Vers la paix en Terre Sainte - article ; n°2 ; vol.53, pg 349-364
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Description

Politique étrangère - Année 1988 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 349-364
Toward Peace in the Holy Land, by Walid Khalidi
Today, in contrast to the earlier instances, the Palestinians on the West Bank of the Jordan River and in the Gaza Strip are face-to-face with their perceived dispossessors, with no third party or geographie distance intervening. While the Israelis wield ail state powers, the chief weapons of the Palestinians — who have more than tripled in number, from 1 300 000 in 1948 to 4 500 000 today — are the stones of the countryside in the « Jerusalem Program », read out on January 14, 1988, leading representatives of the uprising outlined their aspirations and demands for lifting the oppression of the occupation and achieving « real peace » between Israel and the Palestinian people. This latest manifestation of the Palestinian collective will represents a legitimate daim to the attention and concern of the outside world. In the light of historical experience accumulated since the Balfour Declaration, the recent uprising in the occupied territories and the configuration of power in the Arab world, an honorable and pragmatically just seulement seems to be possible to the author.
A la différence des situations précédentes, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza se trouvent aujourd'hui face à ceux qu'ils considèrent comme leurs spoliateurs, sans la médiation d'un tiers, ni aucune distance géographique. Alors que les Israéliens jouent de tous les pouvoirs dont peut disposer un Etat, les Palestiniens — dont la population a plus que triplé, passant de 1 300 000 en 1948 à 4 500 000 aujourd'hui — ont pour principales armes les pierres qu'ils ramassent par terre. Dans le « programme de Jérusalem » du 14 janvier 1988, les principaux chefs de la révolte palestinienne ont souhaité que cesse l'oppression de l'occupation et que s'instaure une « paix véritable » entre Israël et le peuple palestinien. Cette expression récente de la volonté collective des Palestiniens constitue une tentative légitime pour attirer l'attention de l'opinion internationale et la mobiliser. A la lumière de l'expérience historique accumulée depuis la déclaration Balfour, du récent soulèvement dans les territoires occupés et de la distribution du pouvoir dans le monde arabe, un règlement honorable, pragmatique et équitable paraît possible à l'auteur.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 87
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Walid Khalidi
Vers la paix en Terre Sainte
In: Politique étrangère N°2 - 1988 - 53e année pp. 349-364.
Citer ce document / Cite this document :
Khalidi Walid. Vers la paix en Terre Sainte. In: Politique étrangère N°2 - 1988 - 53e année pp. 349-364.
doi : 10.3406/polit.1988.3773
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1988_num_53_2_3773Abstract
Toward Peace in the Holy Land, by Walid Khalidi
Today, in contrast to the earlier instances, the Palestinians on the West Bank of the Jordan River and in
the Gaza Strip are face-to-face with their perceived dispossessors, with no third party or geographie
distance intervening. While the Israelis wield ail state powers, the chief weapons of the Palestinians —
who have more than tripled in number, from 1 300 000 in 1948 to 4 500 000 today — are the stones of
the countryside in the « Jerusalem Program », read out on January 14, 1988, leading representatives of
the uprising outlined their aspirations and demands for lifting the oppression of the occupation and
achieving « real peace » between Israel and the Palestinian people. This latest manifestation of the
Palestinian collective will represents a legitimate daim to the attention and concern of the outside world.
In the light of historical experience accumulated since the Balfour Declaration, the recent uprising in the
occupied territories and the configuration of power in the Arab world, an honorable and pragmatically
just seulement seems to be possible to the author.
Résumé
A la différence des situations précédentes, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza se trouvent
aujourd'hui face à ceux qu'ils considèrent comme leurs spoliateurs, sans la médiation d'un tiers, ni
aucune distance géographique. Alors que les Israéliens jouent de tous les pouvoirs dont peut disposer
un Etat, les Palestiniens — dont la population a plus que triplé, passant de 1 300 000 en 1948 à 4 500
000 aujourd'hui — ont pour principales armes les pierres qu'ils ramassent par terre. Dans le «
programme de Jérusalem » du 14 janvier 1988, les principaux chefs de la révolte palestinienne ont
souhaité que cesse l'oppression de l'occupation et que s'instaure une « paix véritable » entre Israël et le
peuple palestinien. Cette expression récente de la volonté collective des Palestiniens constitue une
tentative légitime pour attirer l'attention de l'opinion internationale et la mobiliser. A la lumière de
l'expérience historique accumulée depuis la déclaration Balfour, du récent soulèvement dans les
territoires occupés et de la distribution du pouvoir dans le monde arabe, un règlement honorable,
pragmatique et équitable paraît possible à l'auteur.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 349
Walid KHALIDI Vers la paix en Terre Sainte
Le soulèvement qui s'est déclenché en décembre 1987 dans les terri
toires arabes occupés par Israël depuis plus de vingt ans constitue, de
la part de la population indigène, la quatrième grande tentative de
résistance à la colonisation de la Palestine par les sionistes. La première fut
la révolte de 1936-1939 contre la politique menée par la Grande-Bretagne
qui, dans le cadre du mandat que lui avait confié la Société des Nations,
proposait la création d'un Foyer national juif ; puis il y eut l'opposition à la
résolution de l'Assemblée générale de l'ONU de 1947 prévoyant le partage
de la Palestine, qui dégénéra en guerre civile avant que la guerre n'éclate
véritablement lors du départ des Britanniques le 15 mai 1948. La troisième
tentative, à partir de 1964-1965, a été l'émergence parmi la diaspora de
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de mouvements de
guérilla en lutte contre le statu quo.
A la différence des trois situations précédentes, les Palestiniens de Cis Jorda
nie et de Gaza se trouvent aujourd'hui face à ceux qu'ils considèrent
comme leurs spoliateurs, sans la médiation d'un tiers, ni aucune distance
géographique. Alors que les Israéliens jouent de tous les pouvoirs dont peut
disposer un Etat, les Palestiniens ont pour principales armes les pierres
qu'ils ramassent par terre. Si l'on soustrait de la superficie totale de la
Palestine « mandataire » les zones qui appartiennent en propre à Israël et la
partie des territoires occupés déjà colonisés, réquisitionnée ou annexée par
les Israéliens, les Palestiniens des territoires occupés disposent aujourd'hui
de seulement 15 % des terres du pays.
Dans une déclaration lue dans un hôtel de Jérusalem le 14 janvier 1968, les
principaux chefs de la révolte palestinienne ont souhaité que cesse l'oppres
sion de l'occupation et que s'instaure une « paix véritable » entre Israël et
le peuple palestinien.
Cette expression récente de la volonté collective des Palestiniens évoque le
tragique épisode de la forteresse juive de Massada et elle constitue une
tentative légitime pour attirer l'attention de l'opinion internationale et la
mobiliser.
* Chercheur attaché au Centre for Middle Eastern Studies de l'université de Harvard (Etats-
Unis).
** Cet article publié en anglais dans le numéro de printemps de Foreign Affairs.
Les intertitres sont de la rédaction de Politique étrangère. 350 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Les Palestiniens, un peuple à part entière
Une identité nationale palestinienne avait déjà commencé à se dégager au
début de la Première Guerre mondiale. Elle se précisa durant le mandat
britannique (1914-1948) à travers la résistance au sionisme. Pour les memb
res des Nations Unies, notamment les Etats-Unis, qui votèrent en 1947
pour le partage de la Palestine, il ne faisait pas de doute que les Palesti
niens étaient un peuple à part entière qui méritait un Etat indépendant.
Depuis le début de la diaspora palestinienne en 1948, le sentiment national
palestinien s'était considérablement renforcé ; la création de l'OLP ne fit
que fournir un moyen d'expression à une réalité qui existait déjà.
Depuis la création d'Israël il y a quarante ans, les Palestiniens ont subi et
partagé une multitude d'expériences qui ont fait naître chez eux un sent
iment de solidarité nationale, rare au Moyen-Orient et dans le Tiers-
Monde : il leur a en effet permis de transcender la dispersion géographique,
les rivalités de villages et de clans, les sectarismes, ainsi que les pressions
des gouvernements hôtes arabes et de l'occupant israélien. Doués de capac
ités qui surpassent celles de la plupart des autres peuples arabes, les
Palestiniens ont depuis longtemps acquis le sentiment de leur identité
nationale et, comme tant d'autres peuples dans l'histoire, ne sauraient
accepter de continuer à vivre dans le vide permanent d'une absence de
patrie. C'est cette réalité, et non d'exceptionnelles qualités de chef chez
Yasser Arafat, qui a fait échouer toutes les tentatives pour imposer un
leadership illégitime aux Palestiniens ou pour les tromper par de fausses
solutions ne leur conférant pas le statut d'Etat souverain. C'est cette réalité
qui constitue le cordon ombilical entre les Palestiniens des territoires
occupés et la diaspora.
La population palestinienne a plus que triplé, passant de 1 300 000 en 1948
à 4 500 000 aujourd'hui, et son taux de croissance ne semble pas se ralentir.
Dans la seule bande de Gaza, les habitants sont au nombre de 600 000 et
devraient atteindre les 900 000 d'ici à la fin du siècle. Toutes les pressions
psychologiques et physiques dont ils ont fait l'objet ces vingt dernières
années pour les forcer à quitter les territoires occupés sont restées sans
effet. Sous l'occupation israélienne, les Palestiniens ont manifestement tiré
enseignement du sort réservé à leurs parents qui quittèrent la Palestine en
1948 et 1967. Même pour les candidats au départ, les pays arabes ont
atteint leur capacité maximale d'intégration des Palestiniens : le Liban et la
Syrie ne comptent plus parmi les pays d'accueil ; le roi Hussein de Jordanie
est déjà hanté par la crainte d'un afflux massif de Palestiniens dans son
pays. L'Egypte a à peine la place de loger son propre peuple, et les pays
du golfe arabo-persique ont restreint leur capacité d'accueil.
Certains dirigeants israéliens envisagent une politique de dépeuplement du
territoire ou d'expu

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