Les problèmes de l Espagne nationaliste - article ; n°2 ; vol.4, pg 122-134
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Description

Politique étrangère - Année 1939 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 122-134
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Général Duval
Les problèmes de l'Espagne nationaliste
In: Politique étrangère N°2 - 1939 - 4e année pp. 122-134.
Citer ce document / Cite this document :
Duval Général. Les problèmes de l'Espagne nationaliste. In: Politique étrangère N°2 - 1939 - 4e année pp. 122-134.
doi : 10.3406/polit.1939.5987
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1939_num_4_2_5987LES PROBLÈMES DE L'ESPAGNE NATIONALISTE
J'ai fait récemment trois voyages en Espagne. Un en septembre 1 937,
un en juillet 1938, le dernier dans la première quinzaine de février. Mon
opinion s'est faite peu à peu et certes je ne la considère pas comme défini
tive : je sais que tout change et que tout évolue.
Je veux simplement dire comment m'apparaît la situation espagnole et
quels problèmes me semblent posés à la péninsule, en m'efïorçant d'écarter
toute considération sentimentale. Rien n'est plus absurde, en matière de
politique étrangère, que de vouloir savoir, comme on le fait trop souvent en
France (je le constate chaque fois que je reviens de l'étranger), qui nous
aimons et qui nous aime. Pour moi, je n'ai qu'une préoccupation, celle
de l'intérêt de la France.
Quels que soient les succès du général Franco et l'ampleur de la red
dition des forces républicaines, la plupart des Espagnols pensent que
toute résistance ne cessera pas du jour au lendemain. Ils se disent qu'une
minorité restera malgré tout, que cette minorité dans les régions monta
gneuses fera la guerilla, qu'il faudra par conséquent se débarrasser de ce
foyer de troubles et pour cela occuper le pays, faire des opérations de police
tellement importantes qu'elles finiront par être des militaires
réelles. Dans ces conditions, avoir la paix d'une reddition qui ne serait que
la renonciation, le renoncement de quelques chefs, avec une abondance
de population lassée, dont on sait déjà qu'elle ne demande qu'à s'arrêter,
cela ne leur semble pas un bénéfice aussi grand que nous pouvons l'ima
giner. En fait, il est assez probable que la guerre ira en s'éteignant; les
opérations militaires se transformeront peu à peu en opérations de police.
On devra réduire la guerilla, le brigandage et, là, compter avec le tempéra
ment espagnol.
L'Espagnol ne ressemble ni à l'Allemand ni à l'Italien; il ne ressemble pas
non plus au Français, pas même au Français du midi, et quand je dis
qu'il est différent de l'Italien, il l'est profondément, il n'en a pas la
verbosité. L'Espagnol est froid, il est silencieux, il est âpre. Je l'ai trouvé
de mœurs extrêmement sévères.
J'ai eu deux fois l'occasion de dîner et de passer la nuit à un quartier
général; à la table des officiers, l'atmosphère était sévère : pas de vin, LES PROBLÈMES DE L'ESPAGNE NATIONALISTE 123
pas de dessert; une parfaite courtoisie régnait dans nos rapports. C'est
là un point sur lequel je veux m'arrêter car je tiens à rendre hommage à la
politesse extrême des Espagnols, qui sur toutes les questions de poli
tique étrangère ont fait preuve à mon endroit de tact et de rare discrétion.
Chose amusante et assez curieuse, quand ils parlent de leurs adversaires,
ils ne s'expriment pas d'une façon injurieuse ni pénible. Ils se plaisent,
au contraire, à reconnaître la bravoure de ces adversaires qui sont avant
tout des Espagnols, qui sont encore pour eux, après eux, la première infan
terie du monde.
Ce peuple n'est donc pas très facile à diriger : son individualisme est
très tenace; il ne sera pas possible de le réduire aussi aisément que des
Allemands ou des Italiens, plus dociles à l'autorité et au pouvoir. En
Espagne, le pouvoir n'a pas le même aspect qu'ailleurs et ceci m'amène
à vous parler des problèmes d'ordre politique.
