Les épreuves de l Église de France au XVIe siècle - article ; n°52 ; vol.11, pg 332-362
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1925 - Volume 11 - Numéro 52 - Pages 332-362
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Carrière
Les épreuves de l'Église de France au XVIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°52, 1925. pp. 332-362.
Citer ce document / Cite this document :
Carrière Victor. Les épreuves de l'Église de France au XVIe siècle. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°52,
1925. pp. 332-362.
doi : 10.3406/rhef.1925.2361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1925_num_11_52_2361•
LES
EPREUVES DE L'ÉGLISE DE FRANGE
AU XVF SIÈCLE*)
(SUJET D'HISTOIRE DIOCÉSAINE)
II. Les Aliénations du Temporel ecclésiastique. — § 1. Aperçu histo
rique. — La situation financière au début du règne de Charles IX. —
La royauté, attaquée par les protestants, recourt à l'aliénation des
biens d'église pour défrayer la guerre. — Attitudes du Clergé et du
Saint-Siège. — Nombre des aliénations; leurs traits distinctifs. —
§ 2. Les Sources diocésaines. — Documents concernant la première
aliénation et le rachat. — Documents relatifs aux cinq dernières alié
nations. — § 3. Questions à traiter. — L'aliénation de 1563 et les
gens de justice. — Les adjudicataires des biens ecclésiastiques.
Comment les grouper au point de vue social. — Applications aux
diocèses de Paris» de Sens, de Chartres et à la généralité de Paris. —
Les adjudicataires nobles et huguenots. — Les ventes de temporel et
les gens d'église.
LES ALIENATIONS DU TEMPOREL ECCLESIASTIQUE
c
Un sujet d'histoire diocésaine encore nouveau, c'est, ou je<
me trompe, la vente des biens d'église sous les derniers Valois.
Les auteurs de monographies pour la plupart l'ignorent, les»
autres en parlent incidemment ou le traitent mal. Faut-il
dire, à leur décharge, que les ouvrages spéciaux, susceptibles
de leur faciliter la tâche, sont en petit nombre et encore
de date récente ? L'excuse ne serait pas valable pour tous.
Henri Furgeot, le premier, a signalé le problème à l'atten
tion des historiens dans un article de la Revue des Questions
historiques, paru en 1881. Sous ce titre, qui déborde un peu
le sujet traité : l'Aliénation des biens du clergé sous Charl
es IX1, l'auteur s'attache à faire connaître tout au long les
raisons qui motivèrent la première vente du patrimoine ecclé-
*) Ci-dessus, p. 167. à 201.
1. Tirage à part. Paris, 1&81, in-&°, 71 p. LES ÉPREUVES DE L'ÉGLISE DE FRANCE AU XVI* SIÈCLE 333
siastique et les résistances que cette mesure rencontra dans
le Parlement. Vient ensuite une thèse latine de M. l'abbé
Richard, De piiblicatis tempore motuum civilium XVI1 sseculi
Ecclesise gallicanse bonis immobilibus (1563-1588)2. Même au
temps où les humanités étaient plus en faveur qu'aujourd'hui,
si l'emploi de la langue latine ne vouait pas fatalement un
travail de ce genre à l'oubli, il constituait néanmoins déjà un
obstacle à sa diffusion3. Ainsi s'explique que M. Louis Serbat
n'ait pas connu cette thèse vers le même temps qu'il termi
nait son ouvrage sur Les Assemblées du clergé de France*.
Néanmoins le chapitre qu'il consacre aux « Aliénations »
présente, du sujet, une exacte et fort docte synthèse5.
Ces deux excellentes études, rédigées de première main,
d'après les textes législatifs, retracent l'histoire générale de
la vente des biens ecclésiastiques en prenant la question au
point de départ, dans les bulles, les edits, les ordonnances.
Il y aurait avantage, je crois, en s'aidant de ces premiers
travaux6, à reprendre le thème pour l'étudier à son point
d'arrivée, dans chaque région, d'après les actes administratifs
et les sources locales. L'examen approfondi de faits relatifs
à une circonscription, diocèse ou bailliage, motivera proba
blement des observations, des interprétations qui viendront
restreindre, étendre, confirmer peut-être certaines conclusions
encore discutables. J'essaierai d'initier le lecteur, et je sup
pléerai par là au silence des histoires générales7, en esquissant
pour commencer un bref historique du sujet.
j2. Paris, Picard, 1901.
