La France, l arme nucléaire et la défense de l Europe - article ; n°3 ; vol.44, pg 461-479
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Politique étrangère - Année 1979 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 461-479
France, nuclear weapons and the defence of Europe, by Jean Klein
Although French nuclear weapons have now obtained national consensus and their contribution to the Alliance's world dissuasion recognized by the declaration at Ottawa in 1974, opinions differ as to the function which could be assigned to them within the European defence context. In 1976, declarations by the highest political and military authorities have been interpreted as a criticism of the doctrine in the White Paper of 1972, insofar as they considered extending nuclear guarantee to France's neighbours. Since then controversies have been appeased and it would appear that the main points fixed in the 60s have been maintained. It is precisely the specific outlines of French military policy which have impeded the development of European and Atlantic cooperation on matters of defence and it is most unlikely that any appreciable change of situation will take place in the future. Indeed, the evolution of the Soviet-American strategic dialogue and changes in the international environment do confirm the justification of choice in favour of an independent force of dissuasion which must not be mortgaged if the chances of a European defence of Europe are to be maintained.
La France, l'arme nucléaire et la défense de l'Europe, par Jean Klein
Bien que l'arme nucléaire française fasse aujourd'hui l'objet d'un consensus national et que sa contribution à la dissuasion globale de l'Alliance ait été consacrée par la déclaration d'Ottawa de 1974, les opinions varient sur la fonction qui pourrait lui être assignée dans la perspective d'une défense enropéenne. En 1976, des prises de position émanant des plus hautes autorités politiques et militaires ont été interprétées comme une mise en cause de la doctrine du Livre blanc de 1972 dans la mesure où elles envisagaient une extension de la garantie nucléaire aux voisins de la France. Depuis lors, les controverses se sont apaisées et il semble que pour l'essentiel, les orientations fixées dans les années soixante aient été maintenues. Or ce sont précisément les traits spécifiques de la politique militaire française qui ont entravé le développement de la coopération européenne et atlantique en matière de défense et il est peu probable que la situation se modifie sensiblement à l'avenir. En effet, l'évolution du dialogue stratégique soviéto-américain et les modifications de l'environnement international ont confirmé le bien-fondé de l'option en faveur d'une force de dissuasion indépendante et il est essentiel de ne pas l'hypothéquer si l'on veut préserver les chances d'une défense européenne de l'Europe.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Klein
La France, l'arme nucléaire et la défense de l'Europe
In: Politique étrangère N°3 - 1979 - 44e année pp. 461-479.
Citer ce document / Cite this document :
Klein. La France, l'arme nucléaire et la défense de l'Europe. In: Politique étrangère N°3 - 1979 - 44e année pp. 461-479.
doi : 10.3406/polit.1979.1578
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1979_num_44_3_1578Abstract
France, nuclear weapons and the defence of Europe, by Jean Klein
Although French nuclear weapons have now obtained national consensus and their contribution to the
Alliance's world dissuasion recognized by the declaration at Ottawa in 1974, opinions differ as to the
function which could be assigned to them within the European defence context. In 1976, declarations by
the highest political and military authorities have been interpreted as a criticism of the doctrine in the
White Paper of 1972, insofar as they considered extending nuclear guarantee to France's neighbours.
Since then controversies have been appeased and it would appear that the main points fixed in the 60s
have been maintained. It is precisely the specific outlines of French military policy which have impeded
the development of European and Atlantic cooperation on matters of defence and it is most unlikely that
any appreciable change of situation will take place in the future. Indeed, the evolution of the Soviet-
American strategic dialogue and changes in the international environment do confirm the justification of
choice in favour of an independent force of dissuasion which must not be mortgaged if the chances of a
European defence of Europe are to be maintained.
