Les Palestiniens face à Israël : de la guerre à la guerre civile - article ; n°2 ; vol.55, pg 283-293
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Palestiniens face à Israël : de la guerre à la guerre civile - article ; n°2 ; vol.55, pg 283-293

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 2 - Pages 283-293
The Palestinian-Israeli Confrontation — War and Civil War, by Bassina Kodmani-Darwish
During the first year of the intifada, the Palestinians have scored important diplomatie advantages. But the unilateral concessions made by the PLO at the end of 1988 have not brought any tangible progress towards peace. PLO headquarters and inhabitants of the occupied territories are impatient and anxious about international developments. The changes in the East have deprived them of precious allies, especially their most important strategie ally, the Soviet Union, and have led directly to the massive immigration of Soviet Jews. Over the 30 months of intifada, opinions have hardened in the occupied territories and new strategies are sought. The PLO, in the meantime, is once more seeking the help of Arab countries in finding ways to exert pressure on Israel to negotiate.
Les Palestiniens ont enregistré, grâce à l'Intifadah, d'importants succès au plan diplomatique au cours de la première année de ce soulèvement. Mais les concessions unilatérales faites à la fin de 1988 par l'OLP n'ont pas encore entraîné de progrès tangibles sur la voie de la paix. La base de l'Organisation et les habitants des territoires occupés sont impatients et surtout inquiets des développements internationaux, notamment des change- ments à l'Est qui les privent alliés précieux ― et surtout de l'allié stratégique qu'a été l'Union soviétique ― et qui ont pour conséquence directe l'arrivée massive de Juifs soviétiques. En trente mois d'Intifadah, l'opinion dans les territoires s'est durcie et se cherche une nouvelle stratégie tandis que l'OLP cultive à nouveau ses relations avec le monde arabe pour retrouver une profondeur stratégique et politique susceptible inciter Israël à négocier.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bassma Kodmani-Darwish
Les Palestiniens face à Israël : de la guerre à la guerre civile
In: Politique étrangère N°2 - 1990 - 55e année pp. 283-293.
Abstract
The Palestinian-Israeli Confrontation — War and Civil War, by Bassina Kodmani-Darwish
During the first year of the intifada, the Palestinians have scored important diplomatie advantages. But the unilateral concessions
made by the PLO at the end of 1988 have not brought any tangible progress towards peace. PLO headquarters and inhabitants
of the occupied territories are impatient and anxious about international developments. The changes in the East have deprived
them of precious allies, especially their most important strategie ally, the Soviet Union, and have led directly to the massive
immigration of Soviet Jews. Over the 30 months of intifada, opinions have hardened in the occupied territories and new strategies
are sought. The PLO, in the meantime, is once more seeking the help of Arab countries in finding ways to exert pressure on
Israel to negotiate.
Résumé
Les Palestiniens ont enregistré, grâce à l'Intifadah, d'importants succès au plan diplomatique au cours de la première année de
ce soulèvement. Mais les concessions unilatérales faites à la fin de 1988 par l'OLP n'ont pas encore entraîné de progrès
tangibles sur la voie de la paix. La base de l'Organisation et les habitants des territoires occupés sont impatients et surtout
inquiets des développements internationaux, notamment des change- ments à l'Est qui les privent alliés précieux ― et surtout de
l'allié stratégique qu'a été l'Union soviétique ― et qui ont pour conséquence directe l'arrivée massive de Juifs soviétiques. En
trente mois d'Intifadah, l'opinion dans les territoires s'est durcie et se cherche une nouvelle stratégie tandis que l'OLP cultive à
nouveau ses relations avec le monde arabe pour retrouver une profondeur stratégique et politique susceptible inciter Israël à
négocier.
Citer ce document / Cite this document :
Kodmani-Darwish Bassma. Les Palestiniens face à Israël : de la guerre à la guerre civile. In: Politique étrangère N°2 - 1990 -
55e année pp. 283-293.
doi : 10.3406/polit.1990.3942
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_2_3942ÉTRANGÈRE I 283 POLITIQUE
Les Palestiniens
à Israel :
Bassma KODMANI-DARWISH
de la guerre
à la civile
Un règlement du conflit israélo-arabe satisfaisant toutes les parties
concernées est aujourd'hui du domaine du possible, quel que soit le
jugement que l'on puisse porter sur les chances à court terme d'un
tel règlement.
Pendant quarante ans, le problème israélo-arabe était posé en termes
insolubles : un Etat juif dont la légitimité était niée par le monde arabe ;
un peuple palestinien revendiquant tout ce territoire ; un enchevêtrement
des intérêts et des revendications des uns et des autres qui rendait impossi
ble la rationalisation du problème par une définition précise des prétentions
de chaque partie. L'immense progrès accompli ces deux dernières années
est avant tout que le problème est désormais bien formulé ; or, bien poser
un problème, c'est, comme en mathématiques, entrevoir déjà sa solution.
En effet, ce que veulent la Syrie, la Jordanie, le Liban, les Palestiniens, on
le sait aujourd'hui de façon relativement précise : la Syrie veut recouvrer sa
souveraineté sur le Golan et garantir la sécurité de son territoire vis-à-vis
d'Israël. La Jordanie veut une paix avec Israël et un règlement du problème
palestinien qui assure la stabilité du royaume. Depuis son désengagement de
Cisjordanie, Amman a levé une ambiguïté essentielle dans sa position et
agit d'une façon absolument déterminante pour l'avenir de ses relations avec
les Palestiniens et pour la formulation même du conflit israélo-palestinien.
Le Liban voudrait recouvrer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire
en récupérant la bande au Sud-Liban occupée par Israël. Enfin et surtout,
les Palestiniens, en accord avec leurs partenaires arabes, ont formulé clair
ement leurs revendications : un Etat palestinien à côté d'Israël sur un
cinquième de la Palestine historique, dans les territoires de Cisjordanie et
de Gaza, devenus le centre de gravité du conflit depuis le départ de l'OLP
du Liban en 1982 et désignés par les Palestiniens eux-mêmes depuis Ylntifa-
dah comme les frontières définitives à l'intérieur desquelles ils exerceront
leur droit à l'autodétermination.
Ainsi formulée, la question palestinienne sur cette portion de territoire est
devenue à la fois simple et incontournable. Israël sait désormais qu'il ne
peut espérer conclure un accord de paix avec un Etat arabe comme il l'avait
* Maître de recherche à l'Institut français des relations internationales (IFRI), Paris. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 284
fait avec l'Egypte en 1979 en ignorant les Palestiniens. A supposer que l'un
des trois autres Etats frontaliers d'Israël y soit disposé, cela laisserait entier
le problème le plus grave et le plus urgent auquel l'Etat hébreu se trouve
confronté. La politique des petits pas autrefois préconisée par Kissinger
n'est plus pratiquable ou, plus exactement, si elle devait être appliquée, elle
aurait un tout autre sens : il s'agirait de progresser par étapes dans le
règlement du problème palestinien lui-même. Cela, c'est incontestablement
YIntifadah qui l'a imposé, et c'est sans doute l'un de ses principaux
accomplissements .
Le soulèvement des populations de Cis Jordanie et de Gaza a tranformé de
fond en comble toutes les données du conflit israélo-arabe. Les enjeux pour
l'OLP, Israël, la Syrie, la Jordanie et le Liban sont bouleversés ; les
intérêts, les préoccupations de sécurité, la place de chacun des acteurs
modifiés.
Cette métamorphose est vécue avec inquiétude par certains (notamment
Israël et dans une moindre mesure la Syrie), avec soulagement par d'autres
(c'est le cas du Liban). Pour les acteurs mêmes du mouvement, elle
constitue une source de fierté tandis que pour l'OLP, al-intifadah al-
moubaraka est une bénédiction pour la cause palestinienne.
Deux ans et demi après son déclenchement, YIntifadah dure toujours. La
nature du mouvement, sa stratégie, ses objectifs ont peu varié mais le
contexte régional et international n'est plus le même. Israël n'a pas répondu
favorablement aux ouvertures de l'OLP ; les Palestiniens escomptaient un
assouplissement des positions israéliennes, or celles-ci se sont durcies. Le
processus diplomatique piétine malgré un intérêt et une action soutenus de
l'Administration américaine ; d'URSS, l'allié dont les Palestiniens atten
daient un appui renforcé, arrivent en masse de nouveaux immigrants juifs.
La stratégie de la paix : un premier bilan
L'OLP, que la communauté internationale pressait de faire un pas vers
Israël, a jugé le moment opportun, à la fin de 1988, pour livrer les
fameuses « cartes » auxquelles elle s'accrochait comme autant d'instruments
de pression sur Israël pour lui arracher des concessions le jour où des
négociations seraient engagées. Aujourd'hui, c'est la base qui presse les
dirigeants de l'OLP de répondre à ses inquiétudes et de la rassurer sur la
validité de cette nouvelle stratégie : qu'avons-nous gagné exactement ? Que
pouvons-nous attendre encore ? Etait-il vraiment intéressant pour les Pales
tiniens de concéder unilatéralement tant de choses alors que l'ennemi
continue de nous ignorer et redouble d'intransigeance ? Que nous reste-t-il
comme moyen de pression sur lui ? UIntifadah ? Certes, mais n'êtes-vous
pas en train de la brader ?
L'heure est au bilan parmi les Palestiniens de l'intérieur comme de l'exté
rieur. Le choix opéré par l'OLP en novembre 1988 de reconnaître Israël,
d'accepter qu'un Etat palestinien se limite aux territoires de Cisjordanie et
de Gaza et de renoncer au terrorisme est un choix stratégique et, à cet
égard, historique. Est-il irréversible ? Pour ceux qui ont poussé dans ce sens
et qui assument la responsabilité de ces décisions, la réponse est clairement
oui. Elle n'est pas aussi claire dans l'hypothèse

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents