Les idées religieuses de Polybe. Étude sur la religion de l élite gréco-romaine au IIe siècle av. J.-C - article ; n°1 ; vol.167, pg 35-68
35 pages
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Les idées religieuses de Polybe. Étude sur la religion de l'élite gréco-romaine au IIe siècle av. J.-C - article ; n°1 ; vol.167, pg 35-68

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1965 - Volume 167 - Numéro 1 - Pages 35-68
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P. Pédech
Les idées religieuses de Polybe. Étude sur la religion de l'élite
gréco-romaine au IIe siècle av. J.-C
In: Revue de l'histoire des religions, tome 167 n°1, 1965. pp. 35-68.
Citer ce document / Cite this document :
Pédech P. Les idées religieuses de Polybe. Étude sur la religion de l'élite gréco-romaine au IIe siècle av. J.-C. In: Revue de
l'histoire des religions, tome 167 n°1, 1965. pp. 35-68.
doi : 10.3406/rhr.1965.8120
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1965_num_167_1_8120idées religieuses de Polybe : Les
Étude sur la religion
de l'élite gréco -romaine
au IIe siècle av. J.-C.
Les idées religieuses de Polybe, l'historien du 11e siècle, ont
déjà fait l'objet d'une quantité d'études, dont on trouvera
l'énumération et le sommaire dans l'un des derniers articles
parus à ce sujet, celui de Angel Alvarez de Miranda1. Les
conclusions auxquelles ces études aboutissent sont diverses
et même contradictoires. A. B. Drachmann range Polybe
parmi les athées ou peu s'en faut. K. Wunderer admet qu'il
ne s'est pas entièrement détaché de la foi de ses pères et que
le rationalisme n'a pas entièrement recouvert en lui le fond
religieux. W. Nestle, qui voit en lui le Thucydide de l'âge
hellénistique, s'attache à dégager les corrélations entre sa
méthode et son attitude religieuse : il a éliminé les dieux de la
direction des affaires historiques et réduit la religion à un
moyen de gouvernement propre à refréner les passions popul
aires ; pour expliquer le fait religieux, il s'en tient à la doc
trine évhémériste de son temps : les dieux sont des hommes du
passé divinisés, ce qui est une interprétation essentiellement
historique. E. Mioni relève deux traits complémentaires :
l'incrédulité en face du surnaturel et une philosophie de la
nature. A ses yeux, la religion est une institution purement
humaine et, si quelques passages de son œuvre mentionnent
la divinité sous le nom du Saijj-wv, ce ne sont que des expres-
1) A. Alvarez de Miranda, La Irreligiosidad de Polibio, Emerila, 24, 1956,
p. 27. On ajoutera à la bibliographie de l'auteur le résumé de II. F. Allen, Polybius
and the Gods, Trans, and Proceed, of ihe Amer. Philol. Assoc, 39, lDOK, p. xn. 36 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
sions conventionnelles reçues de tous sans arrière-pensée. Il
admet néanmoins un principe qui régit l'univers : c'est la
nature, 9ÚCTIC, immanente à la matière, conforme aux exi
gences de la raison, excluant toutes les manifestations du
culte. M. P. Nilsson, cherchant à situer Polybe dans les cou
rants religieux de son temps, note que les endroits de son
œuvre où un coup de hasard ou un sentiment d'indignation
devant le crime arrache à Polybe un rappel de la divinité
ne contiennent rien de plus qu'un langage traditionnel ; sa
conception de la fortune (tu/j)) est influencée par les idées
de son temps : d'une part, il pose une ~ú'/jl flm s'identifie
au cours des événements et s'apparente à la çuctiç, conception
plus philosophique que religieuse, qui laisse à l'arrière-plan
la puissance divine ; d'autre part, il reproduit dans bien des
cas les conceptions populaires de la tu^t], incertaine, capri
cieuse ou jalouse. K. Ziegler le considère comme un incrédule
et un sceptique, non seulement à l'égard des dieux et des
pratiques de la religion populaire, mais encore en face de
tout ce qui n'est pas perceptible par les sens et l'intelligence.
Se détournant de toute recherche métaphysique, il prend la
religion pour le meilleur moyen d'aiTermir et de maintenir
l'ordre politique1.
