La politique américaine de défense antimissile : la troisième fois sera-t-elle la bonne ? - article ; n°3 ; vol.66, pg 631-645
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Politique étrangère - Année 2001 - Volume 66 - Numéro 3 - Pages 631-645
Is the Third Time the Charm? The American Politics of Missile Défense, by James Lindsay President George W. Bush's push to develop defenses against long-range missiles has met a cool reception abroad. But whether he succeeds in his pursuit of an anti-missile shield will d'pend ultimately on whether he can maintain support for his missile defense plans at home. Congressional Democrats can hope to exploit public concerns that defenses are too costly, work poorly, and needlessly aggravate international tensions.
Pour la troisième fois depuis les années 1960, les Etats-Unis se font les avocats d'une défense antimissile destinée à mieux garantir leur sécurité. Si les projets Johnson et Reagan échouèrent faute d'une technologie suffisamment avancée, celui de George W. Bush pourrait bien, quant à lui, connaître des développements concrets. Encore faut-il que l'Administration précise la nature et la portée exacte de ce nouveau bouclier en répondant à deux questions-clefs : qui vise-t-il et qui protège-t-il ? Encore faut-il, en outre, que Washington soit capable de convaincre à la fois le Sénat (devenu démocrate) et les alliés européens et asiatiques du bien-fondé du projet. Car celui-ci ne pourra aboutir que si les États-Unis respectent quatre principes essentiels : joindre au projet de défense antimissile une stratégie élargie de non-prolifération ; étendre le bouclier aux alliés et aux amis de Washington contre les attaques des nouveaux détenteurs de l'arme nucléaire (et non contre Pékin ou Moscou) ; tester ces défenses avec le plus grand sérieux et ne les déployer que si leur efficacité est prouvée ; enfin, coopérer dès que possible avec la Russie.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lindsay
Christophe Jaquet
La politique américaine de défense antimissile : la troisième fois
sera-t-elle la bonne ?
In: Politique étrangère N°3 - 2001 - 66e année pp. 631-645.
Résumé
Pour la troisième fois depuis les années 1960, les Etats-Unis se font les avocats d'une défense antimissile destinée à mieux
garantir leur sécurité. Si les projets Johnson et Reagan échouèrent faute d'une technologie suffisamment avancée, celui de
George W. Bush pourrait bien, quant à lui, connaître des développements concrets. Encore faut-il que l'Administration précise la
nature et la portée exacte de ce nouveau bouclier en répondant à deux questions-clefs : qui vise-t-il et qui protège-t-il ? Encore
faut-il, en outre, que Washington soit capable de convaincre à la fois le Sénat (devenu démocrate) et les alliés européens et
asiatiques du bien-fondé du projet. Car celui-ci ne pourra aboutir que si les États-Unis respectent quatre principes essentiels :
joindre au projet de défense antimissile une stratégie élargie de non-prolifération ; étendre le bouclier aux alliés et aux amis de
Washington contre les attaques des nouveaux détenteurs de l'arme nucléaire (et non contre Pékin ou Moscou) ; tester ces
défenses avec le plus grand sérieux et ne les déployer que si leur efficacité est prouvée ; enfin, coopérer dès que possible avec
la Russie.
Abstract
Is the Third Time the Charm? The American Politics of Missile Défense, by James Lindsay
President George W. Bush's push to develop defenses against long-range missiles has met a cool reception abroad. But whether
he succeeds in his pursuit of an anti-missile shield will d'pend ultimately on whether he can maintain support for his missile
defense plans at home. Congressional Democrats can hope to exploit public concerns that defenses are too costly, work poorly,
and needlessly aggravate international tensions.
Citer ce document / Cite this document :
Lindsay, Jaquet Christophe. La politique américaine de défense antimissile : la troisième fois sera-t-elle la bonne ?. In: Politique
étrangère N°3 - 2001 - 66e année pp. 631-645.
doi : 10.3406/polit.2001.5104
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2001_num_66_3_5104!
i
:
POLITIQUE ÉTRANGÈRE 3/2001
La politique américaine
James ., M. , LINDSAY...r^.w de la . troisième < défense . .. antimissile fois x . :
sera -t -elle la bonne ?
Pour la troisième fois depuis les années 1960, les Etats-Unis se font les avocats
d'une défense antimissile destinée à mieux garantir leur sécurité. Si les projets
Johnson et Reagan échouèrent faute d'une technologie suffisamment avancée,
celui de George W. Bush pourrait bien, quant à lui, connaître des développements
concrets. Encore faut-il que l'Administration précise la nature et la portée exacte
de ce nouveau bouclier en répondant à deux questions-clefs : qui vise-t-il et qui
protège-t-il ? Encore faut-il, en outre, que Washington soit capable de convaincre
à la fois le Sénat (devenu démocrate) et les alliés européens et asiatiques du bien-
fondé du projet. Car celui-ci ne pourra aboutir que si les États-Unis respectent
quatre principes essentiels : joindre au projet de défense antimissile une stratégie
élargie de non-prolifération ; étendre le bouclier aux alliés et aux amis de
Washington contre les attaques des nouveaux détenteurs de l'arme nucléaire (et
non contre Pékin ou Moscou) ; tester ces défenses avec le plus grand sérieux et ne
les déployer que si leur efficacité est prouvée ; enfin, coopérer dès que possible avec
la Russie.
Politique étrangère
En matière de défense antimissile, les Américains semblent suivre
le précepte : «Jamais deux sans trois. » Dans les années 1960, le
président Johnson proposa de défendre les États-Unis contre
une éventuelle attaque nucléaire chinoise. Cette tentative fit long feu
quand il s'avéra que la technologie permettant de frapper des missiles
à longue portée n'était pas au point. Dans les années 1980, Ronald
Reagan lança l'Initiative de défense stratégique (IDS) dans le but de
rendre les armes nucléaires « inopérantes et obsolètes ». Mais cette
James M. Lindsay est Senior Fellow à la Brookings Institution, Washington D.C., USA.
Traduction Christophe Jaquet. 632 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
tentative échoua pour les mêmes raisons qu'à l'époque de Johnson : la
technologie n'était pas au rendez-vous du rêve. Aujourd'hui, le prési
dent Bush propose une troisième initiative de défense antimissile, dont
il espère qu'elle va permettre de garantir la sécurité des États-Unis sur
d'autres bases que la « menaçante promesse de détruire ceux qui
peuvent nous détruire ».
La « nouvelle doctrine » Bush en matière de défense antimissile a reçu
un accueil plutôt froid à l'étranger. La remise en cause d'un statu quo
est toujours inquiétante, en particulier quand il s'agit d'armes
nucléaires. S'y ajoute l'extrême incertitude qui entoure le plan Bush :
le président n'a pas dit à quoi ressemblerait son système antimissile,
ni qui il viserait (et ne viserait pas), ni s'il était prêt à soumettre cet
édifice bâti par les États-Unis à un certain nombre de contraintes.
La façon dont George W. Bush répondra à ces questions déterminera
celle dont les alliés et les amis de l'Amérique (et les autres) répondront
à l'initiative. Ses réponses vont également influer sur l'évolution du
débat aux États-Unis. La plupart des Américains, en effet, sont favo
rables à l'idée d'une défense antimissile nationale (NMD). Qui ne sou
haiterait être protégé contre la possibilité d'une attaque nucléaire - à
un coût acceptable ? C'est là le nœud de l'affaire. Aux yeux des
Américains, la défense antimissile serait beaucoup moins attrayante si
sa mise au point supposait de prélever des ressources nécessaires à
d'autres besoins urgents de la société, si le système ainsi bâti était
d'une piètre efficacité ou s'il avait pour conséquence d'aggraver les
tensions internationales. En dernière analyse, c'est la capacité du nou
veau président de surmonter ces difficultés éventuelles qui permettra
ou non que cette troisième fois soit la bonne.
Les séductions de la défense antimissile
Pourquoi la défense antimissile fait-elle l'objet de telles évolutions
dans la politique des États-Unis ? Nul doute qu'une tradition cultu
relle d'optimisme technologique joue ici son rôle. Les Américains sont
enclins plus que d'autres à croire que la technique peut résoudre un
problème politique. Et pour beaucoup d'entre eux, la défense anti
missile a valeur d'article de foi. Les sondages révèlent qu'un LA POLITIQUE AMÉRICAINE DE DÉFENSE ANTIMISSILE / 633
Américain sur quatre est favorable à la réalisation d'un tel bouclier,
même si les scientifiques affirment qu'il ne sera pas opérationnel.
Mais il serait erroné de n'attribuer cet intérêt qu'à une pensée éprise
de fantastique. Il reflète également la crainte, profondément enracinée,
que la menace d'une attaque de missile balistique se fait de plus en
plus pressante. Quelque trois douzaines de pays possèdent aujour
d'hui de telles armes, et ce nombre devrait encore s'accroître. Il est
vrai que beaucoup de ces pays sont des alliés ou des amis. Et ceux qui
ne le sont pas possèdent surtout des missiles balistiques à courte ou
moyenne portée qui menacent davantage les forces américaines
déployées à l'étranger que le sol national. Les démocrates et les répu
blicains comprennent cette crainte — le souvenir des attaques de Scud
irakiens durant la guerre du Golfe est encore cuisant -, et c'est pour
quoi il existe un si fort soutien bipartisan aux États-Unis en faveur du
développement d'une défense antimissile de théâtre. La plupart des
alliés partagent d'ailleurs cette préoccupation. Par exemple, les entre
prises Aérospatiale-Matra (France) et Alenia (Italie) travaillent au sys
tème antimissile Aster, qu'elles espè

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