Les origines chrétiennes en Gaule - article ; n°54 ; vol.12, pg 16-33
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1926 - Volume 12 - Numéro 54 - Pages 16-33
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1926
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Zeiller
Les origines chrétiennes en Gaule
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 12. N°54, 1926. pp. 16-33.
Citer ce document / Cite this document :
Zeiller Jacques. Les origines chrétiennes en Gaule. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 12. N°54, 1926. pp. 16-33.
doi : 10.3406/rhef.1926.2381
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1926_num_12_54_2381LES ORIGINES CHRETIENNES « EN GAULE
(SUJET D'HISTOIRE DIOCESAINE)
Questions qui se posent devant l'historien de nos origines chrétiennes.
I. Les légendes apostoliques. Nécessité d'en faire la critique. — Leur date
relativement basse. — Possibilité de surprendre leur formation.
Portée des témoignages de Sulipice iSévère et de Grégoire de Tours. —
Les trois cycles légendaires.
II. Le premier fait certain de l'histoire chrétienne de la Gaule : les mart
yrs de Lyon. — Possibilité de remonter au-delà : l'Eglise die Lyon doit
dater de la première moitié du h* siècle. — Evangelisation antérieure
probable du littoral provençal. — .Conjectures sur l'apostolat de Cres
cent et sur le voyage occidental de saint Paul. — Critique et résultat®
positifs.
III. Conclusion : l'histoire ancienne de liEglise des Gaules est assez belle
sans les légendes. Les trois grandes figures de saint Irénée. saint Hilaire
et saint Martin.
IV. Bibliographie.
Questions qui se posent devant l'historien de nos origines
chrétiennes.
L'histoire des origines chrétiennes de la France commence
avec les plus anciens documents relatifs aux diverses églises
de notre pays. Qu'il s'agisse de leur ensemble ou d'une église
déterminée ou d'un groupe d'églises, le premier travail à
faire, pour qui en veut étudier les origines, est donc, après
le rassemblement de tous les documents qui les concernent,
un travail de vérification de leur valeur chronologique : il
faut s'assurer si telle pièce qui se présente comme fournissant
des renseignements sur la période antique de l'histoire de
nos églises est bien ce qu'elle prétend être ou non. La mise
en œuvre des matériaux sera ainsi, comme il sied, précédée
de leur contrôle; avant le labeur constructif, la tâche critique. LES ORIGINES CHRÉTIENNES EN GAULE 17
Les légendes apostoliques. Nécessité d'en faire la critique.
Cette double tâche, Mgr Duchesne l'a effectuée dans ses
études sur les antiquités chrétiennes de la Gaule, particulièr
ement dans ses articles fameux du Bulletin critique, consacrés
surtout à l'indispensable. élagage légendaire, dans ses Fastes
épiscopaux et dans certains chapitres de ses Origines chré
tiennes, puis de son Histoire ancienne cle l'Eglise, où la syn
thèse constructive se réalise de plus en plus. Mais on n'a sou
vent retenu de son œuvre, et combien à tort ! que la partie
critique, parce qu'elle était la plus visible et qu'elle a peut-
être nécessité un effort plus vigoureux et plus prolongé. En
effet, et quiconque reprendra aujourd'hui la monographie
d'une église de France le constatera dans la plupart des cas,
on se trouve le plus souvent, dans une tentative de ce genre,
presque tout de suite en présence de traditions où s'expriment
des prétentions à des origines apostoliques ou guère moins
flatteuses par leur antiquité ou leur nature. Ces « traditions »
ont véritablement foisonné.
Quelle attitude donc adopter à leur égard, puisque leur
rencontre est fatale, que tout le monde aujourd'hui les sait
au moins suspectes ou, en tout cas, discutées et que cepen
dant plus d'un se sent encore gêné dans l'appréciation à en
faire par une sorte de respect dû à la longue faveur dont elles
ont bénéficié et que des autorités ecclésiastiques, mais non
pas l'autorité de l'Eglise, ont paru consacrer ? Il faudrait une
bonne fois, si vraiment le procès n'est pas encore tranché aux
yeux de tous, tenter de liquider cette vieille affaire, et, si
quelques-uns hésitent encore à s'aventurer sur un terrain
dont une sorte de sortilège semble interdire l'accès, essayer
de l'exorciser.
