De saint Victrice à saint Ouen : la christianisation de la province de Rouen d après l hagiographie - article ; n°168 ; vol.62, pg 141-152
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De saint Victrice à saint Ouen : la christianisation de la province de Rouen d'après l'hagiographie - article ; n°168 ; vol.62, pg 141-152

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1976 - Volume 62 - Numéro 168 - Pages 141-152
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucien Musset
De saint Victrice à saint Ouen : la christianisation de la province
de Rouen d'après l'hagiographie
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°168, 1976. pp. 141-152.
Citer ce document / Cite this document :
Musset Lucien. De saint Victrice à saint Ouen : la christianisation de la province de Rouen d'après l'hagiographie. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°168, 1976. pp. 141-152.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1976_num_62_168_1570DE SAINT VICTRICE A SAINT OUEN :
LA CHRISTIANISATION DE LA PROVINCE DE ROUEN
D'APRÈS L'HAGIOGRAPHIE
Nous n'avons pas l'ambition de renouveler un sujet qui, on ne tar
dera pas à le découvrir, est finalement assez mince. Notre propos
sera seulement de faire le point, après trois quarts de siècle, sur un
thème qui avait été alors bien étudié par le spécialiste méritant que fut
l'abbé E. Vacandard 1, quoique cet auteur, s'intéressant avant tout aux
survivances du paganisme, ait en quelque sorte suivi une démarche
inverse de la nôtre.
Depuis 1899, la situation d'ensemble de la documentation s'est à
peine modifiée. Force est de constater que les textes utilisables sont
rares et brefs. Bien peu d'entre eux sont à peu près contemporains des
phénomènes de conversion. Pour le vie siècle, c'est avant tout le cas
de la vita Paterni, d'une qualité exceptionnelle, puisque rédigée par
Fortunat vers 590 2. Malheureusement Fortunat n'est pas un témoin
local et l'on ignore par quels canaux des connaissances valables concer
nant l'Avranchin étaient parvenues à Ension (Saint- Jouin-de-Marnes),
d'où notre littérateur tirait ses informations. Pour le vne siècle, la
documentation hagiographique recevable se transporte dans l'est de
la province : c'est la la Vita Audoeni, d'un laconisme extrême 3, la
Vita Wandregesili, qui ne fait à notre thème qu'une allusion indirecte,
1. E. Vacandard, « L'idôlatrie en Gaule au vie et au vne siècle », Reçue des
Questions Historiques, XXI, 1899, p. 424-454 (Normandie : p. 438-442). Les études
d'ensemble consacrées naguère à ce problème par René Herval ont fait peu progresser
la question : « Les origines chrétiennes de la Seconde Lyonnaise », Études Nor
mandes, n° 163, 1963, 11 p. et Origines chrétiennes, de la IIe gallo romaine
à la Normandie ducale (IVe-XIe siècles), Rouen-Paris, 1966. Nous avons, en deux
esquisses, tenté d'établir un lien entre données historiographiques et données
archéologiques : L. Musset, « Aux origines du christianisme normand, de l'art
païen à l'art chrétien », Art de Basse-Normandie, n° 34, 1964, p. 13-18 et « La nais
sance et les premiers développements de l'Église dans l'Eure », Nouvelles de l'Eure,
n° 30, 1967, p. 36-46.
2. Vita Paterni, B.H.L., n° 6477. Nous utilisons l'édition B. Krusch, M.G.H.,
A. A., IV, 2. p. 34. Voir, sur certains aspects, l'étude récente de Charles Grosset,
« Hypothèses sur l'évangélisation du Cotentin, III. Un Poitevin de bonne famille,
Paterne, évêque d'Avranches », Reçue du dép. de la Manche, XV, 1973, p. 41-59.
3. Vita Audoeni, B.H.L., n° 750. Nous utilisons l'édition W. Levison, M.G.H.,
SS, rer. Merov., V, p. 556. 142 LUCIEN MUSSET
quoique précieuse 4, enfin deux textes qui concernent la vallée de la
Bresle — à vrai dire la rive aujourd'hui picarde de la vallée, mais à
quelques centaines de mètres seulement de la frontière ecclésiastique
de la Normandie, telle qu'elle reçut son tracé définitif aux xe et
xie siècles : la Vita Walarici pour des faits voisins de 610, et la Vita
Lupi Senonensis, pour des faits de 613-614 5. Ce dernier texte, nous ne
tarderons pas à le voir, appelle d'ailleurs de sensibles réserves, au moins
par son vocabulaire assez anachronique.
