Les Etats-Unis et l Afrique : une stratégie d influence croissante - article ; n°2 ; vol.49, pg 301-316
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Politique étrangère - Année 1984 - Volume 49 - Numéro 2 - Pages 301-316
En dépit des lieux communs tenaces entretenus autour de leur passivité en Afrique, les Etats-Unis recherchent depuis dix ans sur ce continent une position dominante. En Afrique australe où ils mènent le jeu diplomatique, leur ambition est d'exclure l'URSS et de subordonner à leurs objectifs les puissances européennes. Dans la Corne, ils érodent graduellement l'influence traditionnelle de la Grande-Bretagne. En Afrique francophone enfin ils exercent une influence indirecte de plus en plus grande par l'entremise de la Banque mondiale et du FMI. A supposer même qu'ils ne disposent d'aucun projet politique concret, les Etats-Unis développent sur ce continent une logique aux effets peut-être diffus et graduels, mais non moins réels.
The United States in Africa : a strategy for increasing influence, by Zaki Laïdi
Although the myth persists of the United States' inactiveness in Africa, in fact, it has been trying to establish dominance on this continent for the past ten years. In Southern Africa, it is ahead in the diplomatie game, its ambition being to keep out the USSR and to have the Europe an powers submit to its leadership. In the Horn of Africa, it is gradually eroding traditional British influence. In French-speaking Africa its indirect influence through the World Bank and the IMF is growing apace. Though it is perhaps true that the United States has no concrete political plan for this continent, it is developing a strategy, whose effects, though diffuse and gradual, are nonetheless real.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laidi
Les Etats-Unis et l'Afrique : une stratégie d'influence croissante
In: Politique étrangère N°2 - 1984 - 49e année pp. 301-316.
Résumé
En dépit des lieux communs tenaces entretenus autour de leur passivité en Afrique, les Etats-Unis recherchent depuis dix ans
sur ce continent une position dominante. En Afrique australe où ils mènent le jeu diplomatique, leur ambition est d'exclure l'URSS
et de subordonner à leurs objectifs les puissances européennes. Dans la Corne, ils érodent graduellement l'influence
traditionnelle de la Grande-Bretagne. En Afrique francophone enfin ils exercent une influence indirecte de plus en plus grande
par l'entremise de la Banque mondiale et du FMI. A supposer même qu'ils ne disposent d'aucun projet politique concret, les
Etats-Unis développent sur ce continent une logique aux effets peut-être diffus et graduels, mais non moins réels.
Abstract
The United States in Africa : a strategy for increasing influence, by Zaki Laïdi
Although the myth persists of the United States' inactiveness in Africa, in fact, it has been trying to establish dominance on this
continent for the past ten years. In Southern Africa, it is ahead in the diplomatie game, its ambition being to keep out the USSR
and to have the Europe an powers submit to its leadership. In the Horn of Africa, it is gradually eroding traditional British
influence. In French-speaking Africa its indirect influence through the World Bank and the IMF is growing apace. Though it is
perhaps true that the United States has no concrete political plan for this continent, it is developing a strategy, whose effects,
though diffuse and gradual, are nonetheless real.
Citer ce document / Cite this document :
Laidi. Les Etats-Unis et l'Afrique : une stratégie d'influence croissante. In: Politique étrangère N°2 - 1984 - 49e année pp. 301-
316.
doi : 10.3406/polit.1984.3368
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1984_num_49_2_3368POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 301
LES ÉTATS-UNIS ET L'AFRIQUE
Zaki LAÏDI* UNE STRATÉGIE
D'INFLUENCE CROISSANTE
En dépit des lieux communs tenaces entretenus autour de leur
passivité en Afrique, les Etats-Unis apparaissent bel et bien
engagés aujourd'hui vers la recherche d'une position domi
nante sur ce continent. Cet effort, inscrit dans les faits depuis main
tenant près de dix ans, répond simultanément aux impératifs de la
rivalité avec l'URSS et à la spécificité d'une région où l'investiss
ement politique des grandes puissances peut prendre localement un
caractère décisif tout en ne revêtant, au niveau de leurs intérêts glo
baux, qu'une signification marginale. Certes les Etats-Unis ne dispo
sent en dehors de l'Afrique australe d'aucun master plan continental
dont on assisterait aujourd'hui à la réalisation à marche forcée.
D'autant que le continent noir demeure toujours leur dernière zone
d'intérêt dans le Tiers-Monde. Mais ce double constat n'annule pas
deux facteurs essentiels trop souvent ignorés : la perception africaine
des Etats-Unis en tant qu'acteur extérieur à l'influence croissante
sur la scène continentale ; la capacité directe ou indirecte d'une su
perpuissance comme les Etats-Unis à peser sur un continent aux pri
ses avec une crise sans précédent.
