Le mouvement de la population aux États-Unis - article ; n°335 ; vol.63, pg 33-51
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Description

Annales de Géographie - Année 1954 - Volume 63 - Numéro 335 - Pages 33-51
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacqueline Beaujeu-Garnier
Le mouvement de la population aux États-Unis
In: Annales de Géographie. 1954, t. 63, n°335. pp. 33-51.
Citer ce document / Cite this document :
Beaujeu-Garnier Jacqueline. Le mouvement de la population aux États-Unis. In: Annales de Géographie. 1954, t. 63, n°335. pp.
33-51.
doi : 10.3406/geo.1954.14306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1954_num_63_335_14306•

33
LE MOUVEMENT DE LA POPULATION
AUX ÉTATS-UNIS1
A Washington, au rythme des lampes de différentes couleurs, la machine
à enregistrer les variations de la population annonce une naissance toutes
les huit secondes, un décès toutes les vingt et une secondes, un immigrant
toutes les deux minutes, un emigrant toutes les 17 minutes. Elle a indiqué
le 10 août 1953, à 10 h. 2 mn. 7 s., que les États-Unis venaient d'avoir
160 millions d'hab. Il s'agit évidemment des « grands États-Unis », compren
ant, outre leur territoire propre, les dépendances : Alaska, Hawaï, Zone du
Canal, Guam, Porto- Rico, Samoa et îles Vierges américaines, etc. C'est sur
cet ensemble qu'a porté le recensement de 19502 qui dénombrait à ce moment
154 230 000 hab., tandis que les États-Unis, à proprement parler, n'en
comptaient que 150 697 361.
1. Bibliographie. — Un certain nombre d'ouvrages généraux permettent de replacer
l'évolution actuelle dans la perspective historique, et parmi eux : D. Pasquet, Histoire politique et
sociale du peuple américain, 1924-1931 ; A. Siegfried, Les États-Unis d'aujourd'hui, 1927 ;
M.-R. Reinhard, Histoire de la population mondiale, 1949 ; S. B. Clough, Histoire économique
des États-Unis, 1953 ; С Gill, Wasted manpower, 1939. — Sur des questions plus directement
démographiques, on citera l'ouvrage de W. F. Willcox, Studies in American Demography,
1940, mais il s'arrête pratiquement au commentaire de la période qui s'est achevée en 1930. —
L'étude de la population rurale est bien résumée dans E. de S. Brunner et J. H. Kolb, Rural
social trends, 1933, et dans J. H. Kolb et E. de S. Brunnek, A study of rural society, 1944. —
Sur la population urbaine, voir S. A. Queen et D. B. Carpenter, The American City, 1953. —
Certains aspects de l'immigration sont à prendre dans F. A. Walker, Immigration and degra
dation, 1891, et naturellement dans les ouvrages généraux cités ci-dessus. — Les mouvements
de population sont étudiés dans C. Goodrich, Migration and Economie opportunity, 1936;
N. Anderson, Men on the move, 1940 ; D. R. Jenkins, Growth and decline of agricultural village,
1940. — Sur la question noire, la mise au point fondamentale est le gros livre de G. Myrdal,
An American dilemma, the Negro problem and Modern democracy , 1944. Mais on pourra lire aussi
sur un aspect particulier, D. Bartens, Die Nordwanderung der Neger in U. S. A., 193G, ou
A. Rose, The Negro in America, 1944. — Pour les aspects régionaux, l'ouvrage essentiel est
celui de J. R. Smith et M. O. Phillips, North America, 1942, qui comprend une excellente
synthèse sur l'ensemble des États-Unis. Sur différents États, on pourra se reporter à J. D. Black,
The rural economy of New England, 1950 ; R. N. Richardson, Texas, 1943 ; E. J. Wickson,
Rural California, 1923 ; С. McWilliams, Southern California Country, 1946. — On signalera
encore, sur quelques points particuliers, des enquêtes comme celles de M. E. Perret, Les colonies
tessinoises en Californie, 1950, ou celle d'Indianapolis sur la fécondité des différents éléments de
la population, dont les conclusions ont été résumées par C. V. Kiser dans la revue Population,
1950 (p. 271). — En outre, il faut faire appel aux recueils statistiques et, parmi eux : Historical
statistics of the U. S. A., 1789-1945, 1949; volumes annuels du Statistical Abstract; rapports
du Public Health Service et du Department of Labor ; statistiques de la S. D. N. jusqu'en 1942 ;
bulletins mensuels de statistiques des Nations Unies ; 1950, United Stales Census of Population ;
Yearbook of Agriculture, en particulier celui de 1940, Farmers in a changing World ; The
Negro Yearbook. — Enfin, il est indispensable de lire quelques-uns des nombreux romans que les
écrivains américains ont consacrés à ces questions. Ils ont une valeur de témoignage ; aucune
statistique ne remplacera les pages admirables de Faulkner, S. Lewis, Galdwell, Steinbeck.
2. Les recensements américains ont lieu tous les dix ans ; le premier date de 1790 et le dernier
de 1950. La méthode employée est beaucoup plus sujette à erreurs que celle du recensement
français. En effet, l'opération est faite progressivement, par une série d'équipes, à partir d'une
date donnée. Depuis 1930, cette date est celle du 1er avril : en 1950, les deux tiers de la populat
ion seulement avaient été dénombrés à la mi-avril et les neuf dixièmes à la fin du mois. 11 y a
donc plusieurs possibilités d'erreur, par suite des déplacements d'individus et, en dépit des ins
tructions, à cause des naissances ou des décès qui interviennent pendant que les opérations sont
en cours.
ANN. DE GÉOG. LXIII» ANNÉE. 3 34 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
Population étonnante par son rythme d'accroissement — qui l'a fait
passer de 3 900 000 individus en 1790 à 23 191 000 en 1850, 76 000 000 en
1900 et 122 000 000 en 1930 — , et par son pouvoir d'assimilation — puisqu'elle
s'est révélée, suivant l'expression de Mr André Siegfried, le plus extra
ordinaire melting-pot du monde et que s'y coudoient des hommes venus de
toute l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et même quelques Indiens, descendants
bien raréfiés des anciens occupants — cette tranche d'humanité s'est
longtemps gonflée par l'apport des autres continents. Des foules sont venues,
s'enfonçant toujours plus à l'Ouest, pour conquérir le Nouveau Monde, puis
pour prendre leur part de richesses qu'elles imaginaient fabuleuses et qu'elles
souffraient de plus en plus de ne pas rencontrer suffisamment chez elles.
Tout cela est le souvenir d'un passé qui s'est achevé avec la première guerre
mondiale : l'image des États-Unis, terre accueillante, terre promise, a fait
place à celle, plus actuelle, d'un « monde fini », pareil à tous les autres, d'un
pays difficile d'accès où les hommes se sentent assez nombreux, parfois déjà
trop1.
I. — Le dynamisme interne
150 697 000 habitants en 1950, contre 131 669 000 en 1940 : tels sont les résul
tats des deux derniers recensements. Ils font ressortir un accroissement de
19 millions d'individus, c'est-à-dire de 14,5 p. 100. Cette augmentation est
la plus forte en valeur absolue qui ait jamais été enregistrée sur ce territoire.
Mais, si l'on considère le pourcentage d'accroissement, on s'aperçoit, au
contraire, qu'il a subi une diminution constante : de 1790 à 1860, il attei
gnit en moyenne 33 p. 100 ; de 1860 à 1890, il se situa aux environs de 25 p. 100,
puis descendit à 20 p. 100 entre 1890 et 1910, à 15 p. 100 de 1910 à 1930.
Le pourcentage d'accroissement constaté de 1940 à 1950 est donc le plus
faible de toute l'histoire démographique des États-Unis, à l'exception toute
fois de la décennie de crise 1930-1940 où il se limita à 7 p. 100.
Cependant, cet accroissement récent est remarquable plus encore par ses
causes que par son chiffre. En effet, il ne traduit plus l'appel d'un pays
jeune, à la terre vide et pleine de promesses, offerte à ceux qui la mettraient
en valeur, d'un pays lançant par la voix d'Abraham Lincoln, peu de temps
avant la guerre civile, la promesse fameuse : « Oncle Sam a une ferme pour
chacun de nous. » La terre a été occupée, défrichée, exploitée bien ou mal,
très différemment en tout cas de ce à quoi nous sommes habitués en Europe :
l'ouverture de Г Oklahoma, en 1889, marque la fin de l'abondance des terres.
Et, maintenant, il y a beau temps que l'augmentation démesurée des grandes
propriétés mécanisées ou l'épuisement des sols ont fait que la terre chasse,
chaque année, plus de ruraux qu'elle n'en attire. Quant aux rushes specta
culaires des chercheurs d'or, par exemple, dont l'afflux a contribué à faire
quadrupler la population californienne entre 1850 a et 1860, ils sont du
1. Voir William Vogt, La faim du monde, Paris, Hachette, 1950 ; Fairfield Osborn, La
planète au pillage, Paris, Payot, 1949.
2. La Californie fut organisée en État à partir de 1850, au m

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