L opinion allemande de Genève à Moscou - article ; n°5 ; vol.20, pg 603-624
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Description

Politique étrangère - Année 1955 - Volume 20 - Numéro 5 - Pages 603-624
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Günter Schütze
Schütze
L'opinion allemande de Genève à Moscou
In: Politique étrangère N°5 - 1955 - 20e année pp. 603-624.
Citer ce document / Cite this document :
Schütze Günter, Schütze. L'opinion allemande de Genève à Moscou. In: Politique étrangère N°5 - 1955 - 20e année pp. 603-
624.
doi : 10.3406/polit.1955.2566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1955_num_20_5_2566ALLEMANDE DE GENÈVE A MOSCOU L'OPINION
L'étude de l'opinion publique dans la République fédérale que nous
avons entreprise se base essentiellement sur les commentaires des quoti
diens et des hebdomadaires et accessoirement sur des organes « off
icieux » (bulletin de presse des partis, etc.). L'extrême diversité de la presse
allemande et le nombre des journaux — 1 400 quotidiens, dont 680 éditions
principales et 720 secondaires (contre 1 3 quotidiens à Paris et environ 1 40 en
province) rendent impossible de tenir compte de toutes les nuances d'opi
nion exprimées jour après jour pendant ces trois derniers mois. Contraire
ment à ce qui est le cas pour la presse française, une distinction entre la
presse de la capitale et celle de province n'aurait guère de sens en Allemagne
occidentale. L'absence d'une véritable capitale a grandement renforcé les
tendances à la dispersion et au cloisonnement qui étaient déjà très fortes
dans l'Allemagne d'avant 1 933. Il est significatif à cet égard que des trois
quotidiens les plus connus avant l'arrivée du nazisme, la Frankfurter
Zeitung, la Kôlnische Zeitung et la Vôssische Zeitung, seule la dernière paraiss
ait à Berlin. Aujourd'hui, la presse berlinoise n'a guère plus qu'une impor
tance locale, et les journaux de l'Allemagne occidentale ont su tirer profit de
l'isolement de la ville. ,
Les journaux à grand tirage n'offrent pour notre étude qu'un intérêt
limité, puisqu'il s'agit soit de journaux d'information, qui laissent très peu de
place aux commentaires (comme le Hamburger Abendblatt (305 000 exemp
laires), la Westdeutsche Allgemeiné Zeitung (278 000), ou la Berliner Mot-
genpost (187 000), soit de la soi-disant « Boulevard-Presse » comme V Abend-
post (200 000) et la Bildzeitung, vendus à 8 francs environ et tirant à plus
d'un million d'exemplaires. Les journaux d'opinion, qui représentent un G. ET W. SCHUTZE 604
effort sérieux d'information et d'expression de l'opinion publique, ne
dépassent pas 200 000 exemplaires, et souvent tirent à beaucoup moins. La
presse de parti a sensiblement perdu de son importance auprès des lecteurs,
par rapport à la situation d'avant 1933. L'évolution intérieure vers un sys
tème bipartite au détriment des petits partis n'a pas été sans influencer la
presse : les deux grands partis eux-mêmes, C. D. U. et S. P. D., encouragent
les journaux « sympathisants » qui, tout en étant financièrement indépen
dants, expriment plus ou moins fidèlement les idées et les tendances domi
nantes au sein du parti. Les journaux les plus importants sont, du côté
C. D. U. : Kôlnische Rundschau et Bonner Rundschau, Ruhr Nachrichten,
Rheinische Post (qui, tous, ne dépassent pas un tirage de 130000 à 230 000);
du côté S. P. D. : Neue Rhein Zeitung, Frankfurter Rundschau, etc., dont le
tirage est à peu près le même que celui des feuilles chrétiennes-démocrates.
