Le problème de l immigration en Russie - article ; n°3 ; vol.59, pg 749-759
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Description

Politique étrangère - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 3 - Pages 749-759
The Problem of Immigration into Russia, by Wendy Slater
The article examines the threefold immigration problem currently facing Russia : the influx of refugees from the developing world who hope eventually to reach the West, and the large numbers of non-Russians and ethnie Russians entering the country from the other former Soviet republics. The institutions established recently to tackle immigration are insufficiently funded and often find themselves in conflict with other agencies, both Russian and international. Legislation on the status of immigrants is also confused. The most pressing issue, however, is that of Russian immigration into Russia. This has implications for domestic policies : the immigrants are regarded as a potential solution to the problem of rural depopulation and are prevented from entering densely populated régions. The exodus of ethnie Russians from the other former Soviet republics may also affect Russia's relations with these countries, which it has accused of discriminating against their Russian populations.
L'article analyse le triple problème de l'immigration auquel la Russie se trouve confrontée aujourd'hui : l'afflux de réfugiés en provenance des pays en développement qui espèrent finalement rejoindre l'Occident, ainsi que les nombreux immigrants non russes et les Russes vivant en dehors de la Fédération russe qui quittent les nouveaux Etats indépendants pour la Russie. Les institutions qui viennent d'être créées pour régler le problème de l'immigration sont trop récentes et se heurtent souvent à d'autres organismes, russes et internationaux. La législation sur le statut des immigrants est elle-même floue. Cependant, le problème le plus urgent est celui de l'immigration russe. Cette situation a des conséquences sur la politique intérieure : les immigrants sont censés apporter une solution au problème de la désertification des campagnes ; on les dissuade de rejoindre les régions surpeuplées. L'afflux d'immigrants russes en provenance des autres régions de l'ex-Union soviétique peut influer sur les relations de la Russie avec ces régions, qu'elle a accusées d'adopter des mesures discriminatoires à l'encontre de leurs populations russes.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 91
Langue Français

