Les spirituels français et espagnols chez John Wesley et ses contemporains - article ; n°1 ; vol.139, pg 50-109
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1951 - Volume 139 - Numéro 1 - Pages 50-109
60 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean Orcibal
Les spirituels français et espagnols chez John Wesley et ses
contemporains
In: Revue de l'histoire des religions, tome 139 n°1, 1951. pp. 50-109.
Citer ce document / Cite this document :
Orcibal Jean. Les spirituels français et espagnols chez John Wesley et ses contemporains. In: Revue de l'histoire des religions,
tome 139 n°1, 1951. pp. 50-109.
doi : 10.3406/rhr.1951.5787
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1951_num_139_1_5787Les spirituels français et espagnols
chez John Wesley et ses contemporains
« John Wesley as editor and author »x : сз n'est pas sáná
raison que le titre d'un travail récent souligne ainsi que les
ouvrages originaux du fondateur du méthodisme ne sont
qu'une partie de son immense activité littéraire. S'ils l'em
portent par le nombre2, ils restent en effet très inférieurs en
étendue aux rééditions, traductions et extraits que l'Angle
terre doit à J. Wesley3. Il ne paraît donc pas sans intérêt de
rechercher les raisons de ses choix. Des aperçus sur la fortune
que les livres en question avaient déjà eue Outre-Manche, sur
les milieux qui les avaient prônés ou combattus, pourront
montrer sous des aspects nouveaux l'histoire de la vie et sur
tout de la pensée de Wesley. L'examen des remaniements
qu'il leur fit, presque toujours, subir, permettra d'autre part
de dégager la réaction de sa personnalité en présence des
spirituels les plus proches de lui.
Ceux-là même qui seraient disposés à admettre l'impor
tance de ses publications d'auteurs anglais, voire allemands,
négligent ses emprunts à la France et à l'Espagne4. Outre la
disparité des confessions, ils peuvent alléguer que Wesley ne
se rendit jamais dans ces pays et qu'il ne rencontra que fort
peu de leurs nationaux. Mais — point essentiel — nul ne
prétend qu'il ait ignoré les deux langues. Dès 1725-1726, il
lisait du français5 et, les années suivantes, il continua ,à
l'étudier à Oxford6, «puis en Géorgie (1736-1738) 7 : pour l'en
seigner à des .paroissiennes, il résuma alors une grammaire SPIRITUELS FRANÇAIS ET ESPAGNOLS 51 LES
française8. Pendant ce voyage, il eut, à divers moments,
l'occasion d'acquérir par la conversation des connaissances
pratiques9. Longtemps après, elles lui permettaient encore10
de s'entretenir avec des prisonniers français11 et de faire,
durant l'été 1787, dans les îles anglo-normandes, une ins
pection à laquelle il se prépara par des lectures françaises12 :
il ne semble pas possible de refuser à J. Wesley une grande
facilité polyglottique12 Ws.
Il la manifesta aussi dans l'étude de l'espagnol. Pendant
son séjour en Géorgie, il apprit cette langue pour se faire
comprendre de « ses paroissiens juifs » et des Indiens13. Il
s'intéressa spécialement aux hymnes espagnols14 dont l'un,
d'origine hébraïque, fut traduit par lui et inséré dans son
recueil poétique de 173815.
I
C'est d'ailleurs en Amérique qu'il acquit une profonde
familiarité avec les écrivains étrangers qu'il devait plus tard
éditer16. Jusque-là, il n'avait publié que des extraits du dis
ciple de Malebranche, John Norris (1734) et Ylmitation
(1735)17. Certes, il connaissait déjà divers ouvrages spirituels
français et, en premier lieu, la Vie de Monsieur de Renty, par
le jésuite Saint-Jure (Paris, 1651), depuis longtemps répandue
,en Grande-Bretagne. Une traduction de « E. S., Gent. », litté
rale mais médiocre, avait en effet paru à Londres dès 1658,
puis, de nouveau en 168418. Elle provoquait aussitôt l'admi
ration d'auteurs aussi peu papistes que le puritain Joseph
Alleine19, le latitudinariste G. Burnet20, le quaker W. Penn21.
