Une politique étrangère pour quoi faire ? - article ; n°2 ; vol.65, pg 319-332
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Politique étrangère - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 319-332
The Aims of French Foreign Policy, by Henri Froment-Meurice Starting with what was the grand plan of France's foreign policy at the end of the Second World War (building of Europe, solidarity with the United States, resistance to Soviet expansion in the hope of co-existence), Henri Froment-Meurice considers the way it has evolved over the past twenty years and the changes undergone by the instruments of power that France still wields at a time when a new, highly unpredictable international landscape is emerging. He concludes that in any event it is more necessary than ever to continue with the building of Europe.
Henri Froment-Meurice fait le point, dans cet article, sur vingt ans de politique étrangère de la France dans un monde en pleine transformation. Pour lui, cette politique correspondait, en 1950, à un « grand dessein » qui était celui de l'unification de l'Europe d'abord dans sa partie occidentale, puis élargie à l'Est. Elle reposait sur un certain nombre d'instruments traditionnels de l'influence française (présence en Afrique, siège de membre permanent au Conseil de sécurité, force de dissuasion, rôle en Allemagne, construction européenne). Or, mise à part l'Union européenne, ces instruments tendent tous à s'affaiblir. Le « grand dessein » de la France subsiste tout de même, à condition qu'elle prenne acte du fait qu'elle ne peut désormais véritablement peser sur le cours des choses qu'à travers l'Europe, d'autant plus qu'une puissance « solitaire » ne semble plus à même d'affronter les défis majeurs du siècle à venir.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 150
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Froment-Meurice
Une politique étrangère pour quoi faire ?
In: Politique étrangère N°2 - 2000 - 65e année pp. 319-332.
Résumé
Henri Froment-Meurice fait le point, dans cet article, sur vingt ans de politique étrangère de la France dans un monde en pleine
transformation. Pour lui, cette politique correspondait, en 1950, à un « grand dessein » qui était celui de l'unification de l'Europe
d'abord dans sa partie occidentale, puis élargie à l'Est. Elle reposait sur un certain nombre d'instruments traditionnels de
l'influence française (présence en Afrique, siège de membre permanent au Conseil de sécurité, force de dissuasion, rôle en
Allemagne, construction européenne). Or, mise à part l'Union européenne, ces instruments tendent tous à s'affaiblir. Le « grand
dessein » de la France subsiste tout de même, à condition qu'elle prenne acte du fait qu'elle ne peut désormais véritablement
peser sur le cours des choses qu'à travers l'Europe, d'autant plus qu'une puissance « solitaire » ne semble plus à même
d'affronter les défis majeurs du siècle à venir.
Abstract
The Aims of French Foreign Policy, by Henri Froment-Meurice
Starting with what was the grand plan of France's foreign policy at the end of the Second World War (building of Europe,
solidarity with the United States, resistance to Soviet expansion in the hope of co-existence), Henri Froment-Meurice considers
the way it has evolved over the past twenty years and the changes undergone by the instruments of power that France still wields
at a time when a new, highly unpredictable international landscape is emerging. He concludes that in any event it is more
necessary than ever to continue with the building of Europe.
Citer ce document / Cite this document :
Froment-Meurice. Une politique étrangère pour quoi faire ?. In: Politique étrangère N°2 - 2000 - 65e année pp. 319-332.
doi : 10.3406/polit.2000.4939
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2000_num_65_2_4939POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/2000
Une P0™*™ étrangère
Henri froment-meurice
pour quoi faire ?
Henri Froment-Meurice fait le point, dans cet article, sur vingt ans de politique
étrangère de la France dans un monde en pleine transformation. Pour lui, cette
politique correspondait, en 1950, à un « grand dessein » qui était celui de l'uni
fication de l'Europe d'abord dans sa partie occidentale, puis élargie à l'Est. Elle
reposait sur un certain nombre d'instruments traditionnels de l'influence française
(présence en Afrique, siège de membre permanent au Conseil de sécurité, force de
dissuasion, rôle en Allemagne, construction européenne). Or, mise à part l'Union
européenne, ces instruments tendent tous à s'affaiblir. Le « grand dessein » de la
France subsiste tout de même, à condition qu'elle prenne acte du fait qu'elle ne
peut désormais véritablement peser sur le cours des choses qu'à travers l'Europe,
d'autant plus qu'une puissance « solitaire » ne semble plus à même d'affronter les
défis majeurs du siècle à venir.
Politique étrangère
De 1980 à 2000, le paysage international s'est davantage tran
sformé que de 1950 à 1980. Aussi importe-t-il de savoir
comment la politique étrangère de la France a accompagné
cette transformation et si elle a convenablement préparé notre pays à
cette situation nouvelle.