*3. La Revue compte publier dans ses cahiers une adaptation en fran
çais de la thèse latine de M. Richard.
4. Il en avertit lui-même le lecteur. Cf. Les Assemblées du clergé de
France (Paris, l'90G), p. 153, n. 3.
•5. Voir le chapitre VI, pp. 146 à 163.
6. Signalons encore Jules Viguier, Les contrats et la consolidation des
décimes à la fin du XVIe siècle (Paris, 1906'), bon ouvrage qui expose la
situation financière et les différents contrats qui régularisèrent l'impôt
du clergé de 1560 à 1580. On lira néanmoins avec précaution le chapi
tre VI, où Fauteur omet de ramener les dates au nouveau style et confond
l'édit du 17 mai 1563 avec le projet d'aliénation présenté au mois de
février précédent.
7. De Thou accorde juste trente lignes à la première aliénation (His
toire universelle, t. IV, p. 53^540) ; M. Mariéjol fait seulement allusion
aux ventes de biens d'église sous Henri III (Lavisse, Histoire de France,
t. VI, p. 224-225) ; et M. Félix Rocquain, dans son récent livre sur La
France et Rome pendant les guerres de religion (Paris, 1924D, ignore
du tout le sujet. 334 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
§ 1. — APERÇU HISTORIQUE DES ALIENATIONS
Là situation financière au début du, règne de Charles IX.
L'aliénation des biens d'église fut envisagée pour la pre
mière fois aux Etats de Pontoise (août 1561). Jamais encore
le trésor royal n'avait été obéré d'aussi lourdes charges. L'an
née précédente, aux Etats Généraux d'Orléans, le chancelier de
L'Hospital avait donné le chiffre exact de la dette, soit 43 mil
lions 6 ou 700.000 livres8, — somme énorme si l'on songe que
du royaume mis « en criées » l'on n'eût pas offert alors
50 millions9. Or, à Pontoise, où les députés des trois ordres
s'étaient réunis à dessein de remédier au déplorable état des
finances, la noblesse et le tiers état s'accordèrent pour dénonc
er au roi l'immense patrimoine de l'Eglise dont les deux
tiers étaient en biens fonds. « Tous ces biens, disait la
noblesse, appartiennent en corps au commun du royaume et
les gens d'église n'en ont que l'usufruit seulement10; »- et elle
proposait d'en aliéner la propriété jusqu'à concurrence de
800.000 livres ou d'un million de rentes, en s'attaquant aux
bénéfices dont le revenu était supérieur à 400 livres. Plus
radical, le tiers-état, travaillé par les passions religieuses,
réclamait un inventaire des richesses de l'Eglise et la confis
cation complète de son patrimoine. En retour, on aurait laissé
à chaque bénéficier une maison et la rente équivalente au
revenu de son temporel. Mais les esprits n'étaient pas encore
mûrs pour de telles réformes, et ces projets, quelque sédui
sants qu'ils fussent, attendront deux siècles avant d'aboutir.
Le clergé d'ailleurs s'était rendu compte du sacrifice que
les circonstances exigeaient de lui11. Par le contrat.de Poissy
(21 oct. 1561), l'Eglise de France s'engageait à éteindre les
dettes du roi en rachetant les rentes constituées sur le
domaine, les aides et gabelles du pays dans un laps de quinze
années. L'opération ne devait pas lui coûter moins de 17 mil
lions 160.000 livres. A ce prix, le clergé se flattait-il d'être à
8. Oufey, Œuvres de Michel de L'Hospital (Paris, 1824), t. II, p. 163.
9. Arch, nat., Xla 1605, 17 mai 15&3, fol. 172 v°.
10. G. Picot, Histoire des Etats Généraux (Paris, 1888), t. II, p. 3&6.
11. G. Pioot, des Généraux, t. II, p. 388. ÉPREUVES DE L'ÉGLISE DE FRANCE AU XVI* SIÈCLE 335 LES
l'abri d'impositions nouvelles, voire d'une confiscation même
partielle de ses biens ? Il en avait reçu du roi la promesse
formelle. Mais celle-ci allait être dépassée par les événements.
La royauté, attaquée par les protestants, recourt à l'aliénation
des biens d'église pour d

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