Les problèmes fondamentaux de l Etat d Israël - article ; n°6 ; vol.28, pg 493-513
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Les problèmes fondamentaux de l'Etat d'Israël - article ; n°6 ; vol.28, pg 493-513

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Description

Politique étrangère - Année 1963 - Volume 28 - Numéro 6 - Pages 493-513
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles Bloch
Les problèmes fondamentaux de l'Etat d'Israël
In: Politique étrangère N°6 - 1963 - 28e année pp. 493-513.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch Charles. Les problèmes fondamentaux de l'Etat d'Israël. In: Politique étrangère N°6 - 1963 - 28e année pp. 493-513.
doi : 10.3406/polit.1963.2296
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1963_num_28_6_2296LES PROBLÈMES FONDAMEMTAUX
DE L'ÉTAT D'ISRAËL
L'Etat d'Israël a dépassé, à l'heure actuelle, le stade du
péril immédiat. Dans sa lutte pour son existence, il connaît
un certain répit ; il jouit aussi d'une stabilité politique remarq
uable. Mais d'un autre côté, le tableau n'est pas sans ombres.
L'Etat d'Israël connaît, en effet, surtout dans le domaine éc
onomique et social, de très graves difficultés, et c'est peut-
être ce qui risque de porter atteinte à son évolution.
Les problèmes intérieurs.
Israël est l'un des rares Etats d'Asie à connaître un régime
parlementaire fonctionnant normalement, sans grands heurts.
Il n'y a à ce jour, dans toute l'Asie, que trois ou quatre Etats
parlementaires : le Japon, l'Inde — peut-être Ceylan — et
Israël. Mais les mœurs et le style politiques les plus occident
aux, les plus européens qui existent en Asie se trouvent cer
tainement en Israël.
Ce régime paraît avoir aujourd'hui fait ses preuves ; des
pessimistes prétendaient que la stabilité politique du pays se
trouvait liée à une personne, à un grand chef, d'un prodigieux
prestige, le Premier ministre Ben Gourion. Or, M. Ben Gour
ion est démissionnaire depuis juin 1963 ; le passage du pou
voir à son successeur, M. Levy Eshkol, ancien ministre des
Finances, s'est fait sans la moindre difficulté, sans le moindre
obstacle et le régime fonctionne comme auparavant. Il n'y a
aucune raison de craindre que cette stabilité politique ne soit
troublée d'une manière quelconque.
Le tableau de la politique intérieure israélienne possède 494 CHARLES BLOCH
bien des points communs avec celui de la IVmo République
française. Il existe un régime parlementaire ; le gouvernement
est responsable devant le Parlement ; le chef de l'Etat n'a que
des fonctions symboliques. Mais, surtout, il existe, entre les
partis politiques israéliens tels que nous les voyons aujour
d'hui et les partis de la IVme République, un parallélisme frap
pant.
Nous avons, à droite, le parti « Hérouth » que l'on peut
qualifier de nationaliste qui a de nombreux traits communs
avec l'ancien R.P.F. plutôt qu'avec l'actuel U.N.R. Puis,
nous trouvons un parti libéral qui correspond vaguement aux
Républicains indépendants en France. L'aile gauche présente
une certaine analogie avec le parti radical. H y a également
le parti, ou, plus exactement, les partis, religieux qui rappel
lent le M.R.P. et qui ont d'ailleurs, au Parlement israélien,
la même position « géographique » qu'autrefois en France.
C'est un parti gouvernemental sans lequel une coalition, une
majorité parlementaire ne sont pas possibles. Le plus grand
parti, toujours au pouvoir, est le parti socialiste modéré, le
MAP AI, dont le chef est M. Ben Gourion et que l'on pourrait
comparer à la S.F.I.O., mais qui ressemble davantage au La
bour party britannique qu'au parti socialiste français. Par
rapport à la IVme République, les partis d'extrême gauche cons
tituent la seule différence. Il y a là quelques phénomènes très
intéressants.
A gauche du MAP AI il y a trois partis. Le premier parti est
celui de 1' « Unité du Travail » et il n'est pas sans analogie
avec le parti socialiste italien sous la conduite de M. Nenni :
il préconise un socialisme « autonome », mais il se distingue
du parti socialiste italien par une tendance nationaliste et
même un peu militariste. La majorité des chefs de ce parti
sont d'anciens militaires.
Le deuxième parti d'extrême gauche, le « Parti ouvrier unif
ié » — MAP AM en hébreu — est peut-être encore plus inté
ressant. Il se rapproche, sans l'admettre, du « Titisme » : il
se réclame du marxisme-léninisme ; il souligne à chaque occa
sion sa solidarité avec le monde communiste. Toutefois, il ne ISRAEL 495
dépend pas de l'Union Soviétique, parce que c'est un parti
patriotique national israélien qui place son idéologie sioniste
au-dessus de ses sympathies pour le bloc de l'Est. L'actuelle
coalition gouvernementale est composée du parti socialiste
MAP AI, de deux partis religieux et du parti « Unité du Tra
vail », tandis que le MAP AM est resté dans l'opposition.
Le parti communiste israélien, lui aussi, a une certaine
originalité. Ce n'est pas un parti israélien à proprement parl
er, puisque 80 '% environ de ses électeurs sont des Arabes,
bien que la plupart de ses chefs parlementaires et politiques
soient des Juifs. Il ne compte que 3 députés au Parlement
sur 120 au total. Or, l'authenticité du communisme de la plu
part de ses électeurs arabes est douteuse. On a parfois l'im
pression que la plupart d'entre eux sont, en réalité, des natio
nalistes arabes et plus précisément des « Nassériens », admir
ateurs fervents de l'Egypte, qui se sont infiltrés dans le parti
communiste pour la simple raison qu'il est légal, alors qu'un
parti nassérien qui sympathiserait ouvertement avec l'ennemi
ne le serait pas. Le parti a traversé une sorte de crise il y a
quelques années, lorsque les relations entre Moscou et le Caire
commencèrent à s'altérer et qu'un malaise affectait les rela
tions entre le communisme mondial et le nationalisme arabe.
Une grave perturbation se produisit au sein du parti commun
iste israélien ; de nombreuses sections locales arabes se ré
voltèrent contre la direction officielle à laquelle il était repro
ché de ne pas défendre suffisamment les intérêts nationaux
arabes. Une ironie du sort voulait que, pendant de nombreus
es années, le bastion du communisme israélien fût Nazareth ;
les communistes détenaient la mairie de la ville où vécut le
Christ. Ce n'est que récemment que l'Evêque local, avec l'ap
pui du gouvernement israélien, réussit à créer un front ant
icommuniste et à chasser les communistes de la mairie.
Nous avons déjà fait allusion au problème de la minorité
arabe en Israël ; c'est un problème très complexe. Les Juifs
soulignent toujours avec raison que la situation des Arabes 496 CHARLES BLOCH
est meilleure, du point de vue économique et social, que dans
n'importe quel pays arabe. Les ouvriers arabes sont syndi
qués ; les salaires sont plus élevés que dans les pays voisins.
Le gouvernement aide les fellahs arabes le domaine agri
cole. Il existe des services sociaux, sanitaires, et surtout des
écoles arabes avec scolarité obligatoire pour tous les enfants.
Et pourtant, il est douteux que les Arabes israéliens soient
vraiment satisfaits de leur sort. Ils se plaignent du maintien
du régime militaire qui, sans doute, entraîne certaines vexa
tions et limite surtout la liberté de mouvement de nombreux
citoyens arabes. Une campagne est menée par plusieurs partis
pour mettre fin à ce régime militaire. Le gouvernement s'y
refuse ; il donne comme raison qu'on ne peut faire totalement
confiance à la loyauté des populations arabes à l'égard de
l'Etat d'Israël. Il est un fait qu'une grande partie de la popul
ation arabe sympathise avec les pays voisins, ennemis d'Is
raël. Il ne suffit pas d'améliorer les conditions économiques
et sociales pour vaincre une animosité politique et nationale,
nous en avons là un exemple frappant. Le sentiment national
chez les Arabes est plus fort que les considérations d'ordre
économique et social.
Israël a 2 millions environ d'habitants : les Arabes sont
200.000 et malgré tous les efforts déployés jusqu'ici par le
gouvernement, l'Etat n'a pas encore intégré cette minorité
dans le cadre et la structure d'Israël.
On a prétendu, en Europe, en Amérique et ailleurs, qu'il
est possible qu'Israël poursuive une politique expansionniste
et essa

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