Le mouvement syndicaliste en Italie - article ; n°1 ; vol.3, pg 41-58
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Description

Politique étrangère - Année 1938 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 41-58
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Luigi Contu
Le mouvement syndicaliste en Italie
In: Politique étrangère N°1 - 1938 - 3e année pp. 41-58.
Citer ce document / Cite this document :
Contu Luigi. Le mouvement syndicaliste en Italie. In: Politique étrangère N°1 - 1938 - 3e année pp. 41-58.
doi : 10.3406/polit.1938.5612
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1938_num_3_1_5612SYNDICALISME EN ITALIE1 LE
Bien que je ne sois dans l'organisation syndicale qu'un modeste exé
cuteur, je me sens infiniment honoré et heureux d'avoir pu m'entretenir
du syndicalisme italien devant un auditoire serein, certainement désireux
de rechercher, en dehors des oiseuses polémiques quotidiennes, les él
éments vitaux et essentiels d'une grande activité qui joue un rôle de tout
premier rang dans la vie moderne. Permettez-moi également — et il ne
s'agit nullement d'un simple acte de courtoisie — de vous exprimer toute
la satisfaction que j'éprouve à parler du syndicalisme fasciste à Paris. Il
faut en effet que vous sachiez combien nous, Italiens, sommes heureux de
reconnaître que notre organisation syndicale, telle que nous l'avons conçue
et mise sur pied, s'est inspirée, dans des proportions assez notables, de
la pensée française.
Je me propose d'attirer surtout votre attention sur Yactivité créatrice
du syndicalisme italien, sur l'influence qu'il a exercée dans la phase pré
paratoire du nouveau Régime, sur celle qu'il exerce aujourd'hui en plein
Régime, sur celle qu'il exercera certainement demain au sein de notre
société nationale définitivement édifiée et consolidée sur la base d'une plus
haute justice sociale. Et, au cours de mon exposé, je vous parlerai des
faits, non pas comme pourrait le faire un théoricien, mais en ma qualité
de simple militant syndicaliste, dont la modeste activité remonte à une
date déjà lointaine, l'année 1922.
Lorsqu'on porte un jugement sur l'action syndicale en Italie, on tombe
trop fréquemment dans une erreur : celle d'affirmer que le syndicalisme
fasciste est né après la conquête du pouvoir par le Fascisme ou, pis encore,
qu'il doit exclusivement son existence à un acte de coercition, qu'il n'est
qu'une manifestation artificieuse d'une force politique...
Je m'estimerai très heureux si je parviens à vous démontrer que cette
affirmation, source première d'un grand nombre d'autres erreurs que
1. Conférence faîte à Paris, au Musée Social, sous les auspices du Centre Français
d'Etudes Syndicales et Corporatives. Ce Centre demande à des orateurs de tous pays des
exposés sur les grands problèmes syndicaux. 42 LE SYNDICALISME EN ITALIE
ion commet lorsqu'on s'occupe des questions sociales italiennes, ne repose
sur aucun fondement.
Il est regrettable que l'histoire politique de l'Italie, du moins jusqu'au
début de la conflagration européenne, ait été peu connue hors de nos fron
tières. Sinon, nul n'ignorerait que l'organisation syndicale fasciste, telle
qu'elle existe aujourd'hui, puise ses plus lointaines origines dans le mou
vement syndicaliste italien, qui s'est manifesté à l'aube de ce siècle. Plus
encore qu'à une activité politique, au sens strict de ce mot, ce mouvement
avait été redevable de sa vitalité à la diffusion d'un état d'esprit en réaction
contre le socialisme qui avait transféré son terrain de lutte dans un par
lement, alors dominé et empoisonné par les trop habiles combinaisons
gouvernementales de Giolitti.
Je viens de faire allusion, il y a un instant, à l'influence que la pensée
rançaise a exercée sur cette réaction spirituelle. Elle a été telle que, bon
nombre d'années plus tard, Mussolini a pu dire que « dans le grand fleuve
du Fascisme ont afflué les courants nés de la pensée des Sorel, des Péguy,
des Lagardelle ».
