Le Mouvement des Forces Armées portugaises - article ; n°6 ; vol.39, pg 659-687
30 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Mouvement des Forces Armées portugaises - article ; n°6 ; vol.39, pg 659-687

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
30 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1974 - Volume 39 - Numéro 6 - Pages 659-687
Le Mouvement des Forces Armées portugaises est issu de l'évolution paradoxale d'un corps expéditionnaire colonial qui d'antigouvernemental devient antifasciste et socialiste. Dans une première partie, on retrace les étapes de la prise de conscience politique de l'armée portugaise sur la base d'une revendication professionnelle clandestinement organisée. Dans une deuxième partie, on étudie les institutions mises en place par le MFA après le coup du 25 avril pour appuyer son pouvoir hégémonique, légitime mais non légal, sur le gouvernement, sur les Forces Armées et sur le peuple, indépendamment de l'impulsion du processus électoral dont l'issue incertaine peut entrer en contradiction avec le programme du MFA.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joxe
Le Mouvement des Forces Armées portugaises
In: Politique étrangère N°6 - 1974 - 39e année pp. 659-687.
Résumé
Le Mouvement des Forces Armées portugaises est issu de l'évolution paradoxale d'un corps expéditionnaire colonial qui
d'antigouvernemental devient antifasciste et socialiste. Dans une première partie, on retrace les étapes de la prise de conscience
politique de l'armée portugaise sur la base d'une revendication professionnelle clandestinement organisée. Dans une deuxième
partie, on étudie les institutions mises en place par le MFA après le coup du 25 avril pour appuyer son pouvoir hégémonique,
légitime mais non "légal", sur le gouvernement, sur les Forces Armées et sur le peuple, indépendamment de l'impulsion du
processus électoral dont l'issue incertaine peut entrer en contradiction avec le programme du MFA.
Citer ce document / Cite this document :
Joxe. Le Mouvement des Forces Armées portugaises. In: Politique étrangère N°6 - 1974 - 39e année pp. 659-687.
doi : 10.3406/polit.1974.1791
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1974_num_39_6_1791MOUVEMENT LE
DES FORCES ARMÉES PORTUGAISES
par Alain JOXE
Le Mouvement des Forces Armées portugaises est issu de
l'évolution paradoxale d'un corps expéditionnaire colonial qui
d'antigouvernemental devient antifasciste et socialiste. Dans une
première partie, on retrace les étapes de la prise de conscience
politique de l'année portugaise sur la base d'une revendication
professionnelle clandestinement organisée. Dans une deuxième
partie, on étudie les institutions mises en place par le MF A après
le coup du 25 avril pour appuyer son pouvoir hégémonique, légi
time mais non « légal », sur le gouvernement, sur les Forces
Années et sur le peuple, indépendamment de l'impulsion du pro
cessus électoral dont l'issue incertaine peut entrer en contradiction
avec le programme du MF A.
Par un processus typique, bien connu ailleurs et notamment dans
plusieurs exemples de coups d'Etat de gauche en Amérique latine des
années trente ou quarante, l'armée portugaise a glissé en un an et
demi à peine du stade de « la revendication professionnelle contre
les politiciens civils stupides qui ne comprennent rien aux problèmes
militaires et mettent en danger le prestige de l'Armée en favorisant
l'avancement d'officiers pour des raisons qui n'ont rien à voir avec
leurs qualités militaires », au stade de la mise en cause du gouver- 660 ALAIN JOXE
nement, du régime, du colonialisme, du capitalisme et de l'impéria
lisme.
Ce glissement est parfaitement récupérable sous forme de réfo
rmisme militaire populiste, ou éliminable par l'exercice du pouvoir et
l'obligation pratique où se trouvent les vertueux militaires vainqueurs
d'exercer sans délai des responsabilités dans une société capitaliste.
La question a déjà été tranchée plusieurs fois dans des cas semblab
les sans que l'impérialisme ou le capitalisme local ait eu autre chose
à redouter qu'une étape de modernisation salutaire. Cependant, l'his
toire est faite de surprises. Les Américains étaient tranquilles avec
Fidel Castro : on n'avait jamais vu un homme politique des Caraï
bes arrivant à abattre un dictateur par les armes, ne pas devenir
lui-même un dictateur très acceptable par les Américains. Ce n'est
donc pas parce qu'on n'a jamais vu une armée réformiste pousser
sa logique de révolte jusqu'à soutenir une révolution socialiste qu'on
ne pourra jamais voir cela. En attendant que les luttes du peuple
portugais en décident, un dossier sur le « Mouvement des Forces
Armées » est indispensable.
I. — LES ORIGINES DU MFA
Le MFA est né d'abord d'une série de revendications professionn
elles, d'abord contradictoires puis convergentes, du groupe des offi
ciers combattants de la guerre coloniale, mais dès le début cette r
evendication trouve des appuis dans des secteurs du commandement
militaire qui, il y a 12 ans au commencement de la guerre coloniale,
avaient mis en cause la doctrine officielle de Salazar (assimilant les
colonies à des provinces et la guerre coloniale à un combat pour
l'intégrité de la nation portugaise) et souhaitaient une forme de déco
lonisation à la française. Cette protection de certains généraux permet
au mouvement de se développer en échappant à la répression. La
vigueur de ces différents mouvements s'explique d'une part par les
difficultés insurmontables de la guerre coloniale, l'impossibilité évi
dente pour les militaires de remporter une victoire militaire dans un
conflit essentiellement politique et social ; d'autre part par les chan
gements dans le recrutement du corps des officiers, son ouverture
vers des couches plus populaires, rendue indispensable par la guerre
elle-même. L'impossibilité de la victoire et l'origine populaire des
nouvelles couches d'officiers n'expliquent pas tout mais expliquent PORTUGAL 661
la façon particulière dont les luttes de classes de la société civile
vont se refléter dans l'armée : il y a conflit entre officiers d'origine
populaire et officiers issus de l'ancien mode de recrutement élitiste,
mais il y a aussi un élargissement de l'influence des officiers popul
aires dont la revendication anti-hiérarchique et anti-politicienne arri
ve à englober l'ensemble des officiers combattants» y compris ceux
qui étaient issus des écoles militaires élitistes.
C'est cette alliance qui l'emporte le 25 avril et renverse le gouver
nement.
La tradition antifasciste dans l'armée portugaise
La révolte latente dans l'armée contre le régime salazariste est
une tradition qui ne s'est jamais complètement interrompue. Rappel
ons quelques antécédents :
1959 : Après l'échec de quelques tentatives qui paraissaient logi
ques depuis la défaite des puissances fascistes, il faut rappeler que
l'une des principales tentatives légales du renversement du régime
salazariste avait été lancée par la canditature d'un militaire, le génér
al Delgado. Après l'échec de cette tentative (1958), il se constitue
le 11-2-59 un Mouvement Militaire Indépendant qui tente un pre
mier coup technique, que Salazar réussit à démanteler par des mesur
es de sécurité. Les conspirateurs de l'époque n'étaient pas réell
ement prêts à se battre et concevaient l'opération comme une révolu
tion de Palais. L'adhésion du PC à l'affaire, puis son dégagement
en cours de préparation avaient démoralisé successivement deux types
d'officiers. Il n'y avait dans le programme du MMI aucune tendance
socialiste ni socialisante.
1961 : Cette tentative de coup d'Etat se situe tout au début des
guerres coloniales, (début des troubles en Angola, février 1961). Elle
est dirigée par le général Botelho Moniz, ministre de la Défense na
tionale, privé de son portefeuille par Salazar qui, en assumant lui-
même cette charge, (avril 1961) cherche à culpabiliser les militaires.
L'orientation du coup n'avait rien de démocratique et visait seule
ment à arrêter le conflit colonial et à substituer à la politique du
maintien à tout prix des « provinces d'outre-mer » une
néo-colonialiste inspirée par la décolonisation française (16 pays afri
cains deviennent indépendants en 1961). La conspiration reposait ALAIN JOXE 662
sur un diagnostic militaire simple : jamais le Portugal n'aurait la force
de mener une guerre sur quatre continents et le gouvernement se
préparait seulement à faire des militaires en Angola, comme à Goa
qui tombera en décembre 1961, les boucs émissaires d'une défaite
inévitable.
Dans ce complot au sommet, où trempait le maréchal Craveiro
Lopes, ancien président de la République, on trouve déjà le colonel
Costa Gomes, alors secrétaire d'Etat, et Marcelo Caetano qui succé
dera à Salazar, ainsi que certains personnages du monde des affaires
dont l'un deviendra et est aujourd'hui encore le président de la filiale
portugaise d'ITT. Le complot est déjoué essentiellement par l'action
du secrétaire d'Etat à l'aéronautique, Kaulza de Arriaga, officier fas
ciste « dur ». L'é

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents