Pour une nouvelle stratégie américaine de paix et de sécurité - article ; n°3 ; vol.68, pg 495-506
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Pour une nouvelle stratégie américaine de paix et de sécurité - article ; n°3 ; vol.68, pg 495-506

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 2003 - Volume 68 - Numéro 3 - Pages 495-506
Peacekeeping: New Challenges for the UNO and the Security Council, by Jean-Marie GUÉHENNO
As crises unfold in Africa and Asia, the international community's reactions range from robust intervention to mere indifférence. However, robust intervention is associated with the deployment of troops from the North under the flag of NATO or coalitions of the willing, while the establishment of UN peacekeeping operations, primarily with troops from the South, falls one step short of indifference. Despite relatively scarce resources, UN peacekeeping underwent a dramatic reform and has achieved many successes over the last few years. Security Council Member States have a special responsibility in lending their support and providing UN peacekeeping with the highly qualified troops and spécialised! assets it requires: this is essential in order to confront the new challenges in failed States. French Operation Licorne in Côte d'Ivoire and EU Operation Artemis in the Congo are good examples of North countries' renewed involvement in Africa. But there would be advantages in envisaging future deployments under the Blue Helmet, as a testimony of increased solidarity with the South, as a way of assisting the Security Council in being more united in action.
Alors que la puissance américaine n'a jamais été si grande, les péripéties de la crise irakienne ont mis en lumière deux phénomènes préoccupants : la perte de crédibilité des Etats-Unis et leur isolement croissant sur la scène internationale. Cela s'explique par plusieurs raisons : le manichéisme d'une Administration qui utilise la peur pour conduire sa politique étrangère ; l'absence d'une définition claire et concrète des nouvelles menaces ; la brutalité avec laquelle sont traités les vieux alliés européens ; les erreurs de l'après-guerre en Irak ; le soutien sans faille à la politique d'Ariel Sharon ; et les lacunes graves des services de renseignements américains, qui ont éclaté plusieurs fois au grand jour depuis le 11 septembre. Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de trouver les moyens de concilier le sentiment excessif de vulnérabilité qui s'est emparé du pays avec ses traditions d'idéalisme internationaliste.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 111
Langue Français

Extrait

Brzezinski
Christophe Jaquet
Pour une nouvelle stratégie américaine de paix et de sécurité
In: Politique étrangère N°3-4 - 2003 - 68e année pp. 495-506.
Citer ce document / Cite this document :
Brzezinski, Jaquet Christophe. Pour une nouvelle stratégie américaine de paix et de sécurité. In: Politique étrangère N°3-4 -
2003 - 68e année pp. 495-506.
doi : 10.3406/polit.2003.1230
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2003_num_68_3_1230Abstract
Peacekeeping: New Challenges for the UNO and the Security Council, by Jean-Marie GUÉHENNO
As crises unfold in Africa and Asia, the international community's reactions range from robust
intervention to mere indifférence. However, robust intervention is associated with the deployment of
troops from the North under the flag of NATO or coalitions of the willing, while the establishment of UN
peacekeeping operations, primarily with troops from the South, falls one step short of indifference.
Despite relatively scarce resources, UN peacekeeping underwent a dramatic reform and has achieved
many successes over the last few years. Security Council Member States have a special responsibility
in lending their support and providing UN with the highly qualified troops and spécialised!
assets it requires: this is essential in order to confront the new challenges in failed States. French
Operation Licorne in Côte d'Ivoire and EU Operation Artemis in the Congo are good examples of North
countries' renewed involvement in Africa. But there would be advantages in envisaging future
deployments under the Blue Helmet, as a testimony of increased solidarity with the South, as a way of
assisting the Security Council in being more united in action.
Résumé
Alors que la puissance américaine n'a jamais été si grande, les péripéties de la crise irakienne ont mis
en lumière deux phénomènes préoccupants : la perte de crédibilité des Etats-Unis et leur isolement
croissant sur la scène internationale. Cela s'explique par plusieurs raisons : le manichéisme d'une
Administration qui utilise la peur pour conduire sa politique étrangère ; l'absence d'une définition claire
et concrète des nouvelles menaces ; la brutalité avec laquelle sont traités les vieux alliés européens ;
les erreurs de l'après-guerre en Irak ; le soutien sans faille à la politique d'Ariel Sharon ; et les lacunes
graves des services de renseignements américains, qui ont éclaté plusieurs fois au grand jour depuis le
11 septembre. Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de trouver les moyens de concilier le
sentiment excessif de vulnérabilité qui s'est emparé du pays avec ses traditions d'idéalisme
internationaliste.:
POLITIQUE ETRANGERE 3-4/2003
Pour une nouvelle stratégie
Zbigniew BRZEZINSKI américaine de paix
et de sécurité
Alors que la puissance américaine n'a jamais été si grande, les péripéties de la crise
irakienne ont mis en lumière deux phénomènes préoccupants : la perte de crédi
bilité des Etats-Unis et leur isolement croissant sur la scène internationale. Cela
s'explique par plusieurs raisons : le manichéisme d'une Administration qui utilise
la peur pour conduire sa politique étrangère ; l'absence d'une définition claire et
concrète des nouvelles menaces ; la brutalité avec laquelle sont traités les vieux
alliés européens ; les erreurs de l'après-guerre en Irak ; le soutien sans faille à la
politique d'Ariel Sharon ; et les lacunes graves des services de renseignements amér
icains, qui ont éclaté plusieurs fois au grand jour depuis le 11 septembre. Dans
ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de trouver les moyens de concilier le
sentiment excessif de vulnérabilité qui s'est emparé du pays avec ses traditions
d'idéalisme internationaliste.
Politique étrangère
En 1962, il y a plus de quarante ans, l'Amérique a été confront
ée à la perspective d'une guerre nucléaire. C'était l'époque de
la crise des missiles de Cuba. Des émissaires furent alors
envoyés auprès de nos principaux alliés. L'un d'eux, Dean Acheson,
ancien secrétaire d'Etat et homme résolu, se rendit auprès du prési
dent Charles de Gaulle afin de solliciter l'appui de la France dans une
crise qui pouvait devenir un conflit nucléaire n'impliquant pas seul
ement les Etats-Unis et l'Union soviétique, mais aussi l'ensemble de
l'Alliance atlantique et du pacte de Varsovie.
Zbigniew K. Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter, est conseiller et
administrateur du Center for Strategic and International Studies (CSIS), Washington, D.C. Ce texte est issu
d'une intervention faite lors de la conférence « New American Strategies for Security and Peace », organisée
par The American Prospect, The Center for Progress et The Century Foundation, les 28 et
29 octobre 2003, à Washington. Voir <www.newamericanstrategies.org/media>. Traduction de l'anglais
(Etats-Unis) : Christophe Jaquet. Les intertitres sont de la rédaction. 496 / POLITIQUE ETRANGERE
Dean Acheson informa le président français de la situation et conclut
en disant : « Je souhaiterais maintenant vous montrer les preuves,
c'est-à-dire les photographies des missiles soviétiques armés de
charges nucléaires. » De Gaulle lui répondit simplement : « Je ne sou
haite pas voir ces photographies. La parole du président des Etats-
Unis me suffit. Dites-lui bien que la France est aux côtés de
l'Amérique. »
Y a-t-il aujourd'hui un seul dirigeant étranger qui se comporterait de
cette façon face à un émissaire américain venu l'informer que tel ou tel
pays est doté d'armes de destruction massive menaçant l'Amérique ?
Méditons la réponse.
Voici cinquante-trois ans, quand la Corée du Nord, soutenue par
l'Union soviétique, attaqua la Corée du Sud, Moscou opposa son veto
à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies prévoyant
une réponse collective à cette agression. Ce veto isola Moscou dans
une posture d'opposition qui en fit un paria sur la scène inter
nationale.
Au cours du mois d'octobre 2003, deux résolutions concernant le
Moyen-Orient ont été soumises au vote de l'Assemblée générale des
Nations unies. La première fut votée par 133 pays, quatre Etats votant
contre ; la seconde reçut 141 suffrages, le même quatuor s'y opposant
à nouveau. Ces quatre pays étaient les Etats-Unis, Israël, les îles
Marshall et la Micronésie.
L'ensemble de nos alliés membres de l'Alliance atlantique ont voté
avec la majorité, y compris le Royaume-Uni et nos soi-disant « nou
veaux alliés » en Europe, c'est-à-dire, en réalité, l'ensemble de l'Union
européenne - y compris, également, le Japon. Il faut mentionner ces
faits qui mettent en lumière deux événements préoccupants : la perte
de crédibilité des Etats-Unis et leur isolement croissant sur la scène
internationale.
Ces deux phénomènes peuvent être résumés dans un paradoxe trou
blant quant à la position et au rôle des Etats-Unis aujourd'hui : alors
que la puissance américaine est à son zénith, sa situation politique
dans le monde est à son nadir. Pourquoi ? POUR UNE NOUVELLE STRATEGIE AMERICAINE DE PAIX ET DE SECURITE / 497
En finir avec une vision paranoïaque du monde
II faut prendre en considération non seulement des faits, des faits
mesurables, mais aussi des perceptions, en particulier celles de nos
amis à l'étranger qui aiment les Etats-Unis, estiment ce que nous ché
rissons, mais ne comprennent pas notre politique, sont troublés par
nos actions et se montrent perplexes vis-à-vis de ce qu'ils perçoivent
comme de la démagogie ou de purs mensonges.
Peut-être l'explication est-elle que nous sommes riches — car nous le
sommes — et puissants - nous le sommes aussi. Mais penser que c'est
là la raison principale est une facilité qui confine à l'auto-justification.
Et je crois que nous devons, en toute lucidité, tenir compte de deux
facteurs préoccupants.
Depuis la tragédie du 11 septembre 2001, qui fut évidemment un choc
d'une grande violence pour chaque Américain, nous avons progressi
vement adopté, au plus haut niveau du pouvoir, une vue du monde
que je qualifierais de paranoïaque.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents