéro 3 - Pages 307-318
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 53
Langue Français

Extrait

Général Philippe Rondot
L'Irak d'aujourd'hui, de la fermeté au réalisme
In: Politique étrangère N°3 - 1978 - 43e année pp. 307-318.
Citer ce document / Cite this document :
Rondot Philippe. L'Irak d'aujourd'hui, de la fermeté au réalisme. In: Politique étrangère N°3 - 1978 - 43e année pp. 307-318.
doi : 10.3406/polit.1978.1624
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1978_num_43_3_1624L'IRAK D'AUJOURD'HUI,
DE LA FERMETÉ AU RÉALISME
par Philippe RONDOT
Le 17 juillet 1978, l'Irak fêtera avec éclat le dixième anniversaire
de la révolution qui, en portant le parti Baas arabe et socialiste au
pouvoir, a donné à l'antique Mésopotamie, siège de Babylone, cette
image originale mais aussi à bien des égards déroutante d'un pays
arabe dont les ressources pétrolières comme les idées progressistes
et radicales font que son rôle et ses ambitions ne peuvent être
ignorés.
Si l'Irak est révolutionnaire depuis 1958, date à laquelle la
monarchie hachémite fut renversée dans le sang, il est baassiste
seulement depuis 1968. Dix ans cela certes est peu pour juger mais
déjà beaucoup pour un pays où, les coups d'Etat se succédant les uns
aux autres, l'on n'avait jamais connu une telle continuité. Cet
aboutissement est déjà en soi un succès. Car pendant ce peu
d'années il a fallu installer solidement le Baas, lui faire partager
certaines responsabilités du pouvoir avec les autres partis progress
istes, venir à bout de la révolte des Kurdes et conduire l'autonomie
de leur région, maîtriser les tensions confessionnelles tout en accédant
à l'indépendance économique. Cette vigilance à l'intérieur et l'édif
ication d'un Etat fort contribuèrent à l'isolement de l'Irak dont le
seul et véritable allié fut alors l'Union soviétique. Puis dégagé des
contraintes et libéré des menaces réelles ou présumées, l'Irak,
sous la conduite de son président, le maréchal Ahmed Hassan
al-Bakr et du vice-président du Conseil de commandement de la
révolution, Saddam Hussein, chercha à normaliser ses relations
avec ses voisins et s'ouvrit à l'Occident. Mais une position intran- 308 PHILIPPE RONDOT
sigeante à l'égard du conflit israélo-arabe, le soutien apporté aux
Palestiniens les plus durs, l'appui donné aux forces progressistes du
Liban font aujourd'hui de Bagdad l'une des capitales les plus
actives du Front du refus.
Cette attitude qui se veut réaliste pour les dirigeants irakiens
leur vaut une certaine inimitié de la part des chefs d'Etat arabes plus
conciliants et suscite sans doute quelque retenue chez leurs parte
naires occidentaux au premier rang desquels la France.
VIGILANCE A L'INTERIEUR
Le Baas s'est forgé dans la clandestinité (1). Il en a hérité un
remarquable appareil et des militants efficaces et dévoués. S'im-
posant comme le parti de l'ordre et de la reconstruction nationale
il a dû cependant surmonter ses contradictions internes nées de la
lutte d'influence entre les militaires et les civils. Les seconds l'em
portèrent sous la direction de Saddam Hussein al-Takriti sans
pourtant que les premiers soient totalement exclus de la responsabilité
du pouvoir puisque le plus illustre d'entre eux, le maréchal Bakr,
cumule les fonctions de secrétaire général du Baas (Direction
régionale irakienne), président de la République et président du
tout-puissant Conseil de commandement de la révolution (C.C.R.),
l'organe législatif et exécutif suprême. Si la constitution, à partir
de 1973, du Front national progressiste permet d'associer d'autres
partis progressistes tels le Parti démocratique kurde (P.D.K.), le
Parti communiste (P.C.I.) et des petites formations indépendantes
à une part, encore réduite, des responsabilités gouvernementales, c'est
toujours et plus aujourd'hui qu'hier le Baas qui est la pièce
maîtresse de l'édifice. Depuis septembre 1977 le C.C.R. a été élargi
de façon à admettre en son sein tous les membres de la Direction
