La place des dieux dans la cité des hommes. Le découpage des aires sacrées dans les colonies grecques - article ; n°4 ; vol.204, pg 331-352
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Revue de l'histoire des religions - Année 1987 - Volume 204 - Numéro 4 - Pages 331-352
The Place of Gods in the City of Men
How does man know where to worship his gods ? Is a « divine revelation » always a necessity ? Must the historian presuppose some syncretism or ancient tradition lost in the mists of time ? In the world of the Greek renaissance and of the founding of new poleis and colonies in terrae novae the question assumes a particular significance. This paper offers a new thesis whose implications bear on the history of Greek religion, colonization and thought. By combining literary and archaeological evidence it suggests that it was the founder himself who made the decisions about temene, about what was to be sacred ; and this : based on purely rational and functional criteria. Thus, a new attitude toward the Sacred and the gods becomes apparent.
Comment l'homme sait-il où adorer ses dieux ? Une « révélation divine » est-elle vraiment nécessaire ? L'historien doit-il présupposer quelque syncrétisme ou encore quelque tradition qui se perd dans la nuit des temps ? Sur fond de Renaissance grecque, lorsque la fondation de poleis et de colonies dans les terrae novae est en plein essor, ces questions revêtent une signification particulière. La présente étude offre une interprétation nouvelle, non sans intérêt pour l'histoire de la religion, de la colonisation et de la pensée grecques. Une lecture attentive des sources littéraires et archéologiques montre que c'est l'oeciste lui-même qui impose le site du temenos, de ce qui doit être reconnu comme sacré ; et cela en se fondant sur des critères purement rationnels et fonctionnels. Ainsi, une attitude nouvelle envers le sacré se fait jour.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Irad Malkin
La place des dieux dans la cité des hommes. Le découpage des
aires sacrées dans les colonies grecques
In: Revue de l'histoire des religions, tome 204 n°4, 1987. pp. 331-352.
Abstract
The Place of Gods in the City of Men
How does man know where to worship his gods ? Is a « divine revelation » always a necessity ? Must the historian presuppose
some syncretism or ancient tradition lost in the mists of time ? In the world of the Greek renaissance and of the founding of new
poleis and colonies in terrae novae the question assumes a particular significance. This paper offers a new thesis whose
implications bear on the history of Greek religion, colonization and thought. By combining literary and archaeological evidence it
suggests that it was the founder himself who made the decisions about temene, about what was to be sacred ; and this : based
on purely rational and functional criteria. Thus, a new attitude toward the Sacred and the gods becomes apparent.
Résumé
Comment l'homme sait-il où adorer ses dieux ? Une « révélation divine » est-elle vraiment nécessaire ? L'historien doit-il
présupposer quelque syncrétisme ou encore quelque tradition qui se perd dans la nuit des temps ? Sur fond de Renaissance
grecque, lorsque la fondation de poleis et de colonies dans les terrae novae est en plein essor, ces questions revêtent une
signification particulière. La présente étude offre une interprétation nouvelle, non sans intérêt pour l'histoire de la religion, de la
colonisation et de la pensée grecques. Une lecture attentive des sources littéraires et archéologiques montre que c'est l'oeciste
lui-même qui impose le site du temenos, de ce qui doit être reconnu comme sacré ; et cela en se fondant sur des critères
purement rationnels et fonctionnels. Ainsi, une attitude nouvelle envers le sacré se fait jour.
Citer ce document / Cite this document :
Malkin Irad. La place des dieux dans la cité des hommes. Le découpage des aires sacrées dans les colonies grecques. In:
Revue de l'histoire des religions, tome 204 n°4, 1987. pp. 331-352.
doi : 10.3406/rhr.1987.2165
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1987_num_204_4_2165ZZA
IRAD MALKIN
Université de Tel-Aviv
LA PLACE DES DIEUX
DANS LA CITÉ DES HOMMES
Le découpage des aires sacrées
dans les colonies grecques
Comment l'homme sait-il où adorer ses dieux ? Une « révêla-
lion divine » est-elle vraiment nécessaire ? L'historien doit-il
présupposer quelque syncrétisme ou encore quelque tradition qui
se perd dans la nuit des temps ? Sur fond de Renaissance grecque,
lorsque la fondation de poleis et de colonies dans les terrae novae
est en plein essor, ces questions revêtent une signification parti
culière. La présente étude offre une interprétation nouvelle, non
sans intérêt pour l'histoire de la religion, de la colonisation et de
la pensée grecques. Une lecture attentive des sources littéraires et
archéologiques montre que c'est l'oeciste lui-même qui impose le
site du temenos, de ce qui doit être reconnu comme sacré ; et cela
en se fondant sur des critères purement rationnels et fonctionnels.
Ainsi, une attitude nouvelle envers le sacré se fait jour.
The Place of the Gods in the City of Men
How does man know where to worship his gods ? Is a « divine
revelation » always a necessity ? Must the historian presuppose
some syncretism or ancient tradition lost in the mists of time ?
In the world of the Greek renaissance and of the founding of new
poleis and colonies in terrae novae the question assumes a parti
cular significance. This paper offers a new thesis whose impli
cations bear on the history of Greek religion, colonization and
thought. By combining literary and archaeological evidence it
suggests that it was the founder himself who made the decisions
about temene, about what was to be sacred ; and this : based on
purely rational and functional criteria. Thus, a new attitude
toward the Sacred and the gods becomes apparent.
