Reconstruction et réorientation dans la vie économique de la Chine nouvelle - article ; n°319 ; vol.60, pg 88-109
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Description

Annales de Géographie - Année 1951 - Volume 60 - Numéro 319 - Pages 88-109
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Chesneaux
Reconstruction et réorientation dans la vie économique de la
Chine nouvelle
In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°319. pp. 88-109.
Citer ce document / Cite this document :
Chesneaux Jean. Reconstruction et réorientation dans la vie économique de la Chine nouvelle. In: Annales de Géographie.
1951, t. 60, n°319. pp. 88-109.
doi : 10.3406/geo.1951.13199
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1951_num_60_319_1319988
RECONSTRUCTION ET RÉORIENTATION
DANS LA VIE ÉCONOMIQUE DE LA CHINE NOUVELLE
(Pl. V-VI.)
Si la date récente du changement de régime et le caractère fragmentaire
de la documentation1 ne permettent pas de tracer un tableau complet et
systématique de l'orientation économique de la Chine nouvelle, les efforts
du nouveau gouvernement, dans ce domaine, méritent au moins une esquisse
provisoire.
Une agriculture féodale et arriérée maintenant la paysannerie à un très
bas standard de vie ; une industrie très faible au regard du potentiel écono
mique du pays, répartie très irrégulièrement et dominée par les besoins du
commerce extérieur plus que par ceux de la consommation intérieure restée
faible ; une vie économique de caractère régional, dans laquelle chaque
province vivait plus ou moins autonome : tous ces traits de l'économie chi
noise moderne, fruits de l'évolution historique du pays depuis l'arrivée
massive des Européens, s'étaient accentués dans les années d'après-guerre.
Les grands hommes d'affaires au pouvoir derrière le parti Kouo Min Tang,
après la guerre contre le Japon, se soucièrent beaucoup plus de leur propre
enrichissement que du relèvement économique du pays. Les « quatre grandes
familles» des Chiang, Kung, Soong et Chen contrôlaient, par exemple,
50 p. 100 du textile, 65 p. 100 de l'électricité, 35 p. 100 de l'extraction du
plomb et du charbon2. Mais la continuelle inflation, qui leur permettait de
fructueuses spéculations, par l'intermédiaire du dollar américain et de la
barre d'or de Hong Kong, leur avait valu l'hostilité tenace, non seulement
de la paysannerie et de la classe ouvrière, mais des classes moyennes des
villes et des petits et moyens entrepreneurs. Le dollar chinois, supérieur
en valeur avant la guerre au dollar américain, n'en valait en 1948 que le
1 : 10 000 000. Et une nouvelle monnaie créée par le K. M. T. à cette date,
à parité avec le dollar américain, connut en moins d'un an la même dévalori
sation.
Les années 1945-1948 furent donc pour la Chine de véritables années de
régression économique. La culture du coton était, en 1948, à 63 p. 100 en
superficie, à 58 p. 100 en production, du niveau de 1937. La production de
charbon était de 34 millions de t. en 1937, de 19 millions de t. en 1947. Et
la guerre civile, avec ses ravages, avait encore contribué à désorganiser la
production (mauvais entretien des digues, inondations, famines, bombarde-
1. People's China, bimensuel depuis janvier 1950, Pékin. — New China News Agency, bulle
tin quotidien, Londres. — J. Chardonnbt, Les sources d'énergie en Chine {Bulletin hebdomadaire
de VA. F. P., 23 avril et 14 mai 1949) ; Le potentiel économique chinois (Ibid., 1er et 8 mai 1950).
— Problèmes économiques (Paris, documents de la présidence du Conseil), nos 128, 129, 130, 141,
142 de 1950. — Notes et Études documentaires (Paris, ibid.), nos 1390 et 1391 [La situation inté
rieure de la Chine). — Mise au point commode jusqu'à 1948 dans La situation économique en
Chine (Études et conjoncture, Êcon. mondiale, mars-avril 1949).
2. Voir Chen Pei Ta, Les quatre grandes famiUes, Chang H ai, 1947 (en chinois). LA VIE ÉCONOMIQUE DE LA CHINE NOUVELLE 89
ment de villes, destruction des installations industrielles avant les évacuat
ions, etc.).
