La question féminine, angle mort de la démocratie islamique en Iran - article ; n°51 ; vol.13, pg 143-161
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Politix - Année 2000 - Volume 13 - Numéro 51 - Pages 143-161
The Women's Cause. An Irrelevant Issue in the Islamic Democracy of Iran Fariba Adelkhah Since the end of the 80's, the condition of Iranian women became significantly better. Many of them participate in the public sphere and got an economical or social activity. Rafsandjani's politicy of liberalization furthered this womens's investment, which became more explicitly political. However, women remain out of a number of social areas and are still victims of social and legal discriminations. Indeed, only seem possible the progress respecting the traditionnal Islamic think about women's condition in life, and serving the «honour of the system», rather than attacking it. In this context, the veil paradoxically makes easier the investment of women in the public sphere.
La question féminine, angle mort de la démocratie islamique en Iran Fariba Adelkhah Dès la fin des années 1980, la situation des femmes iraniennes s'est améliorée. Nombre d'entre elles ont investi l'espace public et ont pu exercer une activité économique ou sociale. La politique de libéralisation menée par Rafsandjani a permis à cet investissement féminin de s'accroître et de prendre une tournure plus explicitement politique. Mais les femmes demeurent exclues de vastes secteurs de la société et continuent à être l'objet de discriminations juridiques et sociales. Les seules avancées possibles ont en effet été celles qui respectaient la pensée islamique traditionnelle de la question féminine, qui servaient l'« honneur du système » plutôt que de le subvertir. C'est ainsi paradoxalement le port du voile qui a favorisé l'inscription des femmes dans la sphère publique.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Fariba Adelkhah
La question féminine, angle mort de la démocratie islamique en
Iran
In: Politix. Vol. 13, N°51. Troisième trimestre 2000. pp. 143-161.
Abstract
The Women's Cause. An Irrelevant Issue in the Islamic Democracy of Iran
Fariba Adelkhah
Since the end of the 80's, the condition of Iranian women became significantly better. Many of them participate in the public
sphere and got an economical or social activity. Rafsandjani's politicy of liberalization furthered this womens's investment, which
became more explicitly political. However, women remain out of a number of social areas and are still victims of social and legal
discriminations. Indeed, only seem possible the progress respecting the traditionnal Islamic think about women's condition in life,
and serving the «honour of the system», rather than attacking it. In this context, the veil paradoxically makes easier the
investment of women in the public sphere.
Résumé
La question féminine, angle mort de la démocratie islamique en Iran
Fariba Adelkhah
Dès la fin des années 1980, la situation des femmes iraniennes s'est améliorée. Nombre d'entre elles ont investi l'espace public
et ont pu exercer une activité économique ou sociale. La politique de libéralisation menée par Rafsandjani a permis à cet
investissement féminin de s'accroître et de prendre une tournure plus explicitement politique. Mais les femmes demeurent
exclues de vastes secteurs de la société et continuent à être l'objet de discriminations juridiques et sociales. Les seules
avancées possibles ont en effet été celles qui respectaient la pensée islamique traditionnelle de la question féminine, qui
servaient l'« honneur du système » plutôt que de le subvertir. C'est ainsi paradoxalement le port du voile qui a favorisé
l'inscription des femmes dans la sphère publique.
Citer ce document / Cite this document :
Adelkhah Fariba. La question féminine, angle mort de la démocratie islamique en Iran. In: Politix. Vol. 13, N°51. Troisième
trimestre 2000. pp. 143-161.
doi : 10.3406/polix.2000.1107
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2000_num_13_51_1107:
La question féminine, angle mort
de la démocratie islamique en Iran
Fariba ADELKHAH
En 1997, deux cent trente-huit Iraniens se portèrent candidats à
l'élection présidentielle. Parmi eux figuraient neuf femmes, dont
Azam Taleghani, la fille de l'un des inspirateurs les plus prestigieux
de la Révolution de 1979, l'ayatollah Mahmoud Taleghani, et fondatrice de la
première association de femmes islamiques au lendemain de la Révolution1.
Cette dernière, dans sa déclaration d'intention, ne cachait pas qu'il s'agissait
pour elle de dissiper l'incertitude que recelait l'article 115 de la
Constitution, selon lequel la présidence de la République devait revenir à un
Rejâl (Homme) du champ religieux et politique : convenait-il de lire un être
de sexe masculin ou un être humain, ou encore une personnalité, le terme
pouvant être interprété indifféremment de ces trois manières dans le Coran ?