Bévue de l'Histoire des Beligions, cciv-4/1987, p. 331 à 352 A la différence de l'Etat moderne, la cité grecque ignorait
la séparation du civil et du religieux ; aussi était-elle partagée
entre les dieux et les hommes. Les dieux (comme les daimones,
les héros, etc.) étaient liés à la polis non seulement de façon
abstraite, idéale, mais aussi et surtout par des liens concrets,
charnels, avec son sol, comme V. Ehrenberg et d'autres l'ont
bien montré1. Lorsqu'une polis nouvelle était fondée, ce lien
se matérialisait par le découpage d'aires sacrées, d'enceintes
— teménë2. Ces teménë étaient partie intégrante de l'acte de fon
dation sous la férule de l'oeciste (oikislís), le fondateur de la
colonie ; c'était donc un élément constitutif de l'organisation
et de la division du territoire.
Le mot « sanctuaire» est ambigu pour notre propos.
Témenos, l'enceinte sacrée3, est plus précis et nous épargnera
la confusion fréquente entre « sanctuaire » et « temple ». Nous
savons que les éléments essentiels du culte dans les sanctuaires
grecs étaient l'enceinte sacrée et Yaulel (tsjjlsvoç xal po^xoç)4,
tandis que le temple est un ajout tardif (notamment dans les
colonies) et jamais vraiment nécessaire5. J'aimerais souligner
1. E.g., V. Ehrenberg, The Greek Stale, 2e éd., Londres, 1969, p. 14 sq.
2. P. Stengel, Die griechischen Kullusaltertumer, 3. Auflage (1920), 17 sqq.
Handbuch der Allerlumswissenschaft, Bd 5, Abt. 3, p. 17 sqq.
3. W. Burkert, Griechische Religion der archaischen und klassischen Epoche,
1977, p. 146 et n. 37. L'étymologie antique dérivant le mot de Téfxvco est
apparemment fausse : H. Frisk, Griechisches etymologisches Wôrterbuch (1970),
s.v. xéjxsvoç. Voir aussi Latte dans RE, s.v. «Temenos », série 2, vol. 1, col. 435-
437 ; cf. S. Doringy dans Daremberg-Saglio, V, 83 sqq.
4. E.g., Homère, Iliade, VIII, 48 ; Iliade, XXIII, 148 ; Odyssée, VIII, 363 ;
Hymnes à Aphrodite, 59. H. \V. Mare, A Study of the Greek р&>[л,ос in Classical
Greek Literature, Diss. University of Pennsylvania, Philadelphia (1962), p. 54
et n. 5 ; cf. Burkert, p. 146.
5. N. Coldstream, Geometric Greece, New York, 1977, p. 321 ; cf. В. Bergquist,
The Archaic Greek Temenos. A Study of Structure and Function, Lund, 1967 ;
H. Drerup, Griechische Baukunst in geometrischen Zeit, Archaeologia Homerical
кар. О, 1969 ; R. A. Tomlinson, Greek Sanctuaries, Londres, 1976 ; G. Gruben,
Die Tempel der Griechen, Miinchen, 1976. C'est aussi pourquoi les considérations
architectoniques sont anachroniques pour notre propos : J. Needham, The
Siting of Greek Buildings, Journal of the Royal Society of British Architects, 60
(1953), p. 180-185 ; R. Stilwell, The Siting of Classical Greek Temples, Journa,
of the Society of Architectural Historians, 13 (1954), p. 5 sqq. ; R. D. Martiensen, La place des dieux 333
donc, que le témenos était d'abord et surtout un morceau de
terre, appartenant au territoire de la cité et définie comme
sacrée.
Il y a une différence marquée entre un lieu sacré et une
enceinte sacrée : l'un est conçu comme un point dans l'espace,
l'autre comme l'espace lui-même, lequel peut contenir un ou
plusieurs lieux sacrés, et qui se distingue de son environnement
non-sacré, de la terre profane.
Le choix d'un lieu de culte, surtout dans les colonies nouv
elles dépourvues de points sacrés qui lui servent de repères,
revêt une signification particulière, puisqu'il implique une
définition spatiale dans le territoire de la colonie6. Cette dél
imitation de l'espace était obtenue par la division de l'ensemble
du territoire de la colonie par l'oeciste ; les critères de cette
division font l'objet de cet article.
Comment les oecistes savaient-ils où devaient se trouver
ces lemênë ? De quels critères disposaient-ils pour distinguer
une terre sacrée de telle autre qui ne l'était pas ? Comment
l'oeciste, le fondateur, pouvait-il localiser avec précision le
site sacré dans un nouveau territoire ?
Comment l'homme sait-il où adorer ses dieux ? Dans l'His
toire des Religions — de toute religion — cette question est
fondamentale. Et elle est d'autant plus significative dans le
contexte de la colonisation grecque, que ces colonies étaient
fondées ex novo.
La solution suggérée par les historiens de la religion grecque
comme Martin P. Nilsson et Louis Gernet, n'est pas d'un grand
secours, et semble m

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