Les élections en Inde - article ; n°3 ; vol.36, pg 301-317
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Description

Politique étrangère - Année 1971 - Volume 36 - Numéro 3 - Pages 301-317
Les 5mes élections générales de l'Inde ont eu lieu en mars dernier, soit un an avant la consultation normalement prévue pour 1972. Mme Gandhi dirigeait un gouvernement minoritaire depuis qu'une fraction du Congres, le parti dominant, avait rejoint l'opposition de droite qui était sortie elle-même très renforcée de la précédente consultation électorale. En dissociant pour la première fois les élections à la Chambre basse du Parlement fédéral des assemblées législatives régionales, et en mobilisant les masses indiennes sur quelques slogans nationaux, le Premier Ministre a obtenu un véritable plébiscite en sa faveur. Mais ce succès massif, et les menaces de guerre civile et de famine qui se dessinent aux frontières mêmes du Bengale indien, condamnent le Congrès à répondre très vite aux espérances qu'il a fait lever dans l'ensemble du sous-continent.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Violette Graff
Les élections en Inde
In: Politique étrangère N°3 - 1971 - 36e année pp. 301-317.
Résumé
Les 5mes élections générales de l'Inde ont eu lieu en mars dernier, soit un an avant la consultation normalement prévue pour
1972. Mme Gandhi dirigeait un gouvernement minoritaire depuis qu'une fraction du Congres, le parti dominant, avait rejoint
l'opposition de droite qui était sortie elle-même très renforcée de la précédente consultation électorale. En dissociant pour la
première fois les élections à la Chambre basse du Parlement fédéral des assemblées législatives régionales, et en mobilisant les
masses indiennes sur quelques slogans nationaux, le Premier Ministre a obtenu un véritable plébiscite en sa faveur. Mais ce
succès massif, et les menaces de guerre civile et de famine qui se dessinent aux frontières mêmes du Bengale indien,
condamnent le Congrès à répondre très vite aux espérances qu'il a fait lever dans l'ensemble du sous-continent.
Citer ce document / Cite this document :
Graff Violette. Les élections en Inde. In: Politique étrangère N°3 - 1971 - 36e année pp. 301-317.
doi : 10.3406/polit.1971.1979
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1971_num_36_3_1979LES ÉLECTIONS EN INDE
par Violette GRAFF
Les 5me* élections générales de l'Inde ont eu lieu en mars dernier,
soit un an avant la consultation normalement prévue pour 1972.
Mme Gandhi dirigeait un gouvernement minoritaire depuis qu'une
fraction du Congrès, le parti dominant, avait rejoint l'opposition
de droite qui était sortie elle-même très renforcée de la précédente
consultation électorale. En dissociant pour la première fois les
élections à la Chambre basse du Parlement fédéral des assemblées
législatives régionales, et en mobilisant les masses indiennes sur
quelques slogans nationaux, le Premier Ministre a obtenu un
véritable plébiscite en sa faveur. Mais ce succès massif, et les me
naces de guerre civile et de famine qui se dessinent aux frontières
mêmes du Bengale indien, condamnent le Congrès à répondre
très vite aux espérances qu'il a fait lever dans l'ensemble du sous-
continent.
Au moment même où les dirigeants du Pakistan voisin perdent le
contrôle de forces centrifuges qui n'ont jamais cessé, au cours des
siècles, de menacer les constructions politiques successives du sous-
continent indien, Mme Indira Gandhi vient de donner une étonnante
démonstration des possibilités de rassemblement national des peuples
de l'Union indienne autour d'un leader prestigieux. Plus des deux-
tiers des sièges de la Chambre basse du Parlement fédéral assurés
au parti gouvernemental du Congrès lors des récentes élections
générales ; 64 millions d'électeurs (soit 44 % de ceux qui ont exprimé
des suffrages valides) plébiscitant le Premier Ministre : il s'agit-là
d'une victoire sans précédent pour Mme Gandhi. Et ce succès est
d'autant plus remarquable que ces hommes et ces femmes — qui ne
parlent pas moins de quatorze langues officielles — appartiennent à
des groupes socio-économiques, des ethnies, des cultures, des com
munautés religieuses extrêmement diverses, parfois antagonistes...
Affirmant ainsi son pouvoir à New-Delhi, redonnant à son parti la
possibilité de se faire entendre dans la plupart des Etats de l'Union
qui lui avaient échappé depuis 1967, Mme Gandhi pouvait se croire
dégagée des contraintes politiques qui pesaient sur son action depuis
des années : l'affaire du Bangla Desh représente à cet égard une 302 GRAFF
catastrophe pour son gouvernement et pour l'Inde toute entière, dans
la mesure où tout l'effort de développement et la recherche de l'apa
isement dans les régions saisies par la violence (comme le Bengale
occidental) seront remis en question par l'évolution de la situation au
Pakistan.