Il est naturel qu'elle ait eu plus d'influence encore sur le
groupe mystique d'Aberdèen : Henry Scougal et ses disciples,
les Garden en particulier22. A partir de 1701, le livre de
Saint-Jure reçut d'ailleurs, dans toute l'Europe, une diffusion
très vaste, grâce à l'adaptation que Pierre Poiret en donna
sous le titre Le chrétien réel23. On ne doit donc pas s'étonner
si Steele, doyen de Syracuse, définissait le héros « la plus
belle âme chrétienne que la France ait enfantée »24 et si John REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 52
Byrom, curieux, bibliophile, poète, ... et sténographe, cher
chait des inspirations pour sa Muse dans la vie de ce modèle
de charité26. Byrom fut, très tôt, en rapport avec les Wesley
à Oxford26, mais ceux-ci avaient déjà trouvé l'éloge du mar
quis sous la plume de leur père Samuel, l'érudit recteur
d'Epworth. The worthy communicant recommandait sa pra
tique de l'examen de conscience27. A letter concerning the rel
igious societies (1699) citait en modèle aux pieuses associations
anglaises celles que Renty avait fondées, non seulement à
Caen, Paris et Toulouse, mais même dans de petits villages28.
Enfin, la Letter to a Curate (écrite en 1724", mais publiée seu
lement en 1735 par J. Wesley) aurait souhaité que cette Vie
fût entre toutes les mains29.
Tout cela explique assez que, dès le 3 octobre 1731,
J. Wesley ait signalé à une correspondante la sainteté excep
tionnelle du noble normand30 et que, le 6 juillet 1732, il ait
acheté des exemplaires de sa Vie, sans doute pour les distri
buer31. Il l'étudia soigneusement au début de son séjour en
Géorgie32 et durant son voyage de retour en Europe. Le
6 janvier 1738, il en achevait un Abrégé, où 358 pages se
trouvent réduites à 67. Il justifiait cette sévérité exceptionn
elle par l'incroyable maladresse de l'historien qui avait
réussi à jeter « l'ombre de la superstition et de la folie sur
un des plus brillants modèles de sagesse céleste »33. Il n'en
célébrait pas moins celle-ci dans un beau poème On reading
Mr. de Renly's life qui parut dans les Hymns and Sacred
Poems de 173934. A ce moment, son Abrégé servait déjà à
l'édification de ses auditeurs35. Le 24 novembre 1740, il en
corrigeait les épreuves et An extract of the Life of Monsieur de
Renty, a late nobleman of France, paraissait à Londres en 174136.
Cette publication se distingue des éditions postérieures de
J. Wesley par son caractère très élaboré : outre les coupures,
les remaniements profonds n'y sont pas rares37. L'œuvre date
évidemment d'une période de loisir. Bien que le fondateur du
méthodisme ait déclaré plus tard qu'il y avait laissé « deux
ou trois détails pour rappeler de quelle communion était LES SPIRITUELS FRANÇAIS ET ESPAGNOLS 53
l'auteur, ne se sentant pas le droit de la dissimuler »38, il a
supprimé presque tous les traits proprement catholiques : les
prières à la Vierge et aux saints, beaucoup de dévotions, les
pénitences et mortifications (haire, discipline, etc.)39. Il ne
biffe pas moins résolument les expressions d'un mysticisme
trop hardi (annihilation de soi, nudité, dépouillement)40. Il
respecte cependant les passages où Saint-Jure affirme que
Renty connaissait directement la vérité du dogme de la Tri
nité41. Ils ont même eu une influence notable sur les Hymns
on the Trinity de Charles Wesley (1767)42. Et, à la fin de sa
vie, John demandait souvent aux meilleurs de ses disciples
s'ils avaient, comme Renty, l'expérience de la présence de la
Trinité en eux43.
Il ne semble pas y avoir, en effet, de biographie que Wesley
cite plus souvent dans sa correspondance. Tantôt, c'est pour
souligner la perfection du héros44, et en tirer des conclusions
sur les rapports entre catholicisme et sainteté45, tantôt pour
rappeler son attitude lors de la mort de sa femme46 ou d'autres
épisodes de sa vie47. Dans tous les cas, ses éloges sont si
vifs48 qu'on comprend qu'une humble méthodiste, Sarah
Ryan, ait, dès le 27 janvier 1758, nommé The life of Reniy
« son livre favori »49.
II
C'est aussi en Géorgie que ses charges pastorales lui firent
sentir la nécessité d'un catéchisme mieux adapté à l'esprit
des enfants que celui de l'Église établie50. Il étudia donc alors
avec soin le Petit Catéchisme Historique de l'abbé Cl. Fleury
(P

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