Ne craignez pas que je veuille vous entraîner trop loin dans l'étude de
la genèse de ce mouvement et que j'aie l'intention de m'attarder dans
mon exposé. Je ne puis cependant passer sous silence certains faits qui
soulignent l'essence révolutionnaire du syndicalisme fasciste, essence qui
n'a rien perdu de sa nature, bien que ce soit devenu une
force légale, opérant dans le cadre d'un Etat totalitaire.
Les origines du mouvement
En 1906, Enrico Leone, Arturo Labriola, Paolo Orano actuellement
député fasciste, et Angelo Oliviero Olivetti qui fut l'un des premiers
à donner son adhésion au Fascisme, se détachent avec éclat du parti
socialiste.
En accord avec plusieurs des dirigeants des nouvelles organisations
syndicales à peine naissantes, ces dissidents proclament que, dans l'intérêt
des travailleurs, il faut inaugurer une politique syndicale d'action directe
et renoncer à une politique socialiste de caractère parlementaire. Pour
travailler à leur libération et conquérir tout le pouvoir, politique et éc
onomique, les travailleurs, affirment-ils, doivent uniquement compter sur
leurs propres forces et adopter une tactique nettement révolutionnaire.
Il va de soi que, pour atteindre le but, il faut, déclarent-ils encore, favoriser
parmi les masses ouvrières l'éclosion d'un mouvement spirituel d'élé- LE SYNDICALISME EN ITALIE 43
vation morale, ainsi que la formation d'élites destinées à prendre la tête
du mouvement pour arriver à conquérir le pouvoir.
Dès le premier instant, la doctrine de ce syndicalisme se révèle typ
iquement italienne, intransigeante et absolue. Elle se soucie fort peu de
faire miroiter aux yeux des foules le mirage du succès d'une réalisation
immédiate. La question des salaires n'est pas pour elle l'unique ou la plus
importante Dans sa pensée, le travailleur, agent de la production mais
esclave de sa tyrannie, doit avant tout reconquérir sa dignité et, pour cela,
se retremper dans une école de sacrifice et même d'héroïsme si c'est né
cessaire.
Ne retrouvez-vous pas, dans cette doctrine, l'écho des idées de Sorel,
lorsque celui-ci déclarait que l'histoire, en tant que libre processus des
forces spirituelles, n'est pas sujette à des déterminismes, mais qu'elle
est faite par ceux qui ont la capacité et la force de la créer au moyen d'une
action violente qui soit à même de briser ce qui est vieux, désuet et déjà
constitué, et de créer quelque chose de nouveau et de différent, fût-ce en
utilisant des mythes et des idéologies...
Les principes généraux une fois posés, la sécession syndicaliste ne tarde
pas à recourir à l'action pratique et concrète. Les syndicalistes déclenchent
et dirigent trois grandes grèves, celle de Terni qui éclata en 1907 et dura
quatre-vingt-treize jours, celle d'Argenta la même année, celle de Parma
en 1908 qui dura également fort longtemps, marquent des dates historiques.
La Confédération Générale du Travail, fondée en 1906, penchait vers
le Réformisme. Elle ne se contente pas de blâmer l'action syndicaliste.
Elle prononce l'anathème contre les chefs les plus hardis du mouvement.
La même année, Mussolini qui milite déjà dans le parti socialiste se
déclare spirituellement solidaire avec le premier acte d'action directe,
dont les syndicalistes ont pris l'initiative.
Le 14 mars 1908, il écrit en effet que « l'émancipation des travailleurs
doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ». En 1909, nous lisons
sous sa plume, dans un article, « La théorie syndicaliste », publié dans les
colonnes du Popolo di Trento, la déclaration suivante : « Je crois que c'est
de la masse ouvrière, purifiée par la pratique syndicaliste, que sortira le
nouveau caractère humain. »
Le fait que Mussolini et le syndicalisme ont trouvé, en cette circonstance,
un commun terrain d'accord, le fait qu'ils se sont rejoints, n'est nullement,
un phénomène fortuit. Et, en effet, ne tardera pas à poindre le jour où la
patrouille syndicaliste, tout entière, ou presque tout entière, {se groupera
autour de Mussolini en qui elle reconnaîtra son chef. En fait, existait
déjà une profonde affinité entre la pensée et l'action politique de Mussolini
qui s'efforçait d'engager le socialisme dans une voie plus vivante et plus 44 LE SYNDICALISME

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