On s'est surtout efforcé de créer une presse « au-dessus des partis », et,
bien que les quotidiens du type « indépendant » n'atteignent pas le tirage de
la grande presse d'information et des journaux aux attaches partisanes, on les
considère en Allemagne comme les organes les plus représentatifs de l'op
inion publique. Il faut citer d'abord la Frankfurter AUgemeine, qui continue
la traduction libérale de l'ancienne Zeitung. Probablement le
mieux connu à l'étranger, c'est le seul journal sans attaches locales (il veut
être, comme l'indique son sous-titre, « Journal pour l'Allemagne ») ; il est
répandu dans tout le territoire de la République fédérale et à Berlin, bien
qu'il ne tire qu'à 83 000 exemplaires. Die Welt (Hambourg et Essen, conser
vateur devenu quotidien qui dépasse actuellement 200 000 exemplaires, a
seul survécu de tous les journaux créés sous licence d'une puissance
d'occupation. Le fait que parmi les 7 journaux importants d'opinion
5 soient édités dans le Sud-Ouest et le Sud de l'Allemagne revêt une signi
fication particulière. Les traditions libérales, plus enracinées dans ces régions
qu'ailleurs, y sont pour beaucoup. Sont à noter ici : la Sûddeutsche Zeitung,
de Munich, la Stuttgarter Zeitung, et également, à Stuttgart, le bi-hebdoma-
daire Deutsche Zeitung und Wirtschafts Zeitung. L'excellente Neue Zeitung,
journal sous égide américaine, a récemment cessé de paraître faute de crédits
nouveaux.
Quelques hebdomadaires ont su conquérir une certaine influence sur
l'opinion publique, comme le Rheinischer Merkur, catholique et conserva
teur qu'on dit très proche des idées de M. Adenauer, Die Zeit (Hambourg),
également conservateur, Die Gegenwart, revue libérale bi-mensuelle d'un
haut niveau littéraire, et le Spiegel, symbole vivant et agressif de la liberté de
la presse.
Quel était le rôle de la presse dans la vie politique allemande dans les PRESSE ALLEMANDE 605
dernières années ? Les quelques journaux influents ont subi les événe
ments plus qu'ils n'ont cherché à les orienter. L'abondance des « Weltans-
chauungen », apanage des journaux de la république de Weimar, n'est guère
plus goûtée des lecteurs. Les voix indépendantes ont souvent éprouvé de
grandes difficultés à se faire entendre et, dans beaucoup de cas, l'originalité
des idées allait de pair avec un manque de confiance en soi-même.
La presse allemande d'aujourd'hui a à peine dix ans ; il a fallu recom
mencer à zéro, et cela sous la surveillance étroite des puissances d'occupat
ion. Recréer un corps de journalistes et de publicistes de valeur n'est pas
une tâche commode en si peu d'années, d'autant plus que le nazisme avait
presque complètement anéanti tout ce qu'il y avait de grand et de coura
geux dans le journalisme allemand. Les meilleurs rédacteurs, journalistes,
directeurs et éditeurs périrent dans les camps de concentration, émigrèrent
ou durent se taire, et le journalisme allemand est encore loin d'avoir récupéré
sa valeur morale, spirituelle et technique.
Un autre fait qui ne facilite pas l'effort de la presse pour retrouver son
standing international d'autrefois, c'est la « provincialisation » de la vie poli
tique — s'il y a beaucoup de sociétés, en Allemagne occidentale, il n'y a pas
de « société » dans la République fédérale.
On a surtout pu reprocher à la presse indépendante allemande une cer
taine docilité envers le gouvernement, une répugnance à la critique de tous
les jours et un manque de contact avec des tendances existant dans le
monde extérieur ; mais ces critiques sont en grande partie injustifiées et
méconnaissent les données de la situation d'après guerre; on le note part
iculièrement à propos de l'évolution récente de la situation internationale,
surtout depuis la conférence des Quatre Grands à Genève.
Quelques jours encore avant l'ouverture de la conférence des quatre
chefs de gouvernement à Genève, l'opinion allemande faisait preuve d'un
« optimisme modéré ». La Frankfurter Allgemeine écrivait notamment, le
13 juillet, que l'espoir de s'acheminer vers une solution de la question all
emande avait très sensiblement diminué dans les milieux de Bonn. Les Occi
dentaux ne semblaient pas vouloir concéder autre chose que quelques amé
nagements au plan Eden de 1954, sans pour autant mettre en question
l'adhésion de l'Allemagne occidentale à l'OTAN, adhésion que là liberté de
décision d'une Allemagne réunifiée ne pouvait en rien compromettre,
selon les désirs des Occidentaux et du chancelier fédéral. Les Russes, eux,
ne paraissaient pas prêts du tout à discuter sur ces bases. Le journal de 606 G. ET W. SCHUTZE
Francfort exprimait ses c

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