Le « De Harmonia Mundi » de Georges de Venise. Aperçus sur la genèse et la structure de l œuvre - article ; n°2 ; vol.179, pg 181-203
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Le « De Harmonia Mundi » de Georges de Venise. Aperçus sur la genèse et la structure de l'œuvre - article ; n°2 ; vol.179, pg 181-203

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1971 - Volume 179 - Numéro 2 - Pages 181-203
La présentation d'ensemble de l'auteur et de l'œuvre impose une évocation biographique. Réduite à ses lignes essentielles, celle-ci permet de dégager l'importance et la diversité des rôles que tint Georges de Venise et de considérer le De Harmonia Mundi comme leur reflet et leur résumé. La structure de l'œuvre, musicale et numérique, illustre à un premier titre l'originalité et la rigueur de l'auteur. Son langage fondé sur le principe de l'analogie s'articule sur les différents niveaux de l'exégèse biblique connus depuis les premiers siècles. Il constitue une herméneutique symbolique que la Renaissance enrichit cependant. Enfin les méthodes en œuvre, liées au syncrétisme religieux lui-même, s'appuient sur une spéculation pythagoricienne et kabbalistique dont la signification philosophique sera éclairée dans une étape ultérieure.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-F. Maillard
Le « De Harmonia Mundi » de Georges de Venise. Aperçus sur
la genèse et la structure de l'œuvre
In: Revue de l'histoire des religions, tome 179 n°2, 1971. pp. 181-203.
Résumé
La présentation d'ensemble de l'auteur et de l'œuvre impose une évocation biographique. Réduite à ses lignes essentielles,
celle-ci permet de dégager l'importance et la diversité des rôles que tint Georges de Venise et de considérer le "De Harmonia
Mundi" comme leur reflet et leur résumé. La structure de l'œuvre, musicale et numérique, illustre à un premier titre l'originalité et
la rigueur de l'auteur. Son langage fondé sur le principe de l'analogie s'articule sur les différents niveaux de l'exégèse biblique
connus depuis les premiers siècles. Il constitue une herméneutique symbolique que la Renaissance enrichit cependant. Enfin les
méthodes en œuvre, liées au syncrétisme religieux lui-même, s'appuient sur une spéculation pythagoricienne et kabbalistique
dont la signification philosophique sera éclairée dans une étape ultérieure.
Citer ce document / Cite this document :
Maillard J.-F. Le « De Harmonia Mundi » de Georges de Venise. Aperçus sur la genèse et la structure de l'œuvre. In: Revue de
l'histoire des religions, tome 179 n°2, 1971. pp. 181-203.
doi : 10.3406/rhr.1971.9698
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1971_num_179_2_9698Le « De Harmonia Mundi »
de Georges de Venise
Aperçus sur la genèse et la structure de l'œuvre
La présentation d'ensemble de fauteur et de l'œuvre impose
une évocation biographique. Réduite à ses lignes essentielles,
celle-ci permet de dégager V importance et la diversité des rôles
que tint Georges de Venise et de considérer le De Harmonia
Mundi comme leur reflet et leur résumé.
La structure de l'œuvre, musicale et numérique, illustre à un
premier litre l'originalité et la rigueur de l'auteur.
Son langage fondé sur le principe de l'analogie s'articule
sur les différents niveaux de l'exégèse biblique connus depuis
les premiers siècles. Il constitue une herméneutique symbolique
que la Renaissance enrichit cependant.
Enfin les méthodes en œuvre, liées au syncrétisme religieux
lui-même, s'appuient sur une spéculation pythagoricienne et
kabbalislique dont la signification philosophique sera éclairée
dans une étape ultérieure.
Georges de Venise, tombé dans un injuste oubli, mérite
de retrouver la place qui lui est due dans une histoire des
religions. La fin du xve siècle et le début du xvie, qui vit la
parution de son grand traité le De Harmonia Mundi, cons
tituent une période cruciale dans l'évolution des idées rel
igieuses. A cet égard, Georges de Venise ne semble pas devoir
occuper un rang moindre que Marsile Ficin, Pic de la Miran-
dole et Reuchlin, inspirateurs des courants ésotériques chré
tiens, mais aussi de nombreux penseurs religieux orthodoxes
durant tout le xvie siècle, voire une grande partie du xvne.
En dépit de son ampleur et de sa qualité, le De Harmonia
Mundi n'a suscité jusqu'à présent aucune grande étude
d'ensemble, en France comme ailleurs, mais a fait simplement
l'objet de mentions plus ou moins brèves dans certains 182 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
ouvrages généraux consacrés à la pensée de la Renaissance1
ou bien, de quelques articles partiels et d'inégale valeur. Or
l'importance de cette œuvre, ne fût-ce que du point de vue
de l'histoire des idées religieuses et de la littérature, se marque
en France vers le milieu du xvie siècle et postérieurement.