Leur date relativement basse.
Rien n'est plus respectable, vénérable même, rien dont un
fidèle puisse ressentir une plus légitime fierté que les tradi
tions d'antiquité d'une église, quand ce sont vraiment des tra-
2 iS REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
ditions antiques : ainsi celles de l'église de Lyon, qui remont
ent à des hommes comme saint Pothin, le glorieux évêque
martyr de 177, et à son immédiat et grand successeur, saint
Irénée. Mais le cas est-il semblable pour la majorité des autres
églises de France chez lesquelles les revendications d'une ori
gine plus haute encore se sont manifestées ?
Certains de leurs défenseurs semblent croire volontiers que
ces traditions jouissaient d'une quasi immémoriale possession
d'état, lorsqu'une critique comme celle de Mgr Duchesne est
venue la troubler. Mais déjà au xvne siècle elles avaient subi,
de la part des honnêtes érudits qui sont un des honneurs de
l'époque, un assaut tel que plusieurs avaient alors succombé.
Pour justifier, au xixe siècle, leur résurrection, à laquelle
contribua plus que tout autre Dom Guéranger, on a flétri le
jansénisme de Tillemont et répété à satiété que Launoy était
un « dénicheur de saints » . Mais ce sont leurs arguments, non
leur mémoire, qu'il eût fallu essayer de démolir. Or ces argu
ments se ramenaient généralement à montrer que les tradi
tions soi-disant immémoriales étaient beaucoup moins ancien
nes qu'on n'en était venu à se le figurer. On peut même assis
ter à leur naissance tardive et plus d'une fois décrire leur for
mation. Dom Guéranger et les écrivains qui l'ont suivi, les
personnes qui aujourd'hui demeurent de même sentiment,
sont-ils en mesure d'établir qu'il en est autrement ?
La probité intellectuelle, le sentiment du devoir de l'his
torien exigent donc que celui qui étudie l'histoire d'un diocèse
de France se rende nettement et, s'il se peut, définitivement
compte de l'époque où apparaît pour la première fois la
« tradition » qu'il trouve plus tard en possession d'état. Or,
à moins de se boucher volontairement les yeux, ce qu'on
constate toujours au terme de cette enquête, c'est que cette
époque est relativement basse.
Possibilité de surprendre leur formation..
Il y a bien une tradition qui remonte jusqu'à ce qu'on a
certes encore le droit d'appeler l'antiquité chrétienne : c'est
celle de l'apostolicité de saint Trophime d'Arles1, qui se mani-
1. Sur l'a légende de saint Trophime, voir plus spécialement le travail
de iL. Saltet, Le commencement de la légende de saint Saturnin, cité ci-
dessous à la 'Bibliographie. LES ORIGINES CHRÉTIENNES EN GAULE 10
feste au début du ve siècle, date qui d'ailleurs s'éloigne déjà
quelque peu des événements dont cette tradition prétend con
server le souvenir. Mais elle porte hélas ! avec elle les mar
ques flagrantes de son illégimité. Elle a visiblement été ima
ginée pour soutenir les revendications, formulées alors pour
la première fois, du siège d'Arles à des droits métropolitains
sur les évêchés de la Viennoise et des deux Narbonnaises et à
une sorte de primatie sur l'ensemble des églises gauloises.
Les titres historiques mis en avant par les ambitions arlé-
siennes étaient trop évidemment imaginaires, puisqu'ils assu
raient entre autres en leur faveur que l'évangélisation de la
Gaule avait procédé d'Arles. Or ce que nous savons de l'église
de Lyon, pour ne parler que d'elle, suffit à démentir cette all
égation : admettre qu'au temps où la persécution de Marc-
Aurèle décimait la chrétienté lyonnaise, il y avait aussi des
chrétiens à Arles, on en a le droit, et l'assertion, incontrôlable
sur textes, est au moins des plus vraisemblables; mais nous
savons que l'église de Lyon est de fondation asiate et que, par
conséqu

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