A ces valeurs sûres, ou à peu près, il convient, à notre avis, de joindre
une sixième cita, celle de Févêque de Bayeux saint Vigor, qui mourut
avant 538 6. Certes, dans la rédaction où nous la possédons, qui est
tardive — du vme ou plutôt du ixe siècle ? — , il s'est glissé nombre
d'éléments inadmissibles. Mais toute une série de recoupements, tant
avec des sources littéraires (la correspondance de Sidoine Apollinaire)
qu'avec les données de l'archéologie, nous a permis récemment d'en
esquisser une réhabilitation partielle, qui a été poursuivre plus avant,
peut-être avec un peu trop de confiance, par Dom G. Aubourg 7. Sans
entrer dès à présent dans des détails qui seront évoqués plus loin,
disons qu'à notre sens certaines des données de la Vita Vigoris concer
nant la conversion peuvent être retenues, notamment celles qui pré
sentent un caractère topographique, juridique ou prosoprographique.
Le dossier pourra enfin être complété par les textes, non proprement
hagiographiques, qui font connaître l'action de saint Victrice à Rouen :
son De laude sanctorum et la lettre qu'il reçut de Paulin de Noie 8. Ni
l'un ni l'autre ne sont bien précis, mais ils constituent la totalité de
la documentation disponible pour le ive siècle.
Cette minceur des informations qui nous sont parvenues sur une
époque décisive n'a pas manqué de chagriner les auteurs ecclésiastiques
des temps postérieurs. Leur imagination a pallié notre ignorance par
un grand nombre de vies et de passions entièrement imaginaires,
concernant des martyrs extrêmement douteux, les saints Nicaise, Qui-
rin et Pience en Vexin, Mellon en Caux, saint Germain d'Ecosse en
Vimeu, saint Clair sur l'Epte, les saints Mauxe et Venerand (avec
38 compagnons anonymes) à Acquigny dans la vallée de l'Eure, Floxel,
Honorine et Basilissa (ou Basile) en Bessin, saint Hélier enfin à Jersey.
4. Vita Wandregesili, B.H.L., n° 8804. Nous utilisons l'édition B. Krusch, M.G.H.,
SS, rer. Merov., V, p. 21.
5. Vita Walarici, B.H.L., n° 8762 ; Vita Lupi, B.H.L., n° 5082. Nous utilisons
pour ces deux textes les éditions de B. Krusch, M.G.H., SS, rer. Merov., IV, p. 168
et 182.
6. Vita Vigoris, B.H.L., n° 8608. Nous utilisons l'édition A A. S S., Nov., I,
p. 299-301.
7. L. Musset, in Bull. Soc. Antiquaires de Normandie, LVI, 1962-63, p. 821-
824 ; LVII, 1963-64, p. 696-703 et LVIII, 1965-66, p. 538-544. G. Aubourg, Saint
Vigor, êvêque de Bayeux, Caen, 1969 (paru également dans Bull. Soc. Antiq. Norm.,
LVII, 1963-64, p. 317-375 et LVIII, 1965-66, p. 127-173).
— 8.Paulin Victrice de Noie, de Rouen, Lettre De à laude Victrice, sanctorum, éd. Hartel, éd. Sauvage C.S.E.L., et XXIX, Tougard, p. Paris, 130 et 1895 suiv. ; SAINT VICTRICE À SAINT OUEN 143 DE
Les premiers cités de ces martyrs improbables apparaissent dans le
second tiers du ixe siècle, dans le martyrologe d'Usuard (Nicaise) et
le calendrier d'Héric d'Auxerre (Honorine et Basilissa) ; la plupart des
autres n'ont reçu qu'au xe ou au xie siècle, voire plus tard encore,
une qualification sans doute usurpée 9. De tout cela, il n'y a à peu près
rien à retenir pour notre propos, sinon pour éclairer certains aspects
de l'histoire des mentalités et, à l'occasion, pour servir de repoussoir
aux textes d'un meilleur aloi.
Le seul aspect de la conversion que ces sources éclairent assez bien
est ce que Jacques Fontaine a appelé « le duel thaumaturgique avec
le paganisme des campagnes ». Sauf à Rouen où les textes relatifs à
Victrice autorisent quelques hypothèses, nous ne savons rien de la
conversion des villes, rien de la lutte contre les cultes officiels des cités.
Enfin soulignons que la répartition géographique des documents est
fort inégale : sur sept dossiers retenus, cinq concernent le diocèse de
Rouen et ses abords immédiats vers le Nord, un le diocèse de Bayeux,
un les confins des diocèses de Coutances et d'Avranches. C'est dénonc
er le caractère lacunaire de notre information et, partant, des conclu
sions, qu'il est licite d'en tirer.
Le paganisme auquel nos saints s'attaquent est purement rural et
d'un caractère extrêmement local. Les seuls lieux sacrés qui soient
décrits, sous le nom de fanum (sauf dans la très littéraire Vita Lupi 10),
ont un caractère presque naturel, à peine construit : c'

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