Les élections américaines et la politique étrangère des Etats-Unis - article ; n°6 ; vol.1, pg 29-47
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les élections américaines et la politique étrangère des Etats-Unis - article ; n°6 ; vol.1, pg 29-47

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1936 - Volume 1 - Numéro 6 - Pages 29-47
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R.-L. Buell
Les élections américaines et la politique étrangère des Etats-
Unis
In: Politique étrangère N°6 - 1936 - 1e année pp. 29-47.
Citer ce document / Cite this document :
Buell R.-L. Les élections américaines et la politique étrangère des Etats-Unis. In: Politique étrangère N°6 - 1936 - 1e année pp.
29-47.
doi : 10.3406/polit.1936.5570
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1936_num_1_6_5570ÉLECTIONS AMÉRICAINES ET LES
LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DES ÉTATS-UNIS
La majorité étonnante obtenue par le Président Roosevelt a naturelle
ment fait naître bon nombre de conjectures quant à la future politique
étrangère des États-Unis. Cette majorité signifie-t-elle que le Président
aura virtuellement les mains libres, en fait de politique étrangère, pendant
les quatre années qui viennent? Pourra-t-il, non seulement intensifier
le programme douanier Hull, mais aussi obtenir du Sénat l'entrée des Etats-
Unis à la Cour permanente de justice internationale de La Haye et le vote
de mesures législatives lui donnant un pouvoir discrétionnaire? Ira-t-il
jusqu'à convoquer une conférence mondiale de la Paix, selon la prédiction
du New York Times, il y a un mois ou deux.
Si l'on peut trouver la réponse à ces questions dans un examen histo
rique de la politique étrangère des Etats-Unis, il convient d'être prudent
en ce qui concerne la signification de la grande majorité obtenue par le
Président. Sans aucun doute, son prestige et son autorité ont été renforcés
par ce succès. La retraite du Père Coughlin et la défaite subie par la Presse
Hearst, tous deux violents adversaires d'une politique de coopération,
rendent possible une politique étrangère plus constructive. Pendant la
campagne électorale, certains Américains influents ont pris parti pour le
Président Roosevelt en raison du programme douanier Hull et de l'accord
monétaire récent avec la Grande-Bretagne et la France. Un certain nombre
d'électeurs ont cru que dans la crise actuelle il serait dangereux d'élire
comme président un homme du Centre-Ouest qui n'avait aucune connais
sance des affaires internationales. Néanmoins, cette grande majorité
populaire a été la victoire d'une personnalité et non d'un programme
concret, particulièrement de caractère international. De plus, les major
ités du Président, au Congrès, sont si importantes qu'elles manqueront
probablement de discipline. Le programme du parti démocrate, en 1936,
a gardé le silence sur certaines questions de politique internationale sujettes 30 LES ÉLECTIONS AMÉRICAINES ET
à controverses, telles que la coopération avec l'Europe. Il est certain que
le Président, en formulant de nouveaux développements de politique
étrangère, devra tenir compte des vues traditionnelles du peuple américain
et des susceptibilités du Sénat de Washington.
La conscience capitaliste des États-Unis
Les Etats-Unis sont nés, il y a plus de cent ans, d'une expérience volont
aire de liberté. Les fondateurs de la république ont voulu créer une patrie
pour l'homme du commun, dans laquelle le plus humble aurait des chances
de réussir. En jetant maintenant un regard en arrière, des Américains se
demandent si cette expérience a tout à fait réussi. Pourtant, il est imposs
ible de douter de la sincérité des fondateurs de la république, aussi bien
en considérant leur objectif que leurs méthodes de réalisation.
Pour réaliser les principes de liberté, les pères de la république améri
caine ont mis en œuvre deux politiques. Dans le champ des affaires
intérieures, ils adoptèrent lé principe d'un capitalisme qui était moins
du « laissez-faire » que de la spéculation. Dans le champ de la politique
étrangère, le principe de l'isolement. Ces deux principes réussirent assez
bien jusqu'à ces dernières années. C'est le capitalisme spéculatif qui pro
duisit de grandes fortunes pour un petit nombre d'hommes, et qui donna
aussi aux masses ce qui est encore le plus haut niveau de vie du monde.
