Les médecins placés sous observation. Mobilisations autour du développement de l évaluation médicale en France - article ; n°46 ; vol.12, pg 71-97
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Les médecins placés sous observation. Mobilisations autour du développement de l'évaluation médicale en France - article ; n°46 ; vol.12, pg 71-97

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Politix - Année 1999 - Volume 12 - Numéro 46 - Pages 71-97
Doctors under Observation. Mobilization about the Development of Medical Assessment in France.
Magali Robelet [71-97].
Medical evaluation expanded in France from the eighties, when the Health Politics was moving towards the control of health expenditure. Doctors or economists get knowledge and practical experience in this specific field. They are mostly professional outsiders in the medical field : being an expert in evaluation allows them to get a professional reconversion. However, the experts in evaluation are not the only actors interested in the control of power on this field. The creation of appropriate institutions is rather the resuit of political negociations between these experts, the State and the representatives of the medical profession, fighting for their autonomy.
Les médecins placés sous observation. Mobilisations autour du développement de l'évaluation médicale en France.
Magali Robelet [71-97].
L'évaluation médicale s'est développée en France dans les années quatre-vingt, dans un contexte de recherche d'outils de maîtrise des dépenses de santé, en s'appuyant sur des savoirs et des pratiques de personnalités expertes en évaluation (médecins ou économistes). Ces experts occupent souvent des positions marginales dans leur discipline et l'acquisition d'une expertise en évaluation peut relever de stratégies de conversion ou de reconversion professionnelle. Les relais politiques dont disposent ces experts pourraient leur garantir des positions de pouvoir dans le champ de l'évaluation. Cependant l'institutionnalisation de l'évaluation médicale ne relève pas uniquement d'une logique de l'expertise. L'inscription de l'évaluation dans les textes de loi et la création d'instances compétentes procèdent davantage d'un échange politique entre l'État, ces groupes d'experts et les représentants traditionnels de la profession, garants du statut professionnel.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Magali Robelet
Les médecins placés sous observation. Mobilisations autour du
développement de l'évaluation médicale en France
In: Politix. Vol. 12, N°46. Deuxième trimestre 1999. pp. 71-97.
Abstract
Doctors under Observation. Mobilization about the Development of Medical Assessment in France.
Magali Robelet [71-97].
Medical evaluation expanded in France from the eighties, when the Health Politics was moving towards the control of health
expenditure. Doctors or economists get knowledge and practical experience in this specific field. They are mostly professional
outsiders in the medical field : being an expert in evaluation allows them to get a professional reconversion. However, the experts
in evaluation are not the only actors interested in the control of power on this field. The creation of appropriate institutions is
rather the resuit of political negociations between these experts, the State and the representatives of the medical profession,
fighting for their autonomy.
Résumé
Les médecins placés sous observation. Mobilisations autour du développement de l'évaluation médicale en France.
Magali Robelet [71-97].
L'évaluation médicale s'est développée en France dans les années quatre-vingt, dans un contexte de recherche d'outils de
maîtrise des dépenses de santé, en s'appuyant sur des savoirs et des pratiques de personnalités expertes en évaluation
(médecins ou économistes). Ces experts occupent souvent des positions marginales dans leur discipline et l'acquisition d'une
expertise en évaluation peut relever de stratégies de conversion ou de reconversion professionnelle. Les relais politiques dont
disposent ces experts pourraient leur garantir des positions de pouvoir dans le champ de l'évaluation. Cependant
l'institutionnalisation de l'évaluation médicale ne relève pas uniquement d'une logique de l'expertise. L'inscription de l'évaluation
dans les textes de loi et la création d'instances compétentes procèdent davantage d'un échange politique entre l'État, ces
groupes d'experts et les représentants traditionnels de la profession, garants du statut professionnel.
Citer ce document / Cite this document :
Robelet Magali. Les médecins placés sous observation. Mobilisations autour du développement de l'évaluation médicale en
France. In: Politix. Vol. 12, N°46. Deuxième trimestre 1999. pp. 71-97.
doi : 10.3406/polix.1999.1056
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1999_num_12_46_1056Les médecins
placés sous observation
Mobilisations autour du développement
de l'évaluation médicale en France
Magali Hobelet
Laboratoire d'économie et de sociologie du travail
Aix-en-Provence
V
ALA FIN des années quatre-vingt, la mise en place de procédures
d'évaluation dans les politiques publiques s'est généralisée. Ce
type d'innovation a été justifié sous l'angle de la nécessaire
amélioration des outils d'aide à la décision politique : comment rendre
l'action publique plus efficace ? Il a été également défendu comme un
instrument de démocratisation politique : comment rendre l'action
publique plus transparente1 ? On peut situer dans ce contexte général
de promotion de l'évaluation, l'institutionnalisation de l'évaluation des
pratiques de soin. Dès les années quatre-vingt, la question est mise sur
l'agenda politique et l'objectif poursuivi est celui d'une plus grande
transparence de la «qualité des soins» offerte par le système de santé.
