Le conflit sino-soviétique et ses implications possibles pour l Occident - article ; n°3 ; vol.29, pg 283-303
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Le conflit sino-soviétique et ses implications possibles pour l'Occident - article ; n°3 ; vol.29, pg 283-303

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Description

Politique étrangère - Année 1964 - Volume 29 - Numéro 3 - Pages 283-303
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Lechat
Le conflit sino-soviétique et ses implications possibles pour
l'Occident
In: Politique étrangère N°3 - 1964 - 29e année pp. 283-303.
Citer ce document / Cite this document :
Lechat Jacques. Le conflit sino-soviétique et ses implications possibles pour l'Occident. In: Politique étrangère N°3 - 1964 - 29e
année pp. 283-303.
doi : 10.3406/polit.1964.2276
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1964_num_29_3_2276LE CONFLIT SINO-SOVIETTQUE ET SES
IMPLICATIONS POSSIBLES POUR L'OCCIDENT
Au cours de ces dernières années, les auteurs qui ont étu
dié les répercussions sur l'équilibre mondial de l'apparition
de la Chine comme grande puissance ont mené leurs travaux
en considérant plusieurs hypothèses ; la Chine pouvait être
soit alliée à l'URSS, soit indépendante, soit hostile à la Russie
soviétique. .
Or, au cours de l'année 1963, les événements interna
tionaux ont mis en lumière l'acuité, la profondeur et l'a
ncienneté du conflit sino-soviétique. Bien que ce dernier
puisse connaître dans l'avenir des périodes de moindre ten
sion et des phases d'opposition plus aiguës, il semble que la
querelle ait dépassé le stade où une réconciliation sincère et
durable pourrait intervenir. Ce nouvel état de choses rend
donc nécessaire l'étude des développements possibles du conflit
sino-soviétique et de ses implications pour l'Occident.
S'il apparaît que les deux nations ne disposent que de
faibles possibilités d'action directe l'une contre l'autre, et que
leur lutte se situera longtemps dans le domaine de la guerre
froide, il est cependant nécessaire de déterminer tout d'abord
les buts de stratégie totale qu'elles pourraient poursuivre
et, à cet effet, d'évoquer les causes du différend sino-sovié
tique, sans pour autant tenter de refaire un examen détaillé
de ces dernières. En second lieu, il faudra étudier les possi
bilités d'action réciproque dont disposent les deux adversaires
l'un contre l'autre en stratégie directe et en guerre subvers
ive, ce qui correspond à la « manoeuvre intérieure » des
deux puissances dans le conflit qui les oppose. Il sera ensuite 284 JACQUES LECHAT
nécessaire d'examiner les possibilités en guerre froide en
replaçant la querelle sino-soviétique dans le contexte mond
ial, et en définissant les « manœuvres extérieures » aux
quelles l'URSS et la Chine pourraient recourir pour s'assurer
le maximum d'avantages dans le déroulement de leur conflit.
Enfin, l'étude concluera sur les possibilités ouvertes à l'Occi
dent, et plus spécialement à l'Europe, par les développements
de la lutte entre Pékin et Moscou.
* * *
I. — LES BUTS STRATEGIQUES
De nombreuses études ont déjà paru sur les causes de la
querelle sino-soviétique. La conclusion la plus généralement
admise est que ce conflit a pour fondement essentiel l'oppo
sition d'intérêts nationaux découlant de la situation géopoli
tique de ces deux puissances, et que l'aspect idéologique de la
querelle, bien qu'ayant une existence propre, n'a été amplifié
que dans la mesure où il sert d'expression à l'opposition
fondamentale des intérêts des deux nations.
C'est donc cette opposition d'intérêts qu'il faut considérer.
Elle découle essentiellement du déséquilibre démographique
et économique des deux puissances.
D'un côté, l'URSS, peuplée de 220 millions d'habitants,
dont 60 millions seulement vivent à l'Est de l'Oural, et 8
millions à l'Est du Baikal. De l'autre côté, une Chine de 650
à 700 millions d'hommes, s'accroissant chaque année de 15
millions d'habitants, et dont 75 % du territoire sont impro
pres à la vie de grandes masses humaines. Dans cette situa
