La vie religieuse dans la colonie de New Plymouth (1620-1691) (deuxième article) - article ; n°2 ; vol.135, pg 143-186
45 pages
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La vie religieuse dans la colonie de New Plymouth (1620-1691) (deuxième article) - article ; n°2 ; vol.135, pg 143-186

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1949 - Volume 135 - Numéro 2 - Pages 143-186
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Giraud
La vie religieuse dans la colonie de New Plymouth (1620-1691)
(deuxième article)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 135 n°2-3, 1949. pp. 143-186.
Citer ce document / Cite this document :
Giraud M. La vie religieuse dans la colonie de New Plymouth (1620-1691) (deuxième article). In: Revue de l'histoire des
religions, tome 135 n°2-3, 1949. pp. 143-186.
doi : 10.3406/rhr.1949.5650
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1949_num_135_2_5650vie religieuse La
dans la colonie de New Plymouth
(1620-1691)
(Deuxième article)
III. — La colonie de New Plymouth
Les débuts en furent difficiles. La colonie subit la loi
commune à toutes les agglomérations qui s'édifient dans une
nature primitive. Elle connut dans une large mesure les souf
frances et les vicissitudes que devait éprouver, près de deux
siècles plus tard, la colonie-frontière de Lord Selkirk dans le
Manitoba. Sur ce sol étranger, au contact de populations
inconnues, les colons « n'avaient ni amis pour les accueillir,
ni auberges pour les recevoir et les soulager, ni demeures ni
villes pour les secourir я1. Le pays était pauvre, et ils l'affron
taient au seuil de l'hiver ; les provisions alimentaires étaient
insuffisantes ; bientôt, en janvier et février, l'inévitable
scorbut exerça ses ravages, réduisant de moitié le nombre des
Pèlerins2.
La population, cependant, se mit énergiquementà l'œuvre.
Aidée des quelques artisans qui les avaient accompagnés, les
colons purent construire une sorte de magasin où ils s'abri
tèrent et' entreposèrent leurs provisions et leurs instruments
agricoles. Puis ils procédèrent à l'édification de leurs « cot
tages' ». Ces demeures rudimentaires s'inspirèrent non de la
technique de ces maisons de rondins (log houses) qui for-
1) Plymouth Church Records, I, p. 49.
2) Bradford. Op. cit., I, p. 192 suiv. 144 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
meront ultérieurement l'aspect habituel des villages de la
frontière, mais de celle des « clapboard houses », qu'ils avaient
importée d'Angleterre. Faites de planches clouées sur un
cadre de bois, aux interstices comblés d'argile, elles étaient
couvertes de chaume. Parfois, un clayonnage revêtu d'argile
remplaçait les planches, mais la maison de rondins, était chose
inconnue, comme le Hollandais Isaac de Rasières put le cons
tater en 16281. Les habitations furent disposées sur deux
rangées grossièrement parallèles. Elles dessinaient ainsi une
.rue élémentaire, la rue de Leyde, qui s'élevait lentement eri
direction de la colline dominant la rade de Plymouth. L'hiver
se passa tant bien que mal : grâce aux provisions qu'ils pos
sédaient, au gibier, au poisson qui abondait sur le littoral,
mais ne pouvait alimenter une pêche active en raison de
l'absence d'appareils appropriés, les colons purent atteindre
le printemps. La culture du sol devint alors leur préoccupat
ion dominante. A la fin de l'été, ils obtinrent une petite
récolte de pois et de maïs. Mais, du fait de l'arrivée de 35 nou
veaux colons en novembre 1621, elle assura difficilement la
soudure avec celle de l'année suivante, elle-même réduite à
peu de chose par le manque d'expérience de la population et
par ses faibles capacités de travail dues à l'insuffisance de
l'alimentation2.
D'autres éléments encore paralysaient l'essor de la colonie.
C'était d'abord l'attitude des" Indiens. Au début, ceux-ci
avaient bien accueilli les emigrants. Décimée par une récente
épidémie, dont le foyer paraissait localisé autour de la baie de
Boston3, la tribu algonquine des Massachusetts'h'était pas en
mesure de faire obstacle à l'œuvre des Pèlerins. L'Indien
Squanto avait apporté aux colons les ressources de son expé^-
permit,' rience. Us apprirent ainsi le procédé qui leur en incor
porant aux sols sableux de la région des poissons destinés
1) Letter of Isaack De Rasières..., p. 112. — Shurtleff. The log cabin myth,
p. 101-110.
•2) Bradford. Op. cit., I, p. 276-7. '
3) С F. Adams. Three Episodes of Massachusetts tíistory. Boston, 1892, I,
p. 1 suiv. — Bradford. Op. cil, I, p. 214-5, 228-230. LA VIE RELIGIEUSE DANS LA COLONIE DE NEW PLYMOUTH 145
à en racheter la pauvreté, d'entreprendre la culture du maïs1.
Sous la direction encore de Squanto, ils purent opérer une
reconnaissance élémentaire de la région2. Malheureusement, ce
précieux auxiliaire mourut en 1622, et des difficultés ne tar
dèrent pas à surgir avec la tribu voisine des Narragansetts.
Ceux-ci, épargnés par l'épidémie, ce fléau salutaire où Cotton
Mather voyait une preuve manifeste de l'action divine, pré
tendaient régner en maîtres sur le pays. Les Pèlerins se virent
donc réduits à constituer leur colonie en une sorte de camp
retranché, protégé par une compagnie militaire et par un fort,
muni d'artillerie, qu'ils élevèrent sur la colline de Plymouth
(Burial Hill) et qui tenait lieu en même temps de « meeting
house », centre de la vie religieuse et politique de l'agglomér
ation3. Pour éviter toute dispersion de forces, les lots cultivés,
serrés autour des habitations, furent enclos de palissades.
En 1628 encore, Isaac de Rasières put observer cette dispo
sition de camp retranché qui -paralysait l'expansion de la
« ville ». Plymouth se réduisait toujours à une longue rue,
fermée par des palissades à ses deux extrémités. Au centre,
une artère secondaire la coupait à angle droit, qui renforçait
le dispositif de défense : à l'intersection des deux rues, à côté
de la modeste demeure du gouverneur, se dressait en effet une
plate-forme dont les pièces d'artillerie commandaient les
quatre avenues qui y aboutissaient*.
Dominée par la crainte d'une agression éventuelle des
Indiens, l'agglomération souffrait en outre des conditions de
travail imposées à sa population, de l'obligation qui lui était
faite de sacrifier aux intérêts de la communauté les fruits du
labeur individuel. Les colons les plus vigoureux se plaignaient
de travailler pour les femmes et les enfants des autres, sans
bénéficier, en contre-partie de leur "plus grande activité, de
distributions supplémentaires de vivres et de vêtements. Les
1) Bradford. Op. cit., I, p. $74."
2)Op. cit., 1, p. 228-230.
3)Op. I, p. 240-4, 275-6.
4) Letter of Isaack De Rasières, p. H 1-2.
10 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 146
plus âgés et les plus élevés socialement n'admettaient point
qu'on les soumît, les uns aux mêmes tâches que les jeunes gens,
les autres aux besognes des colons les plus modestes. Les
femmes enfin, désirant réserver à leurs maris le bénéfice de
leur travail, tenaient pour une servitude la nécessité d'apprê
ter la nourriture et de tenir en état les vêtements d'hommes
qui leur étaient étrangers1. De cette mauvaise volonté gêné- *
raie, les effets s'exprimaient surtout dans la lenteur de l'essor
pour' agricole stimuler de la colonie. la culture Aussi, du en maïs 1623, qui le gouverneur restait insuffisante, Bradford,
décida-t-il de laisser à chacun la propriété de sa récolte. La
terre cessa d'être cultivée en commun. Les jeunes gens furent
répartis entre les différentes familles, dont chacune reçut en
usufruit un lot correspondant à son importance. Puis, comme
la mesure ne parvenait pas à dissiper le mécontentement de la
■population, le régime communautaire fut aboli en 1624 par
l'attribution à chaque habitant d'un acre de terre en pleine
propriété2, ce qui garantissait à toutes les familles la provision
de maïs nécessaire à leur subsistance de l'hiver. Désormais, les
opérations agricoles devinrent plus actives. Les colons, sou
vent aidés de leurs femmes qui participaient, chargées de leurs
enfants, aux travaux des champs, rivalis*èrent de zèle et
d'énergie sur les lots devenus leur propriété3. Du régime ini
tial, il subsista seulement, de loin en loin, de vagues réminis
cences, telle la décision qui fut prise en 1643 de laisser à un
habitant de Plymouth le soin de veiller sur le b

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