Le De Harmonia Mundi, en effet, paru en latin à Paris, en 1545,
fut réédité sous le titre de Promptuarium en 15642, le poète
français Guy Le Fèvre de La Boderie en donna,, en 1578,
une traduction dont il sera fait ici un usage constant, tant à*,
cause de la qualité poétique de la langue que de sa remarquable1
fidélité au texte original.
La réédition: de cette œuvre l'année suivante, de même
que les éditions parisiennes de 1574 et 1575, en latin, de la
seconde grande œuvre de Georges de- Venise, les Pro blemaia,
parue à Venise en 1536 et rééditée en 1622 également à Paris,
témoignent de l'intérêt très vif que lui portèrent poètes et
philosophes dans la seconde moitié du siècle et au début du;
suivant3. Avant cependant d'envisager la doctrine de Georges
de Venise, il paraît nécessaire de resituer sommairement le
De Harmonia M undi dans la vie et l'œuvre même de son
auteur et de définir la structure et la méthode qui sous-
tendent le traité.
A l'arrière-plan de cette enquête préalable à l'analyse que
nous ferons ultérieurement des fondements philosophiques
de la pensée zorzienne, nous nous interrogerons sur l'origi
nalité de sa démarche par rapport aux méthodes et aux
procédés que de longues traditions charriaient déjà depuis
l'Antiquité, pour aboutir au xvie siècle et même bien au-delà.
1) L'étude la plus substantielle est celle de F. Secret, in Les kabbalisles
chrétiens de la Renaissance, éd. Dunod, 1964, pp. 126-140, qui souligne ailleurs -■
à maintes reprises l'importance de Georges de Venise.
2) Cette édition effectuée par R. Benoist, curé ligueur surnommé le pape
des Halles, contient une intéressante préface de ce dernier. Le Dictionnaire des:
lettres françaises du XVIe siècle (1951), à l'article Benoist (p. 97) omet de
mentionner le fait.
3) J. Brucker, in Historia Crilica Philosophiae, Lipsiae, 1743 (t. IV, 1,
p. 374) mentionne une édition du Prnmpluarium en 1564 à Paris et des Proble-
mala à Paris en 1621 ; l'index espagnol en mentionne une autre en 1624. LE « DE HARMONIA MUNDI » DE GEORGES DE VENISE 183
* * *
Une évocation de la vie et de l'œuvre de Georges de Venise
a moins pour but de sacrifier à l'érudition que d'éclairer
quelques-unes des caractéristiques du traité avant d'en
dégager les grandes lignes.
La vie de Georges de Venise est caractérisée par une acti
vité considérable et très diversifiée. Né en 1453, mais selon
la plupart en 14601, d'une des plus anciennes familles patri
ciennes de Venise2, son origine le disposait bien davantage
à une carrière d'honneurs, comme en témoigne son inscription
sur le Balla d'Oro dès l'âge de 18 ans, qu'au sacerdoce dans
l'ordre franciscain, fruit d'une vocation profonde que sa
famille n'apprécia pas ; pour cette raison sa mère le déshéritera
en partie. C'est l'époque où des études auprès de maîtres
néo-platoniciens (soit ta Florence où Marsile Ficin fondateur
de l'académie néo-platonicienne enseigne et traduit les écrits
d'Hermès et de Platon, soit à Venise même auprès de maîtres
d'inspiration identique, plutôt qu'à Padoue où triomphait
alors l'aristotélisme) détermineront les thèmes et l'esprit de
ses œuvres futures. Dès son ordination, qui aurait eu lieu
en 14733, il reçut un poste de lecteur en théologie et en philo
sophie : l'enseignement restera toute sa vie une de ses activités
les plus constantes. L'édification d'une œuvre comme le
De Harmonia Mundi et la forme de son argumentation
générale ne s'expliqueraient point sans une longue pratique
à la fois d'enseignement et de prédication.
Dans les années 1490-1500 se situe un voyage en Palest
ine4, qui n'eut pas seulement des motifs dévotionnels, mais
permit à notre auteur d'approfondir, par des contacts directs,
1) Cf. Eugenio Garin, in Slnria délia Filosofia Italiana, éd. Einaudi, p. 595,
ri'prend la date traditionnelle mais certainement inexacte de 1460, l'inscription
de Georges de Venise sur le Balla d'Oro ayant eu lieu en 1471 et ne pouvant
réglementairement s'effectuer qu'à l'âge de 18 ans : cf. Vicentini Ulderico,
O.F.M., in Le Venezie Francescane, Venezia, 1954, n08 1, 2, 3 et 4.
2) II est le cousin de Marin Sanudo, le célèbre auteur des Diarii.
.'?) La date de son ordination serait en conséquence 1473 et non 148П, cf. n. 1.
1) Cf. Vicentini Ulderico O.F.M., lue. cil., 1952, n° 4, Fr

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