tion, il est normal que la Chine recherche un « espace vital »
qu'elle ne peut trouver qu'en direction de la Sibérie, l'Inde
et le Sud-Est asiatique étant trop peuplés pour lui offrir les
espaces vides et fertiles qui lui sont nécessaires. Si l'on
ajoute qu'une partie non négligeable de l'Asie soviétique CONFLIT SINO-SOVIÉTIQUE SJ85
était autrefois placée sous suzeraineté chinoise, on peut penser
qu'en cherchant à s'étendre en Sibérie, la Chine considère
qu'elle récupère son bien.
Le déséquilibre économique entre Soviétiques et Chinois
constitue une seconde cause d'opposition d'intérêts. Bien que
1» population soviétique soit encore loin de jouir des niveaux
de vie occidentaux, elle représente un peuple riche au regard
d'une Chine famélique. Or, malgré la communauté d'idéo
logie, l'URSS n'a accordé à la Chine qu'une aide dérisoire,
aide qu'elle s'est empressée de supprimer dès que la guerre
froide avec la Chine a commencé. Ce comportement de
l'URSS accentue encore les rancœurs chinoises.
Cette opposition fondamentale des intérêts nationaux a
trouvé son expression dans l'aspect idéologique de la querelle.
Bien que le différend idéologique ait son existence propre, il
s'est gonflé du fait qu'entre deux puissances marxistes, les
oppositions matérielles doivent être tenues dans l'ombre le
plus longtemps possible. Mais cette transposition de la quer
elle sur le terrain des idées a durci le conflit entre Pékin
et Moscou : alors que l'on peut envisager sans trop de diffi
cultés de transiger sur des questions d'intérêts, il est beau
coup moins facile de revenir sur l'expression de principes
idéologiques qui, — encore que les marxistes s'en défen
dent — , revêtent souvent l'importance de dogmes.
Il existe donc entre l'URSS et la Chine un affrontement
sur tous les plans, qui s'est traduit par une guerre froide
offrant de sérieuses chances de durée et d'aggravation. Dans
cette situation, chacune des deux puissances doit donc tendre
à définir et mener une stratégie totale apte à neutraliser celle
de son adversaire, et, au cas où ce but ne pourrait être
atteint, à restreindre au maximum la liberté d'action de la
puissance opposée. A la limite, si la stratégie totale de l'un
des adversaires devenait intolérable à l'autre, ce dernier pourr
ait se croire obligé d'éliminer son ennemi. Mais il faut bien
voir que, ..dans cette querelle, l'attitude de la Chine est offen
sive : c'est elle qui, aujourd'hui, prend une attitude revendi 286 JACQUES LECHAT
cative, c'est elle qui, sur le plan idéologique, se pose en
champion de l'orthodoxie marxiste et en accusatrice d'une
URSS taxée d'hérésie. Face à cette attitude de Pékin, l'Union
soviétique se défend sur le plan idéologique tandis que, sur
le plan matériel, elle cherche à conserver intacts les terri
toires acquis et les situations favorables.
II. — LES « MANŒUVRES INTERIEURES » :
POSSIBILITES D'ACTION EN STRATEGIE
DIRECTE ET EN GUERRE SUBVERSIVE
Si l'on examine les différentes stratégies d'approche directe
auxquelles pourraient recourir l'URSS et la Chine pour ré
soudre leur querelle, on peut conclure à l'impossibilité bilaté
rale d'utiliser dans la situation actuelle les hostilités ou
vertes. Ces dernières ne seraient possibles pour Pékin que
dans un avenir indéterminé, après modernisation du pays et
de l'armée. Par contre, dans le domaine de la guerre subvers
ive, les facteurs semblent actuellement jouer en faveur de
l'URSS, mais seulement aux confins soviéto-chinois.
Actuellement, la Chine ne peut pas recourir contre Moscou
à des hostilités ouvertes, car ces dernières sont hors des
possibilités chinoises pour des raisons de terrain, d'ennemi
ou de moyens. En effet, la Chine est peut-être le seul pays
au monde dont l'énorme potentiel humain soit à la mesure
de l'immensité soviétique. Mais, pour le moment, ce potent
iel ne peut pas être engagé dans une guerre classique, la
Chine étant incapable d'équiper ses grandes unités de mat
ériels conventionnels modernes (a). En cas de guerre clas-
(a) On évalue l'armée chinoise actuelle à 120 divisions, do

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