Le Mozambique un an après l indépendance - article ; n°5 ; vol.41, pg 433-458
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Description

Politique étrangère - Année 1976 - Volume 41 - Numéro 5 - Pages 433-458
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Colin
Le Mozambique un an après l'indépendance
In: Politique étrangère N°5 - 1976 - 41e année pp. 433-458.
Citer ce document / Cite this document :
Colin. Le Mozambique un an après l'indépendance. In: Politique étrangère N°5 - 1976 - 41e année pp. 433-458.
doi : 10.3406/polit.1976.1706
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1976_num_41_5_1706LE MOZAMBIQUE
UN AN APRÈS L'INDÉPENDANCE
par Jean-Pierre COLIN *
Les informations dont dispose l'observateur occidental sur les
problèmes actuels du Mozambique sont rares, partielles, presque
toujours orientées et il en est allé ainsi aussi bien pendant la guerre
coloniale qu'après l'indépendance. Ce ne sont pas tant les faits eux-
mêmes qui restent dans l'ombre ; avec parfois un certain retard, ils
finissent par être connus : ce sont, tout spécialement au sein du
FRELIMO, et tout au long de son histoire, les enjeux des luttes
politiques qu'il est difficile de déterminer avec certitude. A un
moment où le Mouvement de Libération est devenu constitution-
nellement le Parti unique du nouvel Etat, c'est pourtant là une tâche
essentielle ; elle ne peut être esquivée, à moins de courir le risque
de rester prisonnier d'un discours officiel.
Le FRELIMO (Front de Libération de Mozambique) est né le
25 juin 1962 — on choisira plus tard le treizième anniversaire de
cette date pour la proclamation de l'indépendance — de la fusion de
trois mouvements apparus dans les années précédentes (UDENAMO,
MANU, UNAMI) et a tenu son premier congrès au mois de sep
tembre 1962, à Dar-es-Salam (1). Trois hommes sont alors portés
à sa tête, on ne cessera de les retrouver par la suite, mais dans un
contexte conflictuel : Eduardo Mondlane, de formation protestante,
ancien professeur à l'Université de Syracuse aux Etats-Unis, élu
Président ; le Père Uriah Simango, un prêtre, élu vice-président ;
(*) Professeur à l'Université de Reims.
(1) Sur le cours des événements au Mozambique depuis cette époque, on peut
consulter la chronique consacrée à ce pays depuis 1963 par l'Année Africaine,
publiée par les soins du Centre dirigé à Bordeaux par le professeur D. Lavroff. 434 JEAN-PIERRE COLIN
Marcelino Dos Santos, militant de gauche très connu en Europe,
ancien étudiant à Paris, nommé secrétaire aux relations extérieures.
Le FRELIMO est, au départ, un rassemblement ouvert à des
forces politiques diverses et la comparaison sera souvent faite avec
le F.L.N. algérien, le F.N.L. vietnamien. Sa relative diversité ori
ginaire explique sans doute pourquoi, dès les premières années, il
fut le lieu de conflits politiques, souvent implacables, tout le pro
blème étant précisément d'en suivre le cours. L'information dont
dispose l'observateur étranger lui parvient toujours très tardivement ;
elle a rigoureusement un caractère officiel et elle est essentiellement
destinée à un usage interne ; tous les conflits ne font d'ailleurs pas
l'objet d'une information mais, semble-t-il, seulement ceux qui
conduisent à des éliminations au sein de l'organisation. Lorsqu'on
tente de comprendre l'évolution politique du FRELIMO, on en est
ainsi réduit à interpréter, comme des à-coups, les conflits majeurs,
tout en ignorant généralement les événements qui les ont précédés
Avec le temps, peu à peu, du fait notamment du comportement
ultérieur adopté par certains dissidents, certaines lignes de force
apparaissent avec plus de netteté.
Dès 1963, en mai, puis en octobre, deux scissions éclatent au
sein du FRELIMO, avec en particulier la reconstitution de
l'UDENAMO. L'équipe dirigeante reste néanmoins inchangée et ses
difficultés n'empêchent pas le Front de poursuivre son effort d'équ
ipement en s' adressant aussi bien au « comité des neuf » de l'O.U.A.