régionale du Baas, faisant ainsi passer son collège de cinq à vingt-
deux. Tandis que l'Armée populaire, sorte de milice baassiste, ren-
(1) Le Baas, né officiellement en avril 1947, a fait ses premières armes en Syrie
où il est au pouvoir depuis 1963. La «branche» irakienne a été formée le
7 avril 1949. Elle participe au coup d'Etat qui renverse, en 1963, le régime
de Kassem mais est écartée quelques mois plus tard par le maréchal Aref. IRAK 309
force ses effectifs — 50 000 hommes — , la valeur de son armement
— des matériels lourds ont été présentés lors du dernier défilé
auquel elle a participé — et son implantation dans tout le pays,
la « baassisation » des forces armées régulières se poursuit avec
la participation des cadres militaires adhérents du Parti. La récente
nomination, en octobre 1977, du colonel Adnan Kheirallah, membre
du C.C.R., comme ministre de la Défense est révélateur de l'évolution
qui se poursuit dans le but de réduire les distances entre militaires
et civils.
La cessation des hostilités au Kurdistan consécutive à l'accord
irako-iranien de mars 1975 et le démantèlement d'un mouvement
nationaliste qui avait réussi, des années durant, à tenir tête au
pouvoir central mettant souvent en difficulté les troupes qu'il
dépêchait au nord, ont levé un lourd handicap qui pesait sur le
développement de l'Irak. Bagdad dut en effet consacrer à la réduction
du séparatisme kurde non seulement des effectifs importants mais
aussi un budget conséquent. La fin de la rébellion apporta donc
un terme aux menaces qui pouvaient peser sur les riches gisements
pétrolifères des régions de Kirkouk et Mossoul et mettre en question
l'unité nationale. La persistance actuelle de quelques actions limitées
de guérilla témoignent de la présence d'îlots kurdes encore réfrac-
taires à l'expérience d'autonomie qui résulte de l'application de
la loi du 11 mars 1974. En dépit des difficultés rencontrées dans la
reconstruction d'un territoire profondément touché par la guerre
et de l'impopularité des mesures contraignantes prises pour maint
enir la sécurité — omniprésence de l'armée, déplacements tempor
aires de population et inévitable répression — le gouvernement de
Bagdad poursuit la mise en place des structures politiques et socio-
économiques prévues (2). Celle-ci est jugée trop lente et incomplète
au gré de certains, le pouvoir central gardant la haute main sur les
secteurs clefs comme ceux de la défense et des finances. Mais malgré
ses imperfections ou ses insuffisances, la formule adoptée ici pour
répondre aux revendications légitimes d'une minorité nationale, de
surcroît non arabe, est courageuse et en tout cas originale au Proche-
(2) La région autonome dispose d'un Conseil législatif dont les membres
en principe élus ont été désignés par le C.C.R., et d'un Conseil exécutif. Un ministre
est chargé de la coordination avec le pouvoir central. 310 PHILIPPE RONDOT
Orient. Le gouvernement ne cache pas qu'elle peut et doit être
améliorée (3).
Les Kurdes ne sont d'ailleurs pas la seule minorité existant ici.
L'Irak offre cette caractéristique de posséder un paysage humain
parmi les plus variés du monde arabe, résultat d'une longue histoire
d'invasions, exodes, reflux, conversions et absorptions de races et
de religions les plus diverses. Les Assyriens, chaldeens ou nestoriens,
les Turkmènes y côtoient les Arabes. Les Chrétiens, encore nombreux
dans le nord, y les Yézidis et les Musulmans. Au nombre de
ces derniers les Chiites, majoritaires, pratiquent un Islam fervent
lequel s'ajoutant à une situation sociale inférieure les distingue des
Arabes Sunnites (4) beaucoup moins nombreux (17 % de la popul
ation) mais influents. Le particularisme chiite, parfois exploité de
l'étranger (5), a donné lieu depuis des siècles à des troubles plus
ou moins graves. L'Irak baassiste n'a pas été épargné puisqu'en
février 1977 des incident

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