Les problèmes de politique intérieure
II ne faut pas avoir d'idées toutes faites à ce sujet. Quand nous parlons
d'un général qui s'occupe de politique, nous le voyons sous l'aspect du
général Boulanger; de même quand nous parlons d'un nationaliste, c'est
toujours sous l'aspect de Déroulède mettant la main sur son cœur, chan
tant la Marseillaise et criant « Vive la France ». Nous nous tromperions
profondément en appréciant de cette manière un homme comme Franco.
Il faut ne jamais oublier quand il s'agit de l'Espagne que nous sommes
dans un pays où l'armée a toujours et de tout temps pris part à toutes les
luttes politiques d'où qu'elles soient. Quand des hommes politiques comme
M. Azana se plaignent de l'ingérence des militaires dans la politique et
les appellent les rebelles, M. Azana oublie que lors de la crise
de 1930, il était lui-même derrière l'insurrection et que deux officiers ont
été fusillés après avoir essayé de soulever la garnison. Il faisait donc appel
aux militaires pour faire de la politique. Et le pacte de Saint-Sébastien
avait parmi ses signataires le général Queipo de Llano.
Il résulte de cet état de fait deux conséquences. D'abord il faut remar
quer que personne, en Espagne, dans les milieux civils, ne s'étonne que
l'armée s'occupe de politique. Il en découle que les généraux sont, bien
plus que les nôtres, habitués à traiter des questions de politique et à y
réfléchir. Franco n'est pas un homme ordinaire; il a fait de longues cam
pagnes et a été blessé deux fois. Il a passé dix-sept ans au Maroc qu'il a
quitté comme administrateur, presque comme homme politique. A son 124 LES PROBLÈMES DE L'ESPAGNE NATIONALISTE
retour en Espagne, il a été chef de l'état-major central, a fondé une
grande Académie militaire à Saragosse où, là encore, il a suivi de près les
questions politiques auxquelles il a toujours pensé.
J'ai eu l'honneur de voir Franco en juillet dernier et de m'entretenir
avec lui trois quarts d'heure. J'ai trouvé devant moi un homme qui n'avait
rien de hâbleur. Il est froid, il parle peu et écoute beaucoup. Au cours
de notre conversation, j'ai eu à un moment l'impression de sa sincérité
totale. J'avais essayé d'aborder ce que pouvait être la conduite de l'Espagne
en cas d'un conflit européen (cela se passait au mois de juillet dernier);
il eut alors une sorte d'élan, se mit à sourire et me dit : « Comment peut-on
croire qu'après cette guerre, nous aurons envie d'en faire une autre? »
Par conséquent, quand nous parlons de Franco, ne le considérons pas
comme un homme politique incapable. Personnellement je sais qu'il est
au contraire très compétent. De plus, c'est un homme très bon, sa bienveil
lance est unanimement reconnue par ses subordonnés. Il faut admettre
qu'il n'a certainement pas la dureté ni la mâchoire d'un Mussolini ou d'un
Hitler.
Quelles sont les tendances politiques du général Franco? Sa politique
intérieure comme sa politique extérieure ont pris naissance pendant la
guerre. Je crois que l'une des causes de la longueur de la guerre est le
temps qu'il a fallu employer à organiser politiquement les pays occupés.
Cette organisation a été faite avec beaucoup de soin.
A la base de la politique intérieure de Franco, il faut placer la phalange
traditionaliste. On sait comment elle est née. La phalange pure et simple
a été créée en 1933, par Antonio Primo de Rivera, fusillé en 1936. Puis,
quand le F rente Popular est arrivé au pouvoir, la phalange s'est développée
rapidement; elle a grossi très vite et, quand la guerre a éclaté, elle a
pris des proportions énormes au grand mécontentement des gouvernants
espagnols. Il y avait alors deux catégories de milices : celle de la phalange
et celle des requêtes, c'est-à-dire des carlistes de Navarre. Ces deux groupes
réunis avaient pris les armes dès le début de la guerre, d'une part à
Pampelune avec le général Mola, d'autre part avec le chef de la phalange ;
mais les deux éléments n'avaient pas de véritable discipline, ni d'organisa
tion militaire; d'une façon générale, ils étaient assez peu considérés
par les officiers de l'armé

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