Le Conseil des gardiens de la Constitution ne retint que quatre candidats, de
sexe masculin. Mais, à aucun moment, pour justifier le rejet des neuf
candidates et notamment de madame Taleghani, il n'argua de leur féminité,
mettant en avant d'autres raisons2. La classe politique et la presse se
gardèrent de commenter la mesure, que l'on pouvait lire aussi bien comme
une reconnaissance implicite de la possibilité pour une femme d'accéder à la
1. La société des femmes de la Révolution islamique d'Iran qui publie depuis 1979 Payâm-e
Hadjar, une revue bimensuelle devenue aujourd'hui hebdomadaire après avoir été mensuelle et
semestrielle, cf. Zanan, 53, 1378/1999, p. 14-17.
2. Des raisons générales valables pour les deux sexes comme par exemple le manque
d'éducation suffisante, la limite du dévouement à la cause révolutionnaire, le passé
antirévolutionnaire, etc.
Politix. Volume 13 - n° 51/2000, pages 143 à 161 Politix n° 51 144
présidence de la République que comme l'impossibilité pratique de cet
événement. Un silence éloquent qui illustre bien l'ambiguïté de la condition
des femmes en islamique d'Iran, vingt ans après la Révolution.
Elles sont à la fois présentes dans la sphère publique à une échelle sans égal
dans la région du Golfe, et bridées ou en tout cas volontiers ignorées dans
leur action.
La participation des femmes à l'espace public
L'élection de Mohammad Khatami à la présidence de la République a
semblé ouvrir une nouvelle ère pour les femmes iraniennes, que l'on disait
volontiers assujetties et enfermées par l'ordre à la fois archaïque et
phallocratique de la République des ayatollahs et par la misogynie de
l'islam. Nombre d'entre elles avaient en effet soutenu sa candidature, et sa
victoire a paru être la leur en même temps que celle des jeunes. En novembre
1998 l'irruption de quelques centaines de « suppor teures » dans le stade
Azadi, bien décidées à fêter le retour triomphal d'Australie de l'équipe
nationale de football et à enfreindre l'interdiction réglementaire, a été
largement saluée comme étant la confirmation de cette évolution.
Mais en réalité cette dernière est bien antérieure à l'ouverture khatamiste et
se confond avec l'histoire de la Révolution et de la République. Dès la fin des
années 1980, il était clair que le nouveau régime ne pouvait se réduire à une
logique binaire entre dominants et dominés, aux premiers rangs desquels
auraient figuré les femmes. Paradoxalement le voile avait permis à nombre
d'entre elles, issues de la moyenne et petite bourgeoisie, des classes
populaires ou des milieux ruraux, d'investir l'espace public et d'exercer une
activité économique ou sociale, notamment à la faveur de la guerre. Cet
élargissement de leur champ d'action avait été rendu possible par leur
mobilisation révolutionnaire et par l'idéologie d'une partie au moins des
penseurs islamiques, tels Ali Shariati, l'ayatollah Morteza Motahhari et
Mehdi Bazargan. La pointe ou l'avant-garde de la participation sociale des
femmes avait pris le visage d'une élite qui se réclamait haut et fort de son
engagement islamique et révolutionnaire. De façon plus large et diffuse,
c'était bel et bien la condition féminine qui se transformait de façon
beaucoup plus profonde que ce qu'avait pu faire la modernisation
autoritaire et parfois passablement cosmétique de l'Ancien régime, même si
ses acquis ont finalement été assez largement préservés, une fois dépassées
les tensions révolutionnaires, grâce à la résistance des femmes, militantes
islamiques en tête. La sociabilité des réunions religieuses féminines - les
jaleseh - était très révélatrice de ces bouleversements. En d'autres termes,
l'adhésion des femmes à la République islamique ou tout au moins à
certaines de ses politiques et de ses pratiques ne pouvait être sous-estimée,
ne serait-ce que parce qu'elle reposait sur des représentations et des La question féminine en Iran 145
convictions morales : quoique l'on en contestât le caractère obligatoire, le
port du hejâb équivalait à la récusation de la fesâd (la corruption exprimant le
dérèglement de la société) et à ce titre légitimait la présence des femmes
dans la sphère publique3.
Avec la fin de la guerre et la politique de libéralisation conduite par Ali
Akbar Hachemi-Rafsandjani, la participation sociale des femmes s'est
étendue tout au long des années 1990 et a pris une tournure de plus en plus
explicitement politique. Là aussi les dynamiques décisives ont été socio-
économiques : l'éducation des jeunes filles s'est accrue, l'urbanisation s'est
accélérée, la transition démographique s'est enclenchée de façon
spectaculaire4. Déjà, sous la contrainte de la crise économique et de la
guerre, les femmes s'étaient adonnées au commerce informel avec les autres
pays du Golfe, la Turquie et la Syrie, souvent en profitant d'un pèlerinage5.
Le trait saillant de ces pratiques est la fusion presque systématique de
l'activité ma

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