La ville du Puy-en-Velay et les pélerinages - article ; n°3 ; vol.26, pg 243-271
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1951 - Volume 26 - Numéro 3 - Pages 243-271
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pierre-Roger Gaussin
La ville du Puy-en-Velay et les pélerinages
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 26 n°3, 1951. pp. 243-271.
Citer ce document / Cite this document :
Gaussin Pierre-Roger. La ville du Puy-en-Velay et les pélerinages. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 26 n°3, 1951. pp.
243-271.
doi : 10.3406/geoca.1951.2692
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1951_num_26_3_2692VILLE DU PUY EN VELAY ET LES PÈLERINAGES LA
par Pierre-Roger Gaussin
INTRODUCTION
LE PUY : Site et Situation
Le Puy, autrefois capitale du petit pays du Velay, et actuellement chef-
lieu du département de la Haute-Loire, n'est, du point de vue de la popul
ation, qu'une ville d'importance très moyenne, groupant en 1946: 22.705
habitants.
Le Velay (fig. 1) est une petite région géographique assez disparate,
comprenant, au Nord et à l'Ouest, le « Velay d'au-delà des bois » , avec les
plateaux granitiques de Craponne et de Montfaucon, mammelonnés, boisés,
bien cultivés; au Sud et àl'Est, le « Velay d'en-deçà des bois », plateaux
plus énergiquement burinés dans un matériel volcanique, Velay pittoresque
des hauts sommets — Mézenc, Gerbier de Jonc, Meygal — et des lacs —
Issarlès, le Bouchet, Saint-Front — , mais pays rude et isolé.
Mais le Velay, ce sont aussi les petits bassins de la Loire supérieure dont
le plus central, le plus vaste quoique bien morcelé, est le « creux du Puy ».
Ainsi, au cœur même du pays, le Puy tient une position centrale ; il n'en
est pas de même dans l'ensemble du plateau central, rejeté qu'est le Velay
dans l'Est du Massif: la grande voie traversière Nord-Sud, marquée par
la vallée de l'Allier, qu'emprunte la voie ferrée Paris-Nîmes, passe à une
trentaine de kilomètres au Sud-Ouest du Puy.
La ville occupe le centre du creux, fortement évidé dans les marnes,
les calcaires et les sables, les eaux n'ayant respecté que les laves et les
granites qui dominent la cité de leurs pitons aigus ou de leurs lourdes ron
deurs, les « Gardes ».
A quatre kilomètres en amont du confluent de la Loire avec la Borne,
quatre rochers s'échelonnent sur la rive droite de cette dernière. Le plus
proche du confluent, le plus gigantesque, le « puy » par excellence, c'est
le Rocher Corneille, puissant monolithe haut de 130 mètres aux flancs
duquel s'accroche la cité ; à côté, gagnant en finesse ce qu'il perd en
hauteur, le rocher d'Aiguilhe, menhir titanesque de 80 mètres ; puis un
peu plus haut dans la vallée, deux autres rochers à Espaly.
C'est dans ce paysage chaotique qu'a grandi la ville, « dans l'un des
plus beaux sites du monde avec la Corne d'Or et la baie de Rio » (Helm-
holtz), mais dans une position assez incommode. Bien mieux placé géogra-
phiquement est Brives-Charensac, le bourg-pont sur la Loire. Au contraire, 244 P.-R. GAUSSIN
la ville a tourne le dos non seulement à la Loire, que le quartier moderne
lancé en éclaireur dans cette direction, la Renaissance, n'atteint pas encore,
mais aussi aux rivières, Borne et Dolaizon. L'espace plan ne manquait pas
au pied des rochers, et la ville moderne a bien dû s'en accommoder, mais
la ville ancienne a préféré les pentes difficiles du Mont-Anis (1). Pourquoi?
La réponse est peut-être dans ces statues, ces chapelles, cette cathédrale
qui terminent chaque eminence, comme si l'œuvre de la nature eût dû être
achevée par la main de l'homme. Quelle est la raison d'être de ces édifices
construits du xe au xixe siècle et dont les liens avec la ville sont évidents?
L'Histoire va ici nous éclairer.
PREMIERE PARTIE
LES PELERINAGES ET LE DEVELOPPEMENT DE LA CITE
Dans quelle mesure le fait religieux est-il lié aux origines mêmes de la
ville? Il nous faut savoir, d'une part à quelle date remonte la ville, d'autre
part à quelle date remontent les pèlerinages.
CHAPITRE I. LE FAIT RELIGIEUX ET L'ORIGINE DE LA VILLE
II est de tradition de faire remonter les Jubilés de Notre-Dame du Puy
à l'année 952, N'y eut-il aucun pèlerinage avant cette date? Et à cette
date une ville existait-elle? On a peu d'indices sur les origines du Puy;
certes, on a découvert dans la vallée de la Borne, tout près d'Espaly, des
restes de constructions dont les archéologues font les demeures de plai
sance des bourgeois de Ruessio, la cité des Vellavi, ce que les modernes
habitants du Puy appelleraient des « vignes ». Ruessio, c'est de nos jours
un gros bourg sur le plateau, à 14 kilomètres du Puy : Saint- Paulien.
Ainsi, rien ne semble désigner les pentes d'Anis pour supplanter Ruessio,
qui va s'effacer sans pourtant disparaître. Pourquoi ce déplacement du
centre du pays? Le tracé des routes, qui fit la fortune de Clermont et
d'Autun, rivales heureuses de Gergovie et de Bibracte, ne le commandait
pas, puisque la principale voie romaine à travers le Velay, reliant Lyon à
Bordeaux, passait par Saint-Paulien et Cayres. Anis était à l'écart...
Cependant, dès 591, l'évêque du Velay y a sa résidence (2). Que s'est-il
donc passé ? La légende, plus loquace que l'histoire, parle d'apparitions de
la Vierge Marie à des malades de la région qui se trouvèrent miraculeuse-
(l) Mont Anis: ancienne appellation du Rocher Corneille, connue dès 591 d'après un
texte de Grégoire de Tours.
(2)1 « Ad locum quem Anicium vocitant » (Greg. Turon., Hist. Fr. X, 25), d'après
A. Chassaing et A. Jacotin : Die t. topo graphique du département de la Haute-Loire, Paris,
1907, p. 224. LE PUY-EN-VELAY 245
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Fig. 1. — Le Velay et le creux du Puy
En haut, schéma géologique. En bas, schéma hypsométrique P.-R. GAUSSIN 246
ment guéris quand on les eut transportés sur le mont Anis et étendus sur
une pierre mystérieuse. Cette pierre existe encore, encastrée à la base de
l'autel qui couronne le grand escalier de la basilique : c'est la « pierre des
fièvres >.) (3). Que pouvons-nous retenir de cette légende? Ceci, qu'à une
époque indéterminée, sans doute antérieure à la fin du vie siècle, s'est pro
duit à Anis ce que nous appellerons un « fait du Puy » par analogie avec
ce qu'on a appelé au xixe siècle le « fait de Lourdes ». Dans les deux cas,
ces faits sont matérialisés par des choses visibles, grotte et source dans le
cas moderne, pierre dans le cas ancien.
Mais là apparaît une différence : on peut dater l'apparition de la source de
Lourdes. Peut-on dater celle de la « pierre des fièvres » ? Qu'est exacte
ment celle-ci ? Sans prendre position dans une querelle d'archéologues, nous
pouvons y voir un ancien autel druidique, peut-être consacré à la « Virgini
Pàriturae ». la « Vierge qui doit enfanter » (4). La montagne d'Anis a pu
être un centre de pèlerinage bien avant le Christianisme, et d'ailleurs l'ima
gination ne pouvait pas rester insensible à la grandeur du site, un de ces
hauts lieux où les peuples aiment à placer la Divinité. Une fois la contrée
christianisée, rien ne s'opposait à ce que le culte de la Vierge gauloise se
transformât en celui de la Mère du Christ. Le populaire était tout prêt
à lui reporter ses hommages, et le Clergé y trouvait un moyen d'élever les
populations au-dessus des anciennes superstitions. Que des guérisons mira
culeuses se soient alors produites, qu'un « fait d'Anis » ait eu lieu, et la
fortune du rocher était assurée, renommé qu'il était déjà, au moins dans un
petit rayon.
CHAPITRE II. LE MOYEN AGE
Le noyau pré-urbain.
Si le texte de Grégoire de Tours ne qualifiait Anis que de «. locus », dès
923, un diplôme du roi Raoul adressé à l'évêque Adalard donnait aux
habitations entourant le sanctuaire le nom de « burgus ». Ainsi s'affirme
révolution: au vie siècle, Anis n'est qu'une résidence officielle, peut-être
encore en lutte d

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