Extrait

Slater
Marie-Claude De Saint-Hilaire
Le problème de l'immigration en Russie
In: Politique étrangère N°3 - 1994 - 59e année pp. 749-759.
Citer ce document / Cite this document :
Slater, De Saint-Hilaire Marie-Claude. Le problème de l'immigration en Russie. In: Politique étrangère N°3 - 1994 - 59e année
pp. 749-759.
doi : 10.3406/polit.1994.4309
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1994_num_59_3_4309Abstract
The Problem of Immigration into Russia, by Wendy Slater
The article examines the threefold immigration problem currently facing Russia : the influx of refugees
from the developing world who hope eventually to reach the West, and the large numbers of non-
Russians and ethnie Russians entering the country from the other former Soviet republics. The
institutions established recently to tackle immigration are insufficiently funded and often find themselves
in conflict with other agencies, both Russian and international. Legislation on the status of immigrants is
also confused. The most pressing issue, however, is that of Russian immigration into Russia. This has
implications for domestic policies : the immigrants are regarded as a potential solution to the problem of
rural depopulation and are prevented from entering densely populated régions. The exodus of ethnie
Russians from the other former Soviet republics may also affect Russia's relations with these countries,
which it has accused of discriminating against their Russian populations.
Résumé
L'article analyse le triple problème de l'immigration auquel la Russie se trouve confrontée aujourd'hui :
l'afflux de réfugiés en provenance des pays en développement qui espèrent finalement rejoindre
l'Occident, ainsi que les nombreux immigrants non russes et les Russes vivant en dehors de la
Fédération russe qui quittent les nouveaux Etats indépendants pour la Russie. Les institutions qui
viennent d'être créées pour régler le problème de l'immigration sont trop récentes et se heurtent
souvent à d'autres organismes, russes et internationaux. La législation sur le statut des immigrants est
elle-même floue. Cependant, le problème le plus urgent est celui de l'immigration russe. Cette situation
a des conséquences sur la politique intérieure : les immigrants sont censés apporter une solution au
problème de la désertification des campagnes ; on les dissuade de rejoindre les régions surpeuplées.
L'afflux d'immigrants russes en provenance des autres régions de l'ex-Union soviétique peut influer sur
les relations de la Russie avec ces régions, qu'elle a accusées d'adopter des mesures discriminatoires
à l'encontre de leurs populations russes.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 749
wendy slater • Le Probl.ème de l'immigration
en Russie
Parmi l'immigration les problèmes de masse auxquels est l'un est des aujourd'hui plus graves. confrontée Dans les la années Russie, à
venir, pourvoir aux besoins de ces immigrants pourrait, selon certains,
« se révéler un problème majeur — de même nature que celui de la sécurité
nationale » [1]. En outre, comme il en va de même pour de multiples autres
problèmes liés à la transition du socialisme d'Etat à l'économie de marché et
à l'effondrement de l'Union soviétique, la Russie a une expérience limitée en
matière d'immigration. Un observateur de l'Office of the Geographer du
département d'Etat américain, faisait remarquer : « Historiquement, l'Union
soviétique n'est pas un pays de destination pour les réfugiés ; la plupart des
Etats successeurs ont été obligés d'accueillir des flux de avant même
d'avoir adopté leur propre loi sur les réfugiés ou même sur l'immigration » [2].
La Russie ne doit pas seulement faire face au problème des réfugiés des pays
en développement. Elle doit aussi, à une échelle d'une ampleur unique parmi
les Etats successeurs de l'ex-Union soviétique, accueillir une immigration
massive de populations de souche et de langue russe en provenance de ces
autres Etats. En raison de ses implications sur les relations de la Russie avec
les autres Etats et avec ses propres citoyens en fonction du traitement qu'elle
leur réserve, ce dernier phénomène préoccupe particulièrement les autorités
russes. Le caractère nouveau du problème de l'immigration a accru les
difficultés rencontrées par les dirigeants russes face à cette vague inattendue
de réfugiés ; il a aussi entraîné une confusion considérable dans la terminolog
ie appliquée aux réfugiés et autres migrants. La législation adoptée en
février 1993 a cependant introduit une distinction importante entre réfugiés et
migrants forcés. Un réfugié est, par essence, une personne cherchant à se
soustraire à un danger dans son propre pays mais n'ayant pas droit à la
citoyenneté russe. Par contre, un migrant forcé jouit déjà de la citoyenneté
russe ou est habilité à l'obtenir ; relève aussi de cette catégorie, tout résident
permanent de la Fédération de Russie. Dès lors que Tes immigrants —
réfugiés ou migrants forcés — ont acquis le statut officiel correspondant à
l'une ou l'autre catégorie, les uns et les autres ont droit à une aide sensible
ment comparable des agences du gouvernement russe, incluant, le cas échéant,
une assistance dans la recherche d'un logement et d'un emploi. La presse ne
* Traductrice, diplômée de l'université de Cambridge.
** Cet article a été publié dans RFE/RL Research Report, vol. 3, n° 26, 1er juillet 1994. Il a été
traduit par Marie-Claude de Saint-Hilaire. 750 1 POLITIQUE ÉTRANGÈRE
fait cependant pas toujours la distinction entre réfugiés et migrants forcés et il
en résulte une certaine imprécision dans les chiffres cités pour les immigrants.
En outre, l'aide à laquelle, en vertu de la loi de février, ces populations ont
légalement droit, fait souvent défaut [3].
Quoique les mouvements de masse de réfugiés aient commencé dès 1988-
1989, avec le conflit arméno-azerbaïdjanais et le massacre des Turcs Meshkets
dans la vallée de Fergana en Ouzbékistan, il fallut attendre juin 1992 pour
que soit établie, en Russie, une agence spéciale consacrée au problème de
l'immigration, le Service fédéral des migrations (SFM). Ce décalage dans la
mise sur pied d'agences spécifiquement chargées des réfugiés et autres immig
rants montre combien le gouvernement russe était peu préparé à faire face
au problème. Depuis le début de l'année 1992, le Comité des migrations du
ministère du Travail traitait la plupart des questions d'immigration ; dès lors,
ses fonctions furent assumées par le SFM, organisme chargé à la fois du
contrôle des réfugiés des pays en développement et des républiques de l'ex-
Union soviétique, et des immigrants russes en provenance de l'ex-Union
soviétique (c'est-à-dire des migrants forcés). Cette double fonction représente
une tâche considérable que l'agence, manquant chroniquement de ressources
financières, est mal équipée pour assumer. (En novembre 1993, le Service
fédéral des migrations s'est plaint de n'avoir reçu que 36 milliards de roubles
pour l'année sur un total promis de 110 milliards. Ce chiffre est cependant
supérieur à celui de juillet 1993 qui faisait état de 24 milliards de roubles. Or,
à cette époque, le SFM estimait qu'aux prix de janvier 1993, 240 milliards de
roubles lui seraient nécessaires pour remplir ses obligations légales à l'égard
des réfugiés et migrants forcés [4].)
Les réfugiés des pays en développement
Dans la mesure où les autorités russes chargées de l'immigration traitent aussi
bien du cas des citoyens russes et des citoyens de l'ex-Union soviétique que
de celui des étrangers en provenance de pays plus lointains, il n'est pas
surprenant que les premiers fassent l'objet d'une attention plus soutenue que
les seconds (réfugiés et immigrants des pays en développement). Ce type
d'immigration se révèle pourtant problématique en raison de l'insuffisance des
mécanismes et des ressources qui y sont consacrées.
La législature russe a ratifié la Convention de Genève de 1951 sur le

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