L'étude de Alvarez de Miranda, plus large, s'efforce de
saisir, à travers toutes les déclarations de Polybe, sa psychol
ogie religieuse ou plutôt irréligieuse, puisque tel est le titre
qui résume la pensée de l'auteur. Il insiste sur le caractère
incohérent de touto irréligiosité, qui, selon lui, ne forme pas
un système, une « religion à l'envers », mais un amas de pièces
détachées, de négations sans lien entre elles. Les incohérences
de la pensée de Polybe, face aux croyances et aux faits de
religion, proviennent d'une série disparate de réactions que
1) A. B. Drachmann, Atheism in Classical Antiquity, London, 1922, p. 113-
111; К. Wunderer, Poly bios, Leipzig, 1927, p. 12; \V. Nestle, Griexhische
Geislesgeschichle von Homer bis Lukiari1, Stuttgart, 1944, p. 429-436 ; E. Mioni,
Polibio, Padova, 1949, p. 137-140 ; M. P. Nilsson, Geschichle der griechischen
Religion, II2 (Munchen, 1961), p. 189, 194 ; K. Ziegler, RE, XXI (1952), col. 1542,
v. Poly bios 1. LES IDÉES RELIGIEUSES DE POLYBE 37
les divers aspects de la religion ont suscitées dans les diff
érentes zones de sa conscience. La clef de son irréligion réside
dans une « transmutation des valeurs », qui lui fait convertir
toute valeur religieuse en une valeur différente, politique,
éducative, culturelle ou historique : dans cette perspective,
son esprit rationaliste rejette le contenu mythique de la
religion traditionnelle, mais il conserve l'élément cultuel,
qui est susceptible d'organiser la conduite de l'homme au
sein de la communauté. Alvarez de Miranda voit dans cette
attitude un exemple valable à toutes les époques, celui d'un
homme de science placé devant une religion traditionnelle,
partie intégrante de la civilisation qu'il a reçue, à la fois
insuffisante et indispensable, inutile et nécessaire. Dans cette
contradiction fondamentale, l'irréligion de Polybe est polyval
ente et scindée, polyvalente parce qu'elle ajoute à la négation
et au refus une certaine forme de reconstruction et de réforme ;
scindée parce que les valeurs qu'elle défend ne s'articulent
pas sur un ("entre. Au fond, cette position est plus voisine du
réformateur religieux que de l'iconoclaste, et représente un
moment de l'évolution historique où une société donnée
passe de la vieille religion irrationnelle à une religion de culture,
disons à une religion éclairée.
L'analyse de Alvarez de Miranda est précise et ferme. Il a
distingué les différents articles de la profession de foi de
Polybe et cherché à définir à travers les formules la conscience
religieuse de l'historien, non seulement dans les raisons théo
riques qui ont dicté son attitude, mais encore en ce qu'elle
traduit une expérience vécue en relation avec les tendances
et les pratiques du temps. Il a eu le mérite de poser a^ deux
problèmes : 1° Où faut-il chercher l'unité des déclarations
disparates et contradictoires de Polybe ? 2° Quels rapports
faut-il établir entre la pensée de et les idées contem
poraines ? Sa réponse à la première question est moins
logique que psychologique ; mais dans la mesure où elle
repose sur l'image qu'on se fait de cette personnalité, elle
peut être arbitraire. Il ne fait qu'esquisser une réponse à la 38 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
seconde question, de qui dépend en réalité la solution de la
première. Car la pensée religieuse ne forme un système abso
lument cohérent et pur que chez les théologiens. Pour les
autres, ce secteur de la conscience a des frontières moins
rigides, ouvertes aux influences de l'époque, qui impose
davantage telle croyance et telle représentation, tandis que
la génération suivante les estompe. Il serait imprudent de
chercher dans les convictions d'un laïc de l'Antiquité la struc
ture impeccable de dogmes liés entre eux par une doctrine
fondamentale. Mais l'absence d'une pareille cohésion ne signifie
pas le désarroi de l'âme, le naufrage des croyances ni « un
chaos de ruines et de fragments flottant à la dérive ». Ces
prétendus débris, vus de près, sont en réalité des morceaux
soigneusement équarris, préparés pour une construction
nouvelle. Polybe n'est pas un négateur, mais le représentant
d'un siècle qui a sa conception propre de la religion.
I. — L'immortalité de l'ame et l'au-delà
Le problème de l'immortalité de l'âme et de l'au-delà n'a
pas inspiré à Polybe de bien gran

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