Politique ou management public : le temps de la politique et le temps de la gestion publique - article ; n°3 ; vol.23, pg 19-40
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Description

Politiques et management public - Année 2005 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 19-40
A partir d'une analyse de la longévité des fonctions ministérielles depuis 25 ans, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, cet article analyse le rôle des arbitrages intertemporels qui sont au cœur de la décision publique et qui souvent suscitent des tensions entre le politique et la gestion publique.
Dans un premier moment, on présente le double horizon du politique qui doit tout à la fois tenir compte, d'une part, de l'agenda électoral et du marché politique, et, d'autre part, du traitement des problèmes publics inscrits à l'agenda gouvernemental. L'analyse de la longévité des fonctions ministérielles et sa comparaison avec le temps d'élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques, montre qu'en régie générale, le ministre qui élabore une politique n'est pas le ministre qui la met en œuvre et n'est pas non plus celui qui en rendra compte : ainsi, les ministres gèrent la mise en œuvre de politiques élaborées par leurs prédécesseurs et ils élaborent des politiques publiques dont ils n'auront pas à gérer la mise en œuvre.
Dans un second temps, on s'interroge sur les effets du fort tum-over ministériel français sur les arbitrages politiques. Si les approches traditionnelles sur la répartition des coûts et des bénéfices montrent qu'il est difficile de réformer ou de remettre en cause certaines politiques publiques, il convient de les enrichir par la prise en compte des arbitrages intertemporels : plus les bénéfices sont immédiats et les coûts à venir, plus une politique a des chances d'être soutenue et plus les coûts sont imminents et les bénéfices lointains, moins elle a de chances d'être portée politiquement.
On montre notamment que c'est en début de mandat que les réformes sont engagées et que les dépenses sont le mieux maîtrisées car le politique peut se permettre d'être un gestionnaire plus dégagé des contraintes du marché politique ; c'est davantage le temps des réformes audacieuses.
Dans le contexte de la LOLF, l'article s'interroge in fine sur les moyens de limiter une préférence générale du politique pour des solutions de court terme à coût politique immédiat moindre quitte à accroître, parfois, le coût du traitement des problèmes publics ou à avoir recours à des solutions sous-optimales du point de vue du gestionnaire.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alexandre Siné
Politique ou management public : le temps de la politique et le
temps de la gestion publique
In: Politiques et management public, vol. 23 n° 3, 2005. Le management public à l'épreuve de la politique. Actes du
quatorzième Colloque international - Bordeaux, jeudi 17 mars et vendredi 18 mars 2005 organisé en collaboration
avec Sciences-Po Bordeaux - Tome 1. pp. 19-40.
Citer ce document / Cite this document :
Siné Alexandre. Politique ou management public : le temps de la politique et le temps de la gestion publique. In: Politiques et
management public, vol. 23 n° 3, 2005. Le management public à l'épreuve de la politique. Actes du quatorzième Colloque
international - Bordeaux, jeudi 17 mars et vendredi 18 mars 2005 organisé en collaboration avec Sciences-Po Bordeaux - Tome
1. pp. 19-40.
doi : 10.3406/pomap.2005.2286
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2005_num_23_3_2286Résumé
A partir d'une analyse de la longévité des fonctions ministérielles depuis 25 ans, en France, en
Allemagne et au Royaume-Uni, cet article analyse le rôle des arbitrages intertemporels qui sont au
cœur de la décision publique et qui souvent suscitent des tensions entre le politique et la gestion
publique.
Dans un premier moment, on présente le double horizon du politique qui doit tout à la fois tenir compte,
d'une part, de l'agenda électoral et du marché politique, et, d'autre part, du traitement des problèmes
publics inscrits à l'agenda gouvernemental. L'analyse de la longévité des fonctions ministérielles et sa
comparaison avec le temps d'élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques, montre qu'en
régie générale, le ministre qui élabore une politique n'est pas le ministre qui la met en œuvre et n'est
pas non plus celui qui en rendra compte : ainsi, les ministres gèrent la mise en œuvre de politiques
élaborées par leurs prédécesseurs et ils élaborent des politiques publiques dont ils n'auront pas à gérer
la mise en œuvre.
Dans un second temps, on s'interroge sur les effets du fort tum-over ministériel français sur les
arbitrages politiques. Si les approches traditionnelles sur la répartition des coûts et des bénéfices
montrent qu'il est difficile de réformer ou de remettre en cause certaines politiques publiques, il convient
de les enrichir par la prise en compte des arbitrages intertemporels : plus les bénéfices sont immédiats
et les coûts à venir, plus une politique a des chances d'être soutenue et plus les coûts sont imminents
et les bénéfices lointains, moins elle a de d'être portée politiquement.
On montre notamment que c'est en début de mandat que les réformes sont engagées et que les
dépenses sont le mieux maîtrisées car le politique peut se permettre d'être un gestionnaire plus dégagé
des contraintes du marché politique ; c'est davantage le temps des réformes audacieuses.
Dans le contexte de la LOLF, l'article s'interroge in fine sur les moyens de limiter une préférence
générale du politique pour des solutions de court terme à coût politique immédiat moindre quitte à
accroître, parfois, le coût du traitement des problèmes publics ou à avoir recours à des solutions sous-
optimales du point de vue du gestionnaire.POLITIQUE OU MANAGEMENT PUBLIC :
LE TEMPS DE LA POLITIQUE ET LE TEMPS DE LA GESTION PUBLIQUE
Alexandre SINE*
Résumé A partir d'une analyse de la longévité des fonctions ministérielles depuis 25
ans, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, cet article analyse le rôle
des arbitrages intertemporels qui sont au cœur de la décision publique et qui
souvent suscitent des tensions entre le politique et la gestion publique.
Dans un premier moment, on présente le double horizon du politique qui doit
tout à la fois tenir compte, d'une part, de l'agenda électoral et du marché
politique, et, d'autre part, du traitement des problèmes publics inscrits à
l'agenda gouvernemental. L'analyse de la longévité des fonctions
ministérielles et sa comparaison avec le temps d'élaboration et de mise en
œuvre des politiques publiques, montre qu'en régie générale, le ministre qui
élabore une politique n'est pas le ministre qui la met en œuvre et n'est pas
non plus celui qui en rendra compte : ainsi, les ministres gèrent la mise en
œuvre de politiques élaborées par leurs prédécesseurs et ils élaborent des
politiques publiques dont ils n'auront pas à gérer la mise en œuvre.
Dans un second temps, on s'interroge sur les effets du fort tum-over
ministériel français sur les arbitrages politiques. Si les approches
traditionnelles sur la répartition des coûts et des bénéfices montrent qu'il est
difficile de réformer ou de remettre en cause certaines politiques publiques, il
convient de les enrichir par la prise en compte des arbitrages intertemporels :
plus les bénéfices sont immédiats et les coûts à venir, plus une politique a
des chances d'être soutenue et plus les coûts sont imminents et les bénéfices
lointains, moins elle a de chances d'être portée politiquement.
On montre notamment que c'est en début de mandat que les réformes sont
engagées et que les dépenses sont le mieux maîtrisées car le politique peut
se permettre d'être un gestionnaire plus dégagé des contraintes du marché
politique ; c'est davantage le temps des réformes audacieuses.
Dans le contexte de la LOLF, l'article s'interroge in fine sur les moyens de
limiter une préférence générale du politique pour des solutions de court terme
à coût politique immédiat moindre quitte à accroître, parfois, le coût du
traitement des problèmes publics ou à avoir recours à des solutions sous-
optimales du point de vue du gestionnaire.
* Ecole Normale Supérieure (Cachan), agrégé de sciences économiques et sociales, docteur en
science politique.
n° 3, septembre 2005. Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 23,
© Institut de Management Public - 2005. 20 Alexandre SINE
La controverse se déroule en août 2004, le ministre du travail et de la cohésion
sociale s'oppose vivement au ministre des finances qui souhaite, pour boucler
le projet de loi de finances de l'année suivante, l'étalement de la hausse du
SMIC et des allégements de charges sociales. Dans la presse nationale,
tandis que l'un soutient la nécessité de repousser la mise en œuvre de
certaines dépenses nouvelles pour maîtriser le déficit du budget de l'Etat,
l'autre défend sa politique d'aide aux bas revenus : « Pour moi, la croissance
c'est de l'investissement. (...) Moi, je préfère mettre rapidement 4 millions de
personnes au travail plutôt que de rembourser la dette tout de suite. » A
contrario, le ministre de l'économie et des finances répond qu'« un pays qui a
mille milliards d'euros de dette doit penser à l'avenir et gérer sérieusement les
choses. » Au sein de cette fausse alternative entre emploi et endettement dont
les relations sont plus complexes, peu importe de savoir qui a eu gain de
cause au moment des arbitrages du Premier ministre, mais ce débat montre à
l'évidence que la temporalité est au cœur des choix politiques et des choix de
gestion.
Si l'analyse des décisions publiques s'est enrichie d'approches en terme de
coûts-avantages-risques et de répartition des coûts et des bénéfices attendus
des actions (Wilson, 1973 ; Padioleau, 1982), en revanche, elle a assez peu
abordé la question des conflits de temporalité ou des arbitrages intertemporels
dans le traitement des problèmes publics qui sont inscrits à l'agenda du
gouvernement. Or, la maîtrise du calendrier et la définition du bon horizon des
décisions constituent un enjeu au cœur des institutions publiques à l'instar des
autres organisations. Burnham (1947), Chandler (1993) et Galbraith (1972) ont
montré que, dans l'histoire des entreprises, l'avènement des grandes
organisations et la séparation entre les propriétaires et les gestionnaires
marquaient une victoire du temps de la gestion et du long terme. A contrario, la
montée en puissance d'un capitalisme actionnariat renforcerait aujourd'hui une
tendance au court-termisme dans la gestion des entreprises. Les organisations
et les administrations publiques sont également sujettes à ce genre de conflits,
mais

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