Résumé
La France, l'arme nucléaire et la défense de l'Europe, par Jean Klein
Bien que l'arme nucléaire française fasse aujourd'hui l'objet d'un consensus national et que sa
contribution à la dissuasion globale de l'Alliance ait été consacrée par la déclaration d'Ottawa de 1974,
les opinions varient sur la fonction qui pourrait lui être assignée dans la perspective d'une défense
enropéenne. En 1976, des prises de position émanant des plus hautes autorités politiques et militaires
ont été interprétées comme une mise en cause de la doctrine du Livre blanc de 1972 dans la mesure où
elles envisagaient une extension de la garantie nucléaire aux voisins de la France. Depuis lors, les
controverses se sont apaisées et il semble que pour l'essentiel, les orientations fixées dans les années
soixante aient été maintenues. Or ce sont précisément les traits spécifiques de la politique militaire
française qui ont entravé le développement de la coopération européenne et atlantique en matière de
défense et il est peu probable que la situation se modifie sensiblement à l'avenir. En effet, l'évolution du
dialogue stratégique soviéto-américain et les modifications de l'environnement international ont
confirmé le bien-fondé de l'option en faveur d'une force de dissuasion indépendante et il est essentiel
de ne pas l'hypothéquer si l'on veut préserver les chances d'une défense européenne de l'Europe.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 461
LA FRANCE, L'ARME NUCLÉAIRE
Jean KLEIN ET LA DEFENSE DE L'EUROPE
Alors que la force de frappe a suscité au début des années 60
une opposition quasi unanime en France et à l'étranger, pres
que tout le monde s'accorde à reconnaître aujourd'hui qu'elle
constitue l'axe de la politique militaire de la France et qu'elle repré
sente une composante essentielle de la sécurité européenne. On sait
que la décision du général de Gaulle de développer une force nucléaire
stratégique (FNS) fut une pomme de discorde au sein de l'alliance et
que, sous la présidence de J.-F. Kennedy, l'opposition américaine fut
sans nuances. Le climat des relations franco-américaines s'en ressentit
et ce n'est qu'au début des années 70 que les Etats-Unis modifièrent
leur attitude avant de souscrire à la déclaration d'Ottawa du 19 juin 1974
qui consacre « le rôle dissuasif propre des forces nucléaires française
et britannique et leur contribution au renforcement de la dissuasion
globale de l'alliance ». Simultanément, l'opposition interne se relâchait
à mesure que la FNS gagnait en crédibilité et, à la veille des élections
législatives de mars 1978, un consensus s'était établi entre toutes les
formations politiques sur la nécessité de maintenir l'arme nucléaire
aussi longtemps que l'on ne serait pas parvenu à un désarmement
authentique, offrant des garanties au moins égales à celles découlant
de la stratégie de dissuasion.
Certes, le ralliement de certains à l'arme nucléaire n'est pas dépourvu
d'arrière-pensées et il serait hasardeux de soutenir qu'il y a désormais
identité de vues sur ce sujet dans la classe politique française. Les
spéculations auxquelles on se livre depuis 1976 sur l'extension de la
garantie nucléaire française à la RFA (« sanctuarisation élargie »), les
hypothèses que l'on formule à propos d'une coopération nucléaire
franco-britannique, enfin les plaidoyers qui se multiplient en faveur de
la création d'une force nucléaire européenne, démontrent, s'il en était
besoin, la diversité des points de vue sur la fonction qui pourrait être
* Chargé de recherche au CNRS, Institut Français des Relations Internationales. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 462
assignée à la FNS dans la perspective d'une défense autonome de
l'Europe. La question se pose avec une acuité particulière dans un
contexte où la neutralisation des systèmes stratégiques centraux met
en évidence les limites de la dissuasion américaine [1] et où les progrès
de la construction politique de l'Europe conduisent à envisager un
système de sécurité moins tributaire des Etats-Unis.
Notre propos n'est pas de trancher ce débat, ni d'élaborer des modèles
susceptibles de concilier la logique de la dissuasion nucléaire française
avec des projets de défense européenne. Nous tenterons plus modes
tement d'esquisser le cadre dans lequel la question se pose et de tirer
quelques leçons des expériences du passé. A cet égard, nous rappel
lerons les grandes orientations de la politique française telles qu'elles
ont été définies lors des années 60 et nous signalerons les nouveaux
accents mis depuis 1974. Nous examinerons notamment les contro
verses sur la stratégie nucléaire qui ont éclaté en France au cours
des dernières années, les tentatives de coopération européenne et
atlantique en matière de défense et l'attitude de la France vis-à-vis
des négociations Est-Ouest sur les aspects militaires de la sécurité en
Europe. En conclusion, nous nous interrogerons sur les implications
politiques et stratégiques d'une érosion de l'équilibre militaire en
Europe et sur les mesures susceptibles d'être prises pour rétablir la
balance.
La stratégie de dissuasion de la France
La politique nucléaire de la France a fait l'objet de nombreuses prises
de position officielles et de commentaires et il serait fastidieux de
présenter un exposé systématique de sa genèse et de son dévelop
pement. Il convient toutefois de marquer les différences entre les
conceptions des gouvernements de la IVe et de la Ve République.
Alors que ceux-là ne voyaient dans l'arme nucléaire qu'un moyen pour
la France de se faire entendre dans les conseils européens et atlan
tiques et peut-être de se différencier de l'Allemagne, le général de Gaulle
s'en est surtout prévalu pour faire triompher une défense et une
diplomatie indépendantes. C'est ainsi que dès son retour au pouvoir,
il a prôné une réforme de l'OTAN qui tiendrait compte des nouvelles
réalités politiques et stratégiques et organiserait la participation de
la France aux délibérations relatives à la sécurité mondiale et à
l'emploi des armes nucléaires. La fin de non recevoir opposée par le
Président Eisenhower et le Premier Ministre Me Millan au mémo
randum du 17 septembre 1958 et les réticences des autres alliés à
l'égard d'un directoire à trois, conduisirent le gouvernement français
à réduire progressivem

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