Le nom du Dieu d Israël - article ; n°1 ; vol.141, pg 5-18
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1952 - Volume 141 - Numéro 1 - Pages 5-18
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 85
Langue Français

Extrait

Édouard Dhorme
Le nom du Dieu d'Israël
In: Revue de l'histoire des religions, tome 141 n°1, 1952. pp. 5-18.
Citer ce document / Cite this document :
Dhorme Édouard. Le nom du Dieu d'Israël. In: Revue de l'histoire des religions, tome 141 n°1, 1952. pp. 5-18.
doi : 10.3406/rhr.1952.5846
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1952_num_141_1_5846nom du Dieu d'Israël1 Le
Quel était le nom du Dieu d'Israël et comment ce nom
doit-il être interprété, c'est l'un des sujets qui ont été le plus
souvent débattus entre les exégètes, les philologues, les his
toriens et les philosophes. J'en ai moi-même traité assez
longuement sous le titre « Le dieu national »2 dans mon ouvrage
La religion des Hébreux nomades paru en 1937. Si j'y reviens
aujourd'hui, c'est que sur certains points il m'a été donné
de compléter ma documentation et d'améliorer, je l'espère,
ma première opinion. Ainsi en est-il fréquemment dans la
recherche de la vérité historique, lorsqu'il s'agit de l'ancien
Orient, où les fouilles archéologiques amènent sans cesse à la
lumière des textes jusqu'alors inconnus, qui renforcent ou
affaiblissent les hypothèses précédemment exprimées.
Un fait qui semble incontestable, c'est que, suivant l'une
des traditions bibliques, le dieu national des Benê Israël ou
Fils d'Israël n'a commencé à être connu sous son vrai nom
qu'à partir de Moïse. La révélation du Sinaï a pour premier
objet de donner au peuple, par l'intermédiaire de Moïse,
un dieu qui lui soit propre et dont le nom soit distinct des
termes vagues par lesquels on désigne la divinité en général.
Ainsi le mot 'é/, malgré la place prédominante qu'il occupe
dans la nomenclature religieuse et mythologique des Sémites,
surtout en Syrie et en Phénicie3, reste un vocable commun
1) Communication lue à la séance publique annuelle de l'Académie des Ins
criptions et Belles-Lettres, le 23 novembre 1951.
2) P. 351-362.
3) Sur la personnalité du dieu El dans les textes de Ras Shamra (Ougaril) et
dans les milieux cananéens, voir en particulier les excellentes constatations de 6 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
« dieu », qui a son féminin 'êlalh, 'êlâh « déesse », son pluriel
masculin 'êlîm « dieux » et féminin 'êlôth « déesses ». Des
expressions comme benêy 'êlîm « fils des dieux » (Psaumes,
XXIX, 1 ; LXXXIX, 7) ou 41 'êlîm « dieu des dieux »
(Daniel, XI, 36), renforcées par l'usage de bn 7 « fils du
dieu El » dans les textes de Ras Shamra1 montrent bien le
caractère universel du dieu 41 et de ses fils qui sont, suivant
le mot de la seconde épître de Pierre, divinae consories
naturae2.
Pour déterminer la nature du divin exprimé par ce mot
générique, 41, on recourra soit à des compléments jouant le
rôle de génitifs, soit à des épithètes jouant le rôle de qualif
icatifs. Ainsi l'on rencontre dans un passage célèbre de la
Genèse (XXI, 33) la formule 41 'ôlâm appliquée au dieu
d'Abraham. Les Septante ont rendu par Geoç atomoç et
la Vulgate par dei aeterni « du dieu éternel ». En fait, l'expres
sion signifie « dieu du monde » et, si l'on songe au double sens
de 'ôlâm en hébreu, on peut interpréter par dieu de l'espace
et du temps. C'est ce qui explique, selon nous, l'identification
que Philon de Byblos propose du dieu El avec Cronos ou
Chronos « le Temps » personnifié.
L'épithète 'élyôn cherche, elle aussi, à sortir le mot 41
de son indétermination pour le définir le « dieu très haut »
dans la Bible3 ou, pour faire de 'élyôn une entité divine, « le
très haut » non seulement dans la Bible4, mais encore chez les
Araméens et chez les Phéniciens5. Pour les Araméens, c'est
dans le traité conservé par la stèle de Séfireh-Soudjin, qui