Mais de fait, les dispositifs mis en œuvre, au départ relativement
dispersés et innovants (fixation d'objectifs collectifs de santé, réflexion
en terme de risques et de prévention, mesures de l'activité médicale,
audits, recommandations de pratiques), vont se trouver soumis aux
préoccupations politiques nouvelles de maîtrise des dépenses de santé.
Cette évolution est issue des modifications des rapports de force entre
les différents acteurs participant à la négociation des formes
institutionnelles de l'évaluation : représentants des pouvoirs publics et
des caisses d'assurance maladie, traditionnels de la
profession (université, syndicalisme, Ordre des médecins) et experts
(médecins ou non) en évaluation. Le processus d'institutionnalisation
est ainsi animé par une double concurrence. La première oppose les
représentants de la profession, garants de son autonomie et détenant
jusqu'à présent un monopole en matière de production et de
transmission des savoirs, à des groupes d'experts en évaluation,
porteurs d'une légitimité nouvelle et d'un savoir spécifique et
susceptibles de nouer des alliances avec les pouvoirs publics dans la
définition des outils de la maîtrise des dépenses. La seconde oppose
1. Duran (P.), Monnier (E.), «Le développement de l'évaluation en France, nécessités
techniques et exigences politiques», Revue française de science politique, 3, 1992.
Politix, n°46, 1999, pages 71 à 97 71 La santé à l'économie
entre eux les experts en évaluation, les uns étant tournés vers des
objectifs de santé publique, les autres acceptant de relier davantage
l'évaluation à la quête d'objectifs financiers. Des alliances se nouent et
se dénouent entre ces groupes et l'État en fonction de la priorité donnée
à la maîtrise des dépenses.
La définition des formes institutionnelles de l'évaluation médicale entre
ainsi dans le cadre des négociations permanentes que les professions
mènent avec l'État pour réaffirmer la légitimité de leur statut1. Le
développement de l'évaluation des pratiques de soins est alors perçu
comme une menace pour l'autonomie fondatrice du statut professionnel
dans la mesure où il peut à terme se comprendre comme un contrôle sur
les pratiques médicales provenant de l'extérieur de la profession. Dans
ce cadre, le type de savoirs mis en œuvre dans l'évaluation
(compétences cliniques ou compétences économiques et gestionnaires),
sa finalité (qualité des soins ou maîtrise des dépenses de santé), son
caractère (normatif et sanctionnant ou seulement prescriptif et
respectueux de la liberté du praticien dans son exercice quotidien) et
enfin la place occupée par les représentants de la profession dans les
instances compétentes en évaluation sont autant de sources de conflits
potentiels avec les pouvoirs publics. Pour les représentants de la
profession, les termes de la négociation autour de l'évaluation médicale
pourraient être résumés ainsi : acceptation de contre la
garantie d'un maintien de l'autonomie professionnelle2. Mais le jeu de
la négociation a été «perturbé» par l'intrusion de groupes d'experts dans
la discussion. Les pouvoirs publics ont en effet tenté à partir de la fin
des années quatre-vingt de s'appuyer sur certains des experts en
évaluation, disponibles et prêts à saisir l'opportunité des nouvelles
priorités affichées des politiques de santé : à savoir l'impératif de
maîtrise des dépenses.
À l'analyse, l'évaluation peut se définir comme une activité de
production de connaissances nouvelles sur la qualité des soins et plus
généralement sur le système de santé. L'apparition de plusieurs
groupes de médecins ayant acquis des compétences en évaluation, par
une ouverture à d'autres savoirs que le savoir clinique (savoir
économique, gestionnaire ou épidémiologique), est associée à une
1. Nous reprenons ici les développements de C. Paradeise sur les marchés du travail
fermés, par exemple dans «Rhétorique professionnelle et expertise», Sociologie du
travail, 1, 1985. Le renouveau du compromis sur le statut de la profession est illustré
également par l'émergence du thème de l'information médicale dans la régulation du
système de soins Cf. Pouvourville (G. de), Naiditch (M.), Develay (A.), «Information
médicale et régulation de la médecine générale : une approche comparative», Revue
française d'administration publique, 76, 1995.
2. On comprendra ainsi pourquoi l'évaluation de la qualité des soins en France a pris une
forme obligatoire mais non sanctionnante (pas

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