Les Nations unies doivent-elles mettre en veilleuse la sécurité collective ? - article ; n°2 ; vol.20, pg 179-204
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Description

Politique étrangère - Année 1955 - Volume 20 - Numéro 2 - Pages 179-204
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emile Giraud
Les Nations unies doivent-elles mettre en veilleuse la sécurité
collective ?
In: Politique étrangère N°2 - 1955 - 20e année pp. 179-204.
Citer ce document / Cite this document :
Giraud Emile. Les Nations unies doivent-elles mettre en veilleuse la sécurité collective ?. In: Politique étrangère N°2 - 1955 -
20e année pp. 179-204.
doi : 10.3406/polit.1955.2593
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1955_num_20_2_2593NATIONS UNIES DOIVENT-ELLES METTRE LES
EN VEILLEUSE LA SÉCURITÉ COLLECTIVE ?
INTRODUCTION
1 . La sécurité collective est un système dans lequel tous les États qui en
font partie doivent prêter assistance à celui d'entre eux qui serait victime
d'une agression de la part d'un ou de plusieurs États, que les agresseurs
fassent ou non partie du système.
Le système de la sécurité collective répond au même but que les alliances
défensives dont la pratique fournit de nombreux exemples. Mais il s'en
distingue par des traits très importants. En premier lieu, le système de la
sécurité collective, à la différence de l'alliance défensive, n'est pas dirigé
spécialement contre des Puissances déterminées, il fonctionnera contre la
Puissance quelle qu'elle soit qui aura commis une agression. En second
lieu, le système de la sécurité collective est à vocation universelle et vise en
principe à comprendre tous les États, tandis que les alliances sont des
groupes en principe fermés qui comptent un nombre plus ou moins res
treint d'États ayant des affinités et des intérêts communs. En troisième lieu,
le système de la sécurité collective repose sur une institution internationale
politique (Société des Nations, Nations Unies) qui doit régler son fonction
nement, c'est-à-dire désigner l'agresseur ou aider les États a le désigner et
organiser l'action contre lui.
2. En théorie le système de la sécurité collective apparaît comme le moyen
qui doit assurer la paix. On suppose que, si un État commet une agression,
il verra se dresser contre lui une soixantaine d'États qui posséderont sur lui
une telle supériorité de force qu'ils le réduiront à l'impuissance. Dans ce
cas, le système n'aura même pas besoin de jouer. La menace de sanctions
irrésistibles suffira à décourager l'agresseur éventuel, et l'ordre et la paix
ne seront pas troublés. Mais ce schéma représente une vue théorique des 180 EMILE GIRAUD
choses dont la réalité s'écartera toujours sensiblement. On suppose qu'il
existe un méchant et soixante bons, qui brûleront d'ardeur pour mettre le
méchant à la raison. Malheureusement il y aura souvent plus d'un méchant,
et les « bons » seront beaucoup moins bons qu'ils devraient être. Leur
indifférence, leur égoïsme, leur peur des coups les amèneront souvent à se
dérober ! Par ailleurs, les États, s'ils sont égaux en droit, ne sont pas égaux
en force. Une grande Puissance peut à elle seule détenir une force bien
supérieure aux forces réunies de cinquante autres États, et, comme ce sont
les grandes Puissances qui font courir à la paix les plus grands risques, le
problème de la répression de l'agression reste très compliqué.
Dans une étude sur les tentatives d'organisation internationale et leurs
échecs (1), nous formulions cette loi : « Les institutions internationales
chargées de sauvegarder la paix réussissent ou échouent selon que les forces
pacifiques mises à leur disposition dépassent ou non les forces de guerre et
de subversion existant dans le monde. »
Dans deux cas, les Puissances agressives l'emporteront. Le premier est
celui où les Puissances pacifiques qui détiennent la plus grande force ne
veulent pas en user pour mettre en échec l'agresseur. Cette situation se
trouva réalisée du temps de la Société des Nations, elle entraîna la ruine de
la sécurité collective et la mort de l'institution. Le second cas est celui où les
pays voulant la domination et la subversion représenteront la plus grande
force dans le monde. Dans cette dernière hypothèse* la situation est déses
pérée. Mais, en dehors de cette hypothèse extrême, il peut se présenter des
situations critiques ou difficiles dans lesquelles on peut se demander si le
système de la sécurité collective représente le moyen le plus adéquat de
sauvegarder la paix. C'est la question qu'on peut se poser aujourd'hui.
3. Les fondateurs des Nations Unies considéraient qu'une des fonctions
principales, sinon la fonction principale de la nouvelle institution, était la
sécurité collective. L'article 1er de la Charte débute ainsi :
«t Les buts des Nations Unies sont les suivants :
» 1° Maintenir la paix et la sécurité internationale, et, à cette fin, prendre
des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces
à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix. »
Cependant, neuf ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le monde
vit sous la menace d'une troisième guerre mondiale, malgré l'existence
des Nations Unies. Il est donc évident que le système de sécurité collective
établi par la Charte n'a pas actuellement le pouvoir de garantir le maintien
de la paix. Faut-il, tout en déplorant cette situation, essayer quand même
(1) Conférence faite à la semaine sociale de Pau en 1953. SÉCURITÉ COLLECTIVE 18!
de tirer du système de la sécurité collective le meilleur parti possible ? De
«e que les pompiers n'arrivent pas à éteindre les incendies, la police à pré
venir et réprimer lés crimes, on n'en conclut pas qu'il faille supprimer le
service des pompiers et de la police.
Cependant des esprits réfléchis se sont posé la question de savoir si, dans
les circonstances présentes, il n'y aurait pas avantage à demander à des
alliances défensives et non aux Nations Unies la garantie contre l'agression»
Ainsi on mettrait la sécurité collective en veilleuse, mais les Nations Unies
continueraient à concourir au maintien de la paix en exerçant la fonction
de conciliation pour laquelle elles sont irremplaçables.
C'est la thèse qu'a soutenue M. René de Lacharrière dans un très remar
quable article publié dans cette Revue (1). Notre opinion, comme on le
verra, diffère de celle de M. de Lacharrière, bien que nous ne contestions
pas l'exactitude de faits très importants sur lesquels il étaie sa thèse.
4. Il faut noter que le problème de la sécurité collective considéré sous
ton aspect politique ne se pose pas aujourd'hui dans les mêmes termes qu'il
se posait du temps de la Société des Nations.
A cette époque, la sécurité collective soulevait de la part des gouver
nements des objections de principe. Nombre d'Etats, et parmi eux des Etats
très puissants, rejetaient la sécurité collective, ou ne l'admettaient qu'avec
beaucoup de réserve, parce qu'ils estimaient qu'elle était inutile pour assurer
leur propre sécurité. Ils croyaient à la possibilité d'assister en spectateurs à
des guerres localisées ou même générales qui n'affecteraient pas directement
leurs intérêts. Ils professaient la conception isolationniste que leur avait
léguée le XIXe siècle. A cette époque heureuse, les belligérants avaient des
buts modérés. Vu la puissance limitée des armements et la longueur des
communications, les grandes distances et les mers étaient une protection.
Enfin, il existait en Europe où était concentrée la puissance politique et
militaire du monde, un certain équilibre de forces sur lequel l'Angleterre
veillait jalousement. Dans ces conditions, aucun État n'était capable de
prétendre à une hégémonie continentale et encore moins à une hégémonie
mondiale.
La première guerre mondiale aurait dû porter un coup mortel à l'isol
ationnisme, mais les leçons de l'histoire ont besoin d'être répétées pour être
comprises. Maintenant tous les peuples ont compris la solidarité qui les
unit. Avec l'existence d'États totalitaires professa

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