date du milieu du vine siècle avant notre ère, que nous
trouvons la formule significative qdm 7 w 'lyn « devant El
R. Dussaud, Les découvertes de Ras Shamra (Ugarit) et V Ancien Testament (2e éd.,
1941), p. 91-97.
1) R. Dussaud, op. cit., p. 94-95, et aussi notre ouvrage La religion des Hébreux
nomades (1937), p. 336.
2) // Petr., 1, 4.
3) Genèse, XIV, 19 ; Psaume, LXXVIII, 35.
4) Nombres, XXIV, 16 ; Deutéronome, XXXII, 8 ; Isaîe, XIV, 14 et surtout
dans les Psaumes, XVIII, 14 ; XXI, 8 ; XLVI, 5 ; L, 14, etc.
5) La religion des Hébreux nomades (1937), p. 340-341. LE NOM DU DIEU D ISRAEL 7
et Elyôn w1. Pour les Phéniciens, un texte de Philon de Byblos
est formel : EXiouv xaXoujxevoç бфютос « Elioun appelé
Très Haut »2. Et c'est précisément ce terme офютос, en latin
Aliissimus, que les traducteurs grecs et la Vulgate latine
utiliseront pour rendre l'hébreu 'êlyôn.
Loin de restreindre le dieu à la conception de dieu de la
tribu, de la nation, de la ville, les désignations que nous
venons d'analyser tendent à en faire une divinité acceptable
par les peuples voisins et même par des groupes ethniques
n'appartenant pas à la civilisation sémitique. Il en va de
même pour le nom de Shaddaï, qui, suivant le chapitre VI
de YExode, aurait été manifesté aux patriarches Abraham,
Isaac, Jacob, avant la révélation du véritable nom du dieu
d'Israël3. Ce nom dans lequel nous reconnaissons une forme
araméenne du babylonien shaddďu « montagnard » considère
le dieu des patriarches comme le dieu de la montagne ou du
haut lieu, ce que confirme excellemment un passage du Pre
mier Livre des Rois*, dans lequel les serviteurs du roi d'Aram,
c'est-à-dire de Syrie, Ben-Hadad, tiennent ce propos à leur
maître : « Leurs dieux (à propos des dieux d'Israël) sont des
dieux de montagnes, c'est pourquoi ils ont été plus forts que
nous, mais combattons avec eux dans la plaine et alors ne
serons-nous pas plus forts qu'eux ? » Le gros inconvénient
de cette appellation était de faire de Shaddaï une réplique
du dieu éponyme des Amorrhéens, à savoir Amourrou, qui
était considéré par les Sémites mésopotamiens comme bel
shadî « seigneur de la montagne » alors que sa compagne
Ashrat ou Ashérat était « dame de la plaine »5. Toujours
soucieux de rendre par un terme universel, les traducteurs
ont interprété par TOxvToxpocTcop en grec, omnipotens en latin :
Tout-Puissant.
1) Ibid., p. 96, n. 10.
2)p. 340-341.
3) Exode, VI, 3. Voir La religion des Hébreux nomades, p. 40 et p. 342-344.
4) / Rois, XX, 23, 28.
5) Nos articles sur les Amorrhéens, parus dans la Revue biblique (1928, 1930,
1931), sont réunis sous une forme accessible dans le Recueil Edouard Dhorme
(Imprimerie Nationale, 1951). Sur Amourrou, seigneur de la montagne, p. 118-119. 8 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
A côté du nom de 41 qui, répétons-le, exprime la divinité
en général, les Sémites occidentaux ont connu une sorte
d'état emphatique représenté par l'araméen 'élâh, corre
spondant à l'hébreu 'éloah et à l'arabe 4lah, d'où provient
Allah par l'adjonction de l'article1. Il s'agit maintenant du
Dieu par excellence, de celui qui, dans le livre de Job, comme
je l'ai observé dans mon commentaire paru en 1926, est l'équi
valent du dieu 41 ou du dieu shaddaï auxquels il sert de doublet
ou de variante poétique2. J'ai proposé de reconnaître la
forme primitive d'Eloah dans i-la de l'onomastique ouest-
sémitique de l'époque hammourabienne3. J'ai cité alors le
nom caractéristique de I-la-il(u) « Ilah est dieu », qui affirme
l'identité d'El et d'Eloah. Un certain nombre de noms propres
de Mari, figurant sur les tablettes retrouvées par M. A. Parrot
à tell Hariri, et publiées sous sa direction et celle de M. G. Dos-
sin, sont composés avec l'élément i-la*. Le nom amorrhéen
du roi d'Assyrie qui a précédé Shamshi-Adad Ier, le contem
porain de Hammourabi, est écrit régulièrement I-la-kab-ka-

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