Les ressources de l'Amérique étaient si grandes que presque tous les
individus capables d'efforts avaient la chance de faire « une carrière ». La
frontière était un débouché pour les chômeurs. Des entreprises de grande
envergure et le plus grand marché mondial fondé sur le libre échange
permettaient une énorme production. Pourtant, même avant la crise
de 1929, les défauts de ce système apparurent. Il y avait une concentration
croissante des richesses, et des combinaisons industrielles chassèrent la
concurrence malgré les lois contre les trusts; les locations de fermes
s'étendirent, particulièrement dans le sud, l'agriculture fut chargée de
dettes excessives et la spéculation grandit. Peu d'Etats pratiquaient les
assurances sociales.
Avec la crise de la première élection du Président Roosevelt en 1932,
les États-Unis abandonnèrent — avec une rapidité qui, à certains égards,
est surprenante — la psychologie capitaliste du passé. Les quatre années
qui viennent de s'écouler ont montré un effort pour s'éloigner d'une éco
nomie spéculative en faveur d'une sorte de capitalisme dirigé.
Rejetant la proposition de déflation, le gouvernement essaya de renflouer POLITIQUE ÉTRANGÈRE DES ÉTATS-UNIS 31 LA
le vaisseau du capitalisme par la reflation. Ce fut la dévaluation du dollar
et la politique de monnaie à bon marché représentée par l'expansion
des réserves bancaires et un déficit budgétaire; ce fut la création d'insti
tutions comme la Reconstruction Finance Corporation, la Home Owners Coan
Corporation (prêts aux propriétaires) et la Farm Mortgage Corporation
(hypothèques sur les fermes), qui étendirent les crédits du gouvernement,
non seulement aux grandes entreprises telles que les chemins de fer et les
banques, mais encore aux petits propriétaires et aux petits fermiers.
De même, le gouvernement, bien qu'avec des résultats relativement
faibles en ce qui concerne la reprise économique, s'est embarqué dans un
programme de travaux publics et de constructions. Il a établi, pour la
première fois dans l'histoire de l'Amérique, un système de secours fédéral
selon lequel, le gouvernement fournit du travail à ceux qu'on appelle
les « employables », et dont la charge est laissée aux différents États de
l'Union. Enfin, il a essayé d'augmenter le pouvoir d'achat, et par là de
hâter la reprise économique, par l'intermédiaire de la National Recovery
Administration, qui a formulé des codes pour l'industrie semblables
à certains égards aux contrats collectifs du gouvernement Blum, et par
l'entremise de Y Agricultural Administration qui versa des subventions
aux fermiers américains, en échange d'une diminution de la production.
Ces deux dernières mesures ont été déclarées inconstitutionnelles par la
Cour suprême.
En plus de ces premières réalisations, dont la reprise économique
est le but immédiat, le gouvernement a exécuté un grand nombre de réformes.
En ce qui concerne la main-d'œuvre et la sécurité sociale, elle a fait voter
deux lois. L'une déclarant que les employés ont le droit de s'organiser
et de traiter collectivement, par l'intermédiaire de représentants de leur
choix; l'autre établissant un système assez compliqué d'assurances-chô
mage et de pensions pour la vieillesse. Dans le champ de la finance, plu
sieurs mesures d'importance fondamentales ont été prises. La loi bancaire
de 1933 obligeait les banques commerciales à se séparer de leurs affiliées
chargées du service des titres, tandis que le Securities Act de 1 933 rendait
les directeurs responsables, non seulement des fausses déclarations dans
les prospectus concernant les valeurs, mais aussi de l'omission de faits
importants, et plaçait enfin l'émission de ces valeurs sous le contrôle d'une
Securities and Exchange Commission qui a, elle aussi, de larges pouvoirs
de contrôle sur tout échange de valeurs dans le pays. La loi bancaire
de 1935 a augmenté les pouvoirs du Federal Reserve System sur les banques
qui en sont membres et sur le crédi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents