Les relations entre Israël et la Roumanie - article ; n°6 ; vol.38, pg 725-752
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Politique étrangère - Année 1973 - Volume 38 - Numéro 6 - Pages 725-752
L'auteur expose, en se basant sur des exemples précis, les relations spéciales existant entre Israël et la Roumanie, tant au point de vue diplomatique qu'au point de vue économique. Les échanges n'ont pas toujours été favorables à la balance des paiements israélienne, mais le bénéfice moral et politique pour Israël n'était pas négligeable. Quant à la Roumanie, cette politique lui permettait d'affirmer son indépendance, de renforcer ses positions auprès des pays occidentaux sans compromettre d'une manière substantielle ses liens avec les pays socialistes ni ses rapports avec les pays arabes.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joseph Alpern
Les relations entre Israël et la Roumanie
In: Politique étrangère N°6 - 1973 - 38e année pp. 725-752.
Résumé
L'auteur expose, en se basant sur des exemples précis, les relations spéciales existant entre Israël et la Roumanie, tant au point
de vue diplomatique qu'au point de vue économique. Les échanges n'ont pas toujours été favorables à la balance des paiements
israélienne, mais le bénéfice moral et politique pour Israël n'était pas négligeable. Quant à la Roumanie, cette politique lui
permettait d'affirmer son indépendance, de renforcer ses positions auprès des pays occidentaux sans compromettre d'une
manière substantielle ses liens avec les pays socialistes ni ses rapports avec les pays arabes.
Citer ce document / Cite this document :
Alpern Joseph. Les relations entre Israël et la Roumanie. In: Politique étrangère N°6 - 1973 - 38e année pp. 725-752.
doi : 10.3406/polit.1973.2005
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1973_num_38_6_2005LES RELATIONS ENTRE ISRAEL
ET LA ROUMANIE
De la guerre des Six jours à la guerre du Kippour
(1967-1973)
par Joseph ALPERN
L'auteur expose, en se basant sur des exemples précis, les rela
tions spéciales existant entre Israël et la Roumanie, tant au point
de vue diplomatique qu'au point de vue économique. Les échan
ges n'ont pas toujours été favorables à la balance des paiements
israélienne, mais le bénéfice moral et politique pour Israël n'était
pas négligeable. Quant à la Roumanie, cette politique lui permett
ait d'affirmer son indépendance, de renforcer ses positions auprès
des pays occidentaux sans compromettre d'une manière substant
ielle ses liens avec les pays socialistes ni ses rapports avec les
pays arabes.
A peine examinées dans le passé par les spécialistes en relations
internationales, les relations politiques, économiques et culturelles
entre Israël et la Roumanie suscitent depuis la guerre de juin 1967
un très vif intérêt.
L'opposition roumaine à la rupture « en bloc » des relations
diplomatiques avec Israël fut considérée comme une des manifestat
ions les plus importantes de la dissidence roumaine en matière de
politique étrangère, dans le monde communiste. La Roumanie fut
en fait le seul Etat communiste à entretenir des rapports normaux
avec les deux parties belligérantes au Moyen-Orient (1).
(1) Cuba aussi avait préféré maintenir ses relations avec Israël. Ce n'est qu'en
septembre 1973 que Fidel Castro annonça, à Alger, la rupture pour donner satis
faction notamment aux Etats arabes, présents à la conférence des < non-alignés ». 726 ALPERN
I. LES RELATIONS POLITIQUES
Le compromis sur l'immigration (alyah) juive.
L'histoire politique des rapports israélo-roumains peut être divisée
en deux périodes, qui coïncident aux phases qu'on observe dans les
relations Bucarest-Moscou. La forte dépendance politique roumaine
vis-à-vis de l'U.R.S.S. eut comme résultat dans les relations Bucarest-
Jérusalem un cours sinusoïdal presque semblable à celui des rela
tions Moscou- Jérusalem, dans les premières treize années d'existence
de l'Etat hébreu (1948-1961).
Devant l'interdiction de l'immigration des Juifs soviétiques, le
nouvel Etat avait considéré une communauté juive roumaine de
450 000 âmes comme son plus grand réservoir humain dans l'Eu
rope de l'Est. L'attitude roumaine à l'égard de la sortie de ses
citoyens devint donc dans « la politique roumaine » d'Israël une
condition sine qua non pour de bonnes relations bilatérales. Or, une
telle condition israélienne se heurte vite, après 1949, à des circons
tances socio-historiques défavorables dans la Roumanie d'après-guer
re (2) et aux changements politiques survenus après une « lune de
miel » consommée rapidement entre le bloc communiste et Jérusa
lem.
Le tournant dans les relations israélo-roumaines commence en
1961. Mécontents de l'attitude du COMECON et encouragés par
la détérioration des relations sino-soviétiques, les dirigeants rou
mains tracent au Congrès de juin 1960 les lignes de leur nouvelle
politique de communisme national, tout en mettant l'accent sur le
renforcement de l'homogénéité nationale et l'élargissement des re
lations commerciales avec l'Occident (3).
Les deux objectifs conçus par Gheorghe Gheorghiu-Dej conduis
ent, parmi d'autres mesures, au renouvellement de l'immigration
juive, ouverture dont le double but serait de résoudre graduell
ement le problème juif en Roumanie et de préparer un terrain favo-
(2) Sans entrer dans le détail, il suffit de rappeler la faiblesse du parti commun
iste roumain, le rôle des cadres juifs dans l'économie nationale et le nombre
élevé de dirigeants communistes d'origine juive et anti-sionistes.
(3) L'importance du IIP Congrès du parti communiste roumain est analysée en
détail par Jacques Levesque, Le Conflit sino-soviétique et l'Europe de l'Est, Montr
éal, les Presses de l'Université de Montréal, 1970, p. 126-140. ISRAËL-ROUMANIE 727
rable aux intentions roumaines, dans un Occident sympathique à
Israël et aux aspirations nationales des Juifs vivant dans les pays
communistes.
Apportant une contribution importante à l'amélioration de « l'ima
ge roumaine » dans de larges milieux politiques et économiques du
monde non-communiste (spécialement aux Etats-Unis), la nouvelle
politique d'immigration pratiquée par Bucarest éliminé également
l'obstacle principal dans les relations avec Jérusalem et elle est cont
inuée, après mars 1965, par le nouveau chef de l'Etat et du parti
communiste roumain, Nicolae Ceausescu.
A partir de 1961, un compromis tacite apparaît dans les relations
Israël-Roumanie : Bucarest assure une immigration juive condition
née par des considérations d'utilité interne et de politique étrangère
(susceptibilités arabes), tandis qu'Israël accepte certaines restrictions
dans l'« alyah » roumaine, sans mener (comme vis-à-vis de l'URSS)
une politique active de mobilisation internationale contre une immig
ration limitée.
Fait exceptionnel pour une presse non-dirigée, comme l'est celle
d'Israël, la consigne imposée par le Ministère des Affaires étran
gères israélien de ne pas soulever le problème de l'« alyah » des
Juifs roumains fut acceptée par les journaux de toutes les tendances
politiques (4).
De plus, selon Stephen Fischer-Galati (5), la nouvelle politique
roumaine d'Israël se refléterait également dans l'absence de toute
réaction envers la diminution du rôle de la minorité juive (comme,
d'ailleurs, celui des autres minorités nationales) dans la vie publique
roumaine.
Actuellement, à Bucarest, on ne dément pas l'existence d'une im
migration juive vers Israël, mais des chiffres rassurants pour les pays
arabes (6), comme des données statistiques contradictoires sur le
(4) Cf. Michael Brecher, The foreign policy system of Israel, London, Oxford
University Press, 1972, p. 191.
<5) Cf. Stephen Fischer-Galati, Twentieth century Roumania, New York,
Colombia University Press, 1970, p. 102.
(6) Répondant aux critiques jordaniennes, des sources officielles roumaines ont
affirmé que « la Roumanie accorde seulement 30 laissez-passer par an », aux Juifs
désireux de se rendre en Israël. New York Times, 14 juillet 1970. 728 ALPERN
nombre de Juifs vivant encore en Roumanie (7), font qu'une juste
évaluation de cet aspect des relations entre les deux pays s'avère dif
ficile.
La position roumaine vis-à-vis de la crise de juin.
Entre 1961 et 1967, d'autres problèmes que l'immigration obli
gent déjà Bucarest à prendre certaines initiatives. Une des occasions
les plus significatives pour un Etat comme la Roumanie, où parti
et gouvernement se confondent, s'offre en 1965, avec la scission qui
a lieu au sein du parti communiste israélien (MAIK) (8). Le parti
communiste roumain n'hésite pas à entretenir de bonnes relations
avec la fraction nationale, d'orientation indépendante et à majorité
juive (9). Cette ligne roumaine est maintenue après la guerre de Six
jours (considérée comme « guerre juste »

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