— dont la politique hésitante sera longtemps critiquée — que dire
ctement à certains pays africains, la Tanzanie, l'Algérie. Le 25 sep
tembre 1964, le FRELIMO «proclame solennellement l'insu
rrection générale armée du peuple du Mozambique contre le colonia
lisme portugais », en vue d'obtenir l'indépendance complète du
Mozambique et « l'instauration d'un ordre nouveau, populaire et
social ». Le FRELIMO, dans ce recours à la lutte armée, a un temps
de retard sur ses homologues, le PAIGC en Guinée-Bissau, le
M.P.L.A. en Angola. Depuis longtemps déjà néanmoins, ses mili
tants font front commun avec les révolutionnaires guinéens et angol
ais : Dos Santos a été, dans les années précédentes, secrétaire du
congrès des organisations nationalistes portugaises. A la suite d'un
voyage d'E. Mondlane en Europe, le FRELIMO obtient à son tour
l'appui — et l'aide militaire — des Etats socialistes. MOZAMBIQUE 435
Le second congrès du FRELIMO n'aura lieu qu'en 1968, au mois
de juillet, sur le territoire mozambicain cette fois : les opérations mil
itaires engagées dans le nord du pays ont, dès cette époque, permis
la libération de certaines zones. Entre-temps, un nouveau mouve
ment était apparu, le 22 juin 1965, le COREMO (comité révolu
tionnaire du Mozambique), lui-même issu de la fusion de plusieurs
organisations dont l'UDENAMO reconstituée. Ses dirigeants est
iment que le FRELIMO a une direction réactionnaire et s'attribue
des succès mensongers. E. Mondlane réplique en soutenant que le
COREMO est la coalition précaire de dirigeants évincés de la
hiérarchie du FRELIMO auquel ils n'avaient adhéré que dans
l'espoir d'y occuper des postes de premier plan. Il est difficile d'en
savoir davantage : ce qui est certain, c'est que dans les années
suivantes, c'est l'action du FRELIMO qui, seule, retient l'attention,
en particulier sur le plan militaire, toujours dans le nord du pays. A
cet égard, 1967 aura été une année décisive, avec l'utilisation de
l'artillerie lourde et l'extension des zones libérées.
C'est cependant au sein même du FRELIMO que d'autres conflits
se développent, marqués notamment par l'élimination du Père
Mareus Gwenjere en mars 1968. Ce dernier sera, par la suite, pré
senté comme un agent portugais introduit dans le FRELIMO (2).
Il n'en reste pas moins que, professeur à l'école secondaire du Front
à Dar-es-Salam, il avait l'appui de nombreux élèves, de certains
dirigeants et, au moins un temps, de l'administration tanzanienne. Il
s'est trouvé tout spécialement en conflit avec les révolutionnaires
d'origine européenne, avec l'épouse d'E. Mondlane, elle-même d'ori
gine américaine, et il sera accusé de se servir d'arguments racistes.
Le conflit atteindra le seuil de la violence puisqu'une action de
commando aura lieu contre le siège du Front à Dar-es-Salam, entraî
nant la mort d'un membre du comité central, Mateus Mutemba ;
elle sera suivie de la fermeture de l'école du Front, ce qui aura des
conséquences assez graves en retardant la formation de cadres qual
ifiés.
Toujours est-il que le deuxième congrès consacrera l'emprise
d'E. Mondlane sur l'organisation : elle sera de courte durée. L'hom-
(2) Voir à ce sujet, par exemple, « Le temps des épreuves », par Jain Christie,
in Afrique-Asie, n° 109, pp. XXII et s. 436 JEAN-PIERRE COLIN
me a déjà un grand prestige, il est en mesure de jouer un rôle compar
able à celui des plus grands militants de l'Afrique, Ben Barka,
Amilcar Cabrai. Comme eux, il est pour certains l'homme à abattre.
Le 3 février 1969, il est assassiné à Dar-es-Salam. Selon le
FRELIMO, le crime a été commis par la police secrète portugaise,
mais avec la complicité d'agents au sein du Front lui-même. C'est
qu'en effet, le deuxième congrès n'a pas mis un terme à toutes les
dissensions internes. Le secrétaire du FRELIMO pour la pro
vince de Cabo Delgado, Lazaro Kawandame, ne s'est pas fait repré
senter à ce congrès. Petit planteur, il aurait été inquiet devant les
orientations anti-capitalistes du mouvement. Appartenant à la prin
cipale ethnie de Cabo Delgado, les Makonde, il aurait, en outre, été
tenté par l'aventure de l

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