L Union française, son concept, son état, ses perspectives - article ; n°4 ; vol.18, pg 233-266
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Description

Politique étrangère - Année 1953 - Volume 18 - Numéro 4 - Pages 233-266
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Général Catroux
L'Union française, son concept, son état, ses perspectives
In: Politique étrangère N°4 - 1953 - 18e année pp. 233-266.
Citer ce document / Cite this document :
Catroux Général. L'Union française, son concept, son état, ses perspectives. In: Politique étrangère N°4 - 1953 - 18e année pp.
233-266.
doi : 10.3406/polit.1953.6216
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1953_num_18_4_6216L'UNION FRANÇAISE (I)
Son concept, son état, ses perspectives.
I. — Un concept fondamental.
Le terme « Union française » est encore peu familier au grand public des
cinq parties du monde et les réalités qu'il recouvre le sont moins encore.
Aussi semble-t-il utile au début de cette étude d'en préciser la signi
fication et d'en éclairer le contenu.
On saisira le sens de ce vocable nouveau, ainsi que le concept politique,
économique et humain qu'il traduit, en se reportant au préambule de la
Constitution qui depuis 1 946 est la loi fondamentale de 4a. France. Ce
préambule proclame ce qui suit : « La France forme avec les pays d'outre
mer une Union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs sans distinction
de races ni de religions. L'Union française est composée de nations et de
peuples qui mettent en commun et coordonnent leurs ressources et leurs
efforts pour développer leurs civilisations respectives, accioître leur bien-
être et assurer leur sécurité. »
Ainsi, constitutionnellement et donc juridiquement, le terme « Union
française » désigne l'ensemble territorial réparti sur les deux hémisphères
et englobant avec la France proprement dite ses dépendances extérieures
antérieurement connues sous les noms de colonies et de pays de protec-
(1) La version anglaise de cet article du général Catroux paraît dans le numéro de novembre
de International Conciliation que publie la Dotation Cafnegie pour la paix internationale. C'est
à la requête de la Dotation Carnegie que le Centre d'études de politique étrangère a décidé de
faire rédiger une miss au point sur l'Union française.
Le Centre d'études de politique étrangère est heureux que le général Catroux ait accepté
d'écrire cette mise au point. GÉNÉRAL CATROUX 234
torat. Mais l'Union n'est pas une simple expression géographique. Elle est,
suivant la volonté de la Constitution, une solidarité. Elle rassemble en une
seule entité politique, économique et sociale, à des fins de coopération et
sous les espèces d'une association respectueuse de la personnalité originale
de ses membres, la France et ses terres du dehors. Et surtout, et c'est le fait
capital, elle confère à toutes les communautés qui la composent l'égalité des
droits et des devoirs.
Cette dernière disposition imprime à l'Union française le caractère d'une
véritable novation dans la conception des rapports liant la France à ses pays
et États d'au delà des mers. Elle abolit en effet les discriminations qui, à des
degrés divers, déterminaient jusque-là leurs statuts. D'une façon générale,
on peut dire qu'elle met fin à 1' « ère coloniale » en opérant une révolution
dans le régime des relations de ces pays et ces Etats non seulement entre
eux et la France, mais aussi de l'un à l'autre d'entre eux. Pour permettre
de mieux mesurer l'esprit et la portée de cette révolution, il convient de
retracer les principes généraux qui servaient d'assises à ces relations sous
le régime en vigueur au moment où la dernière guerre a éclaté.
II. — La genèse de l'Union française.
De ces principes généraux, certains n'ont été qu'empiriquement éla
borés au cours de l'expansion de la France qui s'est développée outre-mer
pendant le XIX,e siècle et au début du XXe. Ils n'ont pris forme qu'à la suite
de tâtonnements et d'expériences parfois contradictoires. D'autres, au
contraire, ont été posés comme des postulats dès l'ouverture de l'ère colo
niale et sont restés de règle permanente.
Les premiers de ces principes concernaient le choix d'un mode d'admin
istration des populations autochtones prises en charge par la France,
l'alternative étant ou bien de leur appliquer les méthodes de la gestion
directe, exercée par des agents français, et de mener à leur égard une poli
tique d'assimilation ; ou bien de conserver leurs structures traditionnelles,
de respecter leurs institutions et de faire agir leurs cadres nationaux en se
bornant à les guider et à les contrôler. Or, suivant les lieux et suivant les
époques, la France a tour à tour, ou simultanément, opté pour l'une ou
l'autre de ces formes d'intervention. La première a été en principe appli
quée aux colonies dites de plein exercice, la seconde aux États liés à la
France par les traités de protectorat. Toutefois on doit dire que, si ce dernier
mode de gestion a été strictement pratiqué au Maroc par le maréchal Lyau-
tey avec un art consommé et des résultats justement admirés, il a été gra
duellement abandonné par ses successeurs pour faire place à un régime UNION FRANÇAISE 235
d'administration directe. Le même phénomène de déviation s'est produit
dans la régence de Tunis, ainsi que dans les protectorats de l'Annam-
Tonkin, du Cambodge et du Laos, où les gouvernements et les cadres natio
naux ont été peu à peu ramenés au rôle d'agents d'exécution des décisions
de la puissance protectrice. De sorte qu'il est permis de dire qu'à la veille
de la guerre de 1939 les territoires coloniaux comme les États protégés se
trouvaient placés de droit ou de fait sous un régime uniforme par l'esprit,
bien que nuancé dans ses applications, le régime d'administration directe.
La France y exerçait toutes les responsabilités et tous les pouvoirs.
Ce régime, qu'on a nommé le « régime colonial », ou « semi-colonial »,
était la conséquence logique et procédait implicitement de ces principes
mentionnés ci-dessus comme ayant valeur de postulats, savoir en premier
heu que les droits acquis outre-mer par la France soit par le fait de la
conquête, soit en vertu des traités de Protectorat, lui conféraient les préro
gatives de la pleine souveraineté sur les pays en cause. Savoir également
qu'au stade inférieur de l'évolution politique, économique et sociale où
se trouvaient les populations autochtones lors de leur prise en charge par la
France elles se classaient au rang des peuples mineurs, que, conséquem-
ment, elles ne pourraient progresser et devenir aptes à gérer leurs affaires
domestiques qu'après de longues périodes d'apprentissage de la vie publique
et après s'être assimilé les règles et méthodes d'une saine administration.
Savoir qu'étant donné l'excellence des modes occidentaux d'administ
ration c'était à ces modes mêmes qu'il convenait de les initier, de même
que le principe de la supériorité et de l'universalité de la culture française
étant jugé indiscutable, c'était dans le moule de cette culture que devaient
être formées les élites autochtones destinées à encadrer plus tard les popul
ations. Savoir que l'ascension sociale des peuples d'outre-mer postulait le
développement préalable de leurs moyens de production, ce qui exigeait la
mise en place et en action d'un équipement économique moderne et une
exploitation rationnelle des ressources. Savoir que d'autre part les entre
prises coloniales ne devaient pas être onéreuses, mais au contraire rentables
pour la France, que par suite ses investissements devaient être productifs,
lui réserver le marché des matières premières et assurer à ses importations
des débouchés privilégiés. Savoir, en un mot, qu'aussi bien l'intérêt des pays
d'outre-mer que celui de la France requéraient son intervention constante
et directe, par voie d'autorité, dans la direction et l'accomplissement d'une
œuvre de longue haleine dont le but final était de faire accéder des peuples
attard

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