Ouvriérisme et posture scolaire au PCF. La constitution des écoles élémentaires (1925-1936) - article ; n°58 ; vol.15, pg 167-188
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Ouvriérisme et posture scolaire au PCF. La constitution des écoles élémentaires (1925-1936) - article ; n°58 ; vol.15, pg 167-188

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Politix - Année 2002 - Volume 15 - Numéro 58 - Pages 167-188
Working Class Social Norms and Academic Stance. The Making of French Communist Party Elementary Schools (1925-1936) Yasmine Siblot Communist elementary schools, aimed at ordinary militants, were settled between 1925 and 1936 and were conceived as a mean of education for the workers, in order to reduce the predominance of intellectuals, that was strong in the Socialist Party. The schools were institutionalized thanks to the activities of a few leaders, and can be described through two main features : they are bound to convey an ideological orthodoxy, and are based on traditionnal teaching methods. Those characteristics contribute to the function of the schools : they select and train the militants who are close to the working class norm, but mainly among them those who meet the most the academic standards. Thus, communist elementary schools took an important part in the making of an implicit social norm in the PCF, both oriented toward working class values, and, paradoxically, academic.
Ouvriérisme et posture scolaire. La constitution des écoles élémentaires du PCF (1925-1936) Yasmine SiBLOT Les écoles élémentaires du PCF, destinées non aux cadres mais aux militants, ont été mises en place entre 1925 et 1936 comme un mode de formation qui vise à contrecarrer la valorisation des intellectuels en vigueur dans les partis socialistes. Elles se sont institutionnalisées au sein de l'appareil partisan grâce au travail de quelques responsables de l'éducation et ont une double caractéristique : elles sont le lieu de transmission d'une orthodoxie idéologique, et adoptent une pédagogie traditionnelle. Ces caractéristiques font des écoles un lieu de formation et de sélection de militants se conformant à une norme militante ouvriériste mais aussi paradoxalement scolaire et contribuent à la constitution de cette norme.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yasmine Siblot
Ouvriérisme et posture scolaire au PCF. La constitution des
écoles élémentaires (1925-1936)
In: Politix. Vol. 15, N°58. Deuxième trimestre 2002. pp. 167-188.
Résumé
Ouvriérisme et posture scolaire. La constitution des écoles élémentaires du PCF (1925-1936)
Yasmine SiBLOT
Les écoles élémentaires du PCF, destinées non aux cadres mais aux militants, ont été mises en place entre 1925 et 1936
comme un mode de formation qui vise à contrecarrer la valorisation des intellectuels en vigueur dans les partis socialistes. Elles
se sont institutionnalisées au sein de l'appareil partisan grâce au travail de quelques responsables de l'éducation et ont une
double caractéristique : elles sont le lieu de transmission d'une orthodoxie idéologique, et adoptent une pédagogie traditionnelle.
Ces caractéristiques font des écoles un lieu de formation et de sélection de militants se conformant à une norme militante
ouvriériste mais aussi paradoxalement scolaire et contribuent à la constitution de cette norme.
Abstract
Working Class Social Norms and Academic Stance. The Making of French Communist Party Elementary Schools (1925-1936)
Yasmine Siblot
Communist elementary schools, aimed at ordinary militants, were settled between 1925 and 1936 and were conceived as a mean
of education for the workers, in order to reduce the predominance of intellectuals, that was strong in the Socialist Party. The
schools were institutionalized thanks to the activities of a few leaders, and can be described through two main features : they are
bound to convey an ideological orthodoxy, and are based on traditionnal teaching methods. Those characteristics contribute to
the function of the schools : they select and train the militants who are close to the working class norm, but mainly among them
those who meet the most the academic standards. Thus, communist elementary schools took an important part in the making of
an implicit social norm in the PCF, both oriented toward working class values, and, paradoxically, academic.
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Siblot Yasmine. Ouvriérisme et posture scolaire au PCF. La constitution des écoles élémentaires (1925-1936). In: Politix. Vol.
15, N°58. Deuxième trimestre 2002. pp. 167-188.
doi : 10.3406/polix.2002.1004
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2002_num_15_58_1004Ouvriérisme et posture scolaire au PCF
La constitution des écoles élémentaires (1925-1936)
Yasmine SIBLOT
Marginale dans les travaux portant sur la socialisation politique,
l'étude des modes de formation partisane occupe également une
place réduite dans les recherches consacrées aux partis. Elle est
pourtant riche en enseignements sur les mécanismes de production de
normes et d'élaboration de compétences propres à ces organisations
politiques, en particulier en ce qui concerne les partis communistes qui
revendiquent cette spécificité. Les analyses des écoles centrales du Parti
communiste français (PCF) entreprises par Annie Kriegel, Daniele
Tartakowsky et Bernard Pudal1 attestent de l'intérêt de ce champ de
recherche2 : l'étude de ces écoles à différentes périodes permet d'affiner
l'analyse de leur poids dans la formation des militants, ainsi que du travail
d'inculcation idéologique et d'incorporation de postures qui s'y déroule. Les
auteurs cités soulignent ainsi la nécessité d'analyser le fonctionnement de
1. Kriegel (A.), avec la collaboration de Bourgeois (G.), Les communistes français 1920-1970,
Paris, Le Seuil, 1985. Tartakowsky (D.), Ecoles et éditions 1920-1934, Thèse de
l'université Paris VII, 1977. Pudal (B.), Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris,
Presses de Sciences Po, 1989.
2. Il semble que ce domaine suscite un intérêt croissant : une journée d'étude portant sur « Les
écoles de partis ouvriers en Europe au XXe siècle » a été organisée à l'Institut d'histoire
contemporaine de l'université de Dijon le 12 mai 1999, lors de laquelle j'ai présenté un exposé
décrivant le fonctionnement des écoles élémentaires du PCF dans l'entre-deux guerres. Les
actes de cette journée de travail sont parus dans les Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique,
79, 2000.
Politix. Volume 15 - n° 58/2002, pages 167 à 188 Politix n° 58 168
ces structures en comparaison avec le système scolaire républicain : au-delà
de l'analogie formelle entre les deux pyramides scolaires, celle de la
IIIe République et celle du PCF, les parentés et oppositions entre elles
doivent être constituées en objet d'analyse pour cerner la nature des
mécanismes d'enseignement et d'apprentissage qui sont activés dans les
écoles communistes. Cette comparaison semble d'autant plus fructueuse
qu'on s'intéresse à des écoles de niveau élémentaire, comme on le fera ici à
travers le cas des écoles destinées aux militants ou aux cadres de base,
considérées dans la période de leur constitution qui s'étend de la
« bolchevisation » du PCF en 1924 jusqu'au Front populaire3.
Si les écoles centrales constituent plus un lieu de renforcement du « lien
d'appartenance » au parti, comportant des modes de socialisation qui
excèdent largement l'enseignement lui-même4, sans doute convient-il de les
distinguer des écoles élémentaires. En effet, ces dernières, de très brève
durée, ne comprennent pas d'activités de sociabilité autres que les cours :
l'apprentissage formalisé et explicite, comparable à l'enseignement scolaire
général, y est donc fondamental et pose la question des mécanismes exacts
qui y sont à l'œuvre. En outre, si les écoles de cadres s'adressent à un public
déjà formé et sélectionné, les écoles élémentaires, elles, sont destinées à des
militants de cellules de base, prioritairement ouvriers, qui sont non
seulement généralement démunis des capitaux sociaux et culturels
permettant l'accès aux compétences et à la légitimité politique dominantes
mais également peu susceptibles de maîtriser les savoir-faire et les schemes
idéologiques légitimes au sein du PCF. Les cours des écoles élémentaires ne
jouent-ils pas, alors, pour ces militants un rôle plus essentiel que celui des
écoles centrales pour des cadres ? Si l'on reprend l'analyse de B. Pudal
montrant que « le parti communiste est parvenu à contrecarrer les processus
d'illégitimation culturelle et sociale dont font l'objet les agents sociaux
appartenant aux classes populaires5 », on peut se demander dans quelle
mesure les écoles élémentaires participent à cette « réussite » politique et par
le biais de quels processus. Plusieurs analyses soutiennent, à des titres
divers, l'hypothèse suivant laquelle les écoles du parti sont un correctif aux
inégalités d'accès à la culture6 et un antidote à la dépossession politique, « le
chaînon modeste et essentiel par lequel la prépondérance, traditionnelle
3. Merci à P. Cossart, J. Pelisse et A. Spire qui m'ont aidée lors de la rédaction de cet article, tiré
d'une maîtrise de sociologie (1996, université Paris 10, sous la direction de M. Lazar) : Siblot
(Y.), Les écoles du Parti communiste français de leur constitution au Front populaire, Prix
Maitron 1997, Les cahiers du centre fédéral, Fen, septembre 1998.
4. Marijnen (A.), « Entrée en politique et professionnalisation de l'appareil. Les écoles centrales
du parti communiste italien (1945-1950) », Politix, 35, 1996.
5. Pudal (B.), Prendre parti, op. cit., p. 11.
6. Derville (J.), Croisât (M.), « La socialisation des militants communistes français », Revue
française de science politique, 29 (4-5), 1979. Verret (M.), La culture ouvrière, Thonon-les-bains,
L'Albaron-Présence du livre, 1988. Ouvriérisme et posture scolaire au PCF 169
dans les partis "ouvriers", des intellectuels qui savent parler ou tenir une
plume a pu être évitée7 ». Mais ces analyses, tirées de l'étude des écoles de
cadres, doivent être reconsidérées dans le cas des écoles de militants, et
affinées, sous peine de surestimer voire d'idéaliser le rôle de cette éducation
politique élémentaire. En effet, on verra ici que la forme spécifiquement
scolaire de ce mode de formation et ses similitudes av

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