Il reste que les élections indiennes, même si elles paraissent aujour
d'hui dépassées par une actualité en évolution rapide, marquent une
date dans l'histoire de l'Inde indépendante. Nul n'aurait osé prévoir
en effet, il y a quelques semaines, que le pays pouvait encore retar
der, voire stopper le processus de fragmentation politique entamé en
1967 avec les 4e élections générales, ni se donner mieux qu'un régime
fragile de coalitions au niveau des Etats de l'Union. Tout au plus
pouvait-on espérer qu'au fédéral le parti du Congrès parvien
drait à emporter une majorité qui lui éviterait de rechercher les sou
tiens contraignants auxquels Mme Gandhi était condamnée depuis la
scission du parti en 1969.
Un gouvernement minoritaire.
Mme Gandhi se trouvait, rappelons-le, à la tête d'un gouvernement
minoritaire. Elle était parvenue, en novembre 1969, à la faveur d'une
crise ouverte sur la sélection d'un candidat à la Présidence de la Ré
publique, à se débarrasser de la tutelle encombrante d'un certain
nombre de hautes personnalités congressistes qui entendaient assurer
la suprématie de l'appareil du parti sur le groupe parlementaire et
sur le gouvernement : vieille querelle qui avait en d'autres temps
compliqué la démarche du Pandit Nehru, et qui entravait celle de sa
fille bien plus encore. La scission intervenue allait permettre au Pre
mier Ministre de rénover le parti. Dans l'immédiat cependant, cette
scission affaiblissait sensiblement des positions parlementaires déjà
très menacées depuis les élections générales de 1967. Soixante-trois
députés congressistes ayant formé un Congrès de l'Opposition, Mme
Gandhi ne pouvait plus compter à la Chambre basse, le Lok Sabha,
que sur 222 députés (majorité : 261), et elle devait donc rechercher
l'appui des formations politiques disposées à lui consentir un soutien
« limité et conditionnel », en l'occurrence les partis régionalistes et
le parti communiste pro-soviétique. L'opposition de droite dénonçait
ainsi l'opportunisme et le caractère démagogique d'un certain nombre
de décisions du gouvernement, décisions qui entraînaient du reste une
certaine détérioration des relations entre le pouvoir exécutif et le
pouvoir judiciaire. La Cour Suprême invalidait, en effet, le décret L'INDE 303
qui nationalisait les quatorze plus grandes banques indiennes, celui
qui abolissait les rentes et privilèges des ex-souverains princiers : ces
différends, et la fermeté avec laquelle le Premier Ministre tentait
d'imposer sa politique «socialiste», lui valaient un extraordinaire capit
al de sympathie auprès des masses, mais son gouvernement n'en avait
pas moins les mains liées, et se montrait impuissant à s'attaquer s
érieusement aux problèmes fondamentaux du pays.
Mme Gandhi elle-même devait consacrer l'essentiel de ses forces
et de son talent à garder le contrôle de jeux politiques extrêmement
subtils, d'autant plus subtils que près de la moitié des Etats de l'Union
(qui ont leur propre gouvernement et leurs assemblées législatives
régionales) ont eux-mêmes, on l'a dit, échappé au parti du Congrès
lors de la consultation de 1967. Or, la plupart de ces gouvernements
de coalition, très hétérogènes, qu'ils soient de droite, centristes ou
d'extrême-gauche, et plus formés pour la défense d'intérêts électoraux
que pour la réalisation d'un programme minimum commun, ont fait
preuve d'une très grande instabilité. Ils sont, bien plus encore que les
organismes fédéraux, soumis à toutes sortes de pressions régionales,
d'influences de castes et d'intérêts locaux divers. Les égoïsmes et les
particularismes ont pris de plus en plus le pas sur les problèmes
d'envergure nationale. Et cela a été le très grand mérite de Mme
Gandhi que de dissocier pour la première fois depuis l'indépendance,
les élections au Lok Sabha et les élections régionales, sauf dans trois
Etats où des circonstances exceptionnelles appelaient au renouvelle
ment des assemblées locales : le Bengale occidental, l'Orissa et le
Tamil-Nadu (1).
Les « paris » de Mme Gandhi.
Il faut bien voir qu'en Inde la vie politique fonctionne à deux ni

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