Cet engagement, dont on peut penser qu'il s'intensifiera tant qu'il
n'appellera pas la mobilisation interne de ressources significatives
(accroissement de l'aide publique, engagement militaire), apparaît
manifeste sur trois plans essentiels : au plan diplomatique où, à tra
vers la recherche d'arbitrages en Afrique australe, ils s'efforcent
d'exclure l'URSS et de s'imposer comme l'interlocuteur privilégié
des Etats de la région ; au plan stratégique où ils érodent la position
de leurs alliés européens pour mieux assurer la projection de leur
puissance globale ; au plan économique où l'aide américaine délaisse
de plus en plus les projets d'assistance au profit d'engagements
ponctuels mieux adaotés aux thérapeutiques contestées du FMI et
de la Banque mondiale.
* Chercheur au CNRS, rattaché au CERI (FNSP). 302 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
L'ambivalence des contraintes internes
Même si l'intérêt de l'opinion publique américaine pour l'Afrique
apparaît encore moins soutenu que pour d'autres régions du monde,
ses représentations du continent noir ne s'écartent pas sensiblement
de celles qu'elle peut avoir du reste du Tiers-Monde. Le niveau des
connaissances sur la région demeure fragmentaire et nourri de préju
gés auxquels du reste n'échappe pas la communauté noire [1]. Parce
que les intérêts américains dans cette partie du monde ne leur sem
blent pas directement ou clairement identifiables, les différents
segments de cette opinion publique appréhendent l'idée d'un suren
gagement américain en Afrique.
Seule l'Afrique du Sud, pays de l'apartheid et source de matières
premières non substituables, échappe au désintérêt de l'opinion pu
blique pour l'Afrique. Mais, là encore, les termes du consensus amér
icain paraissent ténus et ambivalents. Si une large frange de l'op
inion américaine se déclare disposée à soutenir une politique de r
éformes favorables aux Noirs, on a beaucoup plus de mal à déceler
l'existence d'un courant d'opinion significatif favorable à une réelle
épreuve de force entre les Etats-Unis et Pretoria [2]. Néanmoins,
même s'il insiste dès le départ sur les limites de l'influence américaine
sur la situation interne de l'Afrique du Sud, le débat américain au
tour de ce pays conclut au caractère privilégié de la position améri
caine dans la région [3]. C'est là un élément d'importance, d'autant
que, depuis maintenant une dizaine d'années, l'Afrique du Sud per
çoit clairement les Etats-Unis comme son interlocuteur international
le plus privilégié.
Au sein cette fois des élites actives et représentatives, les percep
tions de l'Afrique semblent plus précises sans être forcément diffé
rentes.
• Compte tenu de la marginalisation sociale et politique initiale, la
communauté noire n'a pesé pendant longtemps que d'un poids mo
deste sur la conduite africaine des Etats-Unis. Renforcée sous l'Ad
ministration Carter, son influence ne manquera pas de resurgir en
cas de victoire démocrate en novembre prochain, compte tenu du
rôle charnière joué par le révérend Jackson. Cependant, et en dépit
de son indéniable progression, la sensibilisation des Noirs américains
aux problèmes africains demeure encore réduite et intermittente.
L'expérience de l'Administration Carter est d'ailleurs là pour rappel
er que l'influence modératrice d'un Andy Young par exemple n'a
guère survécu aux réajustements d'une diplomatie américaine piégée
par son antisoviétisme. ÉTATS-UNIS ET AFRIQUE I 303
Par ailleurs, la communauté noire ne semble pas définitivement fixée
sur la conduite à suivre en matière de politique étrangère. Faut-il dé
velopper le sens d'une responsabilité particulière des Afro-
Américains à l'égard des Noirs quitte à renoncer implicitement à in
fluencer d'autres dimensions de la politique extérieure, ou convient-il
au contraire de combattre l'identification excessive des Noirs à
l'Afrique, quitte à affaiblir leur influence naturelle sur la politique
africaine ?
• Au sein du Congrès, la grande majorité des élus américains per
siste à ne manifester qu'un engouement limité pour les problèmes
africains. Néanmoins, on peut trouver en son sein une minorité dont
l'action a pesé d'un poids essentiel sur la conduite américaine en
Afrique. En 1979, la Chambre des représentants parvenait par exemp
le à prévenir la levée des sanctions contre la Rhodésie de MM. Smith
et Muzorewa. Or, sans cette action décisive, le cours de la décoloni
sation au Zimbabwe s'en serait trouvé modifié. La levée des sanc
tions américaines aurait encouragé le gouvernement de Margaret
Thatcher à agir pareillement et à hâter donc la reconnaissance du
gouvernement Muzorewa. Depuis l'avènement du président Reagan,
la combativité du lé

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