Invitation au Talmud. A propos d un livre récent - article ; n°2 ; vol.190, pg 127-148
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1976 - Volume 190 - Numéro 2 - Pages 127-148
La présente étude a pour objet de mettre en lumière les insuffisances d'un petit livre récemment publié par Jacob Neusner sous le titre d' Invitation to the Talmud. L'on croit nécessaire, eu égard à la réputation de l'auteur, de souligner les dangers que recèle un manuel d'introduction tel que le sien, pour le public non averti auquel il est destiné. Il paraît bien évident que le pathos généreux aboutissant à une vulgarisation hâtive et réalisée au mépris des voies d'approches traditionnelles dans le judaïsme ne saurait ouvrir l'accès à l'immense et complexe littérature talmudique, ni même lui rendre justice.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Matty Cohen
Invitation au Talmud. A propos d'un livre récent
In: Revue de l'histoire des religions, tome 190 n°2, 1976. pp. 127-148.
Résumé
La présente étude a pour objet de mettre en lumière les insuffisances d'un petit livre récemment publié par Jacob Neusner sous
le titre d' "Invitation to the Talmud". L'on croit nécessaire, eu égard à la réputation de l'auteur, de souligner les dangers que recèle
un manuel d'introduction tel que le sien, pour le public non averti auquel il est destiné. Il paraît bien évident que le pathos
généreux aboutissant à une vulgarisation hâtive et réalisée au mépris des voies d'approches traditionnelles dans le judaïsme ne
saurait ouvrir l'accès à l'immense et complexe littérature talmudique, ni même lui rendre justice.
Citer ce document / Cite this document :
Cohen Matty. Invitation au Talmud. A propos d'un livre récent. In: Revue de l'histoire des religions, tome 190 n°2, 1976. pp. 127-
148.
doi : 10.3406/rhr.1976.6355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1976_num_190_2_6355Invitation au Talmud
A propos d'un livre récent
La présente élude a pour objet de mettre en lumière les insuf
fisances d'un petit livre récemment publié par Jacob Neusner
sous le titre d'Invitation to the Talmud. L'on croit nécessaire,
eu égard à la réputation de Г 'auteur, de souligner les dangers que
recèle un manuel ď introduction tel que le sien, pour le public
non averti auquel il est destiné. Il paraît bien évident que le
pathos généreux aboutissant à une vulgarisation hâtive et réa
lisée au mépris des voies ď approches traditionnelles dans le
judaïsme ne saurait ouvrir V accès à V immense et complexe litt
érature talmudique, ni même lui rendre justice.
Dans un petit livre, M. Jacob Neusner, bien connu par
ses publications sur l'histoire du judaïsme, s'est proposé d'in
troduire son lecteur, par le canal de l'étude pratique d'un
texte du Talmud, au trésor de la littérature rabbinique1.
Son objectif ultime est du reste d'une portée beaucoup plus
considérable, puisqu'il avoue son ambition de réconcilier les
intellectuels juifs d'Amérique avec « l'esprit du Talmud »,
permettant de la sorte à leur raison profane condamnée à
l'absurdité, au grotesque ou à un formalisme sans contenu,
de retrouver sa chair vive et son âme. Par l'explication de
quelques pages du Talmud, Neusner espère montrer comment
il est possible de servir Dieu à travers l'activité intellectuelle
et pourquoi « l'étude » constitue l'acte sacré par excellence
dans la façon juive de vivre.
A la différence de Y Introduction au Talmud d'H. Straek,
qui est totalement dépourvue de « l'esprit du Talmud », ou
de l'ouvrage de Z. H. Chajes que son érudition rend inacces-
1) Cf. J. Neusner, Invitation to the Talmud, a teaching book, New York,
Harper & Row publishers, 1973, xxn + 263 p. Prix : $ 7,95.
REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 4/76 128 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
sible au non-spécialiste, le petit volume de Neusner s'adresse
à un public beaucoup plus large et respecte, ce faisant, le
caractère même du Talmud qui n'est pas et ne doit pas être
un domaine clos réservé aux historiens, aux juristes, aux
théologiens et aux savants. Il concerne au premier chef
l'homme dépourvu de tout bagage de spécialiste. C'est pour
quoi J. Neusner a non seulement pris garde d'imprégner son
Invitation de « l'esprit du Talmud », mais encore a visé à
rendre la littérature rabbinique parfaitement abordable même
aux non-initiés. Mieux, Neusner se montre très jaloux
d'étendre le bénéfice de son Invitation jusqu'aux étudiants
non juifs eux-mêmes, chez lesquels il a constaté souvent un
intérêt passionné pour le judaïsme rabbinique. Cet « univer-
salisme » paraît justifié à l'auteur par deux raisons. Une
raison négative et une raison positive. Tout d'abord, l'état
spirituel lamentable dans lequel se trouve la communauté
juive des Etats-Unis ne permet plus guère de faire de diff
érence entre juif et non-juif. Mais, d'autre part, ce nivellement
stupéfiant, et de soi regrettable, a pour contrepartie favorable
de préparer au Talmud son vrai public. Le Talmud, déclare
en effet Neusner, n'est pas un document ethnique : les Rabbins
dont il est l'œuvre n'avaient guère le sentiment de leur parti
cularité ethnique, si bien que le Talmud s'intéresse simple
ment aux hommes et non exclusivement aux juifs.
Avant d'aborder l'étude du chapitre 8 du traité Bérakot
qui ouvre le Talmud de Babylone, Neusner esquisse une carac-
térisation générale des Rabbins qui le produisirent. Les
fonctions que les Rabbins exerçaient au sein de leur commun
auté les distinguaient de dirigeants de caractère plus poli
tique, tels que les exilarques ou les patriarches et, en revanche,
rapprochaient leur ministère de celui de Moïse. En effet, ils
étaient l'incarnation de la loi révélée écrite et orale, de la
sainteté avec tous ses pouvoirs surnaturels de théurgie et
d'exorcisme. Leur tâche primordiale consistait à élever jus
qu'à leur propre niveau religieux l'ensemble de la commun
auté, à l'engager dans cette unique voie du salut et de la A PROPOS D'UN LIVRE RÉCENT 129
rédemption qu'était, pour ainsi parler, une telle et collective
rabbinisation dans laquelle les prières, où Neusner distingue
quatre thèmes cardinaux dont le plus important est celui du
Temple et du culte sacrificiel, jouaient un rôle essentiel.
Quant aux Rabbins eux-mêmes, leur spiritualité, leur éru
dition et leur étude ininterrompue les distinguaient certes
de la foule. Mais leur type de judaïsme n'étant alors ni normal
ni « normatif », il serait inexact de voir en eux une élite. On les
caractériserait d'une façon adéquate en les décrivant comme
des fondés de pouvoir, influents quoique minoritaires, dont
le constant idéal était de réaliser la grande visée pharisienne
du Royaume de Dieu où la totalité du peuple saint serait
constituée de prêtres.
Ceci dit, Neusner procède à la présentation du huitième
chapitre de Bérakol. Il y distingue quatre thèmes : lois concer
nant le pur et l'impur ; prières récitées au cours des repas des
jours de semaine ; prières récitées au cours des repas du sabbat
et des autres jours fériés ; distinction du sacré et du profane.
Cette analyse le conduit à s'interroger sur la raison pour
laquelle les règles de la pureté lévitique ont été aussi étro
itement associées aux repas ou à d'autres actes de la vie quo
tidienne. Il y voit le reflet de l'idéal pharisien qui tendait à
s'arroger au bénéfice de la secte et, à la limite, à conférer à
tous les Israélites le statut des prêtres du Temple. A quoi il
faut ajouter la spiritualisation du culte qu'avait réalisée
Rabban Yohanan ben Zakkaï et au terme de laquelle le culte
sacrificiel avait été remplacé par la pratique de la bienfai
sance. La sainteté du sanctuaire continuait, de la sorte, de
rayonner sur tous les aspects de la vie laïque qu'elle transfi
gurait en service de Dieu. Ce procès commencé dès avant
la ruine du Temple fut conduit à son terme par les successeurs
des Pharisiens, à savoir les Rabbins. Ces derniers détachèrent
l'idéal pharisien de son contexte historique et, le rendant
indépendant de toutes les contingences d'ordre temporel ou
spatial, en firent une doctrine valable pour toutes les géné
rations à venir. 130 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Puis Neusner revient au thème de l'universalité de cette
littérature talmudique que son immensité a fait justement
comparer à un océan. Ce qui, selon l'auteur, en constitue le
principal attrait, c'est la qualité de l'argumentation ration
nelle qui y est mise en œuvre ainsi que ses vertus esthétiques.
Erudits et incultes y sont également sensibles. Ces proposi
tions sont appuyées par une confession fort émouvante.
Neusner avoue en effet qu'il

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