Le nouveau gouvernement trouva ainsi devant lui une double tâche :
relever aussi rapidement que possible la production économique à son niveau
d'avant-guerre, esquisser une rénovation qui remédierait aux insuffisances
profondes de l'organisation économique chinoise. L'exposé des principes
d'action du nouveau gouvernement le montrera constamment attentif à
ce double aspect de la politique économique, reconstruction et réorientation.
I. — Les principes de l'action économique
DU NOUVEAUGOUVERNEMENT
Les chefs du gouvernement de la République populaire de Chine, Mao Tse
Tung, Liu Chao Shi, Li Li San, Chen Yun, sont depuis longtemps membres
du parti communiste chinois. Ils n'ont jamais fait mystère de leur volonté
d'établir en Chine une société collectiviste. Mao, dans son ouvrage général
Nouvelle Démocratie, écrit en 1942 : « La Chine doit passer d'un état féodal
et agricole à un état collectiviste et industrialisé». Mais, sans revenir sur ces
déclarations, ils ont, au lendemain de la prise du pouvoir, dans une série
de discours1, exprimé leur conviction que la Chine n'était pas mûre encore
pour un tel régime : du fait des destructions et inondations, de la baisse
générale de la production, du retard des régions «libérées» récemment (le
Sud), avec leurs difficultés particulières, par rapport aux régions « libé
rées » depuis plusieurs années 2.
Cinq types d'économie coexistent aujourd'hui en Chine, selon Mao :
l'économie d'État (propriétés nationalisées des chefs du K. M. T. et compag
nies commerciales d'État créées en 1950), l'économie coopérative rurale
ou artisanale, l'économie individuelle des petits artisans et paysans, l'écono
mie capitaliste privée, l'économie capitaliste privée avec participation de capi
taux d'État. Dans cette situation, il n'est pas possible de parler de socialisa
tion tant que la production n:aura pas atteint un niveau bien supérieur à
l'actuel. « Étant donné l'état arriéré de l'économie chinoise, il reste nécessaire
pendant une longue période de permettre l'existence d'une économie capital
iste représentée par une petite bourgeoisie nombreuse et la moyenne bourg
eoisie, même après la victoire de la révolution dans toute la nation. Ce serait
une erreur grave de confondre l'attaque politique et l'extermination écono
mique» (Mao). Dans ces conditions, les dirigeants du nouveau gouvernement
se sont fixé comme tâche de réserver à l'État un rôle de contrôle et de régu
lation à l'égard des différents secteurs privés, en même temps que la gestion
de son propre secteur.
1. Mao Tse Tung et Chen Yun en avril, Liu Chao Shi le 1er mai, Mao de nouveau le
6 juin 1950 (voir Notes et Études documentaires, n° 1390, ouvr. cité).
2. Chen Yun signale, par exemple, comme difficultés la mévente, due à la réapparition des
stocks, la baisse générale du pouvoir d'achat depuis la guerre, la fermeture des petites ou
moyennes entreprises mal organisées ou gênées par les demandes de hauts salaires, etc. 90 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
De décembre 1949 à février 1950 se sont réunies à Pékin une série de
conférences dans les différents secteurs de l'économie nationale : agriculture,
fer et acier, postes et télécommunications, navigation et routes, papier
journal et édition, industries chimiques, etc. Ces conférences, rassemblant
des fonctionnaires, des techniciens, des représentants du capital privé et des
syndicats, se sont efforcées d'élaborer, sinon un plan d'ensemble au sens tech
nique du mot, du moins une série de directives précises dans chaque branche.
Ces conférences visent très nettement, en même temps qu'à assurer la coll
aboration entre l'État et le capital privé, à substituer à l'économie régionale
cloisonnée une économie véritablement nationale.
Dans cette même perspective, le gouvernement s'efforce d'aider, dans la
mesure du possible, les entreprises privées du commerce et de l'industrie.
Il leur passe des commandes, allège leurs charges fiscales, leur consent des
prêts (par la Banque Populaire de Chine), les aide à améliorer leurs relations
avec les syndicats. Il maintient pour les commerçants une marge bénéficiaire
importante (jusqu'à 7 p. 100) entre les prix de gros et de détail. Il s

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