Depuis 1950, notre politique étrangère avait largement été inspirée
par un grand dessein : construire dans la partie demeurée libre d'un
continent divisé un ensemble aussi uni que possible de nations
démocratiques dont le noyau devait être formé par une France et
une Allemagne non seulement réconciliées mais soudées jusqu'à
rendre leur destin commun de manière irréversible ; cet ensemble
serait, à l'Ouest, allié aux Etats-Unis sans leur être soumis, tandis
qu'à l'Est, il se prémunirait militairement contre toute menace
Henri Froment-Meurice est ambassadeur de France. 320 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
venant de l'URSS dans l'espoir qu'à long terme, une évolution paci
fique du système soviétique permettrait de surmonter la division du
continent.
La France et le monde en 1980
En 1980, le président de la République en charge, Valéry Giscard
d'Estaing, pouvait constater que, du côté européen, l'objectif n'avait
pas été atteint mais que l'on s'en était approché. Aux instruments et
institutions communautaires créés dans les premières années, notam
ment la politique commerciale et la politique agricole, s'étaient
ajoutés, grâce à son entente avec le chancelier Schmidt, le Conseil
européen, instance suprême au niveau des chefs d'État et de gouver
nement, un Parlement européen désormais élu au suffrage universel,
le Système monétaire où les parités étaient « stables mais
ajustables ». Cependant, au niveau de la politique étrangère, on en
restait à une « coopération politique » en général plus déclamatoire
qu'active, et il n'était pas question de défense. En revanche, côté amér
icain, les États-Unis continuaient de dominer l'Alliance atlantique
d'autant plus facilement que la France s'était retirée depuis 1966 de
l'organisation militaire intégrée, laissant la place à l'Allemagne. Mais
les relations bilatérales, tendues sous Charles de Gaulle, s'étaient peu
à peu décrispées. En outre, l'institution sur l'initiative de Valéry Giscard
d'Estaing du sommet annuel des pays industrialisés (devenu G7)
avait créé une sorte de directoire occidental, ce qui n'était pas pour
déplaire aux présidents américains qui espéraient y exercer leur le
adership, espoir parfois déçu. Côté soviétique, les rapports étaient
« complexes » pour employer le langage de la Pravda. La menace non
seulement ne s'était pas atténuée, mais Leonid Brejnev et ses mili
taires s'étaient lancés dans une politique de surarmement dont le
dernier avatar était l'implantation de fusées SS-20 prenant en otage
l'Europe occidentale, tandis qu'en occupant l'Afghanistan, ses
troupes franchissaient pour la première fois les frontières du « camp
socialiste ». La « détente » sombrait. Néanmoins, le président Giscard
d'Estaing essayait de maintenir au moins hors d'eau les relations
franco-soviétiques dont le général de Gaulle avait fait un axe fonda
mental de sa politique d'« indépendance nationale ». Du coup, il se
faisait accuser de faiblesse, notamment par François Mitterrand. POLITIQUE ÉTRANGÈRE POUR QUOI FAIRE ? / 321 UNE
Bref, en 1980, on progressait de nouveau, grâce à une forte impulsion
franco-allemande, vers l'objectif européen, mais on n'avançait guère
vers l'objectif d'une relation plus équilibrée avec les États-Unis, ni
vers celui d'une vraie détente avec l'URSS. De cette situation, qu'allait
faire François Mitterrand, premier président de la Ve République
venant de la gauche et se disant socialiste ?
Dans son action globale, il est certain que la politique étrangère a tenu
une place centrale et qu'il a entendu exercer à plein, même pendant
les deux périodes de cohabitation, les pouvoirs que lui accordait la
Constitution. À quoi s'ajoutait le désir très gaullien de maintenir la
France au tout premier rang des puissances qui constituent le concert
international, responsabilité qu'il exerçait avec une visible satisfaction.
Sans doute cet homme pétri d'histoire cherchait-il, comme d'autres
avant lui, où et comment il inscrirait son nom dans celle de son pays.
Quand il entra à l'Elysée en mai 1981, il trouva à sa disposition les
divers instruments mis en place au fil des ans, parfois bien davantage, par
tous ceux qui l'avaient précédé à la tête de la France. À bien observer, il
n'en récusa aucun et se servit de tous.
Le premier est l'héritage ancestral de l'empire, rétréci pour l'essentiel
à des États africains devenus indépendants grâce au général de Gaulle,
encore francophones, liés à Fex-métropole par des lie

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